Une nouvelle élève à l'institution [Libre]

Le taxi roulait puis un bon moment déjà. Bridget scrutaient nerveusement l'extérieur de ses yeux de suie et ses doigts jouaient nerveusement avec une mèche de cheveux. Dans le coffre arrière du taxi, la grosse valise brune attendait elle aussi d'arriver à destination. Dans le taxi, une légère odeur d'encens planait, étrangement. Sans doute cela venait-il de la chauffeuse plutôt étrange. Bridget sourit à cette idée, ladite femme n'était toutefois pas la plus bizarre dans la petite voiture jaune. Après tout, une jeune femme ayant la possibilité de devenir invisible, c'était plutôt rare. Bien sur, elle en verrait sans doute de toutes les couleurs une fois à l'institution. Peut-être même une autre personne avec le même don qu'elle? Les possibilités étaient infinies. Pour l'une des premières fois dans sa vie, la protagoniste avait l'impression qu'elle serait à sa place une fois là-bas, ou du moins l'espérait-elle.

La route s'enfonçait de plus en plus, s'éloignant des chemins habituels. Avec de tels pensionnaires, Bridget ne pouvait que comprendre leur motif. Valait mieux que l'école soit le plus reculé possible, évitant ainsi des incidents notables impliquant le reste de la population. La jeune femme stressait de plus en plus. Elle aurait tellement aimé que son père fut à ses côtés. Toutefois, il devait s'occuper de sa mère et de John. Surtout de sa mère qui, en fait, était encore traumatisée par la révélation faite par leur fille. Elle en était même venue à dire n'avoir eut qu'un seul enfant, l'autre ayant mystérieusement disparu de sa mémoire. Bridget mordit sa lèvre inférieure à cette pensée. Si jamais cela arrivait un jour et qu'elle disparaîtrait pour ne plus jamais apparaître? Que ferait-elle? Autant ne pas y songer.

Finalement, la petite voiture s'arrêta et la vieille femme se retourna vers elle. La dame tendit la main et Bridget y déposa de l'argent, tentant de lui sourire pour la remercier. Elles descendirent du véhicule et se dirigèrent vers le coffre arrière. En deux temps trois mouvements, la valise se retrouvait par terre, au pied de sa propriétaire, et la petite voiture jaune repartait sans un au revoir. Voilà qui commençait bien la journée. Comme si ce n'était pas assez, la pluie se mise à tomber. Fine d'abord, elle semblait s'intensifier à vue d'oeil. Avec toute la force qu'elle avait dans ses petits bras, la jeune femme agrippa la pognée de la valise et entreprit d'aller se protéger dans le hall.

Après des efforts surhumains pour une personne de sa taille, l'anglaise arriva finalement à la porte. Utilisant ce qui lui restait, elle entra dans le bâtiment, à l'abri de la pluie. Ses longs cheveux noirs étaient tout trempés et elle avait froid, mais rien de trop grave. Ses yeux, gris foncés cette journée là, firent rapidement le tour de la pièce. Il y avait quelques personnes ça et là, mais sans plus. Lorsqu'elle remarqua qu'on la fixait, la jeune fille devint gênée et commença à devenir plus transparente. Un oeil avisé aurait pu remarquer qu'on voyait légèrement les couleurs de la porte derrière elle.

Prenant une grande inspiration, elle redevint normale. Ensuite, Bridget regarda autour d'elle pour finalement trouver une silhouette solitaire. Prenant son courage à deux mains, elle savait très bien qu'il lui ferait demander de l'aide à quelqu'un. Non seulement elle avait du mal avec sa valise, mais elle ignorait totalement où se trouvait sa chambre. La seule information qu'elle avait était le petit numéro gravé dans la clé qu'on lui avait envoyée par la poste avec l'heure à laquelle elle devait arriver et la journée. N'avaient-ils donc pas assez de budget pour fournir des cartes de l'établissement aux nouveaux? Peu importait pour l'instant, elle devait réussir à demander de l'aide.

- Euh.... pardonnez-moi. Mais.....hum.....

Contrairement à ce qu'elle pensait, Bridget avait du parler assez fort puisque l'individu se retourna vers elle. Gênée, l'anglaise tenta de trouver quelque chose à dire, sans grand succès. Elle resta donc plantée là, regardant la silhouette devant elle, espérant qu'on ne se moquerait pas d'elle dès le premier jour.

Comme à son habitude, Antoine était un exemple de quelqu’un qui n’avait pas de vie. Il passait la moitié de son temps à se pratiquer pour devenir encore meilleur au basketball. Le quart de sa vie était consacrée à ses études – et oui il commençait à être plus présent – et le reste était divisé entre, énerver Astrid, parler à Étienne ou encore aller accueillir les nouveaux. Il faisait des tonnes de rencontre et étant un des seuls étudiants à bien vouloir le faire, il n’avait pas de compétition. De toute façon ses cheveux rouges attiraient bien sur l’attention sur lui alors il n’avait aucun problème à avoir l’attention des gens. Tout le contraire en fait. Son problème de solitude l’énervait puisqu’il devait s’assurer de toujours être avec des gens… N’ayant pas énormément d’amis dans l’institution, le super sauteur devait se contenter des nouveaux ce qui explique bien sur son attitude. Par contre il serait idiot de dire qu’il agit comme cela simplement à cause de son problème. Il avait beau être un idiot, il restait quelqu’un de gentil dans le fond…

Bref le jeune homme n’ayant pas de cours, il décida d’aller pratiquer un peu son jeu, parce qu’il n’était pas particulièrement talentueux en basket alors il devait se pratiquer. Surtout que la plus grande partie de sa capacité à jouer lui venait de son pouvoir. Il n’était pas nul, mais il n’était pas très doué non plus. Le soleil – qui en fait n’était pas vraiment présent – venait de se lever lorsqu’Antoine se tira du lit. Toutes les pensionnaires de sa chambre dormaient ou n’étaient pas présent. Ça lui laissait donc le temps de s’habiller sans avoir à aller ailleurs. Il prit des shorts noirs et un polo rayé gris, blanc et noir. Prenant également une veste noire, il avait presque l’air bien habillé ! C’était rare donc je devais le souligner.

Tout ça pour dire que le super sauteur pris son ballon et se précipita à l’extérieur de la chambre pour aller s’entrainer. Le basketball était la seule chose qui réussit à l’occuper suffisamment pour ne pas avoir à être absolument avec quelqu’un. Il fallait dire que c’était sa passion alors ce n’était que normal… Il fit quelques paniers jusqu’à temps qu’il remarque le temps commençait à s’obscurcir. Ce n’était pas nécessairement bien puisqu’il s’entrainait à l’extérieur et non dans le gymnase. Bref il courut jusqu’à temps d’être à l’abri dans le hall. Décidément il ne pouvait pas passer plus d’une semaine sans être forcé à revenir dans ce foutu endroit. Surtout qu’il n’y avait personne, enfin pratiquement personne, avec qui parler ! Quand il se pratiquait d’accord, mais seul dans le hall…

Pour se calmer, Antoine commença à dribbler avec son ballon. Avec de la chance, quelqu’un qu’il connaitrait arriverait par le meilleur des hasards. Son vœu fut presque exaucé puisque quelqu’un vint lui parler. Ce n’était pas une personne qu’il connaissait, mais plutôt une jeune fille plutôt mignonne. C’était au son de sa voix qu’il s’était tourné avec un sourire. Toujours être poli avec les filles, sauf avec Astrid, et surtout agir comme un gentleman. Avec le même sourire idiot sur les lèvres, il dit :

- Tu es nouvelle n’est-ce pas ?

La valise un peu plus loin suffisait à répondre à la question, mais en tant que l’idiot qu’il était le super sauteur préférait lui entendre dire parce qu’elle avait une belle voix. Bref tout ça pour dire que la pauvre semblait s’être fait prendre par la pluie. Étant très bien élevé, il retira sa veste et lui tendit. Ne sachant pas trop si elle allait comprendre son offre, le jeune homme lui expliqua :

- Tu as l’air d’avoir froid alors prends ma veste.

L’attitude d’Antoine changeait énormément en fonction de la personne avec qui il parlait. Cependant il avait bien pris note du fait qu’Astrid lui avait fait porter sa valise et donc ça devait être bien vu par les filles. Délicatement, il prit la valise des mains de la demoiselle et la déposa au sol en attendant. Ce n’était pas simplement un spectacle pour montrer qu’il était fort…

La silhouette en question était en fait un jeune homme aux cheveux rouges. Il était en train de dribbler avec son ballon. Ce détail surpris d'ailleurs la jeune femme. Il avait entièrement le droit d'aimer le sport, mais de là a le pratiquer même dans le hall. Sans doute avait-il également été forcé d'entrer à cause de la pluie. Intérieurement, elle remercia donc les nuages, lui ayant ainsi fournis indirectement de l'aide. Cela pourrait sembler bien stupide pour quelqu'un d'autre que Bridget, mais cette dernière s'était toujours dit qu'elle ne devrait jamais négliger un quelconque signe.

Bridget hésita d'abord à cause du sourire de l'individu. C'était un de ces sourires idiots qui peuvent parfois être inquiétant ou plutôt vous mettre automatiquement en confiance. Bien évidemment, ce n'était pas dans une telle institution que le danger la guetterait de tous les côtés. La jeune femme décida donc de se détendre, chose plus aisée à dire qu'à faire dans son cas. Ensuite, le jeune homme prit la parole. Étrangement, ces quelques mots furent assez pour gâcher tous les efforts qu'elle faisait pour ne pas avoir l'air trop gênée. Ses joues adoptèrent une teinte rosée alors qu'elle tentait d'ouvrir la bouche et d'articuler la première chose qui lui viendrait en tête.

Toutefois, ce qui suivit ne fut que pire encore. Apparemment, il avait remarqué ses quelques grelottements causés par la pluie. Le jeune homme retira sa veste et la tendit vers elle. Les yeux de Bridget s'agrandirent, semblant demander si elle était en plein rêve ou éveillée. La protagoniste était si gênée qu'elle aurait presque pu parier qu'il aurait bientôt l'impression qu'elle disparaîtrait à tous moments. C'était presque toujours ainsi, lorsque la gêne prenait trop de place, Bridget perdait peu à peu de son opacité. Il lui dit avoir remarqué qu'elle avait froid, expliquant pourquoi il lui offrait sa veste.

Gênée et immobile, Bridget se dit tout de suite qu'elle ne devrait pas la prendre, simplement le remercier poliment et décliner l'offre. Elle avait certes froid, mais ce ne serait pas la fin du monde. De plus, la jeune fille devait utiliser ses deux mains pour soulever sa valise, étant donc présentement dans l'impossibilité de prendre ladite veste. Comme s'il eut lu dans ses pensées, il se saisit délicatement de la valise et la déposa au sol. Maintenant, c'était officiel, ses joues étaient cramoisies et elle commençait à disparaître. Bien sur, elle était encore là, mais un œil un brin attentif pouvait voir la couleur du mur en la regardant. La jeune fille voulu reprendre la valise des mains de l'inconnu et lui dire que tout cela n'était pas nécessaire. Toutefois, dans sa grande maladresse, elle ne fut pas assez rapide et ses mains passèrent tout droit, touchant de ce fait la veste. Maintenant, elle n'avait plus le choix, elle devrait prendre la veste. Si Bridget la laissa bien en place, dans les mains de son propriétaire, elle aurait simplement eue l'air stupide. Baissant les yeux, cramoisie de gêne, elle prit donc la veste et l'enfila rapidement.

La jeune femme se mit à se tortiller les doigts, gênée plus qu'elle ne l'avait sans doute été de toute sa vie. Son regard était évasif, n'osant pas s'imposer à son interlocuteur. Timidement, elle entrouvrit ses lèvres rosées et se mit à parler. Le remarquant plus que jamais, Bridget avait l'impression que son accent anglais lui vaudrait bien des plaisanteries. Pour le moment, ne pas y penser.

- Oui, je suis nouvelle. On me nomme Bridget....Merci bien. Je ne pensais pas que je serais si bien accueillie.

Lentement, mais sûrement, la jeune fille releva les yeux et écarta une longue mèche de cheveux d'un noir d'encre qui était tombée devant son délicat visage. Ses joues commençaient à redevenir normales et son opacité revenait. Mordant sa lèvre inférieure, cela ne voulait toutefois pas dire que la gêne l'avait quitté. D'abord hésitante, elle se dit qu'il devrait sans doute au moins pouvoir lui dire où aller pour trouver sa chambre. Nerveusement, la protagoniste chercha dans les poches de son pantalon jusqu'à ce que ses doigts fins touchent quelque chose de froid et métallique. Elle en extirpa la clef qui devait donner accès à sa chambre. De couleur argentée, un petit numéro y était incrusté. Toujours aussi timidement, elle tendit la clef vers le jeune homme et reprit la parole.

- Crois-tu pouvoir me dire dans quelle direction je dois aller pour trouver ma chambre? Je vais être capable de me débrouiller. Je ne veux surtout pas abuser de la gentillesse des gens de l'institution, encore moins à mon premier jour.

Dès qu’il entendit une voix lui parler, Antoine avait automatique cessé de dribbler. Non seulement ce n’était pas très poli, mais en plus la fille ne parlait pas extrêmement fort. Elle était mignonne et elle réglait son problème de solitude. Bon d’accord la pauvre fille ne le savait pas et donc il risquait de se faire regarder bizarrement. Normalement le super sauteur était habitué, mais perturber les nouveaux n’était pas une occupation très plaisante à ses yeux. Il se devait donc d’agir le plus normalement, mais surtout le plus classement possible. C’était important de bien paraitre devant les filles, les hormones l’obligeaient de vouloir ça… Ce n’était pas de sa faute ! Malgré sa grande stupidité, le jeune homme n’était pas bien méchant et il ne ferait pas de mal à une mouche.

La réaction de la fille était terriblement mignonne ce qui fit rougir Antoine. Un mec qui sourit ce n’est pas génial alors il regarda son ballon qui lui semblait plus intéressant qu’avant. Elle ne semblait pas être très extravertie, mais disons qu’habituellement il l’était pour deux. Néanmoins, il avait l’air encore plus stupide comme ça alors il redressa son regard et prit son ballon en dessous de son bras. Évidemment, même si ça ne semblait pas volontaire, elle dut réagir encore plus mignonnement. Le super sauteur resta silencieux en se demandant si c’était normal qu’il soit autant timide. Bon peut-être parce que sa stupidité le forçait… Enfin ce n’était pas bien, bien important il fallait simplement se calmer parce que ça allait devenir ridicule sinon.

En prenant sa valise, il crut voir les couleurs du mur derrière à travers la fille. Bougeant un peu la tête pour essayer de comprendre ce qui s’était passé, il haussa les épaules en se disant que ce n’était que son imagination. La fille prit finalement sa veste et même si ça ne semblait pas vraiment volontaire l’important c’était qu’elle la mette sinon il y avait risque de rhume. Lorsqu’elle prit la parole, se présentant en même temps, il remarqua son accent. Bridget était un nom anglais et en plus son accent indiquait clairement que le français n’était pas sa langue maternelle. Antoine trouvait ça plutôt mignon et aussi amusant, mais lui-même avait des base en anglais puisque son père ou son grand-père parlait extrêmement bien cette langue. Toujours en souriant, il répondit en se présentant à son tour :

- Je suis Antoine Carter, enchanté. Tu dois avoir fait un long voyage pour arriver ici, je me trompe peut-être ?

Bien sur le « long voyage » faisait référence au fait qu’elle n’était pas française. Il ne se moquait pas d’elle bien au contraire. Il y avait des tonnes de nationalités à Dellane. De ce qu’il avait entendu dire, japonais, français, anglais et suédois, enfin plutôt suédoise puisque c’était Astrid, faisaient partis des étudiants. Il n’était pas tout à fait certain que c’était de source fiable, mais lui-même était un mélange entre anglais et français donc il pouvait comprendre les deux langues. C’est d’ailleurs pour faire comprendre que lui aussi avait du sang anglais et donc qu’il ne se moquait pas d’elle. C’était quelque chose de très complexe à imaginer pour quelqu’un comme le jeune homme, mais c’était le mieux qu’il pouvait faire.

La question de Bridget ne put que le faire sourire. D’un geste simple il prit la clé et regarda le numéro. Bien sur qu’il savait c’était où, sauf que malheureusement il n’avait aucune idée de comment l’expliquer… Abuser de la gentillesse ? Du point de vue du super sauteur, elle n’était pas du tout en train de faire une telle chose, mais bon. Réfléchissant pendant un instant sur la meilleure chose à lui répondre. Il ouvrit la bouche une ou deux fois ce qui lui donnait un air encore plus idiot. Finalement il lui répondit :

- Puisque je suis un piètre explicateur, je crois qu’il serait mieux que je te mène à ta chambre, si ça ne te pose aucun problème.

S’il le proposait c’était que ça lui ferait plaisir de l’aider, mais il n’allait pas la forcer à recevoir son aide. Et puis quelqu’un devait bien l’aider à porter sa valise qui était relativement lourde. Moins que d’autres, mais disons que ce n’était pas trop léger comme valise et Antoine était là pour la porter en tant qu’homme fort.

À ce moment, la jeune femme se rendit compte qu'il semblait la comparer avec le mur. Il la regarda, puis regarda le mur et encore elle. Pour finir, il sembla simplement se résigner. C'était un signe qui ne pouvait pas tromper, Bridget disparaîtrait bientôt de plus en plus si elle ne tentait pas de surmonter sa gêne croissante. Prenant une grande inspiration, elle se sentit devenir moins légère et constata que son opacité revenait peu à peu. Ce serait certes une bonne chose. Ensuite, la jeune fille fit glisser quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Son regard de suie se releva et tenta de se faire plus confiant, chose qui n'était pas gagné. Le regard encore un peu évasif, au moins elle ne fixait pas ses souliers.

Puis, il lui dit qu'elle avait sans doute fait un long voyage pour arriver à l'institution Dellane. Bridget se demanda si elle devait le prendre comme la première plaisanterie, ou simplement une constatation. Histoire de ne pas se démolir le peu de confiance qu'elle avait réussi à amasser, elle décida de le prendre comme une constatation. De ce fait, elle entreprit de lui répondre.

- Oui, j'arrive d'Angleterre. Mais je crois que bien des gens ont fait plus chemin que moi.

Ces deux phrases lui avaient semblé si longues. Il s'agissait littéralement d'une première pour Bridget, jamais elle n'avait réussi à entretenir une si longue conversation avec quelqu'un dès la première rencontre. Elle restait le plus souvent dans l'ombre de son père, n'allant voir les autres que si on l'obligeait. Lorsqu'elle allait à l'école, la solitude était son seul compagnon. Il fallait donc dire que la jeune fille était étonnée qu'on lui porte autant d'attention alors qu'elle venait simplement de franchir la porte.

Puis, lorsqu'elle lui demanda de la guider, Bridget ne pu s'empêcher de baisser le regard, n'osant pas croiser celui du jeune homme. Consciente qu'il lui fallait toutefois faire des efforts, elle releva la tête lorsqu'il se saisit de la clef. Sur les lèvres d'Antoine, elle put déceler un léger sourire. Toutefois, ce n'était pas celui qu'elle avait l'habitude de voir. Ce n'était pas le sourire plein de mépris. Pas celui qu'avaient ceux qui la maltraitaient toujours à l'école. C'était un sourire qui semblait gentil, presque amical. Curieuse devant l'inconnu, elle continua à le regarder. Il jeta un œil au numéro, puis sembla réfléchir. Avait-il du mal à savoir où c'était? Ou du mal à savoir comment l'expliquer? On répondit bientôt à la question silencieuse de Bridget lorsqu'il prit la parole. Il lui confia être un piètre explicateur, puis lui dit qu'il serait mieux qu'il l'y mène. Si elle le voulait bien sur.

Cette phrase fut bien étrange pour Bridget. C'était l'une des premières fois qu'on lui confiait quelque chose. Ce n'était pas beaucoup, certes, mais pour elle c'était déjà rare. Finalement, peut-être elle ne s'était pas trompée. Peut-être son pressentiment avait-il raison. Qui sait, son séjour serait peut-être bien mieux que tout ce qu'elle eut imaginé. Ce fut alors que Bridget remarqua qu'Antoine semblait attendre une réponse. Clignant plusieurs fois des yeux, elle revint ensuite à la réalité.

- Ah euhhh....D'accord.

Sur ce, voulant importuner le jeune homme le moins possible, elle tenta de soulever sa valise. La jeune fille se saisit de la poignée et leva la valise avec toute la force dont elle disposait. Toutefois, moins de cinq pas plus loin, elle du la laisser tomber par terre dans un grand bruit qui n'était pas prévu à la base. Les quelques personnes présentes dans le hall se retournèrent tous vers elle, ce qui fut assez pour la faire figer sur place. Son opacité commençait à diminuer alors que ses joues devenaient cramoisies. Se mordant la lèvre inférieure, elle se retourna vers Antoine pour ne plus voir les regards braqués sur elle. De sa voix, plus faible encore que précédemment, elle réussi à prononcer une phrase de plus de trois mots.

- Finalement, je crois que je vais te laisser la valise si ça ne te déranges pas trop. Sinon je peux essayer de la porter, simplement je crois que nous n'arriverons pas rapidement de cette manière....

Vachement impressionner que Bridget vienne vraiment de l’Angleterre, Antoine ne put s’empêcher de sourire davantage. Alors pour une fois, il ne s’était pas trompé dans ses calculs. Ce fut sa réponse qui confirma ses pensées. Chemin plus long qu’elle ? En fait oui puisque quelques étudiants venaient des contrées asiatiques, c’était des endroits que le super sauteur avait toujours voulu visiter, mais sinon c’était évident que l’Angleterre n’était pas si éloignée que ça, comparée à d’autres pays européens du moins… Il réfléchit à la meilleure chose à lui répondre, parce que quand même il se devait de paraître le plus classe possible. Le jeune homme dit finalement, toujours avec le même sourire :

- Effectivement je crois qu’il y a même quelqu’un qui vient du Japon. Et puis pour l’Angleterre… mon grand-père vient de là… enfin je crois que c’est mon grand-père. Tout ça pour dire que je suis allé quand j’étais petit. Ça doit être dur d’être projeté dans un bâtiment avec des gens qui ne parlent pratiquement que le français.

Bon d’accord, il parlait peut-être un peu trop. C’était surement énervant, mais c’était plus fort que lui. Il chercha sur le visage de Bridget un quelconque signe qui pourrait lui faire comprendre qu’il parlait trop. Étrangement elle semblait plutôt timide et donc elle avait le regard baissé. Ce genre d’attitude l’empêcher de bien sonder son visage, mais au moins elle ne semblait pas fâché. Antoine savait qu’il devait apprendre à moins parler ou du moins essayer de faire un effort à ce sujet… Il s’excusa donc avec une piètre révérence :

- Pardonne-moi, je crois que je me suis laissé aller.

Il faisait bien sur référence au fait qu’il venait de trop parler et avec de la chance, elle comprendrait le tout. Lui proposant de l’amener jusqu’à sa chambre, il attendit tout simplement son accord. Ce n’était pas parce qu’il voulait bien paraître qu’il devait s’imposer complètement. Le jeune homme savait à peu près où se trouvait la chambre de Bridget puisque d’après lui, elles étaient tous dans le même endroit. Le numéro inscrit sur la clé était « 01 » ce qui voulait dire que c’était, en théorie, la chambre juste à côté de la sienne. Finalement, elle accepta son offre. Le super sauteur s’apprêtait à aller chercher la valise lorsque Bridget le devança et la prit. Restant sur place, il la regarda faire quelques pas et dut se retenir pour ne pas rire en la voyant l’échapper. Ce n’était rien de méchant, mais... C’était vraiment mignon de sa part de ne pas vouloir l’énerver de la sorte. Antoine répondit en lui faisant un clin d’œil :

- T’inquiète, je comptais la porter de toute façon.

S’approchant légèrement, il tendit la clé à Bridget et empoigna la valise. Son ballon était légèrement dans le chemin et donc il dut faire des pieds et des mains pour ne rien échapper. Il lui fit signe de le suivre et se dirigea vers les chambres. Heureusement ce n’était pas trop loin, parce que la valise était tout de même relativement lourde. Après quelques instants, il demanda :

- C’est quoi ton pouvoir ? Tu dois bien en avoir un puisque tu es à l’institution.

À vrai dire, il avait une petite à ce sujet. Après tout quelques instants auparavant il avait bien eu l’impression qu’elle disparaissait. Par contre, il y avait deux pouvoirs qui pouvaient se rattacher à ce phénomène. C’était soit des illusions soit l’invisibilité. Les deux étaient vraiment chouettes, mais personnellement Antoine préférait le sien. C’était rien de spectaculaire, mais ça se rattachait bien à sa passion; le basket. Finalement ils arrivèrent devant la porte de la chambre de Bridget. Il dit en pointant la porte :

- À moins que je me sois trompé, c’est ta chambre.

Lorsqu'Antoine lui dit qu'il y avait même un élève qui venait du Japon, Bridget ne put qu'être surprise. Cette institution était-elle donc si populaire? Elle n'en avait jamais entendu parler avant pourtant. Pas plus qu'elle n'avait entendu parler de gens comme elle à bien y penser. Par la suite, le jeune homme lui dit que son grand-père venait lui-même de l'Angleterre, ou du moins il le croyait. Peut-être Bridget le connaissait, sait-on jamais. Toutefois, comment pouvait-il en douter? Il devait connaître son grand-père non? Qui ne connait pas sa famille? Peut-être son pouvoir était-il plus effrayant que le sien et cela avait déchiré sa famille dès son plus jeune âge. Valait mieux ne pas poser de question, histoire de ne pas rappeler de mauvais souvenirs à Antoine, si mauvais souvenirs il y avait.

Lorsque le jeune homme s'excusa, elle ne comprit pas tout de suite pourquoi. L'adolescente le fixa avec un air interrogatif durant quelques secondes, mais ils passèrent rapidement à autre chose. Ne désirant pas embêter Antoine, encore moins abuser de lui, la jeune femme tenta de soulever sa valise d'elle-même avec les résultats qu'on lui connait déjà. Gênée, l'anglaise n'eut d'autre choix que de lui demander son aide. Lorsqu'elle se retourna, elle vit son sourire, même lui riait d'elle donc. Peut-être il se faisait passer pour une personne aimable afin de mieux la ridiculiser ensuite? Autant ne pas s'imaginer mille et un scénario, elle serait bien capable de se convaincre de la véracité de chacun d'eux et de s'imaginer que même les tapis parlaient dans son dos.

Avec un clin d'œil, Antoine lui avoua qu'il comptait porter la valise de toute façon. La jeune fille hocha la tête affirmativement, gênée. Le jeune homme s'approcha et souleva la valise, malgré le ballon de basketball qui ne semblait pas l'aider dans sa manœuvre. Timide, elle lui offrit de prendre le ballon afin qu'il puisse se servir de ses deux mains. Ensuite, l'anglaise derrière, ils se mirent en route dans les couloirs vers la chambre de Bridget. Mal à l'aise, elle avait l'impression que la veste d'Antoine pesait une tonne sur ses fragiles épaules. Là-bas, personne n'aurait jamais fait cela pour la protéger du rhume, ils auraient simplement rit de sa malchance habituelle. Alors pourquoi le jeune homme était-il si gentil?

Après quelques instants, il lui demanda quel était son pouvoir. La jeune fille se plaça donc à ses côtés, histoire d'être certaine qu'il la verrait disparaître. En deux temps trois mouvements, Bridget se sentit devenir plus légère. Son opacité diminua rapidement et bientôt, il n'y avait plus aucune trace de l'anglaise sinon le bruit de sa respiration. Ensuite, elle réapparu aussi rapidement qu'elle était disparue.

- Je peux devenir invisible à volonté. J'ai encore du mal à faire disparaître de trop gros objets avec moi, comme un autre individu par exemple. [Petite pause] Et toi? Quel est ton pouvoir?

La jeune fille l'écouta attentivement, s'assurant de ne manquer aucune de ses paroles. Il était difficile pour elle de tout comprendre étant donnée qu'il parlait français, mais l'anglaise s'habituerait sans doute un jour ou l'autre. Quelques moments plus tard, ils arrivèrent devant une petite porte où était indiqué le numéro un. Se saisissant de la petite clef, Bridget la glissa dans la serrure et ouvrit la porte. Fort heureusement, il semblait que les protagonistes ne s'étaient pas trompés. Se retournant, elle fit un sourire à Antoine. Voyant qu'il tenait encore la valise, elle l'invita à entrer d'un signe de main.

- Déposes la valise quelque part, je devrais pouvoir m'en sortir maintenant. Si tu n'avais pas été là, je serais peut-être encore dans le hall. Je ne pourrai jamais assez te remercier.

Sur ce, elle sourit à nouveau, l'un de ces sourires sincères et reconnaissants. Ensuite, réalisant que la veste était toujours en sa possession, elle la retira et la tendit vers son propriétaire. Il était vrai que Bridget était très heureuse qu'Antoine l'ait aidé. Il s'agissait de la première fois qu'une personne autre que ses parents lui montrait autant d'attention. La jeune fille devait trouver quelque chose, n'importe quoi, pour le garder avec elle plus longtemps. Pourquoi? Elle n'en avait aucune idée. Sans doute ce pourrait sembler égoïste de sa part, mais elle était si heureuse que l'on se soucie d'elle ne serait-ce qu'un peu. Gênée, elle entrouvrit la bouche pour dire quelque chose. Il lui fallait trouver n'importe quoi. Se perdant dans ses pensées, l'adolescente figea, à la recherche de quelque chose à dire. Peu à peu, ses joues devinrent plus rosées, consciente qu'elle devait avoir l'air bien stupide à chercher ses mots ainsi. Se résignant, Bridget tenta de se faire à l'idée que de toute façon ça ne lui ferait que perdre son temps de rester ici avec elle. Honteuse, elle baissa la tête et marmonna à nouveau un merci, plus timide cette fois.

[Désolé si c'est pas super >.< Et pour l'attente, c'est pas grave. C'est normal après tout de se reposer quand on est malade ^^ ]

Surement que Bridget allait être surprise par le fait qu’il y avait une japonaise à Dellane. Antoine lui-même l’avait été et disons que d’habitude rien ne l’atteignait à cause du mur de stupidité qui l’entourait. Alors quelqu’un de plus normal comme la demoiselle, quoi qu’elle-même venait de l’Angleterre c’était quand même un bout de chemin non ? Pas autant que l’Asie, mais ça voulait quand même dire que c’était minimalement international ? Bon surement pas, mais dans la tête du super sauteur, cette réflexion avait beaucoup de sens… Sauf que le problème, c’était qu’il n’avait jamais entendu parler de l’institution avant le moment où la personne l’avait abordé pour qu’il y aille. Alors comment se faisait-il qu’une japonaise en ait entendu parler ? Enfin ce n’était pas vraiment important, même pour le jeune homme.

Retenant son hilarité devant la piètre tentative de Bridget pour soulever sa valise, il ne put s’empêcher de la comparer à nouveau avec Astrid. Au moins, elle ne tentait pas de l’obliger à la soulever et à la différence Antoine avait lui-même décidé de le faire. Malgré son hilarité croissante, ce n’était même pas de la faute de sa maladresse. En fait si, mais il ne riait pas d’elle. Prenant la relève, le super sauteur alla prendre la valise. Sauf que le problème c’était son ballon de basketball qui était légèrement dans son chemin pour la porter cette valise. Heureusement Bridget lui proposa timidement de le prendre. Acceptant joyeusement son aide, il lui tendit en essayant de ne pas échapper la valise. C’était une opération délicate, mais c’était quand même plus facile de porter le tout sans le ballon. Surtout que ce n’était pas si lourd que ça, du moins comparé à d’autres trucs.

Après la tentative de bien s’arranger pour porter le tout, il préféra poser des questions pour mieux la connaitre. C’était sans aucun tout la meilleure chose à faire en ce moment. En voyant Bridget avancer légèrement, il l’eut plus dans son champ de vision ce qui lui permis de voir c’était quoi. Peu à peu, mais tout de même rapidement, elle disparut jusqu’à temps de ne plus laisser de trace. Tenté d’essayer de toucher pour voir si elle était encore là, Antoine bougea la main avant de se retenir en se disant que ce n’était pas très poli et qu’en faisant cela, il aurait l’air plus idiot qu’à son habitude. Elle lui répondit - même si la démonstration était suffisante, mais il ne fit pas le commentaire, puisqu’il aimait bien le son de sa voix – il écouta avec attention et s’exclama :

- C’est génial comme pouvoir ! Je veux dire… tu es vraiment chanceuse. Avec de l’entrainement tu seras à coup sur capable de faire disparaitre quelqu’un avec toi.

Même s’il avait entendu la question, le jeune homme n’avait pas envie de dire son pouvoir. Il ne pouvait pas faire de démonstration et comparé à l’invisibilité, son super saut ne valait pratiquement rien. C’était dommage puisque normalement, il était plutôt fier de son pouvoir. Enfin s’il y avait une occasion de faire une démonstration, peut-être qu’il lui dirait. Heureusement pour lui, les deux protagonistes arrivèrent devant la chambre, ce qui ne laissa pas le temps à Bridget de poser davantage de questions. Il répondit à son sourire en en esquissant un à son tour. Antoine était plutôt content de ne pas s’être trompé de chambre, ça aurait été embarrassant…

Presque déçu par ce qu’elle lui disait, il tâcha de ne pas le montrer. Ça serait plutôt impoli et puis elle avait bien le droit de se débrouiller seule. Pour lui remonter le moral, il vit son sourire qui semblait plus sincère le précédent. Comme pour limiter les remerciements, il n’avait rien fait de spécial pour les mériter, il lui répondit :

- Quelqu’un d’autre serait vraiment voulu t’aider. J’ai juste été le premier.

C’était plutôt apparent qu’il n’était pas très à l’aise avec ce genre de remerciement. Habituellement, on lui demandait un service et c’était plutôt pour se servir de lui. Dans le cas de Bridget, ça semblait différent. Antoine aurait préférer rester avec elle, lui faire faire le tour de l’école ou quelque chose du genre. Malheureusement il n’eut pas trop le temps de réfléchir puisqu’elle lui tendit la veste qu’il reprit sans la remettre. Pas que ça le dérangeait, simplement qu’il avait chaud alors… Elle ne lui dit pas de partir, ce qui l’encouragea pour trouver une idée. Le jeune homme repensa alors à son pouvoir. Il ne lui avait toujours pas dit c’était quoi. Il proposa joyeusement :

- Je ne sais pas si ça t’intéresse, mais si tu veux je pourrais te montrer mon pouvoir. J’ai besoin de plus d’espace par contre.

Repensant à la veste, Antoine se dit que ça serait une bonne idée qu’elle change de vêtement. Après tout la veste avait aidé, mais si elle avait été mouillée ses vêtements devaient être encore humides. Et puis, il se sentirait mal de lui faire attraper une grippe ou quelque chose du genre. Il lui dit :

- Je ne sais pas si tu as été beaucoup sous la pluie, mais si c’est le cas tu devrais peut-être te changer…

Bridget et Antoine atteignirent finalement la chambre numéro un. La jeune fille, comme à son habitude, espéra que tout irait bien. Si jamais ce n'était pas la bonne chambre? Si jamais ils arrivaient à un mauvais moment? Qui sait ce qui se passait derrière cette porte en ce moment même. Et si ses futurs colocataires écoutaient un film de suspense et qu'elle les dérangeait au pire moment? Prenant une inspiration, elle enfonça la clef dans la serrure et ouvrit la porte. L'adolescente passa d'abord timidement sa tête dans l'entrebâillure de la porte pour ensuite constater qu'il n'y avait présentement personne. Ouvrant la porte plus grande, elle s'y engouffra suivie d'Antoine et de la grosse valise brune que ce dernier transportait. S'il n’avait pas été là, Bridget aurait eu un mauvais quart d'heure à trouver la bonne chambre et traîner la grosse valise de ses petits bras.

La protagoniste l'invita à entrer, puis à déposer la valise quelque part. Bridget se demanda de quel lit elle hériterait. Celui prêt de la fenêtre ne lui déplairait pas, mais il était sans doute déjà occupé. De toute façon, un lit était un lit. De plus, en tant que nouvelle, l'adolescente ne pourrait se permettre de faire la fine bouche. Se retournant vers Antoine, elle ne manqua pas de le remercier une fois de plus et la veste retourna à son propriétaire. Ce fut à ce moment que la conversation sembla se figer. Ils avaient atteint leur but, mais c'était comme si les deux individus auraient souhaités que la marche jusqu'à la chambre soit plus longue. Au fond, c'était simplement que ni l'un ni l'autre ne savait comment continuer la conversation.

Ce fut Antoine qui remédia à leur petit problème en lui suggérant de lui montrer son pouvoir. Il mentionna également avoir besoin de plus d'espace pour la démonstration. Les yeux de la jeune fille semblèrent briller de joie durant un instant. Ainsi donc, non seulement il acceptait de lui montrer son pouvoir, mais en plus ça voulait dire qu'il allait passer du temps avec elle. Bien sur, comme toujours, la protagoniste eut peur qu'on la trouve lassante, c'était une chose qu'elle n'oublierait pas de si tôt. Après tout, timide comme elle était, les conversations ne duraient jamais bien longtemps. Il lui faudrait se débrouiller pour avoir quelque chose à dire sans être trop désagréable. Mais si jamais elle voulait dire quelque chose, mais que ces lèvres disaient le contraire? Et si sa malchance la portait à se ridiculiser? Ne pas y penser, nouvel environnement égal nouveau départ. D'abord indécise, elle hocha affirmativement la tête, puis parla de sa petite voix timide à l'accent anglais.

- D'accord. Où irons-nous? Jusqu'à combien d'espace as-tu besoin?

Avant que le jeune homme ne lui eu répondu, il lui rappela que ses vêtements étaient humides. Les yeux de suie de la jeune fille se posèrent sur ses vêtements, trempés. Les joues de la jeune fille devinrent rosées, embêtée de devoir le faire attendre alors qu'elle devrait se changer. Au fond, ce n'était pas un peu d'eau qui lui donnerait le rhume non? Tentant de sourire, elle lui répondit avec l'air le plus crédible possible.

- Ça va, ce n'est rien. Ce n'est pas un peu d'eau qui va me rendre malade, et je ne voudrais pas non plus que tu aies à attendre par ma faute.

Bridget esquissa un sourire timide, puis s'assura que la valise ne serait pas encombrante pour un de ses colocataires qui reviendrait durant son absence. Ensuite, s'assurant d'avoir la clef avec elle, la jeune fille se prépara à verrouiller la porte, prête à aller dans un endroit plus vaste pour voir le pouvoir d'Antoine. Peut-être il pouvait se transformer en éléphant? Ce prendrait beaucoup de place ça. Où encore il influençait la météo et avait donc besoin d'être dehors? Ou il savait courir plus rapidement que n'importe qui? Lunatique durant quelques secondes, elle s'imagina toute une suite possible de pouvoirs les plus inventifs les uns que les autres, nécessitant toujours plus d'espace que le précédant. Et s'il savait voler plus vite que Superman?

Curieuse de savoir quel pouvoir le jeune homme pouvait bien avoir, elle voulu se presser d'arriver à destination. Ce fut alors que la jeune fille revint à la réalité. Se tournant vers Antoine, elle chercha comment formuler sa question correctement. Après une certaine hésitation, Bridget réussi à dire quelque chose, sans trop déformer les mots.

- Où irons-nous? Comme je suis nouvelle, j'ignore totalement où pourrait bien se trouver un endroit convenable.

[Vraiment désolé du temps mis à répondre. >.< Je l'aurais fait plus tôt, mais je n'ai pas eue le temps d'aller sur l'ordinateur ces temps ci. Si le Rp est pas fantastique, c'est juste que ça va me prendre un ou deux posts me remettre dans la peau du perso. Encore désolé. >.<]

Tout en restant silencieux, Antoine regarda la porte de la chambre s’ouvrir. Il eut peur pendant une fraction de seconde qu’ils dérangent quelqu’un, mais cette peur ne dura qu’une demi-seconde puisqu’il se dit qu’à la limite il se porterait garant de la situation. Ça ne serait vraiment pas sympa que les colocataires de Bridget se frustrent contre elle s’ils interrompaient quelque chose. Heureusement il n’y avait personne ce qui enlevait un poids des épaules du super sauteur qui lui sourit simplement en lui faisant un clin d’œil. Généralement, quelqu’un de normal se serait poussé sans trop de problème, mais, lui, il resta là en parfait silence. Il ne savait pas quoi dire. Il avait envie de rester discuter avec Bridget, lui faire visiter l’école. Faire quelque chose d’autre que se pousser sans possibilité de ravoir des nouvelles. Trouver une façon de ne pas avoir à partir.

Par contre, les mots ne venaient pas. Il ne fallait pas oublier qu’Antoine ne s’était jamais vraiment attaché à ce lycée, avoir la possibilité de le faire par des gens l’aidait beaucoup à regretter sa fugue. Étienne avait été la première personne qu’il avait rencontrée dans ce lycée et ensuite ça avait été des connaissances. Bridget était une des personnes avec qui il avait eu une véritable conversation alors c’était normal qu’il n’ait pas le gout de partir. Pourtant le super sauteur se sentait tout simplement idiot de vouloir s’imposer… Sauf que pour une fois que quelqu’un ne semblait pas du tout le prendre pour quelqu’un d’énervant. Il ne put que sourire en l’entendant accepter sa proposition. Il préféra lui rappeler les vêtements trempés avant de partir, mais elle lui répondit qu’elle ne voulait pas le faire attendre. Les joues d’Antoine devinrent rosées et il détourna le regard en disant :

- C-comme tu veux, mais prends ma veste au moins.

Oui, il comptait bien l’obliger à la prendre. Pas question qu’elle soit malade par sa faute. Au moins avec la veste, elle devrait ne pas attraper quoi que ce soit. Probablement que Bridget ne serait pas nécessairement d’accord, mais il tenait absolument à ce qu’elle la prenne. Ce n’était qu’une veste après tout… Il lui fit un sourire timide et répondit à sa question :

- J’ai surtout besoin de beaucoup d’espace en hauteur. J’espère que tu ne seras pas déçu, mon pouvoir n’est pas si génial que ça…

Surtout pour Antoine qui le contrôlait plus ou moins, bien sur il ne ferait pas un fou de lui en lui montrant puisqu’il était tout de même capable de le contrôler suffisamment pour ne plus se frapper la tête contre les plafonds. Il fallait dire que tout ce qu’il avait fait depuis son arrivée c’était simplement ça. Sauter, pour encore sauter. Il était bien content que ça ait porté ses fruits… En entendant la question de Bridget, le jeune homme regarda le plafond, signe qu’il réfléchissait. Où pouvaient-ils bien aller ? Dehors il pleuvait encore et ils devaient passer à l’extérieur pour aller au gymnase, l’endroit où il s’entrainait habituellement. Il se gratta la tête avant de répondre :

- Un escalier devrait être correct.

Maintenant, où était l’escalier le plus grand… Celui qui menait au toit était le seul qui de son point de vue serait assez grand. Antoine tenait tout de même à sa tête alors pas question de prendre le risque de se faire mal. Particulièrement devant un public ! Ça serait vraiment embarrassant. Le super sauteur lui fit signe de le suivre alors qu’il se dirigeait lentement vers l’escalier en question. Décidant de faire un peu de conversation, il demanda :

- Tu as appris le français quand tu étais jeune ? Parce que de souvenir les anglais parlent l’anglais, non ?

Question pas très intelligente, mais Antoine voulait le savoir. Le français était une langue complexe et même si Bridget avait un accent, elle parlait plutôt bien. Contrairement à certains des oncles du super sauteur qui n’arrivaient pas à dire un mot. Probablement qu’elle ne connaissait pas tous les mots, mais elle se débrouillait plutôt bien. Du moins, mieux que lui le faisait en anglais alors qu’en théorie il devrait être capable de parler les deux langues… Il obliqua dans un autre couloir et continua de se diriger vers l’escalier. Ça ne prendrait pas beaucoup de temps avant qu’ils arrivent.

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