Une discussion s'imposant, face à face avec la lune et l'amour

Ce n'était pourtant pas si étrange de pouvoir profiter pendant une journée de la personne qu'on aimait. De prendre un peu de bon temps, pour une fois qu'ils pouvaient en profiter... Seulement voilà, pour des personnes normales cela était possible. Pas pour des mutants, et surtout pas pour Étienne, qui ne contrôlait que trop peu souvent son pouvoir. Il aurait pourtant aimé que tout se passe bien, jusqu'ici il avait même tout préparé, et puis ensuite c'était Sanzo qui avait prit les choses en main.
Mais son pouvoir s'en mêlait, le garçon ne pourrait pas vivre en paix avant un moment. Étienne n'avait pourtant pas de mauvaises idées, il ne voulait pas faire de mal à Sanzo, seulement il avait besoin d'être prêt de lui, il aurait aimé que l'homme le prenne dans ses bras, juste comme ça, pour le rassurer un peu. Mais la peur s'emparait de lui, le moment de calme qui les entourait venait de se rompre, et c'était uniquement sa faute, et celle de son pouvoir. Il se détestait.

"Ce n'est pas grave... je t'aime, ne t'en fais pas... je t'aime."

Ses yeux brouillés voyaient maintenant le visage de son amour crispé par la douleur, mais il ne pouvait rien y faire, tout ce qu'il percevait était la relation de cause à effet. La cause étant son pouvoir l'effet étant la douleur de celui qu'il aimait. Pourquoi à lui ? Étienne était figé et dans le même temps il sanglotait, ses yeux se plissaient par la douleur. Sa main lui faisait mal, mais de ça il s'en fichait, il avait mal et cela se transformait en haine pour Sheitan. Tout était la faute de cet homme, il ne voulait plus le voir, et pourtant il allait bientôt devoir retourner dans cette infirmerie, cela arriverait vite. Mais voilà, il ne pouvait rien dire, ne devait rien dire. Le fait de garder toutes ses frustrations et ses douleurs pour lui ne devaient pas arranger son cas.
Non... Le garçon devait s'en remettre, il ne pouvait pas tout balancer comme ça, il ne pouvait pas faire du mal à Sanzo. Alors de sa main libre il commença à essuyer lentement ses larmes. Mais cela fonctionnait ? Pourquoi il n'y avait que sa main qui était bloquée ? Pourquoi son pouvoir était-il si fluctuant, si impossible à diriger ? Pourquoi des fois il pouvait le contrôler magnifiquement mais à d'autres moments, tout devenait impossible ? Il ne pouvait pas vivre en binaire toute sa vie, il n'avait aucune envie de cela devienne son crédo. Il ne voulait pas d'une vie impossible. Étienne aspirait à la normalité, la monotonie. Oui cet idéal de vie horriblement pathétique lui irait sûrement bien, s'il pouvait seulement l'atteindre un jour.
Pour cela il devait agir, il ne pouvait pas laissé Sanzo comme ça, il ne pouvait pas rester comme ça.

Le garçon se concentra alors, il ferma les yeux, son corps devait arrêter d'attirer. Comme sur une commande d'ordinateur ou une machine sur laquelle on pousserait le bouton « off », mais ça ne marchait pas sur lui, pas souvent du moins. Mais alors qu'il croisa le regard du jeune homme à ses côtés, cela le calma, étrangement, il fut étonné lorsqu'il sentit son pouvoir diminuer peu à peu. Ses doigts se délièrent et doucement il détacha sa main des cheveux de son amour. Il utilisa son autre main et le plus lentement et délicatement possible, il retira ses deux mains de la tête de l'homme aux cheveux blancs.
Quand cela fut fait, il recula sur le lit, collant son dos au mur il soupira, gardant ses mains près de lui, il se mit à les regarder. Mille questions se mirent à nouveau à fuser dans son esprit. Il n'avait pas de chance avec ce pouvoir, comment avait-il pu croire un seul instant qu'il soit en quelque sorte l'oint du Seigneur ? Que ses mains soient la justice et son pouvoir une aide divine ? Décidément il avait était bien stupide de se croire différent. Les sanglots reprirent, il avait du mal à reprendre son souffle, il tremblait, non pas de froid mais de peur. Sanzo ne lui en voudrait pas, du moins il ne pensait pas qu'il pourrait lui en vouloir, mais il avait du souffrir, tout cela par sa faute...

Le garçon restait dans son coin, silencieux, ses mains, sous ses yeux, tremblaient. Il n'avait plus envie de les voir, il n'avait plus envie d'être là et de voir la douleur dans les yeux de son amour. Ses larmes coulaient encore sur ses joues alors qu'il sentit une soudaine chaleur envahir son corps. Les bras de Sanzo l'attiraient contre son torse. Il retint un sanglot alors qu'il se laissait aller pour être emprisonné par la douce étreinte de l'homme loup. Alors il se serra contre lui mais pour autant n'oser pas s'agripper à son corps, de peur que son pouvoir n'agisse à nouveau, alors il laissa ses bras croisés contre son ventre. Pourtant Sanzo l'apaisait, il sentait les bras de Sanzo qui tentaient de le rassurer, sa voix aussi... Finalement Étienne se laissa bercer doucement, les yeux fermés, puis s'apaisa. Il n'avait pas fait attention aux mots, il en connaissait déjà le sens. Il reprenait sa respiration, remettait ses idées en place, alors que la voix de son amour se fit à nouveau entendre... Une phrase qu'il comprit, mais ne voulait pas écouter cela.

Dire ce qui n'allait pas... Les sens du loup ne l'avaient pas trompé, il lisait en lui comme dans un livre ouvert, mais ne pouvait pas encore lire entre les lignes. Étienne avait beaucoup de secrets pour lui. Pour ne pas le décevoir, ne pas le mettre en colère, ne pas l'attrister, ne pas le faire souffrir, comme il venait de le faire.
Le garçon essuya encore une fois ses larmes, avant de relever la tête lentement vers l'homme qui occupait ses pensées. Il le regarda, approchant son visage du sien, son regard planté dans le sien. Il ne pouvait pas lui dire un mensonge, il ne pouvait pas ne rien lui dire.
Parler de Sheitan était exclu aussi.
Alors il se concentra pour faire disparaître son pouvoir, et caressa délicatement la joue de Sanzo avant d'arriver à articuler ces quelques mots :

« Pardonnes-moi de t'avoir fait mal... Je ne voulais pas. »

Il retira sa main pour se caler dans les bras protecteurs de l'homme, osant à présent passer ses mains dans son dos pour se serrer un peu plus contre lui.

« J'ai peur... Tu es là, mais je suis seul. Je suis hors la loi, je ne vais jamais pouvoir vivre normalement. Je vais bientôt être majeur, mais je ne suis rien, je ne contrôle pas mon pouvoir et si tu n'étais pas là, je n'aurais nulle par où aller. Je ne peux même plus exister, je n'ai plus de papier. Pour eux je suis peut-être mort... J'ai peur Sanzo, je ne sais pas quoi faire. Tu es le seul à qui je puisse en parler mais je ne veux pas que tu m'en veuilles pour ça non plus... C'est trop dur... »

Sur les joues du garçon, de nouvelles larmes se mirent à couler silencieusement, s'écrasant contre le corps du loup. Il n'y avait aucun bruit, Étienne retenait ses sanglots et ses tremblements, ainsi que son pouvoir. Il ne voulait pas être un mutant, il voulait juste être un garçon normal, soulagé de voir sa majorité venir pour pouvoir vivre une vie qu'il aurait toujours souhaité, partageant son bonheur avec la personne qui arrivait à le faire sourire et lui apprenait l'amour.

Sanzo était captivé par les propos de son jeune amant. Lui qui avait si souvent réussi à lui rendre le sourire perdait la foi en lui. Il croyait en Dieu mais plus en lui, il ne se faisait pas confiance alors que San aurait pu lui confier sa vie. Dans ces moments là, même les mots les plus rassurants n'ont pas le même goût, ni le même impact. Sanzo aurait souhaité pouvoir lui dire que lui aussi n'avait plus sa place en dehors de l'institut, il ne payait plus d'impositions, n'avait plus réelle identité en dehors d'ici et cela impliquait que jusqu'à trouver un havre de paix sur une île déserte, il était condamné à faire les mêmes erreurs jours après jours à Dellane. La seule et unique chose que Sanzo réussit à faire avec grande assurance c'est de prendre et serrer de plus en plus fort sans douleurs ni amertume le corps raidit du jeune homme en face de lui. Après tout ce n'était qu'un enfant et il devait avoir vécu grands bouleversements en une année ici. Après tout Sanzo était un de ceux qui lui faisait du mal, il arrêterait sans lui dire, il arrêterait d'agir sans réfléchir, d'être impulsif et sur les nerfs avec lui, quitte à être mielleux ou faux, il se forcerait même s'il avait envie que le jeune s'occupe de lui, d'être un bon directeur, amant, professeur, ami et tuteur. Il voulait lui offrir le meilleur et il se sacrifierait plus pour lui que pour tout le monde autour.

Tout était fait ici pour que les jeunes se mélangent, et une relation avec un professeur bien que prohibée par l'étique du lycée mettrait un fossé entre le jeune et ses semblables. Les différences sont intéressantes, mais un peu trop et elles engendrent une rivalité, une tension, une guerre mentale. Sheitan et Sanzo étaient très différents, bien qu'au fond très semblables. Mais l'Ôkami ne pouvait dire en quoi ils étaient différents ou semblables, il ne connaissait juste pas cet homme qui semblait connaître chacun de ce lieu. C'était spécial, comme l'institution et chacun de ses habitants, l'ambiance qui régnait dans l'esprit du métamorphe à ce moment précis. Il vagabondait dans son esprit pour tenter de comprendre. Bien que le petit soit désemparé par la situation extérieure, ici il n'avait aucun souci à craindre et s'il devait tomber, il tomberait avec tout le monde. Mais sa tête n'était pas mise à prix ici, ou alors Sanzo ne le savait pas. Que pouvait bien cacher cette soirée où les nerfs à vif du jeune télékinésiste lâchaient sans préavis. Il semblait pourtant aller bien, même si un peu distant et différent des premiers jours avec Sanzo.

"Je suis là, tu es avec moi et il ne t'arrivera rien."

Phrase simpliste, phrase pourtant belle, phrase qui même si mal énoncée, ou mal tournée voulait dire que le loup était là pour le beau garçon. L'étreinte se calmait et au fur et à mesure des balancements de l'homme-loup, l'adolescent se calmait, apaisé par le souffle et les mouvements doux de celui qui portait les cheveux blancs à merveille. La soirée fut plus calme, les deux retournèrent sous les couvertures chaudes et le pelage chaleureux de l'Ôkami réchauffa les pieds d'Étienne une bonne partie de la nuit avant qu'ils ne s'endorment l'un après l'autre dans les bras l'un de l'autre. Le réveil pour Sanzo fut brutal.

Les yeux encore plissés par le sommeil et le soleil qui violemment désirer entrer dans les pupilles de celui qui voyait différemment des autres le monde qui l'entourait, Sanzo tentait de savoir ce qu'il se passait. Des bruits sourds, se voulant discrets, quelques spectres de couleurs diverses, le pli des draps sur le visage, la chaleur des draps à côté de lui presque disparue. Quelques secondes plus tard il aperçut Étienne debout devant lui au pied du lit en train de remettre ses vêtements le plus secrètement possible.

"Tu comptais partir?"

La voix grave du réveil du loup se fit entendre par cette seule phrase. Les deux jeunes garçons avaient réussi à parler la nuit d'avant, à se rassurer mutuellement, à s'assurer à l'un comme à l'autre une prospérité grâce à l'autre. Une fois le jeune garçon à ses côtés, l'homme réveillé depuis peu lui déposa un baiser sur le coin des lèvres en guise de bonjour. C'était un moment rare et pourtant commun pour la plupart des couples. Cependant cette image de l'autre s'en allant une fois le matin venu était habituelle des couples éphémères, ce que ne voulait pas du tout San. Le professeur prit sur lui pour comprendre tout ce qui l'entourait. Étienne était le premier à l'entourer, assis sur les couvertures dans lesquelles le directeur gardait sa chaleur. Il avait mis ses vêtements et était prêt à partir à ses occupations journalières. Déjeuner déjà, car le ventre de l'un d'eux poussa un appel au repas, puis une douche serait la bienvenue pour l'homme-loup qui aurait souhaité sentir bon pour celui qui lui embrassait le cou. C'était plaisant il ne se passait rien d'extraordinaire, ils ne se disaient presque rien, il ne s'inquiétait pas, ce matin était le meilleur depuis un bon moment. Banal mais génial réveil aux côtés de celui qui avait des yeux captivants. Les deux se reprirent l'un dans les bras de l'autre. Sanzo se leva rapidement, en sous-vêtement et dit à son amant de l'attendre quelques minutes. Comme à son habitude il se dévisagea dans le miroir avant de passer sous la douche où il se dépêcha au maximum. Les cheveux mouilles et le torse dégoulinant d'eau savonneuse il pensait à la journée merveilleuse qu'était ce dimanche dernier, journée où celui qui était toujours là pour lui avait encore fait ses preuves et creusé un peu plus dans le fossé d'amour du jeune principal pour y planter ses graines. Une fois rincé et essoré, le pelage doux et soyeux du haut du crâne blanc de l'Ôkami passé au peigne fin et son peignoir blanc enfilé il sortit de la pièce d'eau pour y retrouver sa principale raison de vivre, Étienne Ellardice.

À sa plus grande surprise la pièce était inoccupée et la porte indemne, il n'avait pas prit le temps de refermer à clef, ni même de laisser un mot, Sanzo était seul et sauta sur son lit, en sanglots alors qu'il savait bien qu'Étienne l'aimait et n'avait pas voulu le vexer, mais c'était plus fort que lui, il aurait préféré le voir une dernière fois et lui dire des mots doux à en perdre sa salive...

Enfant. Il n'était qu'un enfant inconscient et égoïste. Le jeune garçon qu'il était n'aurait pas agi ainsi s'il avait réfléchit, s'il avait pensé ses paroles, mais ce qu'il débitait, pendant ses sanglots, parfois de manière inaudible alors qu'il sentait son corps se perdre dans les bras de Sanzo, l'entourant de plus en plus, il n'en avait pas totalement conscience. Pourquoi ne le laissait-il tout simplement pas ? Comment cet homme faisait-il pour le supporter, lui et ses caprices, ses pleurs, ses questions, ses problèmes ?
Étienne n'apportait que des problèmes et il le savait. C'était juste qu'il avait cru que, pour une fois, il pourrait servir à quelque chose, à quelqu'un. Après tout Sanzo avait le sourire en sa compagnie, la plupart du temps... Mais non... Ce n'était sûrement qu'une façade, le jeune directeur devait avoir déjà bien des problèmes et le garçon, au lieu de le soutenir, au lieu de se montrer compréhensif et de l'aider, agissait comme une barrière supplémentaire. Il voulait Sanzo pour lui seul, il voulait qu'ils vivent heureux tous les deux, mais ce n'était qu'une vision utopique des choses, ils ne pourraient pas vivre de cette façon, et l'homme qu'il aimait avait des responsabilités plus grandes que celles de s'occuper d'un adolescent à plein temps...
Oui, c'était ça. Le métamorphe l'avait d'abord considéré comme son fils et il agissait comme tel, il se plaignait, cherchait du réconfort auprès de lui, une présence, de l'amour.

Le problème n'était pas Sanzo ni même Sheitan. Le problème c'était lui, Étienne. Car il aurait pu mille fois expliquer à son protecteur qu'il était en danger, lui raconter tout ce que ce monstre lui avait dit, qu'il devrait faire semblant de ne pas savoir car l'homme lui avait fait promettre de ne rien dire... Montrer les blessures que le scalpel du docteur lui avait infligé et, pour le calmer, lui assurer qu'il n'avait plus mal et que ce n'était que superficiel...
Pourquoi n'avait-il pas pu lui dire tout ça ? Pourquoi était-il à présent enfermé dans un mutisme, concentré sur la chaleur du corps de son amour, qu'il recherchait à tout prix en se rapprochant de lui, brisant la barrière de leurs pudeurs ?
Étienne était seul responsable de son malheur et il le cultivait, c'était inconscient, il ne voulait pas souffrir, mais ce qu'il voyait avant tout était que Sanzo ne serait pas heureux avec lui. Et de la même façon il avait peur, de tout perdre. Sheitan pourrait se faire avoir, et tout dévoiler à Sanzo, déformant la réalité, expliquant que Étienne avait parlé du directeur pour le faire tomber... Ce serait alors pire que tout, il n'aurait plus l'amour ni la chaleur, et ne pourrait plus profiter du sourire de l'être tant désiré.
Alors il sanglota, jusqu'à ne plus savoir pourquoi, il était fatigué, le garçon n'arrivait plus à réfléchir et se laisser aller dans les bras qui le réconfortaient lentement.
Grâce à l'homme-loup, sa présence, ses mots, l'adolescent finit par oublier. Il oublia ses paroles, il oublia qui il était. Seule chose présente à son esprit : il aimait Sanzo. Cet amour était le plus parfait au monde car c'était le sien. Il le partageait avec une personne formidable qui valait plus que tout l'or du monde à ses yeux. Le garçon, presque assoupi, se surprit à le toucher, à l'embrasser, à lui parler comme s'il était un rêve. Il n'y avait plus de larmes sur ses joues, juste un beau sourire sur son visage fatigué qui débitait des mots d'amour à l'infini, des promesses futures, comme s'il était conscient que le lendemain, quand le jour serait levé, ils devraient se séparer, comme s'il en appréhendait déjà la difficulté.

Et la nuit ne lui fit pas de cadeaux. Le garçon eut devant ses yeux la vérité. Il n'était qu'un traître. Il voulait Sanzo pour lui mais était en train de tout dire à Sheitan pour qu'il puisse prendre le pouvoir et laisse l'enfant en vie. Alors apparaissait le loup dans une cage, il était mort par sa faute, n'existait plus, alors que Étienne n'avait rien. Ainsi l'adolescent agirait ainsi, il finirait par tuer son amour en voulant le protéger, alors la meilleure chose était de s'en aller, ce qu'il fit, il sortit de la chambre, de la vie de l'homme qui dormait paisiblement. Il sortit en courant de l'institution, et dehors l'attendait Sheitan, il l'amenait vers son salut, la police était là, l'adolescent se fit immédiatement arrêter, et il put voir, avant d'entrer dans la voiture, que Sanzo, à la fenêtre, hurlait son prénom, la voix déchirée par les larmes qui coulaient sur ses joues.

Alors il se réveilla en sursaut, l'homme était là toujours, il se souvenait s'être endormi en agrippant les longs poils de son amour, puis de s'être retrouvé dans ses bras. Maintenant il était assis, juste à côté de son amour, dont les soupirs calmes traduisaient l'effet d'un sommeil réparateur.
Le garçon retint des sanglots pour ne pas réveiller le jeune homme et se leva lentement avant de s'enfuir vers la salle de bain.
Pourquoi était-il ici ? Il ne méritait pas l'amour de cet homme, il ne méritait pas toutes les actions de Sanzo pour lui, pour le garder, le rassurer...

Il s'assit par terre, contre le mur et posa ses mains sur ses yeux. Que devait-il faire à présent ? Comment regarder Sanzo alors qu'il faisait tant pour lui et qu'il ne lui disait pas tout, il viendrait donc à le trahir... Le garçon prit peur. Il ne voulait pas s'imposer encore, se laisser aller contre son amour alors qu'il lui mentait... Alors il retourna dans la chambre doucement et s'habilla de ses affaires propres, mais il fit du bruit et Sanzo était toujours vigilant, alors il se réveilla.
Sa phrase, sa voix grave, cela fit frissonner le jeune mutant qui se rhabillait. Oui, il voulait partir, mais il ne voulait pas être vu, il pensait qu'il pourrait revenir un peu plus tard, après s'être calmé probablement... Le problème c'était que Sanzo avait sûrement des tas de choses à faire aujourd'hui... Seulement il ne se voyait pas être encore dans ses bras, pas pour le moment, après tout ce qu'il avait fait.
Le garçon s'approcha de l'homme qu'il aimait pour le rassurer, il ne parlait pas, il se laissa simplement embrasser avant de craquer et de profiter de sa présence en une courte étreinte. Alors l'homme se leva, lui demandant de l'attendre car il allait prendre sa douche. Et l'adolescent n'eut pas le temps, n'eut pas le courage de lui dire qu'il ne serait pas là, et, alors qu'il entendit le métamorphe entrer sous la douche, Étienne se leva et sortit de la chambre sans bruit, prenant son sac sur son dos. Et s'il sortit tranquillement, une fois à l'extérieur une course effrénée commença.
Le mutant ne savait pas où il allait, mais c'était loin de Sanzo. Il s'aperçut bientôt qu'il avait suivi son rêve, il était maintenant dehors, sur les graviers et tomba à genoux, il n'y avait personne, Sheitan n'était pas là, la police non plus. Personne ne voulait de lui, personne n'était là pour l'arrêter ou le punir...
Mais il y avait un homme, qui l'aimait et qu'il l'aimait. En haut, dans sa chambre, que faisait-il ?
Et Étienne ? Pourquoi n'était-il pas à ses côtés ? Pourquoi ne s'occupait-il pas de lui ?
Le jeune mutant se releva alors et se dirigea vers le self. Il devait se montrer adulte, arrêter d'être ainsi. Il règlerait ses problèmes avec Sheitan, comme un adulte. Sanzo n'y serait plus mêler, il refuserait maintenant de dire quoique ce soit sur lui, même si la plupart des choses qu'il avait dévoilé étaient des mensonges. Oui, tout ceci serait terminé.

Le garçon entra dans le self sûr de lui, il se dirigea vers les viennoiseries et en emballa dans des serviettes, après avoir expliqué au responsable qu'il voulait profiter des dernières journées de beau temps pour ne pas être enfermé. Encore une fois être bien vu du personnel lui permit certains avantages, il put ainsi embarquer un thermos de café et un de chocolat au lait sans qu'on ne lui dise rien, même si les regards demandaient une explication. Seulement, n'ayant pas le temps pour cela, il mit tout dans son sac et se dépêcha de rejoindre la chambre de son amour. Il ouvrit la porte, essoufflé, et posa son sac près du bureau avant de voir Sanzo sur le lit.
Lentement, il se dirigea vers lui et posa sa main sur le dos de l'homme.

« Pardon, je suis là. Je t'aime, je te fais du mal mais cela va changer. »

Il s'agenouilla simplement à ses côtés, se courbant pour être un peu contre lui, embrasser ses cheveux...
Il se releva doucement, caressant encore le dos du jeune homme, puis alla ouvrir son sac. Les mains légèrement tremblantes il sortit les viennoiseries puis les deux thermos et servit deux tasses, l'une de café, l'autre de chocolat. Voilà. C'était comme ça qu'il voulait que leur vie soit, il voulait faire plaisir à Sanzo et le rendre heureux, seulement qu'allait penser le métamorphe de tout cela ? Il n'était qu'un lâche, il ne savait pas quoi faire, comment agir et faisait n'importe quoi, comme pour se faire remarquer alors qu'il ne voulait souvent que disparaître...

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