Une nouvelle arrivée ? [Pv : Alice]

Ce jour-là, le ciel gris et orageux dû au changement brusque de température et annonçant la fin de l'été, ne semblait pas réellement être un bon jour pour Sheitan. En fait, cela faisait plusieurs jours que son anxiété augmentait, il avait fait intégrer un élève à Delilah, et avait toujours les autres dans sa poche à Dellane. Cependant, il ne voyait pas réellement ce qu'il pouvait faire de plus à cet instant précis, et son père semblait lui en vouloir d'être passif. Et comme ces reproches lui rappelaient son enfance, il décidait d'en faire encore moins qu'il devrait.
Le docteur avait la désagréable impression de changer, il ne devrait pas, il le savait. Mais cela semblait inéluctable et il n'avait pas envie de se battre contre son destin.

On pouvait remarquer que le jour ne s'était pas levé depuis longtemps sur l'institution Dellane, simplement en se rendant compte du calme qui y régnait. Pas un mot plus haut que l'autre, les élèves comme les professeurs sortaient du lit et n'avaient pas encore totalement émerge de leur sommeil. Sheitan ne faisait cependant pas partie de cette catégorie aujourd'hui. Il était plutôt nerveux et le fait qu'il n'ait rien à faire, ni cours à dispenser, ni patients à s'occuper, n'arrangeait pas son cas. Il suivit un troupeau de « zombies » jusqu'au self, peut-être qu'un incident s'y déroulerait avec un peu de chance. Oui, car en plus l'amical docteur était avant tout une personne avec des penchants plutôt sadiques, aimant voir souffrir les autres, surtout lorsque c'était sous la lame de son doux scalpel.
Malheureusement jusqu'ici il ne s'était trouvé qu'une victime répondant au nom de Étienne Ellardice et ne pouvait pas s'en servir autant qu'il le souhaitait, pour ne pas que cela devienne douteux.

Assis à une table réservée aux professeurs et aux membres du personnel, le jeune et brillant professeur passa toute sa nervosité dans la nourriture. Ses collègues accueillirent ce grand appétit avec sympathie, il était tout de même assez pratique d'être populaire, car la plupart vos actions étaient considérées comme bonne, même certaines pourtant incongrues...

Une fois rassasié et les conversations avec ses confrères stoppées, le professeur quitta le self comme il y était entré : seul.
Arpentant silencieusement les couloirs, Sheitan passa par son infirmerie pour vérifier que la disposition avait bel et bien été changée selon ses directives, il avait demandé un ré-aménagement de sa pièce de consultation, étant trop en désordre pour lui. C'est avec exaspération qu'il put remarquer que le travail n'avait pas été fait, ils avaient livré la nouvelle armoire qu'il avait demandé mais n'avaient pas remplacé l'autre. Imbéciles. Le jeune homme resta adossé à la porte, posant sa main droite sur son front en soupirant. Pourquoi fallait-il qu'il soit toujours entouré d'incapables ?
Le docteur entra dans son bureau et saisit le téléphone.
En quelques minutes le problème fut réglé, ils repasseraient dans l'après-midi et suivraient ENFIN son plan. Le jeune homme avait été prévenu par une jeune femme de l'administration, cette entreprise était discrète mais aussi peu compétente... Comme quoi tout avait un prix.

Manquant d'air après cette pénible discussion, pour faire comprendre à ces demeurés que s'il y avait un plan à suivre c'était pour le suivre, le professeur décida d'aller se promener quelques instants.
Il se saisit de son bippeur, qu'il régla pour recevoir des messages si jamais quelqu'un entrait dans sa pièce, puis il sortit de l'institution.
Évidemment, il n'y avait pas un chat à l'extérieur. Les quelques élèves ne participant pas aux diverses activités proposées préféraient dormir plus longtemps.
Les pas du docteur le menaient vers la sortie de l'école, il se souvint alors de ce moment où il réussit à convaincre son protégé, le jeune Zack Lacroix, à rejoindre l'institution Delilah. Cela avait été si simple... Mais cela ne lui plaisait plus tellement, il avait l'impression de perdre son temps en donnant ainsi des élèves à son père. Peut-être pourrait-il lui même s'en occuper... Il faudrait seulement que son père accepte de lui laisser ce garçon... Après tout s'il restait à Delilah, les résultats profiteraient à l'organisation, non ?

Ses pensées furent interrompues par une jeune fille qui le saluait avec respect. Il lui adressa un sourire amicale et elle lui demanda alors de lui indiquer la salle où il y avait l'atelier de jonglerie. Intérieurement, Sheitan soupira, n'avait-elle pas mieux à faire que de s'amuser ? Son visage montra pourtant une mine sympathique et lui expliqua qu'elle s'était trompée de chemin, que cette activité était dispensée au gymnase et qu'elle ferait mieux de se dépêcher afin de ne pas en rater le début.
La jeune fille partie en courant après l'avoir remercié.

C'était toujours comme cela, il faisait semblant. Il finirait sûrement par avoir un ulcère avant sa trentaine, mais ce qui importait plus était de garder confiance en lui. Le jeune homme ne devait pas se trahir sinon il trahirait ses projets.

Le jeune homme consulta l'heure sur sa montre avant de relever la tête, il avait marché tout droit depuis le hall d'entrée et se trouvait presque à hauteur des grilles. C'est là qu'il la vit. Un jeune fille semblant perdue et à la fois attirée par le grand bâtiment que constituait l'institution. Sheitan fit le tour afin de pouvoir l'observer de côté, sans que celle-ci puisse le voir.
Ne la voyant pas bouger, il alla finalement vers elle, naturellement, le visage éclairci par un sourire attaché à ses lèvres, la démarche souple, confiante et aristocratique, le dos droit, un air général dégageant élégance, sympathie et sérieux.

« Bonjour jeune demoiselle, seriez-vous une nouvelle élève de notre institution ? Je me présente, je suis Sheitan Belial,professeur de français ainsi que docteur. »

Il prit le temps d'observer la jeune fille, de l'autre côté de la barrière, elle semblait plutôt intriguée et à la fois était elle-même intrigante. Cheveux noirs, vêtements que l'on aurait pu souhaiter d'une couleur plus gaie pour une fille de son âge... Mais pour autant les yeux qui observaient à présent le professeur étaient d'une couleur si pure que l'on voudrait ne rien avoir à reprocher à cette gamine venue de nulle part et semblant quelque peu fatiguée.

Ce n'était pas la première fois que le jeune professeur devait accueillir un nouvel élève. Enfin, "devait"... C'était plus une plaisanterie qu'autre chose, sachant ce que son protégé était devenu... Ou plutôt sachant ce qu'il allait devenir si tout se passait bien. Car Sheitan avait besoin de main d'œuvre, et surtout c'était un bon moyen d'être surveillé. Surveillé. Le jeune homme se demandait souvent s'il ne l'était pas déjà. Après tout installer des caméras serait un jeu d'enfant pour une organisation comme Delilah, ils devaient bien avoir des espions dans leur rang... Et cela est plutôt facile à imaginer, quand on pense que même Sheitan Belial, fils du souverain de cette organisation, n'est même pas au courant de tous les agissements de Delilah...

C'était sûrement ce qui le séparait de tout cela. Ce qui faisait qu'il n'enverrait pas cette jeune fille voir son père, qu'il ne lui promettrait pas une éducation bien meilleure qu'à Dellane, qu'il ne l'utiliserait pas pour tromper les élèves et ses collègues. Il n'obéirait plus si facilement à un roi ne descendant de son trône uniquement pour l'humilier. Cette époque était révolue et Sheitan agirait maintenant à sa façon, il choisirait son équipe, sa propre armée, pour que Dellane perde et qu'il détrône son père en prenant les reines de Delilah.

Et le jeune docteur souriait en observant la jeune fille apeurée lui expliquer sa situation, elle bégayait comme une enfant, loin de chez elle et pourtant son regard affichait une détermination sans faille et son corps crispé indiquait qu'elle ne partirait pas avant d'avoir les réponses à ses questions, qui probablement fourmillaient par centaines dans son esprit.
Il essayait de comprendre comment elle avait su, ce qu'elle imaginer trouver ici, ce qui était son but. Était-elle vraiment une mutante ou simplement une gamine perdue cherchant un nouveau foyer ? Peut-être était-elle les deux, mais la première hypothèse devait dans tous les cas être vérifiée au plus vite. Seulement, le jeune homme ne devait pas se compromettre. Il venait de dire qu'il était docteur et professeur et cela n'avait pas semblé étonner Alice, puisqu'elle s'était empressée de parler de l'institution comme étant son salut. Alors déjà, elle ne confondait pas avec une sorte de manoir privé, mais elle pouvait avoir entendu des rumeurs à Brioude, comme celles qu'il avait lui-même écouté le sourire aux lèvres avant de débarquer ici...
Bien, il ne devait pas la laisser dans l'attente, mais ne pas lui donner non plus de faux espoirs, s'il s'avérait qu'elle n'était qu'un simple humaine qu'il allait devoir renvoyer chez elle... C'était par ailleurs un étrange sentiment que de se sentir ainsi concerné... Dellane semblait vraiment le rendre malade.

« Sais-tu seulement ce qu'est cette institution ? Peux-tu me dire exactement pourquoi es-tu ici et ce qui t'a fait venir ? »

Le jeune homme plongea ses yeux dans ceux de la jeune fille afin de comprendre... Mais il ne pouvait pas se tromper, il sentait qu'elle était bien une mutante, car elle avait un regard qui ne trompait pas. Ce regard que presque tous les mutants détenaient, ce regard qui montrait la différence, l'incompréhension, l'espoir et parfois même la haine. Car être mutant engendrait souvent la perte et la souffrance et que peu de personnes de leurs races parvenaient à échapper à ces fléaux.

Le docteur détacha ses prunelles de celles d'Alice avec un sourire et se dirigea vers la grille qu'il ouvrit, faisant signe à la jeune fille d'entrer et de le suivre.

« Tu peux entrer, tu peux visiter cet endroit avec moi si cela peut te faire plaisir, mais tu devras me dévoiler ton plus lourd secret, celui qui t'as amené ici et qui fait de toi ce que tu es, car tu ne devras jamais oublier qu'il fait partie de toi, qu'il est toi. »

Le professeur se comportait soudainement comme un passionné, désireux d'entendre l'histoire de cette jeune mutante en qui il pensait pouvoir avoir confiance, car elle n'était pas comme lui, car elle semblait agir pour sa propre vie, par ses propres moyens, parce qu'elle n'avait rien d'un pantin comme lui l'était consciemment.

« Tu n'auras rien à perdre mais tout à gagner. Je te dévoilerai mon propre secret si tu le souhaites ensuite. »

Ce serait un bel échange, car si Sheitan n'aimait pas spécialement la race humaine, il était souvent très satisfait lorsqu'un mutant se mettait en action, lorsque de son plein gré et sûrement pour la première fois, il trouvait quelqu'un pour non pas le considérer comme un monstre mais pour apprécier son don à sa juste valeur. Et il est bien connu que la flatterie amène à se dépasser, alors les démonstrations se montraient bien souvent à la hauteur des espérances que le jeune homme pourrait avoir en demandant à un jeune mutant de lui montrer son pouvoir.
Et, alors qu'il pariait intérieurement sur la nature du don de son interlocutrice, celle-ci prit la parole pour tout lui expliquer.

Cette jeune fille avait des paroles semblables à chaque mutant qui se présentait à lui. Il y avait souvent eu, à la source, du rejet, parfois de l'échec, et toujours des questions. Des multitudes de questions qui se multipliaient dans les esprits juvéniles de ces personnes dotées d'un don particulier, qui venaient à se considérer comme des monstres, trop différents des humains notables, trop dangereux pour se mêler à eux.
Ainsi Alice vivait chez sa grand-mère, au final il y avait peut-être une sorte de destin qui l'avait mené jusqu'ici. Sheitan pensait parfois, lors de ses longues divagations, que tous les mutants, ou plutôt chaque mutant était lié aux autres par un fil invisible qu'il s'autorisait à appeler destin, même si cela ne correspondait pas à sa pensée exacte qui était un peu plus complexe à définir.
Et c'était en partie ce genre de pensée qui faisait que le jeune docteur considérait chaque mutant, même avec un don mineur, comme un être supérieur, le jugeant toujours, au premier abord, comme étant à son niveau. Ni plus ni moins.

L'adolescente qui bafouillait des explications floues n'était donc pas vu comme stupide. C'était une mutante perdue, chose normale lorsqu'on est habitué à un foyer douillet et qu'on se retrouve face à un inconnu qui détient la clef de la porte salvatrice.
Mais, soyons franc, Sheitan n'en avait que faire de savoir qui elle était. Ce qui l'intéressait bien plus était la réponse aux pourquoi et comment qui circulaient dans son esprit.
Et il fut rapidement soulagé de ces questions, lorsque la jeune brune lui expliqua la nature de son don.
C'était le moment qu'il attendait et il nota mentalement tout ce que Alice lui révélait. Elle bénéficiait donc d'une ouïe surdéveloppée. Pouvoir très utile et intéressant, par ailleurs il devait avouer ne pas comprendre pourquoi elle était réticente à l'utiliser, les migraines étaient une bonne excuse... Mais après tout... Espionner les gens... Les personnes qu'on aime pour savoir tout sur eux, les moindres détails, pouvoir ensuite se venger ou aimer encore plus. N'était-ce pas une idée des plus jouissives ? Sheitan serait tellement heureux avec ce genre de don... Il fallait toujours que les mutants se plaignent de leur sort, aussi bon soit-il, irrécupérables qu'ils étaient.

Le docteur la laissa parler, jusqu'à ce qu'elle eut terminé son discours. Il ne voulait pas la stopper ou la gêner et qu'elle finisse par omettre quelque chose.
Au final ce qu'il obtint de supplémentaire fut qu'il n'aurait pas de démonstration, mais cela importait peu, elle venait de tout lui exposer et il ne pouvait pas imaginer qu'une fille de son âge soit venue ici pour lui raconter ce genre de bobards.

« Ne t'en fais pas. Ça va pour le moment. Et puis il serait malvenu de te demander d'espionner des personnes à leur insu, tu ne crois pas ? »

Il lui adressa un agréable sourire, puis pensa à la suite des événements. Il devait l'amener à Sanzo, mais cela ne servirait probablement à rien si elle ne disposait pas d'une autorisation de son responsable légal, qui devait être sa grand mère pour s'inscrire. Autant ne pas former de Étienne n°2, un porté disparu suffisait.

« Tu m'as parlé de ta grand-mère, est-elle au courant de ce don ? Car nous devons avoir une autorisation pour t'inscrire ici, tu comprends, tu devras suivre un cursus basique plus des cours supplémentaires pour t'aider à maîtriser ton pouvoir...
Qu'en dis-tu ? Je pourrai nous appeler un taxi pour aller la voir. »

Le docteur réfléchissait inutilement car c'était surtout à Alice de l'informer de la situation, il n'avait pas non plus hérité du pouvoir d'être télépathe ou devin et devait se contenter des informations que la jeune fille voudrait bien lui délivrer.

« Tu auras de nombreuses décisions à prendre maintenant, certaines bien plus difficiles que d'autres, j'en ai bien peur. Mais au moins tu sais maintenant que tu n'es pas seule. »

Le jeune homme consulta l'heure... Depuis combien de temps était-elle ici en fait ? Elle n'avait peut-être aucune envie de retourner en ville et peut-être avait-elle des besoins plus naturels à assouvir auxquels le docteur n'avait pas pensé...

La jeune fille semblait résolue. À vrai dire les mutants n'avaient pas vraiment le choix, ils devaient soit affronter la vie pitoyable qu'ils subiraient sans parvenir à maîtriser leur pouvoir, soit trouver un moyen de s'intégrer, et dans ce cas faire en sorte que leur don soit plus une chose utile qu'un boulet attaché à leur cheville par une chaîne. Pour un adolescent, la meilleure façon de réussir était sans aucun doute de s'inscrire à Dellane. Sheitan n'avait pas pu avoir cette chance, il était né au mauvais endroit, au mauvais moment, il ne savait même pas qu'il avait été fabriqué, pour pouvoir développer un pouvoir. Lui qui se sentait supérieur n'avait été qu'un pantin depuis sa naissance.
Mais cette jeune Alice ne l'était pas et devrait se débrouiller pour ne jamais l'être. L'indépendance, la liberté. C'étaient les valeurs que le docteur aurait aimé pouvoir défendre, s'il avait été autre, si Paris avait pu être mise en bouteille, alors serait sortie une cuvée sous le nom de Belial et le plus délicat des parfums aurait écrasé le mauvais jus Oroshi.

L'institution Dellane représentait la réelle chance de cette jeune brune aux yeux d'un bleu apaisant. Le jeune homme la regarda avec intensité, sans réellement s'en rendre compte, il cherchait à capter ce regard qui fuyait légèrement alors qu'elle s'expliquait, se racontait dans des mots simples et des paroles parfois embrouillées.
Elle avait assurément son avenir ici, mais quelle genre de personne était Sheitan pour accueillir une jeune fille dans un établissement qui changera sa vie pour l'aider du mieux possible, après avoir envoyé un garçon du même âge à une mort certaine, si elle n'était pas physique, de son esprit...
Le docteur ne devait plus y penser, ce n'était pas de son ressort.
Mais Alice serait sauvée.

- Ma grand mère est bien au courant de mon don, oui je suis d’accord et je sais qu’elle vous donnera l’autorisation.

« Bien alors je suppose que nous n'avons pas à tarder. »

Le jeune homme se voulait rassurant, mais Alice ne semblait pas vraiment apeurée ni méfiante. Cela pouvait être un certain défaut, elle devrait faire attention si elle ne voulait pas tomber de haut. Mais au moins elle ne semblait pas idiote, ce qui était un bon point pour qu'elle survive dans ce monde qui ne lui laissera pas de cadeaux.
Elle ne tarda pas à lui montrer qu'il ne s'était pas trompé sur elle.
En effet, pour la mettre en confiance, il lui avait proposé de lui montrer son don si elle acceptait de lui montrer le sien.
Les deux mutants échangèrent un sourire. Le professeur ne tarda pas à lui répondre par l'affirmative :

« Évidemment, j'avais oublié ce détail. Alors regardes bien. »

Le jeune homme songea à ce qu'il avait sur lui, le plus simple était d'utiliser ses clefs. Il les sortit de la poche droite de son pantalon et les serra entre ses doigts en se concentrant, avant de retourner sa main, paume vers le ciel. Les clefs éclataient maintenant en des bulbes verdâtres, jusqu'à ce qu'elles s'allongent en fines lianes et s'élèvent doucement. La consistance première avait complètement disparu, Sheitan avait une sorte d'immense touffe d'herbe dans la main, de laquelle sortit une jolie marguerite.
Le « charme » fut interrompu quelques instants plus tard, et les clefs furent rangées dans la poche du jeune docteur qui souriait à sa future élève.

« Voilà, c'était mon secret. Allons-y maintenant. »

Il aurait pu la prendre sous son aile, pour l'encourager, la motiver, mais ce n'était pas lui. Alors qu'ils marchaient vers la sortie pour rejoindre la route, Sheitan appela un taxi à partir de son téléphone mobile. Après avoir expliqué que le chauffeur arriverait dans une quinzaine de minutes, leur marche se poursuivit, il valait mieux ne pas perdre de temps et se rapprocher plutôt qu'attendre sans rien faire.

« Tu verras, tu seras bien ici, dans cet établissement. La plupart des élèves et même des adultes ont un passé sombre, en grande partie à cause de leur pouvoir et de leur différence. »

Des phrases probablement inutiles et dénuées d'intérêt... Mais rien n'était sûr en ce monde. Sheitan préférait jouer la carte de la pseudo-amitié et de l'encouragement.