Premiers pas... [libre]

Voilà dix bonnes minutes maintenant que ses parents avaient arrêté leur voiture devant l'établissement. La famille Capellieri au grand complet gardait un visage à mi chemin entre la stupéfaction et l'admiration. Certes, le flyer de cette institution avait annoncé la couleur, mais les trois nouveaux venu avait imaginé la réalité bien moins... Avantageuse.

Au milieu de la forêt dense qu'ils avaient traversé se tenait l'immense manoir qui faisait office d'institution. Les nombreuses allées se perdaient entre les ombres des feuillages et lorsqu'elle avait jeté un vague regard par la fenêtre du véhicule, Sindel devait avouer que ce qu'elle avait vu la laissait encore muette.

On était bien loin du petit appartement, cosy mais bordélique, de sa famille. Les plantes en pot de sa mère laissaient leur place à une végétation d'un vert irlandais magnifique sous ce soleil d'été. Exit les vieux vinyles des années yéyé et les décorations multicolores. Place à un luxe que la jeune fille n'avait jamais vu qu'en couverture de magazine et sur l'écran de sa télévision.

- "Tu es sûre de l'adresse Marie ?"

Tony Capellieri regardait partout autours de lui. Il semblait particulièrement sidéré de voir la grande fontaine qui faisait probablement office de mini rond point devant l'entrée principale.
Sa compagne sortit de son sac la brochure de l'établissement. La dite brochure était cornée et pliée une multitude de fois, signe que ses parents l'avaient lue, relue et re-relue un certain nombre de fois.

La femme opina tandis que ses yeux faisait le rapprochement entre les photos du prospectus et les images qu'elle avait sous les yeux. C'est à dire qu'ils ne s'étaient jamais déplacé. Tout avait été organisé de manière à ce que le secret enveloppe jusqu'au dernier instant les lieux.
Seulement lorsque le feu vert leur avait été donné d'intégrer l'institution, seulement alors, ils avaient pu venir.

- "Tu penses qu'on doit attendre que quelqu'un vienne Ny ?"

Sindel leva les yeux au ciel en entendant sa mère appeler son père par son petit nom. Décidant qu'il en allait de sa réputation et qu'elle ne pouvait définitivement pas se montrer avec ces deux clowns, la jeune femme récupéra son sac dans le coffre de la voiture.
Le hissant du bout des bras jusqu'au bas des deux marches de l'entrée, elle finit par le laisser tomber, créant un petit nuage de poussière ocre autours d'elle.

- "Ca ira, je pourrais me débrouiller. Vous pouvez y aller."

Elle ne s'était même pas retourné. Age ingrat que l'adolescence du point de vue parentale...

Tony Capellieri n'ajouta rien, lançant un petit sourire d'encouragement à sa compagne. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu sa fille un minimum motivée par quelque chose. Rien que la sortir de chez eux relevait plus du défit personnel que d'un acte banal.

Marie s'approcha tout de même pour faire se retourner sa fille. Elle lui donna les quelques recommandations habituelles, sa voix prit d'un léger tremblement et finit par ces attentions gênantes et casse pied qu'ont tous les parents : remise en place d'une mèche de ses cheveux, ajustement de son pull sur ses épaules et lissage du tissu sur ses bras...

- "C'est bon maman, je rentre dans une école, pas à la cour du roi..."

L'adulte lâcha sa fille, un peu vexée. A croire qu'elle n'appréciait pas que sa petite fille vole de ses propres ailes...

- "C'est bon, c'est bon... On s'en va Sindel. Nous prendrons de tes nouvelles. N'hésites pas si tu as le moindre problème. Tu as notre numéro de téléphone ma chérie hein ? Sinon je l'ai noté sur un papier dans ton sac. Ho et je t'ai ajouté de la..."

Elle s'interrompit devant le regard noir de sa fille. Ok... Ok, finit les adieux, il était temps de partir.

Le couple remonta donc en voiture et Sindel leur fit un vague signe de la main en guise d'au revoir.

Enfin seule... Bientôt le bruit du moteur de la vieille coccinelle familiale ne fut plus qu'un souvenir et l'adolescente posa le pied sur la première marche. Ho, pas que l'escalier lui semblait insurmontable avec ses deux malheureuses marches, mais c'était un monde tout à fait différent auquel la jeune fille allait devoir faire face.

Plus que ça, ce qu'elle avait craint durant ces dernières années se trouvait derrière ces portes. Un endroit remplis de personnes qui comme elle, étaient pourvues de pouvoir qu'ils ne maîtrisait pas, ou mal. Un frisson parcouru son échine et les battements de son coeur s'accélérèrent. La première leçon ne venait elle pas de commencer, de par son propre chef ? Il fallait qu'elle calme cette habitude de partir au quart de tour, une fois dans l'enceinte de l'établissement, elle n'aurait plus le droit à l'erreur. Interdiction de mettre le feu à l'institution via un autre élève ou quelque chose dans le même goût... Sa seule consolation étant qu'ici, bon nombre d'élèves devaient avoir ce genre d'apréhension...

Comme elle ne parvenait pas à reprendre le dessus sur elle même comme elle le voudrait, Sindel ouvrit la fermeture éclaire de son sac et farfouilla quelques instant pour en ressortir un casque blanc qu'elle ficha rapidement sur ses oreilles. A sa ceinture, elle poussa le petit bouton "marche" de son lecteur mp3.
En une poignée de seconde à peine, une musique trash fut crachée par les écouteurs. Sindel mit le volume au maximum et ferma les yeux. rapidement, ses sens revinrent à la normal et son inquiétude se dissipa.

Elle referma son sac et et finit son avancée, d'un pas décidé.

Sindel avait ouvert la porte et s'était engouffrée dans l'immense hall sans cérémonie, pas la peine de tergiverser cent-sept ans.

Le moins que l'on pouvait dire, c'est que l'endroit était plus incroyable encore dedans que dehors. Pourtant, la surprise des premiers instants passée, Sindel avait recouvré cette moue blasée qui la caractérisait.
Ses yeux pâles, cerclés de khôl firent le tour de la pièce tendis que par réflexe, ses lèvres charnues chantonnaient de façon muette la chanson qui lui vrillait les tympans.

Une fois de plus, elle largua son sac près d'un grand panneau d'affichage. Son regard parcouru les différentes affichettes avant de s'intéresser à celle qui pour l'heure, pouvait lui rendre le plus de service :

Citation :: Bonjour à tous, l'été s'achevant bientôt, je vous invite à demander un des nombreux paniers-repas mis à vôtre disposition pour pique-niquer seul ou à plusieurs. Il ne vous reste que jusqu'à la fin des vacances pour en profiter.

Nous vous rappelons que les cours de soutien sont maintenus et une fiche d'inscription nouvelle a été placée sur le tableau de l'entrée. Avis à ceux qui veulent approfondir dans tous les domaines. Les professeurs pourront à leur guise décliner selon différents critères, si cette décision vous parait trop arbitraire un rendez-vous avec moi sera possible afin de dissiper les malentendus.

Les différentes activités organisées en plein air dans le parc sont désormais annulées, par la dégradation de certains, tous subissent les conséquences.

La soirée prévue pour la fin de l'été se passera lors des premiers jours d'automne, un soir afin de profiter d'un coucher de soleil et de quelques boissons autour du lac. Plus de détails seront communiqués aux pensionnaires plus tard.

Concernant les toilettes et le non respect des locaux, les sentences pour les récidivistes seront crescendo.

En espérant que vos vacances se passeront bien, je reste à vôtre disposition pour toute question, s'adresser au secrétariat,

Respectueusement,

Sanzo Kichigai.

- "Sanzo Kichi... San..."

Elle buta un instant. Le nom n'était définitivement pas français ni européen et elle peinait à deviner comment le prononcer pour que se soit juste.
Elle avait vaguement entendu parler de cet homme durant son inscription. Il s'agissait du directeur, mais Sindel n'avait pas eu l'occasion de le rencontrer.

Outre ce détail, l'adolescente fut plutôt ravie de se rendre compte que cet établissement semblait "comme tous les autres" sur le plan humain. Il y avait toujours des troubles fêtes. Encore qu'elle se demandait si les troubles fête qu'on pouvait trouver ici étaient plus... Comment dire... "Spéciaux" qu'ailleurs.

Si elle s'était demandé un temps le type d'attitude à adopter vis à vis de la nature des personnes circulant dans l'établissement, après cette lecture il était clair que les choses n'étaient pas aussi tabou à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Jetant un regard sur le reste du hall, elle réalisa alors que sans un léger coup de pouce, il allait être difficile de se repérer convenablement. Même avec un plan, elle était le stéréotype même qui voulait que les femmes aient un sens de l'orientation déplorable...

Allait elle réellement demander son chemin à quelqu'un ?

Pas envie...

Oui mais... C'était ça ou camper dans le hall.

A qui alors ? A qui demander ?

- "Heu... Excusez moi..." Lança t-elle à la sauvette, baissant un peu son casque pour entendre si quelqu'un lui répondait.

Son dernier Caramel dur à la crème, son dernier plaisir gustatif son dernier espoir de bien-être, son dernier anxiolytique naturel, son dernier...sa dernière chute mortelle vers le rebord du trottoir! En ouvrant le paquet au moment où le plus commun des humains passait par là pour la bousculer et prise dans ses pensées; il n'aurait fallu qu'un effleurement pour anéantir le souhait de sentir le sucre coulé au fond de sa gorge. Alors un accrochage de l'épaule fut l'acte parfait pour obliger les mains à lâcher le papier d'emballage bruyant et doré qui devant les yeux rouges horrifiés, tombait en virevoltant. Les lèvres entrouvertes d'Akira se plissèrent dans un rictus de totale anéantissement. C'en était fini! Au moment où elle prit une infime inspiration afin de se donner du souffle pour crier son désarroi. La friandise se brisa en dizaine d'éclat beige dans un bruit sec de verre. Face à ce qui aurait pu être le meilleur amant de sa langue, la nouvelle élève ravala sa clameur, trop émue pour dire quoi que ce soit. Elle releva péniblement la tête et fut surprise de voir la foule amassée devant elle.

Rien que des épaules, des dos ou des chevelures coiffées à tous les gouts. Personne ne faisait attention à elle ni à l'horreur qui venait de se passer sous leur pieds car sans rancunes, ils piétinaient tous l'ancienne dragée de caramel. Faisant crier celle-ci d'une voix sucrée et arrachant une larme au cœur de la jeune fille plantée comme un piquet à l'arrêt du bus. Seulement, aucun répits ne lui fut accordée avant qu'une nouvelle silhouette inconnue la bouscula brutalement pour s'engouffrer dans le car servant de convoi collectif. C'était que pour le petit village de Brioude, le chemin était long et surtout, les transports étaient très rare. Voilà pourquoi, il fallait se battre pour avoir les meilleurs places puis les places assises et enfin, espéré avoir l'espace suffisant pour se parquer entre quatre aisselles. D'ailleurs ce fut ce seul emplacement que trouva Akira après avoir réussi à éviter deux avants bras et un coude en plein nez. Pas facile de faire comme si de rien était et en même temps faire en sorte que personne ne la touche, un mort sur sa conscience et mélangé à son esprit lui suffisait amplement. Surtout qu'Isabelle n'était en rien un cadeau.

« Brioude. Terminus, tout le monde descend!. »

La France était le pays de la bousculade! Le bus n'avait pas réussi à réveillée la jeune fille endormie depuis la moitié du trajets et voilà que l'un de ses voisins agacés par cette inconnue collée contre son énorme paquet cadeau, la réveilla brusquement d'un coup d'épaule. Un peu perdue, elle poussa un fin gémissement camouflé par le brouhaha des descentes multiples du car. Pour ensuite fixé les alentours, elle fut l'une des dernières à sortir car il lui avait fallu un temps conséquent pour s'émerger de ses rêves dont elle n'avait aucun souvenirs. Une sensation étrange sur le front, elle fut poussée par le chauffeur du bus qui pressé par sa vessie, la fit raté l'unique marche du car. La chute étant inévitable pour Akira et c'est sans avoir pu pousser le moindre cri de surprise qu'elle se retrouva à plein ventre sur le sol. L'un de ses pieds encore sur le bord du car, elle tenta de faire abstraction de la douleur de son menton ainsi que de son genou, de sa cheville, de ses poignets et surtout de sa dignité torturé par tous les rires. Autour d'elle s'était formé un petit groupe de villageois qui n'étaient là que pour une chose: se foutre d'elle.

Rouge de honte et de colère, elle se mordit la joue toute en se relevant. Sa jupe relevée dévoila sa petite culotte qu'un gamin pointa tout en la traitant de trainée. Les larmes aux yeux, elle releva le menton prête à craquer pendant que ses mains s'occupaient de cacher ce bas coté qu'elle aurait adoré ne pas montrer. D'habitude, la gamine aurait prit le courage de répondre sauf que le voyage du Japon à la France avait été long. Puis seule, sans point de repère, le mal de sa bulle se faisait déjà bien sentir. Voilà pourquoi, elle ramassa la housse de sa guitare tachée d'une matière étrange provenant de la rigole ainsi que sa valise, format normal quand on est une fille (la plus grosse qu'on peut trouver dans le marché). Akira eut tout le loisirs de trouver des milliers de réponses pour tous ces gens malpolis lors de sa longue randonnée à travers la forêt. Courageuse ou complètement folle, elle avait décidée de tout faire à pieds. Son éternel casque géant sur sa tête, des milliers de tubes qui se diffusaient à un rythme plus ou moins rapide en fonction de son humeur ainsi que de son doigt sur la piste audio.

Il lui fallut plus de trois heures pour arriver à bon port. Face à la grille, elle avait l'estomac tout retourné, une soudaine envie de vomir, la peur de ne pas être acceptée. Son petit déjeuné très copieux au bord des lèvres, elle s'en voulait d'avoir tant trouver les petits pains aux chocolats gouteux. Fouillant tremblante dans ses poches, elle en sortit un gros paquet de chewing-gum pour en prendre un que la jeune fille mâchouilla très rapidement telle une droguée face à sa dose. Le bruit de sa bouche ouverte était ignoble malgré le son que diffusait son casque et pourtant, elle continuait encore et encore tout en marchant très lentement. Chaque pat lui coutait un effort monumentale et bientôt, le bonbon fut de trop et elle dut le cracher avant que ce soit ses intestins qui seraient remonter. Sauf que ne faisant pas attention, son chewing-gum atterrit sur la baskette d'un élève passant par pur hasard. Bien entendu, il ne fut pas très heureux de découvrir une boule gélatineuse et pleine de bave sur sa nouvelle paire.

Or, il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que voulant se faire pardonner, Akira avait fait un pat et s'était pris le pied sur une minuscule pierre. La voilà de nouveau par terre, son menton éraflée par le sol très caillouteux. C'en était de trop, un gros cri avec un « Eh SHIT » retentit pendant que le jeune homme passait son chemin. Les filles bizarres, maladroites et complètement conne s'était pas son truc. Laissée sur le sol, l'étrangère essayait de se dire que la journée aurait pu être pire. En à peine une après midi, elle avait réussi à se donner l'air d'une gamine gauche, d'une conne ne tenant pas sur ses pieds et en plus, elle avait encore envie de pain aux chocolats alors que le stress lui donnait des nausées. Une nouvelle fois, elle se mit debout en constatant d'un geste de la main sur son visage qu'elle saignait du menton, rien de bien méchant, juste quelques goutes. C'était surtout la sensation de brulure qui lui était désagréable. Maintenant, elle cherchait à savoir ce qui était le mieux: garder sa main sur le bas de son visage pour cacher sa blessure ou laisser la plaie libre en se donnant l'air d'avoir fait l'armée?

Laissée libre fut la meilleure solution, au moins, elle pouvait toujours avoir un membre de libre au cas où. Sa guitare rebondissant joyeusement à chaque pat, elle traina sa valise jusqu'au hall d'entrée où elle ne put raté le message du directeur. Aussitôt, son estomac se mit à grogner au mot 'pic-nique'. Elle qui n'en avait jamais fait, elle aurait adorée surtout s'il y avait de ce petit pain aux chocolats. Essuyant rouge de honte, une petite goute de salive au coin de sa bouche, elle baissa les yeux. Il y avait trop de monde, la jeune fille se sentait très mal à l'aise. Il fallait sortir d'ici au plus vite avant qu'il n'y ait un accident. Passant entre deux personnes, elle entendit un fragment de paroles et diminua le son de sa musique, toute façon la voix insoutenable de son frère lui rappelait de trop Isabelle. Il fallait a tout pris qu'elle stop d'écouter les propres musiques de son ancien groupe. Se tournant vers la jeune fille qui venait de parler. Akira interprétera très mal les paroles de l'inconnue et se pencha un peu en avant en signe d'excuse.

« Je suis désolée si je vous ai bousculé ou marché dessus. J'ai du mal à avancer avec ma valise et ma guitare... » Elle continua en chuchotant pour elle même « déjà que sans rien, je tombe alors là...je te dis pas! »

Contre toute attente, la seule personne qui sembla s'intéresser à son désarrois fut une file visiblement aussi paumée qu'elle.

Petite et la tignasse rose pâle, elle semblait être l'anti-thèse de Sindel.

Sur son menton, de petites gouttes de sang séché ou en phase de l'être lui dessinait une fausse pilosité rougeoyante, en adéquation totale avec le rubis de son regard.
Sindel ne pu s'empêcher de sourire intérieurement devant le casque que la demoiselle avait passé autours de son cou. Au moins, malgré les différences indéniables de look -encore que toute deux en arborait un plutôt spécial, ce qui pouvait les rapprocher- elles semblaient avoir un point commun : la musique pour calmer les nerfs.

« Je suis désolée si je vous ai bousculé ou marché dessus. J'ai du mal à avancer avec ma valise et ma guitare... Déjà que sans rien, je tombe alors là... Je te dis pas! »

Cette fille semblait montée sur pile. Et indéniablement, les piles étaient chargées à bloc. Elle passait du vouvoiement au tutoiement en deux phrases et dans ce même temps elle lui parlait et l'oubliait.

Curieuse.

- "Tu ne m'as pas bousculé."

Rien de plus, rien de moins. Et encore, Sindel aurait aimé être capable de se désintéresser de la jeune fille pour repartir à la recherche de quelqu'un en mesure de l'aider. Oui parce qu'avec son immense valise et son étui à guitare, cette petite boule de nerfs semblait tout sauf habituée des lieux.

Sauf qu'elle semblait être dans le même pétrin qu'elle et était aussi la seule personne qui se soit retourner pour lui répondre. Certes elle avait compris la question de travers, mais Sindel était prête à faire comme si l'intention seule comptait.

En se repenchant un peu sur les derniers mots de la jeune femme, l'adolescente comprit un peu mieux d'où lui venait cette égratignure sur le visage. La journée avait du mal commencer, de toute évidence.

- "Tu écoutes quoi ?"

Elle avait posé la question presque malgré elle, les mots étaient sortit tout seul et elle leva les yeux en grognant. Pourquoi fallait il qu'elle pose la question...?
A cause de l'étui à guitare peut être ? Sick avait toujours rêvé d'en avoir une et d'en faire. Mais craignant que l'activité lui "plaise trop", elle avait préféré y renoncer.

Puisqu'elle avait commencé, autant faire le minimum syndical, elle ajouta donc :

- "Tu peux m'appeler Sick."

Pas de nom ni de prénom, juste le surnom. Ça suffisait pour se présenter pour le moment non ?
Elle n'avait pas non plus tendu sa main pour que l'autre puisse la serrer. Les activités sociales ? Très peu pour elle, trop risqué. Dommage que la plus part des gens n'en prennent pas conscience rapidement... Ils ont toujours tendance à s'en rendre compte... Trop tard.

Bon, une poignée de main, c'était pas la mort, ni l'acte social le plus incroyable qui soit. Mais ça commençait par une poignée de main un matin et ça finissait par de grandes accolades à la sortie des cours le soir...

Passant la main à sa ceinture, elle éteignit définitivement son lecteur mp3. Sindel avait reconnu les premières notes de "Sick again" de Koritni. Sa chanson préférée, celle d'où elle avait tiré son surnom. Elle ne voulait pas la rater.

- "Tu devrais passer à l'infirmerie." dit elle en lui indiquant son menton rougit.

*C'est bon ? T'as finit de faire connaissance Sin ? Tu vas peut être pouvoir te retourner et feindre une passion nouvelle pour la décoration histoire qu'on te lâche...*

Oui sauf que débarquer dans un univers tout nouveau et dépaysant comme ça, ça donnait envie de pouvoir se raccrocher à quelque chose. Même à une sorte de petite poupée miniature. Impressionnant cette... Heu... Cette plastique... Elle qui se trouvait déjà plutôt bien formé, sa féminité venait de prendre un sacré coup de bâton.

A peine relevée, acte difficile vu le poids doublé de la guitare à cause du chemin fait à pieds. Akira du affronter une nouvelle fois sa maladresse devenue familière en cette journée ensoleillée. Telle une double peau, sa nouvelle nature d'étourdie ne créait plus aucun malaise. Surement accentué par la fatigue et l'envie de poser enfin cette valise dans un coin de sa future chambre. Quoi qu'il en soit, elle ne releva pas d'une excuse ou même d'un mot de politesse pour signifier qu'elle avait compris son erreur. A la place, elle se contenta juste de diminuer encore un peu plus le son de sa musique et cela, malgré que ce ne soit plus son frère au micro. Persuadée de devenir sourde à force d'écouter toujours son lecteur un peu trop fort. Tout cela d'entendre mieux la jeune inconnue qui n'eut d'autres mots que de savoir ce qu'elle écoutait. Mauvaise question, la japonaise n'avait aucune envie d'avouer ce qu'il passait dans ses oreilles pour filer câliner son cerveau déjà tout détendu. Très prude à ce sujet, elle sentit son visage se réchauffer alors que son pouce glissait sur l'écran de son lecteur comme si on venait d'attaquer son intégrité physique.

Un petit coup d'observation lui avait fait comprendre que cette personne accostée dans le hall n'était peut être pas si intéressée par une discussion. Un peu en retrait, l'air à la fois ailleurs et dans cette pièce. Avait-elle peur des autres ou en fait, elle était trop arrogante pour se sentir intégrée au milieu de tous ces gens? Peut être fallait-il lancé le mode: décryptage? Ou pas car l'inconnue se remit à parler ne laissant que trop peu de temps à la maladroite de réponde. Une bonne et une mauvaise initiative car si elle avait eu envie de répondre, elle n'en aurait pas eu le temps. Sauf que son niveau de 'parler de sa musique' au plus bas, elle se concentra sur l'autre sujet. Tout aussi tabou en fait, ex star de la musique, Aki avait eu sa dose de fan et n'aspirait qu'à un peu de tranquillité. Bien que la guitare pouvait apporter un peu de convoitise, cela n'apportait pas les gamines en furies prête à lui enlever n'importe quoi.

« Drago mi je Sick (Enchanté de te connaître Sick) » répondit-elle sans vraiment faire attention au fait que son coté Croate prenait le dessus depuis qu'elle était arrivée en Europe. Comme si le continent entier ne parlait que cette langue. De plus, normalement, elle aurait du tendre la main pour un geste amicale qu'on lui avait inculquer étant petite. Malheureusement, son pouvoir ne lui permettait plus d'avoir un quelconque acte physique avec autrui. En outre, ses gants étaient restées dans sa valise à cause du temps trop chaud pour les portés. C'est ainsi qu'elle resta plantée là, le visage neutre devenant un peu moins rouge pendant qu'un long silence s'imposait. Oui, Akira aurait du parler, oui elle aurait du se présenter mais n'en avait aucune envie. Elle préférait attendre que le malaise passe et en attendant pu détaillé un peu mieux la personne face à elle. Ajoutant à son attitude recluse, un goût vestimentaire simple, des chaussures reconnaissable au premier coup d'oeil. Une fine étincelle passa dans les pupilles rouges de la japonaise pendant qu'elle relevait la tête pour plonger son regard intense à travers la brume grise de Sick.

« Sick. C'est ça ton nom? Étrange...je parle mal l'anglais mais...à moins que... » Allez, dans la case grosse bourde ambulante, elle venait de s'y mettre et cela sans passé par la case prison. Une fine goutte aurait pu apparaître sur ses tempes. Or personne ne put le savoir car ses cheveux détachées cachaient la moitié de son visage. « ce n'est qu'un surnom j'imagine...Pas mal du tout d'ailleurs enfin, surtout si c'est toi qui te l'ai donné. »

Un nouveau malaise, un nouveau blanc, Kir prit une grande inspiration car il était vraiment temps qu'elle trouve sa chambre pour aller se cacher sous les couvertures et n'en sortir qu'à l'âge de 98 ans quand plus personne ne serait en mesure de la reconnaître. Surtout cette jeune fille et le gamin à l'arrêt du bus! Comment avait-il pu mater sa petite...

« A l'infirmerie? Pourquoi faire? » Elle toucha son menton et se mit à sourire. « Mais non, ce n'est qu'une égratignure et jusqu'à ce que j'aille à l'infirmerie, j'aurais d'autres blessures. On va dire que je suis un aimant à porte, coin de mur etc »

Sur ce, elle s'arrêta aussitôt de parler comprenant que ce n'était peut être pas le lieu ni le moment et que la fille ici présente n'était pas l'interlocutrice prévue pour ça. SOS idiote en détresse n'avait pas encore rouvert leur ligne téléphonique et Akira n'avait pas à parler de ses expériences sensoriels avec le premier venu. Cela lui donnait des airs de vieilles dames seule à l'arrêt du bus, emmerdant le fonctionnaire, heureux et soulagé de rentré chez lui pour s'affaler sur son canapé afin de se vider l'esprit. En gros, être un boulet était son lot quotidien mais en aucun cas, Kir n'aimait l'être. Dévisageant sa nouvelle connaissance de haut en bas sans le cacher, elle eut tout à coup une vieille blessure ouverte. C'était vrai que les yeux des occidentales étaient superbes. Combien prendrait un chirurgien pour débrider les siens? Il fallait qu'elle se renseigne dès qu'elle serait parfaitement installer. En attendant, elle ne pouvait pas rester à la fixer comme une tarée et se mit à chercher quoi dire. Un doigt sur ses lèvres, elle leva les yeux vers le plafond avant de se rendre compte d'une chose.

« Dis! Tu t'excusais pourquoi si c'était pas pour le fait que j'ai marché sur toi? » peut être n'aurait-elle du pas parler de cela. Comme appeler par la magie du mauvais sort, la bandoulière de sa housse lâcha prise et força Akira à se retourner vivement pour rattraper son instrument avant que celui-ci ne touche le sol. Cependant pendant ce réflexe de conservation, elle bougea sa valise qui alla se cogner sur quelque chose et pas avec douceur au vue du bruit qui perça malgré la musique dans ses oreilles. Se tournant aussi vite que possible, sa housse a bout de bras, la jeune fille tenta de voir ce qu'elle avait encore fait. En ayant marre de cette journée pourrie, son visage tout à l'heure si neutre se mouvait en un masque de colère. « Putain quoi encore? »

[Y a pas de mal, moi je trouve ça marrant^^ Suis pas convaincue d'avoir bien saisit le dernier passage alors j'espère m'être pas planté^^]

- "Drago mi je Sick"

Les yeux de Sindel, surprise, papillonnèrent un instant, comme si la jeune fille en face d'elle lui avait soudainement annoncé la fin du monde. Encore que ça aurait put être le cas qu'elle n'aurait pas réagit avec plus d'incrédulité puisqu'elle n'avait pas saisit un traître mot. Cependant, si elle n'avait pas compris dans quelle langue la jeune fille lui avait parlé, il semblait clair qu'il ne s'agissait pas d'une langue asiatique, comme son physique aurait pu le suggérer.

Petite taille et yeux bridés, n'était ce pas là le cliché type de la jeune femme asiatique ? Ca pouvait expliquer le look et ces yeux carmins qu'elle imaginait teintés par une quelconque lentille...
Oui enfin... Elle pensait à ça sans vraiment réfléchir, les asiatiques avaient probablement eux aussi un archétype de l'européen moyen, autant éviter de se fier à ses maigres connaissances sur le sujet quoi...

Qui plus est, la demoiselle semblait lui avoir prouvé que ses origines se situaient bien loin de ce que son physique lui avait d'abord inspiré. Ou alors... Oui non, pourquoi feinter à ce niveau là finalement...

L'adolescente pâle n'avait pas tendu sa main, même instinctivement, et bien qu'ignorant pourquoi, Sindel ne pu s'empêcher de la trouver sympathique. Outre sa gaucherie évidente, elle ne semblait pas dénuée de jugeote comme la plupart des filles qu'elle avait rencontré et qui possédaient... Disons... Les mêmes atouts.

- "Sick. C'est ça ton nom? Étrange...je parle mal l'anglais mais...à moins que..."

Ha, ouf, elle parle français. Néanmoins, elle avait redonné un peu de motivation à Sindel pour s'intéresser aux langues étrangères. Surtout si cette école était le centre mondial où se retrouvaient tous les mutants.
La voix de la jeune femme, à laquelle elle n'avait pas fait attention jusque là, était pourvue d'un léger accent qu'elle ne reconnu pas. En revanche, elle pu constater que cette dernière avait un petit quelque chose de mélodieux.
Ceci ajouté à la guitare qui pendait négligemment, elle pouvait s'en trop se mouiller suggérer que la fillette aux cheveux parme devait savoir chanter et en retirer un certain plaisir.

Le ton, sur la fin de sa phrase, avait été mit en berne. Probablement parce qu'elle se rendait compte du niveau moyen de sa question. D'ailleurs elle rectifia le tir d'elle même, sans que Sindel ait eu le temps d'ouvrir la bouche :

- "Ce n'est qu'un surnom j'imagine...Pas mal du tout d'ailleurs enfin, surtout si c'est toi qui te l'ai donné."

La jeune femme eu un petit sourire tout en opinant brièvement du chef.

- "C'est bien moi. Mes parents..."

Elle s'interrompit. Cela valait il le coup maintenant de se lancer dans une conversation au sujet de sa famille hippie et un peu cinglée sur les bords ? Probablement pas. Et elle doutait que le sujet intéresse d'avantage sa "camarade".
Camarade qui ne s'était d'ailleurs toujours pas présenté.

Un nouveau silence s'imposa donc, qu'aucune des deux filles ne semblaient vouloir briser. Sindel se détendit d'ailleurs, trouvant la situation fort commode. En ne se présentant pas et en ignorant sa question première, l'autre fille lui avait fait comprendre qu'elle n'aimait pas qu'on s'intéresse de trop près à elle. C'était chouette. Vu le look et les 220 volts qu'elle dégageait, Sindel l'aurait cru très différente.

- "A l'infirmerie? Pourquoi faire?"

Sindel rebaissa les yeux sur la jeune femme. De quoi lui parlait elle ?

La jeune femme ôta d'une main un peu de sang séché sur son menton et Sindel rembobina le film aussi sec. Ha oui, l'infirmerie, son menton blessé.

- "Mais non, ce n'est qu'une égratignure et jusqu'à ce que j'aille à l'infirmerie, j'aurais d'autres blessures. On va dire que je suis un aimant à porte, coin de mur etc"

Malgré elle, un sourire discret vint flotter sur les lèvres de Sindel, c'est à dire qu'elle avait toujours eu beaucoup d'imagination et elle voyait sans peine la scène dans sa tête.
Encore qu'elle doutait que la dite scène soit dans la réalité, conforme à la vision qu'elle en avait. Sindel voyait très bien la jeune fille rebondissant contre les murs des couloirs et se cognant à à peu près tout ce qui bougeait et ne bougeait pas.

Secouant la tête, Sindel revint un peu à la réalité pour constater que sa camarade la... Dévisageait littéralement. Est ce que ça s'était autant vu quand elle même avait laisser couler un regard sur le visage et les formes de la jeune fille ?
Au prix d'un bel effort, Sindel empêcha ses joues de s'empourprer. Elle sentit le bout de ses doigts picoter et fermant les yeux un bref instant, elle s'essaya aux tables de multiplications. Butant dès la table de quatre, car n'arrivant pas à se concentrer, elle finit par récupérer son calme.

Elle n'était pas peu fière d'elle et c'est sans regret qu'elle adressa un grand sourire à l'autre adolescente.

- "Dis! Tu t'excusais pourquoi si c'était pas pour le fait que j'ai marché sur toi?"

Une fois de plus, Sindel resta interdite. Elle avait beau refaire le film dans sa tête, elle ne comprenait pas de quoi elle parlait. S'excuser ? Elle ? Non, pas qu'elle sache... Ha si ! Mais pas dans ce sens là... Sindel aurait aimé avoir l'occasion de le lui dire mais la poisse semblait décidément coller l'autre jeune fille comme son ombre.

Dans un craquement sec, une lanière quelque part avait cassée. Sindel n'avait pas eu le temps de voir où exactement, mais la plus petite semblait très au fait sur la question. Elle avait pivoté aussi sec sur ses talons, sans plus se soucier du reste de ses affaires et ses deux mains s'étaient littéralement jeté sur l'instrument dans son étui qui menaçait de s'écraser contre le parquet.

Enfin... Elle aurait peut être pu le voir si l'énorme sac n'avait pas voulu entrer en collision avec sa petite personne.
Les réflexes de la rosée furent si rapides finalement, que Sindel ne fit pas attention au sac. Elle ne prit donc pas spécialement appui sur ses pieds et ne tenta même pas vraiment de s'en protéger.
La valise difforme rencontra son épaule avec une certaine violence et le cri de surprise de Sindel mourut dans un gémissement de douleur alors qu'elle chutait, son coude venant claquer contre une latte.

Autours d'elles, quelques adolescents pouffèrent de rire et Sindel leur renvoya un regard noir.

- "Putain quoi encore?"

Elle fixa, surprise une fois de plus, la boule de nerf qui commençait visiblement à se laisser aller à une certaine colère. La sienne en fit presque un "flop" interne du coup. Ceux qui la disait flegmatique avait peut être raison finalement...
Se massant le coude endolorit, elle fit un petit signe de main à la jeune fille colérique pour lui dire de regarder "plus bas".

Finalement elle attrapa son sac qu'elle cala derrière son dos pour s'asseoir plus confortablement :

- "Au moins j'irais pas plus bas..."

Sindel passa une main dans sa tignasse avant de reprendre ses frictions contre son coude et, de temps en temps, contre son épaule.
Elle désigna le sac :

- "Tu as emmené ta maison ou quoi ?"

Puis soupirant :

- "Si tu veux pas me dire comment tu t'appelles, je cracherais pas sur un surnom ou un truc quand même."

C'est que la perspective de toujours devoir utiliser un palliatif lorsqu'elle devait l'appeler, c'était bof. Genre "Hey ton sac" quand elle avait prit le sac dans la figure, ça restait moins explicite que "X ton sac !". Et vu le nombre de gaffe à la minute, ça pouvait s'avérer utile...

- "Et pour répondre a ta dernière question..."

Elle plongea son regard dans celui de l'autre fille, attendant qu'elle reprenne un peu son calme.

- "... J'essayais juste d'attirer l'attention d'une bonne âme qui m'aurait indiquée où se trouvait ma chambre. Je suis nouvelle... Moi aussi."

Oui, elle pouvait sans trop d'erreur complètement affirmer que l'autre était aussi nouvelle qu'elle.

Elle finit par hausser les épaules :

- "Si dans dix minutes j'ai trouvé personne je tente l'exploration toute seule..."

Sur ce, elle s'installa plus confortablement contre son sac.

Sa lèvre inférieure subissait les pulsions de son corps en entier sous la pression des incisives. Pendant que ses yeux cherchaient fébrilement la silhouette harmonieuse de tout à l'heure. Or, il n'y avait rien d'autre que des visages retournés vers elle, un sourire narquois aux lèvres tantôt moqueur mais nulle part ce regard cendré. Puis alors que deux personnes se mettaient à se moquer ouvertement, Akira oublia toutes ses bonnes manières pour lever la main et leur montrer qu'elle avait une phalange très allongée au milieu. Avant d'être interpelée par une chose au plus bas de sa vue. Énervée, surprise et ensuite très mal à l'aise, elle tenta d'abandonner sa lèvre très douloureuse pour gouter à la chair de sa joue. C'était le pompom! Autant se planter toute seule était une chose, autant blesser une personne était complètement inconcevable. Que pouvait-elle lui dire? Un simple désolée ne viendrait qu'enfoncer le clou de sa connerie dans l'esprit de Sick. Quand à ne rien dire, cela reviendrait à montrer une fausse image d'elle, Kir n'avait rien de la fille arrogante qui ne s'occupait pas du malheur d'autrui (en fonction des gens bien sur). Prête à parler pendant que son cœur battait la chamade en appréhendant de se faire crier dessus. Autant dire que les quelques mots qui s'échappèrent de la bouche de sa nouvelle connaissance la surprirent au point qu'un sourire se dessina sur les lèvres de la japonaise. Soulagée, elle put reprendre une respiration normal en comprenant que sous le stress, elle avait stoppé tout arrivé d'air dans ses poumons.

« Je suis vraiment désolée, j'espère que tu ne t'es pas trop fait mal. » Quelle belle connerie de paroles. Sick était en train de se masser le coude, ça se voyait bien et pourtant, Akira ne s'était pas retenue de prononcer cette phrase toute faite. Elle aurait aimé l'aider à se relever sauf que ses gants n'étaient toujours pas sorti de sa valise par magie. En plus, son haut n'était qu'un tee-shirt avec des manches arrivant aux coudes, pas de quoi tirer pour ce camoufler le moindre bout de peau. Toute façon, après l'avoir littéralement mit par terre, passé pour une impolie n'était que de la logique. Reprenant sa grosse valise pour vérifier qu'aucuns coups n'étaient fait. Elle put être soulagée, son frère n'allait pas l'étrangler lorsqu'il récupèrerait sa dernière acquisition pour le voyage. Gros objet que lui avait fauché Aki avant de s'enfuir très rapidement de la maison familiale pour se retrouver ici. « Ma maison? Non...elle ne rentre pas dedans mais disons que j'ai voyagé et j'adore garder des milliers de choses. Parfois inutile, je l'avoue sauf pour mettre à terre quelqu'un »

Détachant son petit gilet de sa taille, la japonaise l'enfila très vite pour cacher ses bras puis elle tira sur sa manche pour que sa main ne soit plus qu'un poing de laine. Tendant son membre vers Sick, elle se préparait à la relevée ou à s'en prendre une. Elle ne savait pas pourquoi mais depuis qu'elle ne pouvait plus toucher les gens. A chaque fois qu'elle se camouflait pour sauvegarder les gens de ce danger, tout le monde la regardait de haut, l'insultait ou autre. Se pouvait-il que cette jeune fille assez extravagante allait réagir comme les autres ou continuerait-elle à prendre un chemin différent de la norme. Sauf qu'à mi-chemin, la main à moitié tendue, la japonaise ramena ses doigts vers elle pour remonter un bout de son gilet glissant de son épaule. Toute façon, peut être que la jeune fille se trouvait bien à terre.

« Tu peux m'appeler Kir' ou Aki..sauf que Aki fait beaucoup trop à qui tu vas le donner. » Un peu rêveuse, elle se mit à rire comme une enfante toute seule. « Votre langue est amusante. Surtout que j'ai appris que Kir c'est une boisson alcoolisé. Vivement que j'ai 18 ans pour en boire!C'est bien qu'ici, l'age légale c'est 18 ans car chez... »

Akira se tut brutalement une fois encore pour prendre une grande inspiration d'agacement envers elle-même. Ses épaules levés retombèrent violemment, il fallait absolument qu'elle perde son besoin de toujours parler, parler et raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet. Surtout quand de tels yeux bleus grisâtres la fixaient avec intensité. Ça en devenait quasi indécent; elle avait l'impression que cette fille pouvait lire dans son esprit. Et c'était là qu'elle sursauta car ils étaient tous des mutants! Des personnes aux capacités extraordinaires, il se pouvait donc que la personne assise au sol puisse lire dans les pensées.

Avec l'amer goût d'être violée sans s'en rendre compte, la tête de linotte pensa à une chose ignoble afin de vérifier sa théorie. S'imaginant en train de faire une petite gâterie à un chien et au bord de l'évanouissement rien que d'y penser. Elle observait Sick sans voir le moindre changement dans son regard. D'ailleurs, celle-ci continuait même de parler. Très vite, la japonaise en conclut que la toute fraiche recrue n'avait rien d'une télépathe et tant mieux. Bousculée par un garçon qui la traita de trainée. Akira chercha à comprendre cette réaction de l'inconnu. Puis ne trouvant rien, elle lui fit un petit doigt tout mignon. En espérant que personne n'allait venir l'attaquer aux puérils de leurs vies à eux! Car c'était son assaillant qui risquaient d'en rester a force d'être en contact avec sa peau. Kir le savait, elle avait déjà subit cela après avoir absorbé Isabelle et donc découvert son pouvoir.

« tente l'exploration toute seule.., »

*Hein?*

Sortie de son plan afin d'éviter des coups de personnes car personnes n'avaient approcher pour la frapper, même le garçon était parti autre part en se bouchant les oreilles. Akira se tourna vers la personne au sol, un peu perdue. Il fallut environ une bonne minute pour que son cerveau lui rappelle ce qu'il avait emmagasiner juste avant. Ainsi, Sick désirait juste avoir le chemin de sa chambre. C'était amusant puisqu'en y pensant, la jeune étrangère poursuivait la même enquête. Autant ne pas faire cavalier seul. Or, après ce qu'elle venait de faire subir à la fille au coude abimé, il n'était pas certain qu'elle désirait faire un bout de chemin avec une étourdie telle que la gamine à la guitare. Toutefois, qui ne tentait rien n'avait rien et voilà une nouvelle fois, le poing enfermé dans son gilet, Aki en train de tendre le bras vers sa victime.

« je vais t'aider si tu veux, je cherche ma chambre moi aussi. » elle observa un peu le coude frictionné. Puis leva un peu les yeux en espérant que ça ne serait pas une soit-disant rebelle. Une qui croyait que les bobos s'étaient rien du tout même si ça faisait mal. « Faudrait effectivement aller à l'infirmerie mais plus pour toi que pour moi. Tu ne crois pas? »

- "Je suis vraiment désolée, j'espère que tu ne t'es pas trop fait mal."

Sindel observa la jeune femme se mordille la lèvre inférieur. De toute évidence, elle était vraiment désolée. Et puis au moins, elle avait eu le plaisir de voir la demoiselle faire un superbe doigt d'honneur aux autres élèves que leur petite scène avait fait rire.

Toute fois, dans le but de soulager la conscience de sa camarade, Sindel haussa les épaules, marmonnant un bref "je survivrais".

Finalement, elle était agréable cette fille. Quitte à choisir, elle préférait de loin être tombé sur quelqu'un de ce type. Malgré leurs différences physiques, elles avaient un petit côté identique singulier et qui n'avait pas échappé à la brune. De là à l'avouer devant un tiers, fallait pas pousser, mais l'admettre dans sa tête, ça ok.

- "Ma maison ? Non...elle ne rentre pas dedans mais disons que j'ai voyagé et j'adore garder des milliers de choses. Parfois inutile, je l'avoue sauf pour mettre à terre quelqu'un"

Se fut au tour de Sindel de se mordiller la lèvre inférieure. L'humour n'était pas le trait qu'on lui donnait en général, mais la désinvolture de l'autre fille avait quelque chose de rafraîchissant. Elle qui pensait tomber dans une espèce d'école de surdoués bizarre tous hautain, voilà qu'elle tombait sur une boule de nerf maladroite et agréable !

Sindel regarda la jeune fille défaire le vêtement qu'elle portait autours de la taille puis l'enfiler. Elle observait le manège, un peu curieuse. Après avoir passé le gilet, l'adolescente avait fait une boule de tissu au bout de son poing. Poing qu'elle lui tendit une première fois, pour... L'aider à se relever sans doute.

Plongeant son regard dans le rubis de celui de la jeune fille, Sindel se demanda pourquoi elle se sentait obligé de se recouvrir ainsi la main. Etait elle... Comment dit on déjà ? Maniaque ? Naaaan, ses chutes à répétition l'auraient rendu folle si c'était ça.

Alors qu'elle allait malgré tout saisir cette main, toujours des questions plein la tête, l'autre ramena son bras à elle, mettant un joli vent à Sindel qui leva les yeux au ciel.

- "Tu peux m'appeler Kir' ou Aki..sauf que Aki fait beaucoup trop à qui tu vas le donner."

Sindel oublia l'affront lorsque le prénom, le surnom ou au moins le diminutif de sa camarade caressa son tympan. Ca y était, "sa camarade" avait enfin un prénom. Kir' ou Aki ? Kir' c'était quand même assez classe, Aki, dans son esprit, ça faisait un peu gamin... C'était partit pour Kir' Alors.

En face d'elle, les yeux pétillant, Kir' riait. Le spectacle était probablement complètement décalé pour quiconque passait dans le coin, mais aux yeux de Sindel, même si elle s'interdisait de le laisser transparaître sur son visage, c'était une des plus belle chose qu'elle n'ait eu l'occasion de voir depuis longtemps.
Ca faisait tellement longtemps qu'elle s'interdisait les contacts humains qu'elle avait oublié comme un rire sonnait bien, surtout dans ce genre de pièce immense qui donnait du corps à la voix mélodieuse de Kir'.

- "Votre langue est amusante. Surtout que j'ai appris que Kir c'est une boisson alcoolisé. Vivement que j'ai 18 ans pour en boire!C'est bien qu'ici, l'age légale c'est 18 ans car chez..."

Est ce que Sindel venait de penser "non ne t'arrêtes pas je t'écoute" ? Elle se gifla intérieurement, sa personnalité virait là. Certes Kir' était sympathique. Certes c'était le premier visage souriant qui avait croisé sa route ici, mais elles n'allaient pas se transformer en pom pom girl et se donner rendez vous pour le thé hein...?

Aussi, Sick se contenta d'acquiescer. Au moins venait elle de lui confirmer ses origines étrangères, même si ce point était déjà une quasi certitude.

C'était amusant de voir sur ce visage pâle comme ses pensées semblaient faire écho à celle de l'autre fille. En effet, cette dernière, après s'être interrompu, semblait en proie à une tâche visiblement difficile : retenir sa langue.

Le regard pourpre revint se planter de le sien et Sindel soutint le regard. Elle ne sut pas ce qui se passa, mais Kir' eu un bref sursaut et ses yeux, l'espace d'une seconde, s'étaient assombris. Leur petit duel de regard dura et Sindel commença à se sentir légèrement mal à l'aise sous ce regard pénétrant.
Alors qu'elle allait finalement détourner les yeux, un ado s'approcha et vint bousculer Kir' avant de l'insulter.

La demoiselle fit une nouvelle fois preuve de beaucoup de tact en lui présentant son majeur. Décidément...!

Ce n'est que lorsqu'elle vit Kir' remettre son pull sur son poing qu'elle se souvint de quelque chose d'essentiel : l'endroit où elle se trouvait. On naviguait au milieu des mutants n'est ce pas ? L'instant d'avant, Kir' avait elle pensé que Sindel pouvait lui faire quelque chose ? Etait ce pour ça qu'elle lui avait adressé ce regard étrange ?

Et ce gilet, est ce qu'elle craignait que Sindel lui fasse quelque chose ou avait elle peur d'elle même lui faire du mal ?
Kir' n'avait pas l'air d'être le genre de fille qui s'inquiète de ce qui pouvait lui arriver. Plutôt une fonceuse, une insouciante... Enfin elle le supposait.

Sindel n'avait jamais pu parler avec d'autres mutants si ce n'est ce garçon qu'elle avait connu quand elle était gamine. Elle n'imaginait pas le genre de capacité qu'on pouvait développer.

Sans rien dire, elle se laissa donc hisser par la jeune fille. Une fois debout, elle se redonna un peu de contenance en replaçant et lissant un peu ses vêtements comme l'aurait fait sa mère.

- "je vais t'aider si tu veux, je cherche ma chambre moi aussi."

Sindel opina, encore un peu chamboulée par sa dernière découverte.

Elle saisit son sac par la bandoulière avant de jeter le sac en question par dessus son épaule.

- "Faudrait effectivement aller à l'infirmerie mais plus pour toi que pour moi. Tu ne crois pas?"

- "Parce que tu sais où se trouve l'infirmerie toi ?"

Sindel ajusta la sangle sur son épaule.

- "Laisse tomber pour le moment. La chambre d'abord, l'infirmerie après."

Avisant les lieux, elle pointa un couloir du doigt :

- "Je choisis la première intersection, tu prends la suivante. Perdues pour perdues..."

Elle fit une moue discrète, puis, le sujet lui brûlant les lèvres, elle finit par demander, alors qu'elles avaient à peine fait quelques pas :

- "Qu'est ce que tu sais faire ?"

Sindel, tout en marchant, regardait Kir' de façon très très sérieuse, soulignant que la question devait être prit pour ce qu'elle était. Impossible que la plus petite n'ait pas saisit à quoi elle faisait allusion.

Puis, se doutant qu'elle ne pouvait pas se permettre de poser ce genre de question indiscrète sans donner quelque chose en échange, elle avoua :

- "Moi je... Heu..."

Exercice difficile hein... Trop.

- "Laisse tomber, ça me regarde pas."

Mais pendant une seconde, une toute petite seconde, elle avait eu envie de saisir cette main. Juste pour voir...

Touché!Coulé! Effectivement, Akira ne connaissait pas le chemin menant à l'infirmerie. C'était à peine si elle savait retourner sur ses pats pour sortir du bâtiment. Alors que la porte n'était qu'à quelques mètres juste derrière elle. Voilà donc ce qui marquait la fin de la discussion très rapide des soins à prodiguer à Sick. Ils allaient devoir attendre en espérant que jusque là, son coude n'allait pas enfler comme une madeleine ou pire une pêche. Bien que la japonaise n'était pas très connaisseuse sur la différence de proportionnalité de la taille entre les deux fruits. Peut importe, il fallait absolument qu'elle se sorte la bouffe de la tête afin de rejoindre la nouvelle blessée. Celle-ci était plus vive que l'éclair. D'ailleurs était-ce cela son pouvoir? Comme le célèbre Flash? A moins que la gamine fanatique de nourriture avait encore une fois été plongée si loin dans ses pensées, que revenir à la réalité lui avait couté plus de temps qu'à une mouche pour voler d'un tas de défécations à un autre? Trottinant comme elle put avec sa valise et ne faisant pas trop attention à l'image du petit toutou suivant son maître qu'elle aurait pu donner d'elle. Kir se plaça juste à coté de sa compagne. Prête à parler, elle ouvrit la bouche et remontait la bretelle de sa housse sur son épaule. Ce que cette guitare pouvait être lourde et c'était une bonne chose de trouver la chambre avant d'aller à l'infirmerie! Pensée égoïste certes mais si Sick avait décidé ce choix alors c'est qu'elle ne souffrait pas au point d'aller se soigner.

La question, la fameuse et ignoble question! Akira se gela sur place, elle ne fit plus un seul geste et même ses poumons semblaient avoir arrêter de fonctionner. Son cœur battait la chamade dans ses oreilles et son crâne lui paraissait s'alourdir sur ses épaules. Elle s'était attendue à un jour répondre sauf qu'elle aurait espérer que cela arriverait bien tard! Non pas au bout d'une dizaine de minutes après son arrivée à l'institution. Son visage blêmit pendant qu'elle baissait le regard vers le sol. Celui-ci était plus approprié pour recevoir ses pupilles rouges ternies par la peur du rejet. Son cœur n'avait pas encore accepté que son propre frère ait eut le besoin de se déparer d'elle de peur qu'elle ne vienne à le tuer. Il était revenu quelques jours après mais l'affront n'avait pas été effacer. Tout le monde, lorsqu'ils avaient comprit ce qui avait tué Isabelle, oui, tous avaient évité la guitariste. Trop peureux pour comprendre qu'elle n'avait jamais voulu cela.

« Laisse tomber, ça me regarde pas »

La gamine releva la tête sauf que c'était si lent qu'elle put un peu mieux observer la silhouette en face. Un corps élancée, des jambes sveltes mais à la fois gourmande. Elle se doutait que la plupart des garçons sifflaient souvent lorsqu'ils voyaient cette jeune fille passaient devant eux. Une hauteur à en faire jalouser cette petite japonaise et ce visage aux traits si indescriptible. En fait, Akira n'avait jamais été très forte pour lire les émotions des autres souvent parce qu'elle ne faisait pas trop attention aux gens. La plupart étaient trop égocentrique pour qu'on s'y attarde. Or Sick ne paraissait pas être ce genre de personne. Non, elle était plutôt...Cherchant encore le mot, l'étrangère se rapprocha timidement de sa camarade. Le bruit de sa valise roulant sur le sol lui donnait l'air d'un tueur en série prêt à frapper sa prochaine victime.

« ça va te concerner le jour où tu risques de me toucher. » ne s'arrêtant pas à son niveau, Akira continua le chemin comme si de rien était. C'était surtout parce qu'elle ne désirait pas voir la réaction de la jeune fille. « Je tue les gens rien qu'en les touchant. »

Voilà, c'était dis...pas plus pas moins et c'était déjà énorme. Son cœur tambourinait encore au point de lui couper la respiration et pourtant, elle ne ralentissait pas. Elle n'avait pas envie d'entendre les pats de Sick s'éloigner d'elle ni même d'entendre le moindre commentaire affolé. Arrivant rapidement au premier croisement, Akira ralenti pour enfin de compte se stopper net. Ne prenant pas la peine de se retourner, elle fixa le nouveau couloir découvert à l'instant. Observant du coin de l'œil la réaction de la jeune fille.

« voilà! C'est normalement ici que toi tu te perds. Comme prévu, je vais tenter l'autre »

[Désolée, c'est court T-T]

Kir' s'était arrêtée net à sa question et Sindel avait donc fait de même, pour faire à nouveau face à la jeune fille.

Que de sentiments lisibles sur ce visage aussi blanc qu'un morceau de porcelaine ! Tant qu'elle devait lutter pour en saisir un seul. Honte ? Peur ? Ca et pas mal d'autres choses à la fois. c'était déroutant...

Cependant, elle pouvait comprendre que la question avait jeté un froid. Le tact n'avait jamais été son point fort ni même une toute petite qualité chez elle.
Sindel lui avait pourtant dit de laisser tomber. Ce n'était pas très important, elle pouvait attendre. Le brune était bien placé pour savoir que ce genre de secret honteux ne s'avouait pas aussi facilement. Pourtant... Pourtant, dans cet endroit, où les gens semblaient si "bien installé" dans leur nature de mutant, elle avait pensé que peut être, la question ne serait pas mal prise.

Sindel s'attendait presque à ce que la jeune femme pique une nouvelle colère une fois la stupeur de sa question passée.

Finalement, le visage plus fermé, Kir' franchit les quelques pas qui les séparait. En passant devant elle, les lèvres roses remuèrent et la voix qui en sortit était comme éteinte. Sindel avait rarement autant regretté d'avoir été curieuse.

- "ça va te concerner le jour où tu risques de me toucher."

Ainsi, malgré sa remarque, Kir' semblait d'accord pour admettre sa "capacité spéciale". Ca n'était pour l'heure pas encore réellement compréhensible, mais ça confirmait les premières impressions de Sick. Le contact physique avec Aki devait être... Nocif ? Elle imaginait mal comment.

Sindel, toujours à l'arrêt, fixa le dos de sa camarade alors qu'elle ne s'était toujours pas arrêté. En tendant l'oreille, elle perçu la dernière phrase de l'adolescente :

- "Je tue les gens rien qu'en les touchant."

Ok, Sindel devait l'avouer. Un "wouhaou" avait surgit au milieu de ses pensées. Sérieux ? Rien qu'en les touchant. Pas mal... Oui enfin... Elle se comprenait quoi.
Quelque par, même si elle comprenait pourquoi Kir' s'était fermée devant cet aveu, elle éprouvait un certain soulagement à savoir que d'autres mutants étaient capable malgré eux de "tuer".

Encore que Kir' était encore moins bien lotie. privée de tout contact physique... Il en devenait remarquable de voir quelle jeune fille épanouie et fraîche elle était devenue. Ce devait pourtant être un fardeau très lourd à porter pour de si fragiles épaules...

Sindel se demanda si Kir' avait déjà tué quelqu'un... Un frisson remonta le long de son échine alors que le visage du mutant qu'elle avait... Comment fallait il dire ? Poussé au suicide ? Ce n'était pas vraiment ça...
Certes, elle était encore secouée par cet évènement, mais "traumatisme" au jour d'aujourd'hui n'était pas le mot adéquat. Et pour la simple et bonne raison qu'elle gardait fort peu de souvenirs de ce jour là.

Elle ne savait même pas pourquoi elle était toujours en vie... Son ami était il mort avant que son pouvoir ne la consume ? Stoppant ainsi la puissance en sus qu'elle lui insufflait ? Ou s'était elle évanouie à cause de la fumée due à l'incendie ?
Peu importait. Seul le résultat perdurait aujourd'hui...

Un peu plus loin, le bruit des roulettes de la valise de Kir' cessèrent leur roulement et la jeune femme se retourna dans sa direction.

Est ce que Kir' désirait être seule ? Elle devait voir Sindel comme une petite curieuse qui faisait bien peu de cas de la vie privée des gens... Ou alors elle craignait sa réaction.

En quelques enjambées rapides, Sindel avait rejoint Kir' et posa une main sur son épaule, prenant soin de le faire là où le tissu la couvrait bien. Elle ne savait pas trop si toute sa peau la mettait en danger, mais valait mieux pas tenter le diable.

- "voilà! C'est normalement ici que toi tu te perds. Comme prévu, je vais tenter l'autre"

- "Ben non. Si l'une de nous trouve, elle prévient l'autre comment ?"

Elle eu un petit sourire pour Kir'. Peu habituée à ce genre de familiarité, elle espérait que son sourire ne ressemble pas plutôt à une grimace...

- "Moi lorsque j'éprouve certains sentiments trop fort, bon ou pas, je déclenche le pouvoir des mutants autours de moi. Enfin je les amplifie. Parfois tellement qu'ils se déclenchent tout seul."

Elle fit une courte pause. Ses sourcils se froncèrent, elle tenta de trouver comment formuler la suite.

- "Ca a déjà créé des incidents très graves. Enfin au moins un..."

Sindel jeta un petit regard anxieux à Kir' pour voir si tout allait toujours bien.

Toute fois, elle était assez fière d'elle même d'arriver en cet instant à réguler ses pulsions. Sans doute l'aveu de Kir' quelques instants auparavant rendait il sa confidence plus facile.

Pendant une seconde, elle se demanda quel genre d'effet pourrait avoir son pouvoir sur une capacité comme celle de Kir'. Amplifier le pouvoir de tuer au moindre contact, ça donnait quoi ? Elle devenait capable de tuer à distance ?
Sindel chassa l'idée de son esprit en secouant la tête.

Kir' gagnait quelques points dans son estime par sa force de vivre et son caractère coloré.

La jeune femme massa sans réfléchir son coude. Relevant une manche -et lâchant donc l'épaule de Kir'- elle constata qu'un bleu avait commencé à s'étendre au dessus du coude. Elle plia et déplia l'articulation plusieurs fois. Rien de cassé en tout cas, ce n'était plus tellement douloureux de le bouger. Juste de le toucher.

Faisant la moue, elle réajusta une énième fois son sac sur son épaule :

- "Bon finit de s'appesantir. A la limite, une fois nos chambres respectives trouvées, on pourra envisager de fonder le club des abeilles tueuses, mais pour l'heure..."

Elle fit un petit clin d'oeil à Kir' :

- "Profites en, tu m'as mise de bonne humeur, je viens de sortir plus de mot en 30 minutes que d'habitude en une demie journée"

Tirant sur sa manche, elle s'en recouvrit la main avant de tirer Kir' dans le couloir que la jeune femme avait indiquée un peu plus tôt :

- "Par là alors...?"

Elle espérait quand même qu'il n'y aurait pas trop de personne dans leur petit club fictif... Finalement, peut être qu'elle pouvait comprendre l'inquiétude des humains dit "normaux"...

[J'ai pas fait mieux ;p J'ai même pas relancé, pardon beaucoup T_T]

« Ben non. Si l'une de nous trouve, elle prévient l'autre comment ? »

« Ah...Je... Tu as raisons »

Cela prouvait encore pourquoi dans la culture moderne en occident, la brune avait une supériorité intellectuelle sur la blonde. Bien qu'Akira n'y croyait pas, elle commençait à se poser des questions sur cette idée peu fondée(?). A moins que son manque de réflexion venait de ce geste imprévu sur son épaule. Au début, elle avait eu peur que ce contact soit le préambule d'un mouvement très violent porté à son visage au moment où elle viendrait à tourner la tête. Toutefois, lorsqu'elle se permit un coup d'œil en direction de Sick, son inquiétude s'évanouit à travers un petit souffle d'apaisement. Il n'y avait rien à craindre à en voir le sourire timide certes de sa compagne et néanmoins présent. Cette expression d'un mélange de gratitude et de peine apporta un peu de baume au cœur à Kir. En plus d'embellir les traits du visage européen, affinant ses lèvres pour éclaircir un peu plus ses yeux. Il ne manquait plus que les étincelles pour la rendre plus féerique. Cependant, pas assez pour qu'elle soit remise à neuf. La lueur de pitié qu'elle lisait dans les pupilles de sa camarade lui nouait l'estomac. Elle avait l'impression d'être un animal en cage dont les enfants en face pleurnichent car tout le monde sait que le chien finira seul jusqu'à sa mort.

Or, elle n'était semble-t'il pas la seule bête à quatre pattes dans la cage. Très différent de son pouvoir, celui de Sick n'avait rien d'enviable même si le concept n'était pas tout à fait très clair dans l'esprit de la japonaise. En même temps, la seule chose qu'elle pouvait comprendre et concevoir était la maitrise de sa guitare ainsi que la composition des friandises. Tout le reste passait dans son esprit au tiroir: à ne pas trop s'y attarder, pour cause: apporte des migraines. D'ailleurs, un mal de tête se présentait au niveau de ses sinus, très mauvais endroit car après, elle allait devoir froncer les sourcils. Ce qui viendrait à remonter le bout de son nez, à agrandir ses narines et lui donner l'air d'un cochon en pleine recherche de truffe. Rien de très glorieux pour une ex-star du métal qui avait passé des heures face à des appareils photos pour apparaître sur des affiches ou des magasines. C'était pour cette raison que l'idée de changer de sujet fut bien accueillie par Akira. De toute façon, il n'y avait rien d'autre à dire. A part peut être:

« Je sais aussi faire de très bonne pâtisserie et les mousses aux chocolats . »

Pas de propositions qu'elle en ferait un jour pour Sick? Bien sur que non car les seuls fois où Aki avait fait cette demande, elle n'avait pas pu retenir sa gourmandise et c'était mécontents que ses invités avaient du se contenter des petits restes. Elle n'en avait pas l'air comme ça avec sa petite taille mais son addiction au sucré lui avait valu quelques prix dans les foires de villages. Pas de quoi les mettre sur ses cv's ni de quoi s'en vanter. En tout cas, ses petits souvenirs lui remit les idées en place et ralluma l'éclat de son visage. Enfin pas tout à fait, une ombre de crainte régnait encore au fond de ses yeux au moment où sa camarde lui attrapa le bras. Elle eut le réflexe de vouloir couper court au contact en espérant que rien n'allait lui venir à l'esprit. Seulement, apparemment, la caucasienne avait retenu très vite la leçon et s'était couvert que la relation entre la main et le bras s'était fait. Un grand soulagement pour l'étrangère qui put repousser le début de sa migraine.

Ses yeux écarlates se tournant vers le couloir qui paraissait immense, prenant des airs de films d'horreur par sa longueur. Puis elle lança un petit [color:ef10=3399FF]« Allons-y », rassurée de ne pas s'aventurer seule, elle suivit sa compagne pour le début du chemin. Lui rappelant une étrange histoire de plusieurs aventuriers dans un donjon où une elfette pas très futée avait préféré frapper à la porte au lieu d'entrée discrètement. Est-ce que la recherche d'une chambre était devenue une quête moderne? Possible et donc, en suivant cette logique, l'un des groupes postés en plein milieu du chemin était une horde de monstre à détruire? Akira se dit qu'il serait bon d'arrêter d'écouter ces trucs étranges qui pourtant lui avait été d'une grande aide pour l'apprentissage du français. Elle se rendit compte tout à coup qu'elle n'avait plus été très loquace depuis un petit moment. De quoi rendre barge son pauvre cerveau en marche forcée ainsi que de mettre le doute chez son accompagnatrice? Pour le vérifier, la japonaise tourna légèrement la tête afin d'observer le visage impassible de Sick. Elle ne semblait pas en état de choc par ce manque de communication et cependant, une boule de culpabilité vint interdire à l'air d'entrée normalement dans ses poumons. A cette allure, elle allait devoir consulter un pneumologue. Or, elle avait beau vouloir dire quelque chose, rien ne lui venait à l'esprit et l'air commençait vraiment à devenir lourd. Au point qu'elle se surprit à soupirer.

« ça fait trop bizarre, je cherche quoi dire sauf que rien me vient à part que j'ai une grosse envie de pain aux chocolats. Je savais bien qu'il fallait pas que je goute! Je l'avais dis à la vendeuse, elle m'a pas cru. Tu vas dire, maintenant elle est contente, elle s'est fait 10 euros. » Ses doigts étaient en train de gratter la bretelle en nylon de sa housse, signe de son angoisse affluant à force de penser tout haut. Et aussi parce qu'elle contractait son estomac afin que celui-ci ne vienne pas à gronder. Il avait tendance à le faire dès que la gamine venait à penser à de la nourriture sucrée. De quoi handicapée lorsqu'on est une gourmande comme Akira. Une nouvelle fois, elle jeta un regard à Sick. Envoutée par les cheveux d'un noir de jais dont les reflets bleutés réagissaient avec la lumière du jour. S'apprêtant à dire une autre ineptie, elle changea tout à coup d'expression pour se durcir un petit peu.

« T'es sur que tu ne veux pas aller à l'infirmerie? Me force pas à te trainer pour y aller » ne sachant pas si sa compagne allait répondre, Akira mit une main vers les lèvres de Sick sans les toucher. Signe de protestation « Non non, je ne veux pas de 'on ne sait pas où c'est'. Je suis certaine que si on demande notre chemin, on y sera aussi vite que l'éclair en chocolat. »

Le couloir était quasi vide, à part quelques personnes ici et là..

« Excusez-moi ! » demanda t’elle poliment à un couple qui semblait en pleine exploration buccale. Ce qui avait tendance à dégouter la jeune fille mais celle-ci resta calme. « Excusez-moi ! Pouvez-vous m’indiquer l'infirmerie, j'ai une personne blessée et assez têtue que je voudrais emmenée d'urgence »

Le garçon occupé à embrasser sa copine semblait vouloir répondre à Akira. D’ailleurs celle-ci, voyant le visage de son interlocuteur se lever, fit un grand sourire de soulagement. Elle allait pouvoir aider Sick. Or, son bonheur fut de courte durée car elle eut le temps d'apercevoir le doigt d'honneur de la jeune fille tendue dans sa direction. Avant que la même élève lui murmure un petit « Va te faire foutre ailleurs conasse». Bien que prude, elle n'en restait pas moins quelqu'un au sang chaud et celui-ci ne fit qu'un tour. Pourtant même si ses joues étaient brulantes, elle resta inexplicablement calme et sereine. Sa voix tremblant un peu était le seul signe de son énervement (avec ses joues rosies).

« Je me suis excusée deux fois. Vous pourriez au moins faire ça dans une chambre non? C'est pas comme si vous aviez un besoin mutuelle de vous bouffez la langue pour vous prouvez fidélité! » au bord de la crise de nerfs et des nausées provoquées par la vision d'une bave coulant sur le menton des deux protagonistes, la nouvelle tenta de garder sa zenitude sans succès. « Naan mais je rêve...Au lieu d'être polis, vous préférez m'insulter et vous exposer comme deux acteurs pornographiques... alors que franchement, vu vos gueules je me serais caché! »

Sindel ne réagit pas lorsque sa camarade l'informa de ses talents culinaires. Comme beaucoup d'adolescentes, elle était gourmande, mais sa nature passive lui valait souvent de ne pas marquer son intérêt pour ce genre de chose.

Pas qu'elle voulait être blessante, mais parfois, ne pas s'intéresser à ce que disait les gens, c'était la seule manière pour elle de se protéger d'eux.
Ho, elle aimait bien Kir' mais on ne revenait pas sur un caractère forgé depuis plusieurs années déjà. Et elle trouvait qu'elle y avait déjà mit beaucoup de coeur. Limite si sa bouche n'était pas sèche d'avoir tant parlé... Et ses joues prisent de crampes d'avoir subit ses sourires. Sans doute l'autre jeune fille les valait elle...

Le silence c'était par la suite à nouveau imposé. Sindel aimait bien le silence, elle ne se sentait pas gêné donc par ce manque de paroles. Oui, c'était curieux pour une fan de métal d'aimer le silence... Mais on appréciait d'autant plus le bruit quand on connaissait le silence...!

A côté d'elle, en revanche, Aki semblait trouver l'exercice beaucoup plus difficile. A plusieurs reprises, du coin de l'oeil, elle avait cru voir les lèvres fines s'entre-ouvrir avant de se fermer à nouveau sans qu'aucun son ne les aient franchis.
Décidant de ne pas l'encourager, ça ne lui ressemblait pas, Sindel continua d'avancer en silence. Si Kir' voulait parler, elle le ferait d'elle même, c'était une grande fille. A cette pensée elle regarda sa compagne qui faisait dix bon centimètres de moins qu'elle. Ok, peut être pas très grande physiquement... Mais les traits harmonieux de son visage et les formes généreuses de son corps blanc l'amenait à un âge plus mûr que l'enfance. Elle avait automatiquement cataloguée Kir' comme une jeune fille de son âge. Peut être un an de moins... Un an de plus... Sindel n'avait pas vraiment le compas dans l'oeil...

- "Ca fait trop bizarre, je cherche quoi dire sauf que rien me vient à part que j'ai une grosse envie de pain aux chocolats. Je savais bien qu'il fallait pas que je goute! Je l'avais dis à la vendeuse, elle m'a pas cru. Tu vas dire, maintenant elle est contente, elle s'est fait 10 euros."

A, on y était, Kir' avait finit par céder à ses pulsions. Sa langue, plus vive qu'on ne pouvait sans doute l'imaginait, avait, aidé de ses cordes vocales, formulé une phrase qui globalement, devait être un compte rendu de ses pensées.
Quelque part c'était... Etrange de savoir que cette fille ne pensait, à cet instant là, qu'à manger un petit pain au chocolat. Plus que ça, elle voulait "encore" en manger. 10 euro de pains au chocolat ? Une minute... Les maths c'était pas trop son truc mais heu... Ca coûtait combien ce genre de gourmandise ? Un euro à tout casser...

A nouveau elle observa Aki, les yeux légèrement écarquillées. Non ? Sérieux ? 10 petits pains ? Et en voulait encore ?

C'était à rager de voir la silhouette gracieuse de Kir' alors qu'elle, la moindre bouchée se voyait presque à l'oeil nu sur sa physionomie. Bon, certes, elle ne faisait pas attention à sa ligne, mais tant qu'elle rentrait dans ses fringues y avait pas mort d'homme...
Il y avait de l'injustice dans le monde de l'adolescence, vraiment...

En tout cas... Soyons positif, Kir' devait faire le bonheur -et la fortune- des boulangeries...

Les yeux carmins se tournèrent à nouveau sur elle et rapidement, Sindel détourna le regard pour regarder à nouveau droit devant elle.

- "T'es sur que tu ne veux pas aller à l'infirmerie? Me force pas à te trainer pour y aller."

Encore cette histoire d'infirmerie. Rien qu'à cette évocation, c'est comme si son coude avait voulu se rappeler à elle, créant un élancement douloureux dans son articulation. Elle voulu dire quelque chose, sans tout à fait savoir quoi, mais la main d'Aki s'approcha rapidement de son visage.
D'aucuns auraient certainement reculé, par réflexe, mais là encore, Sindel était un peu "fainéante". Heureusement que ce n'est pas un coup que sa camarade comptait lui donner, sans quoi elle aurait pu lui fracasser le nez à loisir. Fichue apathie...

Cependant, se fut un index qui vint se place devant ses lèvres, à une distance respectable pour que les épidermes n'entrent pas en contact.

- "Non non, je ne veux pas de 'on ne sait pas où c'est'. Je suis certaine que si on demande notre chemin, on y sera aussi vite que l'éclair en chocolat."

Justement, en parlant de friandise... C'était quoi, cette odeur sucrée qui venait lui chatouiller les narines ? Aucun doute, cela venait de cette main, juste sous son nez.
Instinctivement, Sindel humecta du bout de la langue ses lèvres, comme pour capturer et goûter cet arôme qu'elle reconnaissait sans pourtant savoir mettre un nom dessus.

Ha si ! Caramel ! C'était ça non ? Les mains de Kir' sentait le caramel ! Décidément, son estomac devait être bien plein ! Quelle... Goinfre ? Oui, après 10 petits pains, du caramel et une faim encore présente, on pouvait certainement parler de goinfre. Mais c'était amusant, il fallait l'avouer.

Bref, puisque son amie -elles étaient amies à présent non ?- semblait être décidé à trouver l'infirmerie en premier lieu, elle n'allait pas aller à son encontre. De toute façon, elle comptait s'y rendre alors...

Interpelant un couple d'adolescent dans le couloir quasi désert, Aki s'approcha d'eux. Sindel la rattrapa, juste assez vite pour entendre le petit accent de Kir' exprimer ses quelques demandes.

Pour toute réponse, la jeune fille du couple accorda un splendide doigt d'honneur à sa camarade. Wow, de toute évidence, ce genre de signe était universel hein... Les deux jeunes femmes devraient arriver à se comprendre, elle utilisait le même type de poésie...

« Va te faire foutre ailleurs conasse»

Ou peut être pas...

Sindel aurait bien attrapé le bras de sa camarade pour l'emmener plus loin, après tout, elles finiraient bien par trouver quelqu'un d'autre, mais Kir' semblait pour le moins... Mécontente.

« Je me suis excusée deux fois. Vous pourriez au moins faire ça dans une chambre non? C'est pas comme si vous aviez un besoin mutuelle de vous bouffez la langue pour vous prouvez fidélité! »

Les derniers mots laissaient transparaître un certain état de nerfs mais Sindel ne dit toujours rien. C'était pas son genre de se mêler des disputes. Après tout, valait mieux éviter de s'énerver, voir carrément de se mettre en colère non ? Surtout que vu le lieux, le couple était sans doute possible mutant. Sindel n'avait pas plus envie que ça de tester son pouvoir sur trois mutants d'un seul coup...

Faisant un pas en arrière, pour se désolidariser du groupe, elle entendit néanmoins Kir' qui relâchait un peu de pression en se soulageant verbalement :

« Naan mais je rêve...Au lieu d'être polis, vous préférez m'insulter et vous exposer comme deux acteurs pornographiques... alors que franchement, vu vos gueules je me serais caché! »

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'y allait pas avec le dos de la cuillère...

- "Heu... kir'..."

Mais quoi dire exactement ? De toute façon, l'autre fille avait décollé sa bouche de celle du garçon et regardait sa camarade comme si elle l'analysait méticuleusement.

- "Ici c'est une école de mutants, pas de nains, t'as raté la sortie !"

Moui... Visiblement, Sindel allait avoir droit à un autre cliché qui disait que les femmes étaient de vraies chiffonnières. Un coup d'oeil au garçon lui permit de se rendre compte qu'il comptait visiblement s'en mêler :

- "Laisse Margot, c'est de la jalousie... On la comprend, vu comme elle est, elle doit avoir que sa copine..."

Ca voulait dire quoi ça ? Sindel fronça les sourcils. Ne pas s'en mêler. Non, ne pas s'en mêler... Sauf que quand la fille partit dans un petit rire sur-aiguë elle ne pu s'empêcher d'être piquée. Autant quand on l'insultait, elle pouvait laisser glisser le temps de se retrouver seule, et craquer après... Autant la perspective de laisser Kir' seule face au dragon lui déplaisait.

- "On veut juste savoir pour l'infirmerie."

Visiblement l'adolescent n'avait pas apprécié son intervention et son approche. Il l'avait repoussé, un peu brutalement en arrière et emportée par la poids du sac, Sindel avait "encore" chuté au sol. Sans bobo cette ci, comme quoi on s'habituait à tout.

La scène fit rire les deux imbéciles et Sindel sentit son masque d'indiférence craqueler. Se relevant, elle passa devant le couple en donnant un coup d'épaule sec et violent au garçon, ignorant son cri de désaprobation.

- "J'me casse, vais demander à quelqu'un d'autre."

C'était ça ou finir par se mettre en colère. Ca allait être difficile de s'intégrer à cette école, vraiment très difficile...

Presque au bout du couloir, une pancarte avec diverses informations -telle que "infirmerie à droite"- promettait de les aiguiller plus précisément.
Enfin ça, s'était dans l'idée où Kir' parviendrait à redevenir suffisamment maîtresse d'elle même pour ignorer les deux imbéciles...

Sick partie, Akira était enfin libre de tout mouvement. Non pas que sa compagne était un poids. Bien au contraire et c'était pour garder un peu de bonne impression aux yeux cendrés, qu'il était préférable que la japonaise soit seule avec le couple en cet instant. Les nerfs à vif par tout les coups bas de ces deux crétins, elle ne cachait en rien sa colère faisant rougir ses joues à tel point qu'on aurait pu y cuir des œufs. Comme elle avait envie de les toucher, un petit instant juste assez pour connaître leur point faible, leur capacité ou juste les mettre dans un sale état. Il ne fallait que tendre la main pour arriver à ce but et c'était pour cela que l'absence de sa nouvelle connaissance était primordiale. Kir n'avait pas envie de perdre une potentielle amie parce qu'elle avait du mal à contrôler son coté Isabelle. Cette fille avait toujours été très impulsive, manipulatrice et sadique.

Si elle avait voulu couché avec Akira c'était uniquement pour rendre jaloux le chanteur et frère de la gamine. Malheureusement, le sort l'avait punie sévèrement et son esprit du se mélanger à celui de la trop gentille japonaise. A présent devenue un paradoxe à elle toute seule, détruisant tout les équilibres sur son passage. Oppressé par le regard écarlate et intense de cette naine, le garçon s'approcha d'elle. Si près que son haleine putride intoxiqua la gamine qui toussa pour se dégager les bronches. Il lui cracha aussitôt au visage avant d'éclater de rire comme si arrosé de sa salive une personne non consentante était à hilarant. Aux bords de la crise de nerfs et pourtant très calmement, la jeune fille essuya son visage avec ses doigts. Puis tout aussi paisiblement, elle frotta sa main sur le tee shirt du gamin. Lui griffant le torse au passage avec ses ongles. Le jeune homme poussa un petit aie en se reculant pour tirer sur son haut, dégoutée d'y voir une trainée transparente.

« Espèce de trainée! Pour qui tu te prends? »

Une belle gifle sur son visage d'ange, cette Margot n'y avait pas été de main morte. Heureusement que depuis petite, la japonaise avait été le punching-ball de son frère sinon, elle aurait pu se décrocher la mâchoire (ou presque). Quoi qu'il en soit, elle tenta de ne pas faire attention aux images, aux sons et aux impressions qui en un instant avait envahi son esprit. Sans aucuns rapport les uns aux autres, ils n'étaient pas ses souvenirs mais ceux de cette inconnue et cependant, ils seraient à présent logé dans son esprit au même étage que sa propre mémoire. Le fardeau de ce pouvoir, Akira devait supporter des pensées étrangères.

« On va t'apprendre les bonnes manières »

Sans porté d'importance à son visage brulant sur le coté gauche. Elle pencha la tête pour fixer ce garçon d'un angle différent. Pas mal, un peu trop rachitique sur les joues et beaucoup trop boudiner au niveau du ventre. Il était le mélange parfait de la pastèque et du bâton de réglisse. Une créature bien trop impatiente qui s'aventura hors de ses frontières afin de pousser sa victime. Or, Akira était maladroite sauf qu'elle tenait parfaitement sur ses jambes quand ce n'était pas elle-même qui se poussait. Sa chute n'arriva donc jamais et surprise, le garçon ne put rien faire quand il vit l'énorme housse de guitare lui foncer dessus. L'emplacement du manche atterri sans détour sur ses parties intimes et pendant qu'il poussait un bref son aiguë. Telle une déesse d'une mythologie écrite dans les livres, Akira se tenait devant lui, les mains sur les hanches, le regard fier et brillant. Alors que lui tombait à genoux rejoint pas sa copine qui se mettait à hurler. Trop tard, la japonaise avait une affaire plus urgente à régler. Celle-ci sera repoussée dans les jours à venir. Toutefois, elle n'allait pas partir ainsi et se pencha vers le couple, faisant un pat en arrière quand Margot voulu de nouveau la gifler. Faisant tomber sa guitare sur le dos de celle-ci, la nouvelle tira la langue en voyant la douleur se dessiner sur les lèvres fines de l'élève.

« La naine...elle vous emmerde! »

La vengeance, quelle délice! Si elle avait pu connaître les relations sexuels, en cet instant, Akira aurait affirmé qu'elle venait de prendre son pied! Sauf qu'elle préférait comparé cela à une Jam session entre amis lors d'une soirée autour d'une bonne bouffe. Chacun son truc! Toutefois, sa bonne humeur disparu à l'instant même où elle se retrouva aux cotés de Sick. Non pas qu'elle se trouvait pitoyable d'avoir agis comme une gamine. Seulement, elle savait que beaucoup de gens préféraient se taire plutôt que d'agir. Puis sa compagne avait surement pris la fuite à cause de son pouvoir. Après tout, elle avait dis que par un débordement de ses émotions, elle pouvait déclencher les pouvoirs des mutants autour. De quoi refroidir quand on ne connaissait pas les capacités de tout le monde, ce qui était leurs cas à toute les deux pour les deux protagonistes derrière. De cette façon, dans un silence quasi totale, Kir' fixa un long moment le panneau pour mémoriser un maximum d'informations. Elle avait tendance à se perdre quand elle se plongeait trop dans ses pensées.

« On y va » Pas un mot de plus, elle prit le bras de Sick avec délicatesse pour la tirer dans la direction de l'infirmerie. Au bout de plusieurs pat, elle la lâcha enfin sans pour autant délier sa langue. Encrée dans ses pensées, la japonaise se disait que cela devait être dur de toujours porté une carapace autour de son cœur afin de ne pas blesser les autres. Elle qui était si expansive, elle ne serait jamais capable d'un tel exploit. Ce fut pourquoi, elle commençait à porter un certain respect pour cette copine de chemin. Une distance assez courte les séparait de l'infirmerie et très vite devant la porte brune fermée, Akira se retourna vers Sick. Retirant enfin son casque de ses oreilles, elle secoua sa tête comme un chien pour remettre quelques mèches en place car avec les mains ça les aplatissaient et lui donnait un air d'abrutie (en tout cas, c'était son avis).

« Va pas me juger parce que dès ton premier jour et peut être ta première heure, je t'ai emmené à l'infirmerie. Ni aussi parce que j'ai tendance à m'attraper des emmerdes avec ma grande gueule... » Elle prit une grande inspiration comme si elle allait faire son ultime demande. Son cœur s'emballait si fort qu'elle avait mal à sa poitrine. « Donc si tu veux que je t'abandonne ici, j'accepterais sans problème au même grade que si tu me demandes de t'accompagner à l'intérieur. »

[j'espère que ça t'ira car j'ai eu du mal à le faire, donc ça doit pas être terrible T-T]

[Don't worry, be happy ;p]

Alors que la dispute, jusque là vocale, s'était aventurée sur le terrain du physique, Sindel préféra détourner le regard. Elle s'approcha d'une fenêtre et fit mine de regarder au dehors, tentant d'ignorer les cris insurgés et de douleur.
Un instant elle se demanda si Kir' serait capable, dans un accès de colère, de les toucher. Brièvement, son regard coula donc sur les trois silhouettes se disputant toujours dans le couloir.

Le garçon était à genoux et une brusque inquiétude saisit Sindel, alourdit par le cri sur-aigüe de Margot. Est ce que Kir' venait de le faire ? Sa mains, posée sur le chambranle de la fenêtre serrait tellement fort le rebord que ses jointures en étaient blanches. Son coeur semblait comme arrêté dans sa poitrine et alors que ses poumons paraissaient ne plus vouloir se remplirent d'air, une brusque bouffée de chaleur l'assaillait.

Plus le temps de se demander ce qu'elle devait faire, elle ne pouvait plus approcher. En tout cas pas tant qu'elle ne serait pas rendu à son état normal...

Heureusement, elle vit les deux jeunes gens au sol bouger encore et même amorcer un mouvement pour se redresser. Instantanément, les battements de son coeur reprirent et les alvéoles raréfier en oxygènes ces dernières secondes purent à nouveau s'ouvrirent en grand et se gorger d'air.

Sindel jura intérieurement et se força à regarder à nouveau par la fenêtre. Son front vint se coller à la vitre encore assez froide malgré les rayons de soleil qui passaient au travers et mentalement, elle commença à chantonner un peu, juste pour être sûr de récupérer tout son self contrôle. Dieux qu'elle regrettait d'être là en fin de compte...!

Le roulis de la valise de Kir' se fit à nouveau entendre derrière elle, ainsi que le son caoutchouteux de ses doc sur le sol. S'écartant de la fenêtre, elle reporta son regard sur la jeune fille qui visiblement, avait décidé de l'ignorer. Se refusant à regarder en arrière l'état dans lequel la "naine" avait laissé ses deux "ennemis", elle se mit à regarder sans vraiment le voir le panneau d'affichage, à nouveau.

« On y va »

Sindel fut presque surprise de la délicatesse avec laquelle Kir' l'avait alors saisit par le bras. En même temps, il n'était pas nécessaire de forcer, elle comptait déjà la suivre. L'autre fille en doutait elle ? Elle repensa à Margot et au vampire qui lui collait des suçons sur les lèvres. Valait mieux être de son côté que de celui des autres hein ?

pour une fois, le silence était un peu pesant pour Sindel. Elle se sentait presque coupable de n'avoir pas serrer les coudes avec Kir'... Encore que l'adolescente se débrouillait très bien toute seule hein... Quelque part, elle était presque déçu. Les disputes ici était comme partout, pour une -pas si- étrange raison, elle avait imaginé quelque chose de beaucoup plus spectaculaire, à grand renfort de couleurs et d'effets pyrotechniques.

Kir' cependant, semblait fermement décidée à ne pas ouvrir la bouche. Soit, ce n'est pas Sindel qui allait faire le premier pas alors le silence resterait...

Sa camarade semblait tout à coup se mouvoir beaucoup mieux dans ces couloirs. Elle n'était pas seulement susceptible, elle avait aussi le sens de l'orientation. Bien ça. Elle, passé le premier couloir, avait déjà perdu le moindre repaire... Pourtant, elles n'étaient pas loin de ce lieux si chèrement gardé secret par le couple au don de sussions avancé.

Enfin donc, la pancarte "infirmerie" placardée sur une porte de bois brun les avertit qu'elles étaient arrivées à destination. Elles s'arrêtèrent et Sindel observa la porte en question, un peu bêtement, l'air de dire "oui et alors quoi ?".
Certes, le mieux était encore sûrement de frapper ou de rentrer, mais depuis le milieu de leur "collaboration" Kir' avait prit les initiatives, et donc, machinalement, toujours aussi apathique, Sindel attendait que sa camarade fasse quelque chose.

Au début, tout ce qu'elle fit, c'est enfin ôter son casque pour "s'ébrouer" comme un jeune chiot, ce qui fit gonfler -limite doubler- le volume de sa tignasse aux couleurs pastels façon chamallows...

« Va pas me juger parce que dès ton premier jour et peut être ta première heure, je t'ai emmené à l'infirmerie. Ni aussi parce que j'ai tendance à m'attraper des emmerdes avec ma grande gueule... »

Ha oui ? Tiens donc, grande gueule ? Allons, si peu, elle avait à peine remarqué.

Sindel allait hausser les épaules, juste histoire de signifier que ça lui passait au moins deux mètres au dessus de la tête, mais Kir', avec un sérieux si bizarre pour une fille comme elle, la fit se retenir.

« Donc si tu veux que je t'abandonne ici, j'accepterais sans problème au même grade que si tu me demandes de t'accompagner à l'intérieur. »

Mince, voilà que c'était elle, maintenant, le jeune chiot, qu'on menaçait d'abandonner sur le côté de la route !

Finalement, elle se laissa aller au haussement d'épaules qui la démangeait tellement. Certes, les coups de colère de la petite asiatique étaient surprenant et elle apprendrait à s'en méfier, mais pour l'heure, c'était aussi la seule tête connue et sympathique qu'elle avait croisé. Et puis... Kir' prenait les choses beaucoup trop au sérieux... Ou alors c'était elle qui prenait les choses trop légèrement ? Pas impossible avec des parents made in "peace and love" comme les siens...

D'un mouvement de tête, elle désigna le menton égratigné :

- "Tu pourrais peut être faire nettoyer ça."

Sindel remonta enfin sa manche pour regarder son bras. Le bleu s'était agrandit, et sur les bords, il avait déjà prit une belle couleur violette. Elle siffla entre ses dents, légèrement admirative :

- "Je kiffe la couleur !"

Et puis ni une ni deux, elle se saisit de la poignée pour pousser la porte...

[J'imagine que le lieux change ?]

*Se lève et hurle*

BINGOOOOOO!!!!

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