Une drôle de nouvelle [Pv ATN]

[Ce rp se déroule avant le début des cours. Merci de ne faire intervenir personne sans m'en parler.]

C'était une journée banale pour Sheitan. Enfin, pas si banale que cela si on considérait que bientôt arriveraient les cours, le flot d'élèves incessant, le bruit, les responsabilités, le travail en quantité surhumaine. En fait c'était une des dernières journées calmes pour le jeune homme, nommé sous-directeur il y a peu de temps, il aurait sûrement de nouvelles taches à accomplir, et ce n'était pas pour lui déplaire.
Pendant ce temps, il s'ennuyait profondément à son bureau... Alors que les journées raccourcissaient, la température ne semblait pas vouloir baisser pour le moment. Et Sheitan n'affectionnait pas particulièrement la chaleur, surtout lorsqu'elle était là pour le faire suer du matin jusqu'au soir. Heureusement qu'il disposait de fenêtres, sinon il aurait sûrement écrit une longue lettre de doléances au directeur pour avoir ne serait-ce qu'un ventilateur dans son bureau...

Rien, il n'avait strictement rien à faire sinon attendre. Ses cours étaient prêts depuis un bon moment et l'idée de les relire une vingtième fois lui donnait envie de vomir.
Pourquoi il ne se passait rien ? Même pas un bras cassé, ou une brûlure, même pas un mal de tête... Personne ne venait le voir. C'était déprimant. Non pas que Sheitan était réellement déprimé, mais ce rôle de docteur l'ennuyait à présent.
Il fixa chacun de ses bipers pendant un moment, espérant que cela les déclenche mais rien n'y fit. Il ne se passait tout simplement rien. Alors le docteur finit par se lever et décida de faire un peu de rangement... Bien qu'il n'y ait rien à ranger. Tout était parfaitement ordonné depuis qu'il avait changé l'agencement de la pièce principale : quelques lits y étaient disposés pour les patients souffrants en surveillance, tous munis de draps pour les cacher, il y avait aussi un espace pharmacie, caché par un autre drap, lui permettant d'entreposer des choses qui ne devait pas être nécessairement vues par les élèves. Il avait une pièce de quarantaine munie d'un lit et d'une pharmacie plus modeste. L'inventaire avait été fait, son cahier de passage était mis à jour.
Alors le jeune sous-directeur alla s'asseoir à nouveau à son bureau et se décida de lire. Cela ferait passer le temps et le livre choisi était des plus intéressants et était intitulé Le mythe de Sisyphe. Au final il avait l'impression que sa propre personne se rapprochait de lui, il ne vivait après tout que dans un éternel recommencement et cela l'ennuyait profondément.
Après qu'une heure passe ainsi, alors que le jeune homme était plongé dans son bouquin, quelqu'un entra dans la salle d'attente. Un signal sonna dans la grande pièce et Sheitan prit le temps d'émerger de son presque coma avant de noter mentalement la page et de ranger son livre dans un tiroir de son bureau.
Il prit une courte inspiration, souhaitant presque recevoir la personne la plus blessée au monde afin d'avoir de quoi s'occuper durant sa dernière heure, mais c'était un visiteur bien incongru qui leva la tête lorsque la porte s'ouvrit.

Étienne était là, dans cette salle d'attente stérile. Il semblait l'attendre, il avait toujours cet air sérieux qui le caractérisait quand il se trouvait en face de lui. Sheitan eut un petit rictus et se dégagea de la porte pour laisser son patient entrer, observant chacun de ses gestes. Seulement le gamin ne faisait rien de particulier. Il s'assit tout bonnement en face de son bureau, attendant vraisemblablement que le docteur le suive, ce qu'il fit. Le docteur attendit un instant que le jeune parle mais comme cela ne fut pas le cas, il prit lui-même la parole :

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as des informations à me donner ou tu t'es fait une entorse au petit doigt ? Ah non... Je sais. Tu es sûrement venu m'attaquer avec un couteau à beurre, tu as raison ce sera peut-être plus efficace qu'un gobelet en plastique. »

Le docteur sourit et attendit que la mouche pique le gamin, qui resta quasiment stoïque, sauf pour ses poings qui se serraient doucement.

« J'arrête. »

Il avait bien articulé, avait parlé très clairement et son ton était sec. Sheitan sourit, se demandant ce qu'il trottait dans la tête du jeune télékinésiste.

Le garçon sortait d'une heure de colle et aurait été incapable de dire combien d'heures il avait fait cette semaine. C'était ridicule, il était ridicule. Sheitan avait gagné, mais l'adolescent était résolu. Puisqu'il avait perdu une partie de sa vie, il devait s'armer. Il ne pourrait plus être un simple objet, sinon il avait perdu sa bataille d'avance. En fait, Etienne était mort de peur, il avait beau se concentrer sur ce qu'il dirait ou imaginer les réponses du docteur, il n'arrivait pas à se rassurer. Il était incapable de savoir ce que cette personne voulait de lui. Le peu d'informations qu'il lui avait donné étaient en grande partie fausses, comment avait-il pu ne pas s'en apercevoir ? Ce petit jeu avait pourtant duré une bonne partie de l'été et Etienne avait été à peu près tranquille. Mais là ce n'était pas pareil, que se passerait-il quand il défierait son autorité ? Il avait promis de faire ce qu'il lui disait parce qu'il le menaçait de faire du mal à Sanzo, mais qu'en était-il vraiment ? À force de réfléchir et de marcher, le télékinésiste se trouvait déjà devant l'infirmerie. Le jeune mutant observa la porte, les horaires des permanences du docteur étaient affichées, il devait être là, s'il n'avait pas été appelé ailleurs entre temps... Il ne savait pas quoi espérer, s'il était là il pourrait tout régler, sinon il ne ferait que repousser un peu cet instant. Il prit une grande inspiration, mais resta bloqué. Il hésitait toujours, Sheitan avait un don pour toujours tourner la situation à son intérêt. Alors qu'est-ce que cela allait donner cette fois-ci ? Le garçon avait eu encore plus de restrictions qu'avant, et tout le monde pensait que c'était justifié. Après tout c'était lui qui avait mal agi et devant tout le monde en plus... S'il avait juste le pouvoir de revenir en arrière... Non évidemment. Trop tard, pour ça et pour bien d'autres choses. Il devait devenir responsable et assumer ses actes. Le garçon actionna la poignée et entra dans la salle d'attente. Il s'assit sur la première chaise qu'il vit et attendit. Ce ne fut pas long. Le jeune professeur ouvrit la porte. Sans un mot, le garçon se leva et franchit la porte. Sans plus réfléchir il alla s'asseoir directement en face du bureau, le docteur le rejoint après avoir fermé la porte. Evidemment, il l'attaqua, mais Etienne essaya de rester calme, il leva la tête pour regarder son interlocuteur dans les yeux. Pour que sa phrase soit la plus claire possible, pour que tout soit alors dit et qu'il puisse ensuite s'en aller. Si sa voix n'avait pas tremblé, ses entrailles le faisaient, son regard était plongé dans celui de son ennemi, quand celui-ci prit la parole :

« Il t'en aura fallu du temps... »

L'adolescent resta interdit quelques secondes, avant que l'adulte ne reprenne.

« Eh bien quoi ? Tu es vraiment imbu de toi-même jeune Ellardice. Tu pensais me servir à quelque chose ? Tu pensais que j'avais besoin de toi pour trouver des informations sur tes imbéciles de camarades ? »

Etienne baissa la tête, tentant de réaliser. Chaque fois qu'il devait subir ces interrogatoires sous fond de psychanalyse, c'était pour rien ? Juste pour le plaisir de cet être ? Non... Il devait y avoir une autre raison...

« Pourquoi avoir continué ? Si je ne vous apportais rien, pourquoi m'avoir donné ces rendez-vous, ces missions ? »

Le jeune homme éclata d'un rire sonore qui blessa profondément l'adolescent. Pourtant il devait tenir. Il garda son air sévère et ses poings se serrèrent encore un peu plus... Décidément il ne comprenait pas pourquoi il jouait avec lui sans cesse...
Sheitan se pencha en avant, peut-être pour le déstabiliser un peu... Etienne ne broncha pas et le fixa, l'adulte venait de croiser ses mains sous son menton, coudes sur le bureau.

« C'est tellement amusant... Tu ne peux pas l'apprécier évidemment mais c'est vraiment divertissant. Tu ne peux pas l'imaginer...
Tu es peureux. Je voulais jusqu'où tu pouvais aller pour le protéger, maintenant je le sais. »

Etienne, pris au piège, s'enfonça dans son siège. Le garçon s'était donc fait avoir, depuis le début. Encore une fois il avait mal joué. Tant pis, il devait jouer le tout pour le tout. Déjà, il devait jouer, lui aussi. Du moins essayer, quitte à être encore plus ridicule, de toute façon, il n'avait plus de réputation à ternir.

« Je ne vois pas le rapport, je me suis défendu, je n'ai rien fait pour lui. Mais vous, vous êtes devenu sous-directeur. Alors vous avez ce que vous vouliez non ? »

« Tu n'as pas compris. Mon souhait est que Sanzo Kichigai disparaisse dans la douleur. Me servir de toi était un amusement supplémentaire, mais tu sais, je ne pense pas qu'il tienne assez à toi pour que tu me sois utile pour cette mission. »

Sheitan semblait vraiment s'amuser, ce qui était vraiment pénible... Le télékinésiste se crispa un peu plus. Il ne tenait pas assez à lui ? Et pourtant il avait déjà sacrifié de nombreuses choses pour lui. Le garçon s'efforça de ne pas faire attention à tout cela, et sourit avec un air vindicatif.

« Vous ne l'aurez jamais. Vous venez de le reconnaître, je ne suis en aucun cas un point faible pour lui. Vous ne pourrez jamais gagner. Vous serez forcé d'abandonner et de partir. Vous êtes faible. »

Le mot de trop. Etienne s'en était rendu compte lorsque le jeune homme s'était mis à rire tout en se levant. Evidemment le garçon avait fait de même et, effrayé s'était approché de la porte. Mais une fois encore, Sheitan fut le plus rapide. Il lui jeta une de ses lianes venue de nulle part. Le garçon esquiva et se jeta sur l'homme qui répliqua trop bien, finalement la tête de l'adolescent heurta le bureau de son agresseur en tombant : l'inconscience le gagna.

Et dans son songe orangé, tout semblait beau et accueillant, chaud sans être brûlant. Rien à voir avec cette pièce froide, où une ombre opérait et que son sang parcourait un tube pour rejoindre une poche de plastique sur laquelle son nom et ses caractéristiques étaient notés.

C'était tellement simple d'avoir ce garçon que Sheitan en était parfois surpris. Il n'avait qu'à le provoquer jusqu'à ce qu'il réagisse et même s'il ne répondait pas directement, le jeune homme savait que cela le faisait réfléchir. Étienne était d'un naturel timide et anxieux, il n'échapperait pas à la souffrance, le professeur avait décidé de jouer avec lui, il n'avait aucune raison de s'arrêter en si bon chemin.
Seulement, le fait de savoir que le garçon comptait arrêter de le servir l'avait un peu étonné. Il avait dû se passer quelque chose dans l'esprit de ce jeune mutant pour qu'il change si radicalement de comportement. Il avait accepté de souffrir si Sanzo n'était pas touché, il avait accepté de rechercher des informations sur ses camarades pour ne pas que Sheitan le mette dans des mauvaises situations. Cependant maintenant il désirait tout arrêter... Pensait-il réellement que Sanzo ne réagirait pas en le voyant dans un piteux état ?
Apparemment il avait au moins un peu muri, mais cela ne suffirait pas. Il se pensait toujours fort alors qu'il n'était rien. Se battre était inutile, il était inutile, même pas un simple point dans sa partie d'échecs. Pourtant il répondait avec véhémence, comme s'il pensait être plus fort que lui.
Le jeune homme s'amusait vraiment avec lui, mais il était maintenant temps que la plaisanterie cesse, alors quand le garçon lui expliqua qu'il était faible, il éclata de rire tout en se levant. Une dernière punition serait infligée au jeune Ellardice.
Celui-ci avait compris qu'il aurait mieux fait de tourner sa langue dans sa bouche avant de prononcer cette phrase, mais c'était trop tard.
Sheitan saisit un stylo qu'il serra dans son poing avant de le lancer avec force vers l'adolescent, il réussit à esquiver et se crut capable de lutter contre lui. Le professeur lui ficha un coup de poing mais l'effet fut plus brutal que celui escompté, le jeune mutant tomba et sa tête se cogna contre le bureau. Étienne s'étala sur le sol de tout son long sur le sol froid de l'infirmerie.
Le docteur dût agit vite en voyant que son souffre-douleur était maintenant inconscient. Il vérifia son pouls, puis s'il respirait toujours. Après plusieurs analyses il vit que le coup n'était pas important. Il en profita alors, il prit le jeune élève dans ses bras et franchit la pièce jusqu'à arriver dans la pièce destinée au personnes contagieuses.
Il le déposa sur le lit et commença son opération. Il l'anesthésia afin qu'il demeure calme.
Il lui découpa alors un morceau de peau à l'aide de son scalpel, qu'il plaça dans un bocal qu'il referma aussitôt, puis lui ouvrit la bouche pour extraire son ADN de ses joues. La dernière chose à faire était de lui prélever du sang. Assez pour les analyses que Delilah ferait.
Il sortit un attirail complet du parfait infirmier prêt à prélever le sang d'un jeune garçon inconscient, souriant presque, le docteur piqua l'adolescent entre le bras et l'avant-bras et serra son poing afin que le sang s'écoule mieux. Quelques minutes plus tard, le tour était joué.
Sheitan nota le nom du garçon en initiales, les associant à un numéro, il nota aussi son pouvoir, son âge et sa taille.
Puisque le garçon ne voulait plus le servir, il serait utile une dernière fois, sans le savoir. Sheitan décida de laisser quelques souvenirs au garçon. Il lui entailla la peau comme la première fois, refermant les entailles avec une dextérité hors-norme, sachant que sa peau resterait douloureuse un moment. Il pouvait maintenant garder le sourire sans problème, il avait réussi sa mission.
Il réveilla le garçon à grands coups de claques, celui-ci ne se réveillant qu'une fois ses joues plus rouges que des tomates.

« Celui qui est trop endormi doit prendre garde à la fourmi. »

L'air hébété du garçon lui fit sourire une nouvelle fois. Il était heureux de savoir qu'il souffrait, qu'il souffrirait encore, simplement parce qu'il avait fait les mauvais choix, parce qu'il était là au mauvais moment au mauvais endroit. Tout comme Sheitan était né dans la mauvaise famille et qu'il l'avait payé toute sa vie.
Le gamin essaya de se lever, il ne put faire que quelques pas avant de tomber, ses forces l'avaient quitté, comme son sang plusieurs minutes plus tôt. Dans son regard le docteur pouvait lire la peur, il éclata de rire et souleva le gamin pour l'aider à marcher, même s'il essayait de se débattre, il ne pouvait pas rivaliser.

« Tu n'as plus de force, tu vas rester ici pour la nuit que tu le veuilles ou non. Si tu résistes je t'injecte une maladie et tu seras bien obligé de rester en ma compagnie, compris ? »

Le garçon hocha la tête et se laissa traîner jusqu'au lit où il s'endormit. Sheitan le laissa tranquille pour la nuit, montant à sa chambre quand l'heure sonna.


Oui, le réveil avait été dur. Le garçon ouvrit les yeux et se trouva nez à nez avec le docteur. Ses joues le brûlaient et son bras lui faisait mal comme s'il avait une courbature. Il ne comprit pas les paroles de Sheitan et ouvrit les yeux en recevant une nouvelle claque et essayant de se défendre. Puis commençant à réaliser où il était et la menace qui planait au dessus de sa tête, il se laissa tomber en dehors du lit et commença à marcher. Une grande fatigue le prit et il s'écroula à terre, mais de peur il continua à essayer d'avancer, rampant comme il le pouvait, entendant le rire du docteur.
Étienne avait envie de crier, d'appeler à l'aide, il voulait que Sanzo vienne l'aider, mais déjà Sheitan était en train de le relever, l'adolescent se débattit encore, mais rien n'y fit, les paroles du docteur parvinrent à ses oreilles et il n'eut pas d'autre choix que d'acquiescer et de marcher avec son aide jusqu'au lit.
Le jeune mutant était tellement fatigué qu'il s'endormit quelques minutes plus tard.

Il se réveilla vers 5h du matin et se leva en sursaut. Il mit quelques secondes à réaliser, il s'était endormit dans l'infirmerie et s'y trouvait encore au milieu de la nuit... Il soupira et posa sa main sur son front... Il avait un mal de tête terrible et sa tête tournait... Quand il fut enfin réveillé il regarda autour de lui, il y avait un chausson aux pommes posé sur une table avec un verre de jus de fruit et un mot que le garçon lut avec attention :

Tu ferais mieux de manger avant de regagner ton dortoir, sinon tu vas t'écrouler dans les escaliers.

Évidemment, il devait avoir raison car le garçon se trouvait toujours aussi faible. Il s'assit en face de la petite table et mangea lentement. Après une pause et après avoir avalé sa viennoiserie, il quitta l'infirmerie qui était restée ouverte et monta à son dortoir lentement où il se coucha immédiatement.
Il ne mit pas longtemps à trouver le sommeil, et se réveilla le lendemain comme s'il avait vécu un rêve.