Une élève de plus à Dellane [Libre]

Alicia se tenait devant le portail de Dellane. Sa grosse valise noire reposait à ses pieds, En son intérieur, quelques effets personnels ainsi que des vêtements qui se voulaient le plus banals possible. Après tout, le fait qu’elle vienne d’une grande famille ne signifiait pas qu’elle pourrait se sentir meilleure que les autres. Aux dires de son frère aîné, certaines personnes avaient vécues des choses difficiles à cause de leur pouvoir, autant ne pas enfoncer d’avantage le couteau dans la plaie. Et puis, la famille où elle était née ne signifiait pas qu’elle était différente des autres. De plus, si l’on savait se faire une place, l’institution devenait comme une grande famille. C’était l’occasion parfaite pour mener une vie normale, chose que la jeune Burnside avait toujours souhaité sans jamais toutefois se l’avouer.

Agrippant la poignée de sa lourde valise, la jeune demoiselle se dirigea lentement vers l’entrée. Le temps devenait plus frais et les feuilles dans les arbres rougeoyaient. La chaleur de l’été n’était pas encore totalement partie, bien que son départ fût de plus en plus imminent. De ce fait, Alicia portait un léger manteau, histoire de ne pas attraper froid. Ses longs cheveux roses étaient détachés et ondulaient avec la faible brise. Admirant le bâtiment qu’était Dellane, l’adolescente dut s’admettre impressionnée. Timidement, mais sûrement, la jeune demoiselle s’approcha des grandes portes. Ces dernières étaient imposantes, assez solide pour retenir en ses murs le lourd secret de l’institution.

Ne désirant pas rester ainsi immobile durant trois jours, Alicia entreprit de pousser la porte. Bien que cette dernière fût lourde, la jeune fille n’eut pas trop de difficulté à l’ouvrir. Faisant un ou deux pas, elle déposa sa grosse valise par terre et entreprit de fermer la porte avec douceur et minutie. Une fois cela fait, la plus jeune des Burnside laissa vagabonder son regard bleuté dans la vaste pièce.

Le tout était somptueusement meublé, bien qu’une chaude atmosphère pleine de réconfort pouvait se faire sentir. Malgré la grandeur de l’endroit, Alicia eut immédiatement l’impression qu’elle venait de trouver un petit oasis de paix. C’était décidé, elle passerait dès maintenant pour une personne normale dont les comptes de banque familiaux n’étaient pas pleins à craquer.

Comme il n’y avait personne dans le hall, la demoiselle décida de se rendre à la réception, puisque réception il y avait sûrement. Relevant ses manches et détachant son manteau, la jeune femme souleva sa valise pour se mettre en route. Toutefois, avant qu’Alicia n’ait réussi à se rendre bien loin, quelqu’un arriva à l’autre bout du corridor, se dirigeant vraisemblablement vers le hall où la jeune fille était encore. Peut-être elle avait fait plus de bruit que prévu, peut-être ce n’était qu’un hasard? Quoi qu’il en soit, la bloqueuse de pouvoirs décida de saisir sa chance. Ainsi, elle interpella l’inconnu de sa douce voix contenant un subtil accent anglais.

- Pardonnez-moi, mais sauriez-vous où se trouve la réception? Je suis supposée y prendre la clef de ma chambre ainsi que mon horaire. Auriez-vous l’amabilité de m’indiquer la bonne direction?

Maintenant, il ne lui restait plus qu’à espérer que tout se passerait bien. Posant un moment sa valise au sol, la jeune femme attendit patiemment la réaction de l‘individu.

Le froid reprenait peu à peu ses droits... Même une personne comme Étienne, qui sortait peu, s'en rendait compte. L'automne venait d'arriver et il tenait vraisemblablement à ce que tout le monde le remarque. Le vent commençait à frapper contre les carreaux et la pluie s'y mêlait dans une douce symphonie. Symphonie qui le berça lors d'une douce nuit, alors qu'il rêvait paisiblement, imaginant une enfance gaie et sans soucis, bien loin de la réalité.
Lorsqu'il se réveilla, au milieu de la nuit, ses yeux étaient emplis de larmes. Le garçon se leva, au milieu de ce dortoir vide, et se rapprocha de la fenêtre en silence, y collant son front. La vitre était froide et l'apaisait, il se sentait seul et il l'était. Soupirant légèrement, son souffle forma une buée qu'il ne retira pas. Étienne retourna se coucher sans faire plus de bruit, ses sanglots accompagnèrent les sons des intempéries jusqu'à l'aube.

Le lendemain matin ce fut un beau soleil qui le réveilla, comme s'il cherchait à ignorer la nuit. Déjà le sol ne portait presque plus les traces de la pluie que le jeune télékinésiste avait entendu. Avait-il rêvé ? Ou était-ce que même le Soleil maintenant avait décidé de se moquer de lui ?
Étienne resta assis dans son lit un certain moment, avant de finir par en sortir.

Le début de sa journée se déroula avec une monotonie plutôt déprimante. Évidemment le garçon se rendit en cours, même s'il ne montra aucune envie d'étudier, il ne voulait pas se montrer dissipé, sinon cela viendrait sûrement aux oreilles du Directeur et cela ne lui plairait sûrement pas...
Heureusement son après-midi était libre, ce n'était pas qu'il avait de nombreuses activités, mais au moins il pourrait être tranquille. Depuis l'incident avec le docteur Belial, même les membres du personnel lui adressaient difficilement la parole, il n'avait pas voulu répondre à leur question et avait trahi leur confiance... Après tout c'était sûrement un juste retour des choses.
Le garçon se surprit à repenser au rêve qu'il avait fait la nuit passée... S'il avait vécu dans une famille aimante, les choses auraient sûrement été différentes, dans le bon sens...
Mais on ne pouvait plus rien changer...
Et au lieu d'espérer une chose impossible, Étienne préféra cesser de penser lorsqu'il finit son assiette au self.

C'était lui le problème. Il en était maintenant plus que certain. Cela faisait un an qu'il était arrivé dans cette institution et il n'avait personne pour venir s'asseoir à côté de lui. Sanzo, son amant, l'évitait, ne souhaitant pas affronter son regard en public et Kiryu, qui pourtant lui avait déclaré son amitié, était toujours absent. Étienne n'avait personne avec qui parler, avec qui passer une journée. Pourquoi tous les autres étaient en groupes ? Et lui tout seul ? Était-il donc incapable de nouer une simple relation amicale ?
Le garçon porta une main à son ventre, sur lequel des plaies guérissaient dans une douleur lancinante... Il se leva de table et sortit de la cantine après avoir déposé son plateau.

Il songea d'abord à rentrer dans son dortoir, mais cela ne lui plaisait pas, il s'y sentait encore plus seul, il rejoignit donc la salle de bain pour se nettoyer les dents et songea à vagabonder dans les couloirs. De toute façon on ne pourrait rien lui dire tant qu'il ne faisait rien de mal. Et même après ça, il était maintenant habitué de la salle de colles.
L'adolescent se mit donc à marcher sans but dans les couloirs, pensant à mille choses, à des centaines de questions qui se bousculaient dans son esprit, et dont les réponses se résumaient souvent en deux mots, formant le nom du Directeur de l'Institution.

Ses pas le menèrent dans le long couloir qui menait au hall d'entrée. Étienne marchait sans faire attention au monde qui l'entourait, mains fourrées dans les poches de son sweat et tête baissée, le télékinésiste était dans sa bulle... Et celle-ci éclata lorsqu'une voix se fit entendre.
Une jeune fille venait de lui parler. Il reconnut un accent anglais... Elle était nouvelle, évidemment, qui d'autre viendrait lui parler ?
Il essaya de former un sourire assez engageant sur ses lèvres avant de lui répondre, Étienne avait perdu son accent américain... À croire que son corps faisait vraiment un rejet...

« Bonjour... La réception se trouve par ici, il faut descendre cet escalier et ce sera tout droit. Vous ne pouvez pas le louper, il y a des flèches et un plan... »

Le garçon accompagna ses paroles d'un geste de la main, puis regarda la jeune fille. Il n'avait pas remarqué ses cheveux roses, c'était vraiment étrange, comme si on venait de lui jeter un seau de peinture sur la tête, d'une manière très réussie d'ailleurs...
Il resta un moment captivé par cette couleur de cheveux inattendue, puis s'aperçut qu'elle n'était pas venue « seule » : une énorme valise semblait l'accompagner.

« Si vous le souhaitez je peux vous aider et vous accompagner. Je suis télékinésiste, je pourrai soulever votre valise... »

Et puis cela lui ferait un peu d'entraînement... Enfin si jamais elle acceptait... Sinon il passerait son chemin après tout...

Ainsi, l'adolescente venait de pénétrer dans l'institution. Au tout début, elle avait du s'avouer nerveuse, bien que l'intérieur la rassurait d'une certaine façon. Elle n'avait encore vu personne qu'elle se sentait déjà bien, ce qui lui faisait craindre une désillusion prochaine. Chose certaine, le paysage autour d'elle ne pouvait pas être un mirage puisqu'elle n'en aurait pas été affectée. Ses yeux d'un doux bleu regardèrent la pièce, ce hall qui ressemblait vaguement à la pièce homologue de sa maison. Puis, elle remarqua une silhouette qui arrivait dans sa direction. Espérant ne pas déranger l'inconnu, Alicia l'interpella, espérant recevoir une réponse positive.

La bloqueuse de pouvoir put comprendre immédiatement qu'elle venait de déranger l'individu. Sans doute il était dans la lune et s'était rendu au hall sans même le savoir, ce qui constituerait un hasard plutôt heureux pour la jeune demoiselle. Un peu gênée de l'avoir importuné et de devoir demander son aide, la jeune femme espéra qu'il lui pardonnerait. Ces cheveux étaient bruns et, selon ce qu'elle avait cru voir, ses yeux étaient verts. Son visage s'éclaira d'un sourire aux allures artificielles. Sans doute il ne l'aiderait que pour la forme, simplement pour ne pas avoir l'air d'une de ces personnes qui se fichent du sort des autres, mais il la laisserait se débrouiller sitôt qu'il ait fini de lui dire la direction à prendre. Au fond, ce n'était pas pour déplaire à la demoiselle qui suivait une rigoureuse routine d'autosuffisance. C'est alors que la voix de l'adolescent s'éleva, commençant d'abord par un bonjour. Il lui indiqua par où elle pourrait trouver la réception, ajoutant qu'elle n'aurait qu'à suivre le plan et les flèches. Comme Alicia l'avait cru, chez elle comme en dehors elle devrait se débrouiller par elle-même et montrer qu'elle pouvait venir à bout de tout sans l'aide de personne.

Ce fut alors que le jeune homme sembla remarquer la couleur inhabituelle des cheveux de la jeune Burnside. Sans doute il réprimait une envie folle de se tordre de rire, chose dont laquelle la demoiselle ne se souciait plus depuis fort longtemps. Toutefois, il ne passa pas de commentaires à haute voix et reporta plutôt son attention vers la valise. Intérieurement, Alicia murmura un rapide merci, heureuse qu'il ne se soit pas trop attardé sur son cuir chevelu. Ils avaient toujours eut cette teinte et l'auraient toujours, l'adolescente étant décidé à ne pas y mettre de teinture simplement pour ne pas satisfaire l'envie de "normalité" de ses parents. Après tout, des cheveux d'une telle couleur, pour eux, ne pouvait que représenter un défaut. Un signe que la petite dernière de la famille était rebelle et avait voulu se teindre les cheveux, chose totalement erronée. La seule chose que son désir de plaire à l'autorité parentale avait épargné, c'était cette douce couleur rosée. Après tout, il faut savoir se faire remarquer et puis, ce n'était pas l'un de ses roses pétants qui faisaient mal aux yeux.

À sa grande surprise, le jeune homme proposa ensuite de transporter sa valise pour elle, étant télékinésiste. Tout d'abord, la jeune demoiselle fut étonnée. Ce n'était pas qu'on la vouvoyait, chose dont elle avait depuis longtemps l'habitude. En contrepartie, le fait que son interlocuteur pouvait bouger les choses par sa seule pensée la rendit curieuse. Et s’il la visait, pourrait-il la faire directement bouger ou devrait-il plutôt lui envoyer une chaise en pleine figure, donc en utilisant son pouvoir sur elle de manière détournée? Restant quelques secondes perdue dans ses pensées, Alicia se rappela à l'ordre lorsqu'elle comprit que ses pensées s'éloignaient de plus en plus de la question qui lui avait été posée. Si elle le laissait s'en charger pour elle, cela montrerait que la demoiselle était dépendante des autres. Toutefois, avoir quelqu'un pour lui faire faire le tour sommaire de l'établissement ne serait certes pas de refus. Et puis, n'ayant pas eue de chance, son pouvoir n'aiderait pas ses petits bras frêles à transporter sa lourde valise. Calculant le taux de stress résultant du fait qu'elle était abandonnée à son sort dans un établissement nouveau où elle ne connaissait personne, la jeune femme calcula que si environ un mètre la séparait du jeune homme, elle n'affecterait pas son pouvoir. Toutefois, la joie qu'on soit venu lui répondre et qu'on lui proposa de l'aide entrait aussi en ligne de compte, surtout s'il serait du genre à dire des blagues ou elle ne savait trop quoi. En somme, en conservant une distance raisonnable pour deux personnes qui ne se connaissaient pas, tout irait bien. Ainsi, la demoiselle n'avait pas de raisons de refuser, étant donner que d'accepter lui permettrait même peut-être de se faire un premier ami à l'institution.

- Ce serait très aimable de votre part que de m'aider à transporter ma valise. Je me nomme Alicia, Alicia Burnside. C'est un véritable plaisir pour moi que de faire votre connaissance.

Sur ce, elle inclina légèrement la tête en guise de salut, manière souvent utilisée par les domestiques lorsque la demoiselle passait tout près d'elle. Ainsi, n'ayant jamais vraiment connu autre forme de salut sinon son frère qui la prenait toujours dans ses bras, la jeune fille se dit que les gens devaient sans doute souvent utiliser cette méthode. Elle s'éloigna un peu de la valise, n'étant pas totalement certaine de comment son propre pouvoir réagirait. Toutefois, comme elle n'était pas trop près du jeune homme, elle ne l'affecterait pas. S'il l'eut visé directement, alors son pouvoir n'aurai sans doute pas fonctionné, pas plus que s'ils marcheraient trop proche l'un de l'autre. Essayant de faire en sorte de ne pas trop s'approcher de lui lorsqu'il soulèverait la valise à l'aide de son pouvoir, la demoiselle lui emboita le pas, un sourire reconnaissant flottant sur son doux visage.

Étienne n'avait pas spécialement envie de parler avec qui que ce soit au final. Il se plaignait d'être seul mais cultivait cette solitude. Tout ce dont il avait envie c'était de se retrouver près de Sanzo. Mais cela n'arriverait pas avant un moment...
Enfin, quoiqu'il en soit, le garçon ne devait pas se servir de cette amertume pour la décharger sur quelqu'un et encore moins sur une nouvelle élève...
Le télékinésiste se rappela alors de sa propre entré à l'institution... Alors qu'il fuyait son crime, il avait trouvé l'amour qu'il avait toujours désiré. Depuis bien des choses avaient changé, mais il devait reconnaître que c'était toujours mieux que sa vie d'avant...

Le garçon mit un moment à se concentrer véritablement sur cette jeune fille. Elle l'avait interpellé sans qu'il s'y soit attendu, c'est à peine s'il avait remarqué que quelqu'un d'autre marchait dans ce couloir. L'adolescent était totalement déprimé et ne faisait attention à rien décidément. Mais cela ne l'empêcha pas de lui répondre, avec un air se voulant agréable. Mais il n'avait pas plus envie de l'aider que ça. Au moins il lui avait dit où aller, après tout s'il y avait une réception c'était bien pour expliquer aux élèves où se rendre et comment non ? Ce n'était pas vraiment la première fois que le garçon se trouvait face à un nouvel élève et comme il était dans un mauvais jour il trouvait cela pénible de devoir tout expliquer encore une fois.
Quand il prit le temps de la regarder, il remarqua qu'il n'y avait rien chez elle qui paraissait étrange, mis à part ses cheveux évidemment. C'était un peu étonnant, mais Étienne trouvait cela plutôt joli, se demandant si cela était sa couleur naturelle... Ses yeux restaient fixés sur cette chevelure rose... Pensant aux origines de cette nouvelle. Son accent ne faisait aucun doute, elle venait d'Angleterre, et pour cela elle devait être bien élevée... C'était sûrement pour cela qu'elle l'avait vouvoyé, alors le garçon avait décidé de faire du mal... Après tout cela lui était déjà arrivé, à son arrivée en France, de vouvoyer quelques personnes de son âge car elles étaient des personnes plus importantes que lui... Maintenant qu'il y repensait... Lui était un mutant, un surhumain quelque part... Il était tellement plus fort qu'eux, il aurait dû partir il y a bien longtemps. Mais il ne pouvait hélas pas refaire le passé...

Reprenant ses esprits, le garçon détacha ses yeux des cheveux de la jeune fille et entrevit ensuite la valise qui était juste à ses côtés. Elle ne devait pas avoir fui, elle n'aurait pas pu porter une si grande valise toute seule sur des kilomètres et d'ailleurs même sur des mètres, cela semblait délicat...
Alors le garçon, un peu plus amical finalement, lui proposa son aide. Puisqu'il avait un pouvoir, autant s'en servir et aider les personnes qui en avaient besoin.
Le jeune mutant attendit sa réponse en observant plus intensément la valise, elle avait l'air lourde et cela faisait un moment qu'il n'avait pas pratiqué, mais en la prenant dans sa main comme s'il la portait tout simplement, cela rendrait les choses simples.

Alors la jeune fille lui répondit, en de très longues phrases pour exprimer de si petites choses. Le garçon sourit légèrement, amusé, il avait l'impression de voir son double, au niveau du langage bien sûr, qui s'exprimait. Du moins, son double du passé, car à présent il n'était plus du genre à être aussi prolixe, ni même aussi poli...

« Ce n'est rien. Je suis Étienne Ellardice. Ce plaisir est partagé. »

Il trouva cela assez désagréable qu'elle incline la tête, se souvenant que son père le forçait à s'incliner, à se rabaisser face à des personnes soit disant mieux que lui en lui appuyant sa main sur le crâne. Le garçon se renfrogna un peu, attendant qu'elle se relève.

« Euh... Je ne voudrais pas paraître impoli, mais on pourrait se tutoyer... Je ne dois pas être beaucoup plus âgé que toi et je ne suis qu'un simple élève alors... »

Sa phrase se termina en un silence gêné lorsqu'il croisa le regard de Alicia. Tant pis, il ne voulait plus la vouvoyer... Même si elle continuait, il la tutoierait quand même. Puis, il se dirigea vers la valise qu'il allait devoir porter. Elle s'était elle-même éloignée, allant derrière lui. Le garçon trouva cela un peu étrange qu'elle veuille marcher derrière elle, mais cela ne le regardait pas, elle faisait bien ce qu'elle voulait après tout. Il prit la poignée de la valise dans sa main gauche et se concentra pour l'élever doucement, quand elle arriva à hauteur souhaitée, il commença à marcher avec. On pouvait avoir l'impression qu'il la portait tout à fait naturellement, mais en fait il la portait presque entièrement avec son pouvoir, car il savait que s'il la portait, la tension risquait de tirer sur ses plaies et les rouvrir encore une fois.

Le garçon marcha vers la réception, écoutant les pas de la jeune fille derrière elle. Vraiment son attitude semblait un peu étrange tout de même, il n'allait pas la mordre non plus... A moins que...

« Alicia, tu sais que je suis télékinésiste, mais quel est ton don ? »

Ce serait une explication, si elle avait un pouvoir dangereux, il comprendrait et serait même rassuré qu'elle reste en retrait comme cela.

La jeune fille venait donc d'arriver et on était venu lui prêter assistance dès son entrée dans le hall. Alicia avait eue de la chance sur ce coup là, ce n'était pas tout le monde qui ce serait fait accueillir de la sorte. Ainsi, un inconnu était venu à sa rencontre, bien que ce n'eut pas l'air très intentionnel. La jeune femme se présenta, le jeune homme lui avait indiqué où trouver la réception et avait proposé de porter sa valise. Après un dilemme avec elle-même, la demoiselle accepta finalement son aide. Ce fut là qu'elle s'inclina légèrement, en guise de remerciement. En réalité, elle n'avait jamais salué qui que ce soit de cette façon, mais comme ses domestiques le faisaient souvent, ce devait être normal non?

Toutefois, devant la réaction du télékinésiste, la bloqueuse de pouvoir compris tout de suite que ce ne l'était pas. Ainsi, les femmes s'occupant de la propreté et le vieil homme s'occupant des fleurs étaient plus polis qu'il ne le fallait avec elle et ce, depuis très longtemps. Notant ce détail, elle se promit de trouver un moyen de les remercier lors de sa prochaine visite chez elle. Étienne mentionna également qu'il ne voulait pas être impoli, mais qu'il préférait la tutoyer. Le vouvoiement que les travailleurs avaient toujours pour elle, ça non plus ce n'était pas normal? Par respect, Alicia avait appris à toujours vouvoyer, même si son interlocuteur était plus jeune. Simplement, selon elle, tout le monde méritait qu'on leur porte une marque de respect, aussi subtile soit elle. De ce fait, la jeune femme tenta de s'excuser.

- Pardonnez-moi....euh....tu euh.....

Les joues de l'anglaise se teintèrent de rouge et elle sentit plutôt idiote. N'ayant pas l'habitude de tutoyer, elle s'était enfargée dans ses mots et était maintenant plutôt embarrassée. Le tout donnant un résultat plutôt étrange et désordonné. Faisant une pause, elle prit une grande inspiration et se calma. Ce fut alors qu’elle put reformuler sa phrase et la dire sans se mélanger dans ses mots, tout en arborant un doux sourire joyeux.

- Désolé, c’est qu’on m’a toujours appris à vouvoyer les autres et ce, peu importe qui ils sont. Mais je vais faire un effort et apprendre à utiliser la deuxième personne du singulier.

Une fois qu’elle eut réussi cela, le jeune homme se dirigea vers la valise. Il l’agrippa par la poignée, puis s’aida de son pouvoir pour la soulever. Quiconque ne l’aurait pas su aurait vite cru qu’Étienne possédait une super force, la grosseur de la valise donnant une idée de son poids. L’adolescente fit en sorte de ne pas trop s’approcher, de peur de bloquer le pouvoir du jeune homme sans prévenir. Toutefois, le bon samaritain se rendit compte qu’elle faisait tout pour rester à l’écart. C’est alors qu’il lui demanda quel était son pouvoir. Avec un léger sourire, Alicia s’approcha légèrement avant de laisser sa voix cristalline s’expliquer.

- En fait, je ne crois pas vraiment que ce soit un don. C’est à peine si ça me sert à quelque chose au final. Je crois que je préférais pouvoir bouger les objets par la pensée, ce serait sans doute bien plus utile. Mais bon, le meilleur moyen de te l’expliquer, c’est de vous….te le montrer. Attention à ton bras, ma valise est lourde après tout.

Sur ce, elle s’approcha d’Étienne et tendit la main en direction de son épaule, dans le but de le toucher. Lorsque trois décimètres environ séparaient la fine main de la demoiselle de l’épaule du jeune homme, le pouvoir d’Alicia fit effet. La bloqueuse de pouvoir put sentir en un instant que son propre pouvoir s'était mis en marche. Ainsi, La valise avait repris son poids habituel d'un seul coup. Voyant qu’Étienne ne s’y était pas vraiment préparé, elle recula rapidement pour qu’il puisse « remettre en marche » son pouvoir pour aider son bras. La jeune femme balbutia un petit désolé, ayant peur qu’il se soit fait mal au bras par sa faute.

On ne pouvait pas dire que la compagnie d'Alicia était gênante, bien au contraire. Mais son attitude perturbait un peu le garçon qui ne savait pas sur quel pied danser avec elle. Elle lui ressemblait vraiment, enfin plutôt ressemblait à son ancien lui... Maintenant il avait vraiment changé, certes il n'avait pas plus d'amis mais au moins il était celui qu'il souhaitait être, à peu de choses près.
Avant sa vie était totalement gérée par son père, à croire qu'il était surveillé du matin jusqu'au soir, le moindre faux pas lui valait d'être puni, alors il l'était constamment.
Oui, cette jeune fille lui rappelait son existence comme étant le cadet des Ellardice, l'entre deux, ni le brouillon ni celui qui avait été formé avec les restes, non seulement le raté des trois, à qui on ne laissait pas de cadeaux car lui-même était loin d'en être un.
Pourquoi agissait-elle ainsi ? Bien qu'elle ait un accent anglais, Étienne ne pouvait pas s'imaginer qu'ils aient des mœurs aussi aristocratiques... Et le garçon se souvint alors de son propre problème à apprendre cette distinction du français, ce « tu ». La politesse demandait qu'il s'adresse à ses parents et aux personnes qu'il ne connaissait pas avec un « vous », mais devait tutoyer ses frères. Au final, il avait fini par comprendre que c'était vraiment pratique d'avoir les deux, même si il n'y avait vraiment qu'avec son aîné qu'il pouvait l'expérimenter...
Cela devait être une explication, après tout c'était logique qu'elle ait du mal avec tout cela, mais la haine d'Étienne pour sa vie de famille avait repris le dessus, et il expliqua à Alicia qu'il préférait la tutoyer... Elle le prendrait peut-être mal mais c'était ainsi...
Et le garçon ressentit de la peine quand la jeune fille se mit à chercher ses mots pour s'excuser et lui répondre convenablement, cependant elle avait un beau sourire qui la montrait heureuse, alors cette sensation s'évanouit complètement. Il lui sourit à son tour avant de lui répondre.

« Tu n'as pas à t'en faire... C'est juste que ici, c'est comme une grande fam... Enfin nous sommes tous dans le même bateau, nous sommes tous des mutants, alors nous pouvons nous tutoyer. »

Non, famille n'était pas un terme que Étienne pouvait sciemment utiliser. Même si sa prise de parole devait paraître assez inutile, elle pouvait au moins aider la jeune fille à se faire à l'idée de tutoyer quelqu'un...
Essayant de reprendre un peu de contenance, le jeune télékinésiste se dirigea vers l'objet de sa mission et souleva la valise comme si elle était vide. Le garçon était plutôt satisfait de ce résultat, parfois son pouvoir lui échappait totalement mais à ce moment précis il sembla agir comme il le souhaitait. Peut-être était parce qu'il n'avait alors pas de pensées néfastes, mais ce qui était sûr, c'était que le pouvoir qui circulait dans son corps à ce moment-là lui donna une sensation agréable de douce chaleur, c'était apaisant, il ne faisait qu'un avec ce don.

Cependant encore une fois, Alicia surprit le garçon par son attitude. Elle restait en retrait, mais d'une façon peut discrète, comme si elle prenait soin de ne pas être trop près de lui. Avait-elle peur qu'on les prenne pour des amis ? Pourtant cela ne semblait pas être son genre d'agir de cette façon... Alors Étienne posa simplement sa question, sachant pertinemment ou du moins, espérant, que la réponse lui expliquerait ce retrait.
Mais la jeune mutante ne lui répondit pas aussitôt, créant un certain suspense, elle expliqua qu'elle allait simplement lui montrer, ajoutant qu'il fallait faire attention au poids de la valise...
Le garçon hocha la tête sans trop savoir pourquoi, ne comprenant pas ce que cela venait faire dans tout cela.
Alicia s'approcha de lui, sans air menaçant ni couteau de cuisine, et simplement tendit la main vers lui. Étienne resta perplexe quelques secondes, jusqu'à ce qu'il sente que quelque chose n'allait pas bien, en lui. Le pouvoir cessa de suivre le cheminement de son sang, avant de totalement disparaître, le garçon poussa un cri de surprise lorsque la valise s'écrasa au sol en l'entraînant, n'ayant pas le temps de la rattraper avec ses deux mains.
C'était une sensation étrange, il se sentit vide... libre... Comme si une partie de lui avait disparu et que cela représentait une bonne chose.

Avant qu'il ne puisse réagir, Alicia recula et son pouvoir réapparu, comme une machine qu'on remettait en marche, il le sentit à nouveau et put sans difficulté soulever la valise, comme il l'avait fait plus tôt...
Le garçon resta figé, regardant la jeune fille la bouche entrouverte. Il reprit ses esprits au bout de quelques secondes puis finit par articuler :

« You stopped it... » [« Tu l'as arrêté... »]

Non... Ça ce n'était vraiment pas commun, même dans une école de mutants. Le télékinésiste n'en croyait pas ses yeux... D'où son américain, qui lui avait échappé... Pourquoi n'avait-il pas rencontré une personne comme elle avant ? Elle aurait pu l'aider à vivre mieux, à calmer son pouvoir... Et peut-être même que le fait de rester près d'elle finissait par le détruire ?
Non, pas de si... Étienne devait se calmer avant qu'elle ne prenne peur. Il souffla un peu et finit par reposer la valise.

« Pardon pour ma surprise... Mais c'est tellement étrange de se sentir libre... Sans tout ce poids... »

L'adolescent lui fit un maigre sourire avant de reprendre :

« Je trouve que ton pouvoir est très important, il peut aider à coup sûr certains mutants qui ne maîtrisent pas leurs dons... Et ton pouvoir n'est pas dangereux, le mien peut faire du mal si je n'arrive pas à le contrôler... »

Au tout départ, le jeune homme ne sembla pas totalement comprendre pourquoi elle l'averti au sujet du poids de la valise. Sans doute il s'attendait à un pouvoir dangereux pour qu'elle reste ainsi en retrait. Il fallait dire que les gens influençant le pouvoir des autres devaient être plutôt rares, même ici. Ainsi, elle approcha sa main de son épaule, ce qui fini par faire effet à cause de la proximité. La jeune demoiselle sentit sont pouvoir s'étendre, créer un voile. C'était comme si son propre don voilait le pouvoir du télékinésiste, à un point tel qu'il ne pouvait plus s'en servir, voir sentir sa présence en lui. Ça n'enlevait en rien le pouvoir d'une personne, ça le cachait avec tant d'habilité qu'on eut put affirmer qu'il avait totalement disparu, le temps du contact.

Comme la demoiselle si attendait, la valise s'écrasa lourdement au sol tout en entraînant Étienne. Le premier réflexe d'Alicia fut de s'approcher pour voir s'il allait bien, mais la demoiselle du reculer en se rappelant que c'était à cause de son pouvoir qu'il avait eu cette surprise. Reculant de quelques pas, le voile se retira, la distance étant maintenant trop grande entre eux. Voyant la réaction du jeune homme, elle comprit tout de suite qu'elle l'avait surpris. La bouche entrouverte, figé comme s'il venait de recevoir la révélation divine, le télékinésiste articula quelques mots. La jeune Burnside fut d'abord étonnée de l'entendre parler en anglais, mais si elle-même venait d'un endroit où on le parlait fréquemment, pourquoi pas lui? Après tout, il avait très bien pu perdre son accent avec le temps. À cette réflexion, la demoiselle se rappela à quel point son frère avait progressé en français à son retour chez eux, lui qui pourtant n'avait jamais voulu parler la langue de Molière, la trouvant trop complexe.

Le jeune homme pris quelques grandes inspirations, sans doute pour se calmer. Ensuite, il déposa la valise et parla à nouveau, en français cette fois. Il s'excusa pour être aussi surpris, expliquant que pour lui c'était comme une libération. Gênée, la jeune demoiselle recula d'un demi-pas malgré elle, ses joues devenant soudainement plus rosées. C'était la première fois qu'on la complimentait, même indirectement, sans lui dire qu'elle pourrait toutefois améliorer plusieurs points. La première fois qu'on ne lui disait pas qu'elle aurait pu faire mieux. Elle qui compris que son arrivée ici lui enlèverait bien rapidement lourd fardeau de sur ses frêles épaules, bien que les mauvaises habitudes seraient sans doute coriaces.

Comme pour se montrer encourageant, ou simplement amical, Étienne tenta de lui faire un sourire avant de poursuivre. Il lui fit remarquer que son pouvoir était très important puisqu'il pouvait aider les gens à maîtriser leur pouvoir. Toutefois, c'était bien différent du point de vue de la demoiselle. Certes, elle avait aidé son frère à endurer tout cela en l'empêchant d'entendre les pensées des gens, mais ça lui avait d'avantage appris à dépendre de sa sœur qu'à contrôler son pouvoir par lui-même. Ce n'est pas parce que la voiture n'a plus d'essence que l'on sait forcément la conduire. Par la suite, l'adolescent ajouta que son pouvoir à elle n'était pas dangereux, comparativement au sien s'il ne le contrôlait pas. La demoiselle fut forcée d'acquiescer, son pouvoir ne servait à rien lorsqu'elle n'était pas avec des mutants et de toute façon, comment pourrait-elle faire mal à quelqu'un en bloquant simplement son pouvoir ? Se mordillant la lèvre inférieure, le silence de son interlocuteur fit comprendre à la protagoniste que c'était à elle de parler.

- Peut-être il n'est pas dangereux, mais il n'aide pas non plus les gens à contrôler leur pouvoir. Mon frère aîné pouvait entendre les pensées des autres. En un rien de temps, sa vie en était devenue un véritable cauchemar et il ne quittait plus son lit. Lorsqu'il a découvert ce que je savais faire, il a commencé à m'emporter partout où il allait. Toutefois, dès que je m'éloignais ou les jours où j'étais plus calme, les voix réapparaissaient et le faisait tout autant souffrir, sinon plus étant donné qu'il n'avait plus l'habitude de les entendre. Il a du venir à cette institution pour apprendre à se maîtriser et ne plus dépendre de moi. Je ne peux pas aider quelqu'un à maîtriser son don, je ne peux que le cacher si profondément que la personne croit qu'il a disparu.

Étonnée d'avoir réussi à dire tout cela à quelqu'un qui lui était totalement inconnu quelques minutes plus tôt, Alicia décida d'arrêter là au cas où elle révélerait par mégarde qui était sa famille. Le jeune homme ayant perdu son accent, elle ignorait s'il venait d'Angleterre ou d'un autre pays où les gens parlaient en anglais, mais la réputation de sa famille n'était plus à faire. Ainsi, le regard bleuté de la demoiselle retomba sur la valise, puis sur le jeune homme. Tentant d'avoir l'air crédible, elle lui fit un joli sourire avant de reprendre, changeant le sujet d'une manière peu subtile.

- Je ne veux pas vous déran....te déranger toute la journée, pardon. On se remet en route ?

Vraiment, la capacité de certaines personnes étaient plus que surprenantes. Le garçon fut plus que surpris par ce nouveau pouvoir qu'il découvrit... Ainsi la jeune Alicia pouvait empêcher les mutants d'utiliser leurs pouvoirs, il suffisait juste qu'elle s'approche... C'était tellement simple que Étienne en était totalement décontenancé. Pourquoi avait-il l'impression d'avoir tout rater et que la solution se trouvait ici, juste sous ses yeux, en la personne d'Alicia ?
Pourtant il ne pouvait pas imaginer ce qu'aurait été sa vie sans ce pouvoir, car au final il n'aurait probablement pas pu s'en sortir... Si ce soir là, Sanzo avait remarqué qu'il n'avait pas de pouvoirs, que serait-il arrivé ? Il ne pouvait pas le savoir...
Ce genre de passé n'appartenait pas à son monde, alors il devait vivre avec celui qui lui était propre... Il n'avait pas le choix que de continuer sa vie ainsi. Il était trop tard pour formuler des regrets ou pour demander de l'aide.
Alors Étienne se contenta d'expliquer son ressenti à la jeune fille, comme pour se justifier de sa surprise, mais il se perdait lui-même dans sa réflexion. C'était à la fois une bien-être et une perte trop difficile à supporter, comme si on vous séparait d'un jumeau détestable. Son pouvoir, même s'il se haïssait de l'avoir, faisait partie de lui, et s'il se sentait plus libre, cela ne voulait en aucun cas dire qu'il l'était...

Le cœur battant et un petit sourire aux lèvres, le jeune télékinésiste dévoila son enthousiasme pour le pouvoir de Alicia. C'était probablement trop lui dire, et en tout cas pas assez réfléchi, mais c'était quelque chose qu'il pensait : pour lui, son pouvoir était quelque chose de merveilleux. Combien de mutants, à un moment donné, ont souhaité perdre leur pouvoir ? Probablement tous en fait, peut-être même Alicia au final...
Il arrêta de parler.
Étienne avait subitement réalisé que tout ce à quoi il pensait, c'était de l'utiliser. L'utiliser pour son pouvoir, la désigner en tant qu'objet... Chose qu'elle n'était pas...
La jeune fille prit alors la parole, ce qui lui permit de ne pas avoir trop honte et surtout de la comprendre un peu. C'est alors qu'il apprit que ses doutes étaient confirmés, elle avait été utilisé, même si elle ne semblait pas s'en plaindre, ça avait dû être difficile pour elle... Le garçon s'en voulait d'avoir parlé de cela comme s'il s'agissait de quelque chose de génial... À croire qu'il ne réfléchissait jamais...

N'ayant pas à cœur de répondre instamment à l'explication de Alicia, le garçon se contenta de reprendre la valise en l'observant. Elle s'excusa à nouveau et il haussa les épaules en guise de réponse avant de tourner les talons pour l'amener à la réception.
Ayant accéléré le pas, en colère contre lui-même, Étienne se trouva vite devant la dame de l'accueil.

« Bonjour Madame, cette jeune fille, Alicia Burnside vient d'arriver. Pouvez-vous nous indiquer son numéro de chambre ? »

La femme consulta son tableau après avoir observé Étienne et Alicia. Évidemment, encore une fois on lui montrait qu'il avait mal agit... Il le savait, mais chaque membre du personnel le lui rappelait, chaque jour. Le garçon espérait seulement que cette affaire avec Sheitan soit vite oubliée... Finalement la jeune femme salua la jeune fille et lui tendit les clefs lorsqu'elle s'approcha, alors que Étienne venait de reposer la valise.

« Elle se trouve dans la chambre numéro 2, qui est aussi la tienne. Tu devrais l'accompagner. »

« Oui, merci. Bonne journée. »

Alicia reçut de la documentation avec ses clefs, et alors qu'elle s'écartait, le garçon put reprendre la valise et avancer dans le couloir qui amenait aux dortoirs... Après qu'ils soient assez loin pour ne pas que la réceptionniste les entende, Étienne brisa le silence gênant qui avait fini par s'installer entre les deux camarades de chambre d'une voix légèrement tremblante.

« Je suis désolé pour ce que je t'ai dit... Je me suis mis à t'imaginer comme un objet, juste parce que je trouvais ton pouvoir utile, je voulais l'utiliser pour régler mes problèmes... C'était odieux de ma part. »

N'osant pas regarder la réaction de la jeune psychiste, le mutant continua avec une voix un peu plus calme, se trouvant moins gêné.

« Puisque nous serons dans la même chambre, je pourrai t'apprendre plusieurs choses d'ici. Je crois qu'ils ont fait ces dortoirs plus pour l'esprit de camaraderie qu'autre chose... »

Et surtout, il n'avait pas pensé qu'il puisse dormir dans la même chambre qu'une fille et espérait que cela ne lui faisait pas peur... Pour lui ça ne posait pas de problème, même s'il n'y était habitué... Après tout elle avait l'air gentille, et il se méfierait autant d'elle que de n'importe qui.
Le mutant s'obstinait à ne pas se retourner, les joues un peu rosies par la gêne et la honte... Il ne tenait pas vraiment à s'exposer ainsi, surtout que Alicia avait l'air d'être quelqu'un de très bien élevé... Et que lui se montrait comme un goujat de première catégorie...
Il se surprit à soupirer, par réflexe. Au final Étienne en avait vraiment assez de cette vie. Il ne savait pas bien agir avec les gens et ça lui retombait toujours dessus. Maintenant elle devait le prendre pour un imbécile et devait maudire cette institution de les avoir mis dans la même chambre...

À en voir la réaction d'Étienne, Alicia l'avait véritablement surpris. Après tout, ce devait être la première fois depuis longtemps qu'il se sentait aussi "léger". Son frère il y a bien longtemps avait dit à la jeune demoiselle ce qu'il ressentait lorsque son pouvoir s'activait, une sorte de vide qui le faisait se sentir plus léger. Selon lui, il s'agissait d'une véritable libération à chaque fois, une impression de pouvoir flotter avec les nuages. L'anglaise s'était souvent demandé si un jour elle aussi pourrait sentir une telle sensation, bien que ça n'arriverait sans doute jamais. On ne pouvait presque rien sur son pouvoir, si une autre personne arrivait avec le même pouvoir qu'elle, ça ne l'annulerait pas pour autant. Mais bon, qu'elle connaisse cette sensation ou pas ne changeait rien au final. Et puis, aider plus de gens n'était jamais de refus.

Ensuite, la jeune femme lui proposa de se remettre en route, ce qu'il fit presque immédiatement. En fait, cette réaction l'inquiéta vaguement. Aurait-elle fait ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas? Légèrement mal à l'aise, l'anglaise suivit Étienne silencieusement, s'assurant encore une fois de ne pas s'approcher. Ils arrivèrent finalement à la réception où une jeune femme les accueillit. Étienne mentionna qu'elle était nouvelle qu'elle désirait avoir son numéro de chambre. La dame les dévisagea, puis chercha dans ses feuilles avant de tendre une clef à Alicia. Le numéro deux y était gravé, accompagnant les explications de la femme. Elle lui remit un petit livre expliquant les mœurs et divers règlements de l'école, lui tendit un horaire et mentionna qu'elle devrait aller prendre ses livres à la bibliothèque plus tard dans la journée. Après l'avoir remerciée, les deux jeunes gens se remirent en route. Ils s'éloignaient de plus en plus de la réception lorsque la Burnside resongea aux propos de la réceptionniste. Ainsi donc, ils seraient dans la même chambre. C'était bel et bien une école particulière pour permettre des dortoirs mixtes. Toutefois, à bien y repenser, Alicia en était heureuse puisqu'elle connaitrait déjà quelqu'un.

Ce fut alors qu'Étienne la tira de ses pensées. Il s'excusa pour ce qu'il avait dit. Il mentionna également qu'il était désolé d'avoir commencé à penser d'elle comme d'un objet qu'il pourrait utiliser. Puis il marqua une courte pause, comme s'il n'osait pas regarder la réaction d'Alicia. Sans doute il avait peur qu'elle le prenne mal. En fait, ce serait sans doute ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas vu son frère souffrir autant. Alicia pouvait comprendre ce que c'était. Sans son don, son frère ne serait sans doute pas ce qu'il était maintenant. Sans doute ce n'avait pas été facile pour Étienne non plus. Et puis, s'il avait insisté sur le fait que son pouvoir à lui pouvait faire du mal, cela impliquait peut-être qu'il avait déjà blessé quelqu'un sans le désirer. Quoi qu'il en soit, elle s'empressa de répondre pour le rassurer.

- Ne t'inquiète pas, j'ai vu quelqu'un souffrir plus qu'il ne l'aurait jamais du à cause de son pouvoir. Je suppose que pour vous non plus ce n'était pas facile. Après tout, c'est la nature de l'être humain de songer à sa propre survie d'abord. On n’est pas plus mauvais parce qu'il y a certaines parties de soi que l'on souhaite faire disparaître.

Sur ce, elle tenta de lui sourire pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas. Sans trop s'en rendre compte, un vous c'était glissé dans la phrase, mais Alicia le remarqua à peine. Une banale erreur d'inattention qui de toute façon ne devrait sans doute pas être catastrophique. Par la suite, Étienne ajouta qu'il pourrait sans doute lui apprendre plusieurs choses puisqu'ils étaient dans le même dortoir. Il mentionna également que les dortoirs étaient sans doute une histoire de camaraderie plus qu'autre chose. Une manière de créer un sentiment d'appartenance à l'institution. Quoi qu'il en soit, Alicia était bien heureuse qu'ils aient eux cette idée, peut-être ça l'aiderait à s'intégrer avec plus de facilité. Toujours souriante, elle lui répondit avec son accent anglais.

- Tu ferais vraiment cela? Moi qui croyais être seule et devoir me débrouiller dans un endroit où je ne connaîtrais personne, c'est mon jour de chance on dirait. Merci infiniment.

[Pardon si c'est nul je suis un peu rouillée depuis le temps >.<]

Le garçon ne savait plus trop quoi penser, ni de lui, ni de la jeune fille. Ça ne servait à rien d'imaginer quoique ce soit. Elle ne réparerait pas ses fautes, elle ne changerait pas le passé, elle ne lui enlèverait pas de poids. Quelque part, cela le rendait triste, car il n'avait évidemment aucune solution et il n'y aurait jamais personne pour lui faire oublier tout cela.
Son pouvoir était une partie de lui, jusqu'à preuve du contraire il était né avec et il mourrait avec. Etienne devait se faire à l'idée, il aurait dû se faire à l'idée, depuis bien longtemps, mais cela ne rentrait toujours pas dans son cerveau creux. Il n'y avait personne pour lui parler avec violence, pour le remettre sur le droit chemin. Sanzo était bien trop gentil avec lui pour le bouger, pour le convaincre qu'il y avait maintenant autre chose à penser, penser à l'avenir déjà, plutôt qu'au passé, ce serait un bel effort à faire...

Etienne devait trouver quelque chose à faire, une nouvelle passion, une nouvelle façon de vivre. Il devrait se concentrer, sûrement étudier aussi, pour servir à quelque chose, c'était ce qu'Il lui avait conseillé. Il deviendrait quelqu'un, il devait le faire pour évoluer. Pour rendre la vie de son protecteur plus facile aussi, probablement...

L'adolescent devait s'excuser de l'attitude qu'il avait eu envers cette fille. Il n'était pourtant pas comme ça, il ne voulait pas être comme ça, pas comme toutes ces personnes qui profitaient des autres. Ce n'était pas vraiment lui.
Il fut soulagé de savoir que Alicia ne lui en voulait pas, pas encore du moins. Mais surtout, elle avait un discours assez triste et dur... Qui avait-elle bien pu connaître dans ces conditions ?
Dans tous les cas, elle se méprenait car il n'était pas réellement à plaindre, il avait juste perdu les personnes qui lui avaient conçu le cocon parfait, parce qu'il avait été une chenille rebelle qui n'avait pas voulu se transformer en papillon pour plaire à ses géniteurs, pour vivre une vie parfaite qui ne lui aurait apporté aucune satisfaction...

En évitant de répondre à la jeune fille, il lui expliqua qu'il pourrait la mettre au courant, sans trop y croire... Ne venait-il pas de la comparer à un objet ?
Cependant l'adolescente semblait être de bonne humeur, elle le remercia. Il se retourna, juste pour vérifier qu'elle ne se moquait pas de lui, avec son accent et sa voix agréable. Non. Alicia souriait simplement, elle avait l'air contente.

« Ce... C'est normal. »

Le garçon ne put rien articuler d'autre avant de reprendre sa marche et la parole à la fois. Il lui résuma tout, les règles de vie, ce qu'il se passait au lever, au coucher, les surveillants, les douches à prendre, le petit déjeuner, le couvre-feu, les sorties. Il omit volontairement de lui dire que lui ne sortait pas de l'école, il lui parla simplement des règles de sécurité dont il entendait toujours parler lorsqu'ils prévoyaient de sortir en groupes, ou que quelqu'un obtenait une autorisation spéciale...
Si elle se comportait bien, Alicia serait de ceux qui sortent quand ils le veulent. Son pouvoir pourrait même sûrement servir de... Non. Il avait assez joué avec ça et heureusement il n'avait que pensé ce point sans en parler. Il avait parlé à la psychiste comme si chacun pouvait sortir de l'école et se promener à Brioude quand ils le souhaitaient... C'était plus simple ainsi.

« Enfin, tu dois avoir plein d'informations sur tout ça dans tes papiers... »

La discussion faisant passer les choses plus vite, ils arrivèrent devant leur dortoir.

« Voici ta nouvelle chambre. »

Le garçon ouvrit la porte après un tour de clef et la laissa entrer devant lui, ayant au préalable posé l'énorme valise au sol. Il la reprit quelques secondes plus tard et dut faire des efforts pour la porter près du lit de la jeune fille qui était situé près de la fenêtre, séparé celui de Étienne par une armoire, le lit du garçon étant juste à côté de la porte.

Lorsqu'il lui proposa de lui apprendre ce qu'elle aurait besoin de savoir, la demoiselle en fut ravie. Bien sur, toutes ces informations étaient sans doute écrites dans les papiers que la réceptionniste lui avait donné, mais ce n'était pas la même chose que lorsqu'on vous l'explique. D'un autre côté, ça ne l'enchantait pas puisqu'elle en viendrait à dépendre de quelqu'un d'autre. Ayant été habituée à aspirer à la perfection, il s'agissait d'une faiblesse impardonnable, mais qu'elle voulait bien se permettre si cela lui permettait d'avoir une première connaissance à Dellane. En fait, elle ne pouvait tout simplement pas utiliser le terme ami, mot qu'elle n'avait jamais vraiment utilisé pour qui que ce soit d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, sa situation n'était pas aussi mauvaise qu'elle l'avait d'abord imaginée avant de franchir le portail de l'établissement.

Lorsqu'elle le remercia pour son offre, Étienne sembla d'abord incertain. Il la regarda même pour vérifier si elle semblait penser ce qu'elle venait de dire. Voyant son sourire, il prétexta que c'était normal. On pouvait sentir l'inconfort dans sa voix, notamment lorsqu'il balbutia. Sans doute s'en voulait-il d'avoir pensé d'elle comme d'un objet que l'on pouvait utiliser. Après tout, même pour Alicia, il aurait été choquant de songer à utiliser un individu à des fins personnelles, mais ce cas-ci était différent. Si le pouvoir de l'anglaise pouvait soulager d'autres personnes, alors elle le ferait avec grand plaisir. Au fond, Alicia était comme de l'alcool. On en prenait le soir jusqu'à oublier ses soucis et arriver à s'endormir tranquille pour simplement se réveiller le lendemain et se rendre compte que notre situation est inchangée, voire pire. Suffisait simplement de doser avec assez de modération.

Il commença alors à lui expliquer les rudiments de la vie à l'école. Les règles de vies, ces dernières paraissant presque souples pour la jeune demoiselle. Il mentionna le couvre feu, les douches, le court d'une journée normale. Il parla également des sorties autorisées en villes, là où vivaient des gens normaux. Ce n'était surement pas Alicia qui trahirait leur secret, cette dernière étant totalement inoffensive lorsqu'elle était toute seule. En bref, il lui énuméra toutes les connaissances de bases pour réussir à s'intégrer sans faire de bêtises dans l'établissement. Il termina en mentionnant que de toute façon, le tout devait sans doute être écrit dans ses papiers.

Les deux jeunes gens arrivèrent alors devant la porte de la chambre numéro deux. Étienne déverrouilla la porte avant de la laisser pénétrer dans la chambre. Il y avait plusieurs lits ainsi que de grandes armoires où ils pouvaient ranger leurs vêtements ainsi qu'autres effets personnels. Alicia apprit que son lit était situé sur le rebord de la fenêtre, chose qui la rendit tout de suite heureuse. La jeune femme avait toujours eue des difficultés à trouver le sommeil, ce qui la poussait souvent à rêvasser en regardant par la fenêtre jusqu'à tard dans la nuit. Voilà une chose qui ne changerait pas. Alicia saisit sa valise et la souleva de toute la force de ses petits bras pour la déposer sur son lit avec toute sa nouvelle documentation. Son regard bleu pâle regarda un instant par la fenêtre, histoire de s’habituer à son nouveau paysage. Sur ce, elle se retourna vers Étienne avant de parler de sa douce voix à l'accent anglais.

- Merci beaucoup pour ton aide. Je suis désolé de t’avoir importuné. Je crains malheureusement devoir te demander ton aide une nouvelle fois, crois-tu qu'il serait possible de me faire visiter sommairement les lieux? Ou simplement m'indiquer où se trouve quoi verbalement, tu as sans doute autres choses à faire que de t'occuper d'une nouvelle. Dans le pire des cas, je pourrai toujours demander un plan détaillé à la réception, simplement je trouve qu'un plan est moins sympathique si tu vois ce que je veux dire.

Étienne n'avait aucun intérêt à se montrer désagréable envers elle, cela ne lui apporterait rien de se mettre en mauvaise posture dès le premier jour, surtout que cette jeune fille était une de ses camarades de chambre, il la verrait sûrement tous les jours. Et puis, elle ne le méritait de toute façon sûrement pas, elle était honnête avec lui, elle lui avait appris son pouvoir et lui avait pardonné sa façon d'agir. Heureusement pour lui il était tombé sur une jeune fille compréhensive. Du moins il espérait que ce n'était pas un jeu. Le garçon avait tendance à être franc et honnête avec n'importe qui. Il avait un peu évolué pour ça, il savait se montrer méfiant mais dévoilait plus facilement certaines facettes de sa personnalité, sans pour autant révéler des informations plus importantes bien sûr.
Le garçon était content de se sentir bien avec quelqu'un qui allait partager son dortoir et quelque part, s'il prenait les choses d'une façon égoïste, ce qui était une habitude pour le jeune télékinésiste, elle lui permettrait d'éviter des crises de pouvoir dans la chambre.
Il resta un peu en arrière pendant que la jeune fille se faisait à sa nouvelle chambre. Elle prit sa valise pour la mettre sur son lit. Étienne ne voulait pas l'embêter alors qu'elle organisait ses affaires, alors il s'assit sur son lit quelques secondes.

De nombreuses choses lui manquaient ici, mais quelque part il ne s'en sentait que mieux. Parfois être confronté à certaines épreuves étaient une meilleure chose qu'un trop grand confort.
Le garçon ne voulait pas retourner à sa vie d'avant mais ne voulait pas non plus rester trop longtemps dans ce même endroit. Il souffrirait bien trop de devoir cacher sans cesse son amour pour Sanzo.
L'adolescent regarda la jeune fille et se releva quand elle se tourna vers lui pour lui parler.

« Ne t'en fais pas, je veux bien t'accompagner. »

Sa phrase concise et efficace avait mis fin au monologue d'Alicia. Peut-être était-ce un peu abrupt, mais ce n'était pas important. Il sourit à la jeune fille pour lui montrer que tout allait bien.
Attendant qu'elle ait fait ce qu'elle avait à faire avant de sortir, le garçon réfléchit à ce qu'il allait lui montrer en premier. Il se mit à marcher sans but dans la pièce, puis se dirigea vers la sortie, mauvais calcul ou manque d'attention, son pied droit heurta directement le pied de son lit.
Un beau juron américain sortit de sa bouche sur laquelle il ne tarda pas à joindre ses deux mains. C'est dire qu'il n'était pas vraiment habitué à prononcer ce genre de paroles, encore moins devant quelqu'un qu'il ne connait pas, encore moins devant une fille.
Le garçon rougit et essaya de ne pas trop regarder Alicia tout en bougeant un peu son pied. Au final la douleur n'était pas forte, son pied étant protégé par sa basket, mais tout de même, ça lui avait fait sacrément mal sur le coup...
Maintenant qu'il n'avait plus rien, seulement le rouge aux joues il regarda son interlocutrice, confus.

« Pardon, ça m'a échappé. »

Il avait repéré son accent britannique et ses manières, Alicia devait être une fille de bonne famille, sérieuse et polie, du genre à ne pas apprécier ce genre de décalage probablement...
Honteux, Étienne sortit de la chambre en levant les yeux au ciel. Lui qui avait pourtant pensé pouvoir faire bonne impression ne devait plus paraître aussi bien.
Une fois la jeune fille sortit elle aussi, il désigna un endroit se trouvant à une cinquantaine de mètres devant eux.

« Les sanitaires sont là-bas, ils sont séparés pour les garçons et les filles. Il y a aussi des panières à linge. Je te conseille de faire mettre tes vêtements à ton nom pour qu'ils te soient restitués plus facilement. »

Le garçon faisait passer sa gêne dans ses paroles, parlant plus vite qu'à l'accoutumée. Il concentra son esprit sur ce qu'il devait dire et faire. Il ferma la porte derrière eux et la verrouilla.

« Je t'amène dans le couloir principal, c'était après la réception, il y a les salles de cours, des bureaux et l'infirmerie. »

Sur ces paroles l'adolescent s'engagea dans l'escalier, regardant en arrière pour être sûr qu'elle le suivait bien.

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