"I'm a poor lonesome cowboy…" [libre]

"Aussi épaisses que les feuilles d'automne jonchant les ruisseaux de Vallombreuse
où les ombrages étruriens décrivent l'arche élevée d'un berceau."
J. Milton

Ce qu'il y a bien en automne, c'est que le ciel est encore assez clément pour vous permettre de rester dehors sans craindre d'avoir froid. Ainsi, dans le parc de l'école, il y avait Ulysse. Allongé au pieds d'un arbre, dans les feuilles mortes, il attendait, tranquillement.
Les feuilles mortes servaient de matelas pour le vieux "soldat", il était donc là, allongé sur ce tapis rougeâtre et brunâtre, son cache-poussière le couvrant comme un draps pour ne pas dire un suaire alors que le chapeau de cowboy lui couvrait son visage le protégeant ainsi du soleil. Une cigarette était enfourné dans sa bouche et, à intervalle régulier, on remarquait une légère fumée qui s'évacuer, mais, le calme et la solitude se brisa soudainement quand il y eu un léger bruit, le son si caractéristique d'une goutte d'eau qui s'éclate sur une feuille. Puis le son recommença, une nouvelle fois, et encore une autre fois. Encore et encore. Toujours plus de fois. Le son se fit de plus en plus rapide, il pleuvait à lourdes gouttes, mais, ici, sous cet arbre, presque aucune particule d'H2O n'arrivait a toucher le sol, les épaisses feuilles pas encore tombées protégeaient le promeneur, ou dans le cas présent l'homme solitaire.
Ce devait être l'un des rares arbres du parc à pouvoir protéger quelqu'un de cette plus brutale qui tombait. D'ailleurs, il y eut un bruit de pas sur les feuilles, oui, quelqu'un venait de courir pour se mettre à l'abri. Le vieil homme souleva alors son chapeau et jeta un coup d'œil vers la direction du bruit. Sa clope à la bouche, Ulysse fixa le nouvel arrivant et souffla :

-'Jours...

Notre professeur avait plus l'air d'un clochard que d'autre chose. En effet, il était ma rasé, couché à même le sol comme un vagabond. Même ses cigarette était bon marché. Il sentait la boue, le tabac froid et la poudre. Bref, il n'était pas vraiment l'exemple du professeur et pourtant.
De toute façon, peu d'élève le connaissait il n'avait pas encore donné le moindre cours depuis qu'il était arrivé. Il était probable qu'on allait le prendre pour un voyageur itinérant, il était probable qu'on aurait peur de lui, mais si la personne ne voulait pas être mouillé, il fallait qu'il reste ici, sous cette arbre, en attendant que la pluie se calme. Sinon, c'était douche assuré!

L'automne. Quelle saison magique. Les jours raccourcissent, les feuilles tombent, le temps se rafraichit, tout n'est que lente décrépitude annonçant la morte saison. Pourtant, c'est aussi la saison où les arbres se parent de leurs atours de feu, où des nuées d'oiseaux s'envolent vers le sud. La nature reprend son souffle une dernière fois, brillante de sa dernière étincelle de vie avant l'arrivée inexorable de l'hiver.
Enfin, par cette journée grisâtre et menaçante, Kiryu n'était pas vraiment d'humeur à apprécier la beauté qui l'entourait. Olivier, nouvelle et unique recrue du Comité de Discipline, pouvait déceler les mauvaises intentions des gens. Et ce pouvoir fort pratique avait présentement envoyé le Chef du Comité au beau milieu du parc, pour rien ! Évidemment, son nouvel adjoint était encore jeune et son pouvoir avait des ratés. Il apprendrait.
Cependant, le jeune homme était peu disposé à la compréhension et au pardon alors que le ciel se mettait à pleurer de grosses larmes gelées.
Il essaya de se créer un parapluie de feu, pour se tenir au sec et au chaud. Rien. Il se concentra, quelques rides et une goutte de sueur apparaissant sur son front, mais rien n'y fit. Il parvint à peine à créer une flammèche, qui fut éteinte en un rien de temps par l'averse, qui ne faisait que s'intensifier.
Bien qu'étant déjà trempé, il se hâta en pestant contre le sort qui s'acharnait sur lui en direction du gros chêne qui dominait le parc de sa hautaine majesté. Il s'abriterait en attendant que ça se calme un peu et filerait se mettre au chaud. La perspective d'une bonne douche brûlante et de la confortable chaleur de sa couette le rasséréna quelque peu.

-'Jours...

Il n'avait pas remarqué l'homme allongé au pied de l'arbre, une clope au bec, avant que celui-ci ne prenne la parole, le fixant sous son chapeau de cow-boy. Il était mal rasé, vêtu d'un poncho, et avait l'air tout droit sorti d'un western de Sergio Leone.

" Bonjour étranger. Je suis Kiryu. Sale temps hein ?! "

Enfin, de toute manière l'homme n'avait probablement rien à faire ici. Toutefois, Kiryu se voyait mal le mettre dehors sous cette pluie battante, sans compter qu'il n'avait aucune envie de retourner se mouiller.
Il s'ébroua rapidement afin de sécher quelque peu l'eau qui gouttait sur son visage depuis ses cheveux.

" Je suis au regret de vous dire que vous êtes sur une propriété privée. Quand le temps sera plus clément, je vous demanderai de partir d'ici.
D'ailleurs, je suis curieux. Comment êtes vous arrivé jusque chez nous ? C'est pourtant en dehors des sentier battus ... "

[HS] : J'espère que ça te va de jouer avec moi. Puisque personne n'avait répondu j'ai pris la liberté de le faire. Ah et désolé d'avoir massacré ta couleur de dialogue mais je l'ai pas retrouvée ^^ !
[Edit ATN : Afin de garantir une uniformité plus jolitesque, la couleur de dialogue a été volée dans le post de Ulysse et mise dans le tien. L'infâme Cookie a encore frappé. Ugh.]

// dsl du retard , ma couleur : color=darkseagreen //

Sale temps, oui, si l'on veut, le gamin ne pouvait supposer que ce temps était bien plus agréable a celui des tranchés, ou l'eau, montant jusqu'au genou rappelait les rizières vietnamiennes. Sale temps, ici il n'y avait ni balles qui sifflent ni hurlement des mourants, enfin, si, ils étaient là, dans sa tête...
Les yeux désabusés du vieux loup solitaire détaillèrent le jeune garçon, jeune, tellement jeune, encore innocent, oh, il avait du vivre des choses, comme tout le monde, mais ce visage lui rappelait un peu ceux des gamins du Minnesota qu'il avait croisé la première semaine de juin alors que son corps était balloté par le remous des vagues. Il avait cependant le physique d'un japonais, quoi qu'un peu trop grand, mais la peau pâle, cet air fragile, comme une poupée de porcelaine. Les Niaks pensa le vieil homme, ouais, l'honneur, ce genre de truc, c'était ce qui les motivait principalement. Souvent des fanatiques du travail acharné au possible, ils en faisaient trop.

Comment s'appelait il déjà? Kiryu? Oui, c'est cela, un nom parmi tant d'autre qui finirait gravé sur une tombe jusqu'à ce que le vent efface ce nom a force d'érosion et que plus personne ne sache le prononcer. Ulysse aurait il lui même une tombe un jours? Il n'en était pas sûr.
Le jeune homme parlant, mimant un chien a qui on viens de donner la douche. Aller dehors, oui, Ulysse ne faisait pas vraiment professeur ni même autre chose, il ressemblait plus à un clochard. Il se contenta de répondre d'une voix trop habitué à l'alcool et à la cigarette :

-Tu sais, ta demande...Je l'accepterais pas...
Quand a savoir comment je suis arrivé ici, en marchant...

Le professeur expira une nouvelle fois de la fumée issue de la consommation de sa cigarette, ainsi, a l'odeur de pluie et de feuille se mêlait celle du tabac consumé...

Sheitan détestait l'automne. Le temps était plus instable qu'à l'accoutumée, et on ne pouvait deviner si les nuages annonçaient la plus ou non. Enfin si sûrement, mais cela ne faisait pas partie de ses capacités, alors cela l'énervait. Surtout quand il se trouvait dans l'obligation de sortir.
"Un rendez-vous important" lui avait-on dit au téléphone. Il devait rejoindre un des sous-fifres de l'organisation Delilah, à la lisière de la forêt, vers Brioude. Alors que les élèves déjeunaient tranquillement, le jeune professeur c'était muni d'un parapluie et d'un long manteau qui pourrait le protéger de la pluie. Il n'avait pas confiance, il savait que le temps pouvait lui jouer des tours, et ne comptait pas se faire avoir.
Arrivant à la fin de sa marche au milieu des grands arbres sauvages, il le reconnut. Comment s'appelait-il déjà ? Peu importe.
Sans même le saluer, il lui remit une lettre, puis lui parla de Alexis, que les résultats se faisaient attendre que son dernier rapport était inutile et que son salaire avait été baissé.
Évidemment, son père ne le comprenait pas... Comme si l'argent avait un intérêt pour lui...
Après un sourire amer au bonhomme, Sheitan tourna les talons pour rejoindre l'institution. Il avait eu encore des consignes dans sa lettre, les mêmes, ils le prenaient vraiment pour un idiot à Delilah...
Le jeune homme parcourut la forêt en sens inverse, s'imaginant vivre dans la nature... Il pourrait sûrement se débrouillait, mais ce n'était pas fait pour lui, il vivait pour l'action et avait besoin d'être entouré, Sheitan avait besoin du monde pour vivre. Il avait besoin de souffre-douleurs pour pouvoir sourire et cela ne le dérangeait pas. On pourrait l'enfermer, il tiendrait, rien que pour regarder la personne qui le visiterait de temps en temps, pour lui parler, lui donner des ordres ou le faire manger. En fait le professeur fantasmait sa vie. Il se pensait tout puissant alors qu'il était comme tous les autres, pire qu'un lombric. Il vivrait et mourrait et cela n'affecterait pas le monde, il pourrait vivre heureux ou triste que le résultat serait le même. Seulement avant de passer l'arme à gauche il voulait se venger. Se venger de ce monde impitoyable qui nous fait vivre pour mourir, ce monde fait de souffrance et de haine. Il voulait se venger de son géniteur, l'écraser sous son talon et rire sans fin.
Voilà qu'il était sorti de la forêt et que la pluie commençait à tomber. Le jeune homme utilisa son parapluie en le mettant au-dessus de sa tête. Au loin il pouvait distinguer une ombre sous un grand arbre et décida de s'y diriger. Il fallait être gentil et amical pour se permettre de poignarder quelqu'un après. Sheitan était un Brutus des temps modernes, à ceci près qu'il ne marquerait pas l'histoire.
S'approchant du dit arbre, il s'aperçut qu'il n'abritait pas une mais deux personnes, l'autre était allongée et peut-être blessée. Il arriva enfin à hauteur des deux hommes, se trouvant face au chef du Comité qu'il avait rencontré à la soirée annonçant la fin de l'été, et un homme plus âgé, qu'on aurait dit revenant d'une soirée déguisée, fumant une cigarette de mauvaise qualité...

« Vous faites salon de thé ? Il est vrai que le ciel n'est pas clément... »

Le jeune homme se tourna vers la personne allongée pour se présenter.

« Enchanté, je suis Sheitan Belilal, je suis professeur et sous-directeur de cet établissement. Je ne crois pas avoir la chance de vous connaître... »

Être amical, même avec un simili clochard, cela relevait d'un vrai travail d'acteur et Sheitan était proche de recevoir un césar d'honneur pour l'ensemble de son œuvre...