Une plante peut en cacher une autre [Antoine Carter]

Douce journée, orageuse. Un ciel gris, un vent fort, l'air frais. Cela lui faisait plaisir que le jour de son arrivée soit ainsi, tout commençait bien, il était prêt. Le jeune homme qui traversait la forêt sombre atteindrait prochainement l'institut dans lequel Kiryu Oroshi, son demi-frère, se trouvait. L'excitation montait en lui pendant que ses pas le menaient lentement mais sûrement à son but. C'était un vrai jeu, il devrait trouver Kiryu et le ramener chez leur père.
Il avait hâte de voir celui qui était son alter ego, mais voulait que la recherche dure, que ce ne soit pas simple, qu'il résiste. Oui, tout devait être beau, magnifique, parfait... Sheitan souriait, pas un sourire que l'on a en société, non. Un des sourires que l'on ne garde que pour soi, il touchait le bout non coupant de son scalpel, protégé par un étui.
Comment pouvait-être celui sur qui le jeune homme fantasmait tant ? Son père n'en parlait pas beaucoup, il devrait le découvrir par lui-même. Ce serait amusant qu'il soit encore seul, mais ce le serait tout autant qu'il ait de nombreux amis, des personnes à étudier aussi probablement...
Et il aurait tout le loisir de les étudier. Sheitan était officiellement embauché en tant que Docteur mais aussi en tant que professeur de français. Ce serait sûrement dur et épuisant, mais le jeune homme savait que cela en valait la peine, cela lui permettrait d'être le plus discret possible. Kiryu ne le connaissait pas non plus, mais Sheitan avait un large avantage. Lui savait où l'autre se trouvait, lui savait que l'autre existait.

De la grêle commença à tomber, d'abord en faible quantité puis plus abondament. Le jeune homme s'abrita sous un hêtre, il gardait le sourire malgré tout, rien ne pouvait lui déplaire, même le tiraillement douloureux sur les muscles de son bras, provoqués par le fait qu'il portait sa lourde valise de la même façon depuis trop longtemps. Ce fut donc l'occasion de s'étirer un peu après avoir posé le fardeau. Le ciel grondait l'arrivée du docteur, mais celui-ci n'en avait que faire, comme s'il voulait défier la nature en passant par la forêt à pied pour rejoindre l'institut.
Parlons-en. Sheitan s'était renseigné sur celle-ci à Brioude, pas en enquêtant, évidemment, mais en écoutant simplement les discussions à la terrasse d'un café. Quand il y avait quelque chose à savoir, c'était souvent dans un bar qu'on pouvait l'apprendre et le docteur était passé maître dans la manière d'être la personne la plus banale au monde, celle qu'on apprécie aussi vite qu'on l'oublie. Le mutant avait lu le journal et bu un café, avait fait un clin d'oeil à la serveuse qui lui appris que le manoir au centre de la forêt appartenait à un riche jeune homme qui semblait s'en servir comme une école pour délinquants ou quelque chose dans le genre, car on ne voyait pas souvent les étudiants.
La jeune femme avait une pause à dix heures, mais malheureusement Sheitan devait reprendre la route. Il lui laissa un faux numéro pour se délecter encore une fois de son sourire, avant de l'imaginer triste. Ah, qu'il était bon d'être en vie.
L'orage sembla cesser, il était temps de reprendre le chemin de l'institut, le jeune homme respira un bon coup et, après avoir observé une dernière fois l'hêtre qui lui avait servi d'abri, se saisit de sa valise et avança à pas rapides vers l'immense manoir. Sheitan se frayait aisément un chemin dans la forêt dense, non-exploitée par l'homme, il était une sorte d'ami de la nature, même s'il avait conscience à l'oublier, inconsciemment, cela lui faisait du bien d'être parmi les arbres, d'être au frais, protégé. Les plantes n'ont peut-être pas de sentiments mais sont toujours magnifiques, c'est ce qu'il pensait réellement et c'était sûrement pourquoi il avait acquis le pouvoir de transformer ce qu'il voulait en plante qu'il pouvait ensuite maîtriser, tout cela grâce à son père, même s'il n'aimait pas ce côté cobaye, cette idée d'être toujours utilisé, au moins, il pouvait faire à peu près tout ce qu'il voulait.
Même torturer Kiryu. Cette hâte, cette hâte grandissante en lui le fit avancer de plus en plus vite, alors que le sourire sur son visage allait en s'étirant. Le jeune homme s'empressa de s'allumer une cigarette, il fuma rapidement, Sheitan était le genre de personne compulsive, à fumer pour passer ses nerfs.

Bientôt Sheitan fit face au portail de l'Institut et put lire au-dessus de celui-ci, une inscription qui était bien dénuée de sens pour lui. "Nous sommes parmi vous", la belle affaire. Key Eitsu semblait être un jeune homme peu surprenant, mais le docteur ne pouvait nier l'envie de manier son scalpel sur toute personne habitant à cet endroit... Tout un tas de mutants rien que pour lui... Son but était Kiryu mais il fallait bien un peu d'échauffements...
Le jeune homme passa le portail sans prendre la peine d'étouffer le rictus moqueur qu'il eut en repensant à la phrase qu'il avait lu quelques instants plus tôt. Le professeur sortit une petite boîte de la poche de sa veste et y écrasa son mégot avant de la remettre à l'endroit où il l'avait prise.
Tout à son aise dans ce nouvel environnement, Sheitan détailla le parc et la cour qui menait à l'entrée du bâtiment, tout ici semblait plaisant et le satisfaisait amplement, un cadre idyllique, son jeune frère devait se sentir bien ici. La souffrance n'en sera que plus grande.
Déjà, le charisme naturel du docteur agissait, son sourire était redevenu charmeur, ces gestes étaient calculés. L'homme qui a tout pour plaire était de retour, saluant poliment toute personne qu'il croisait avant de s'engouffrer dans l'immense bâtiment par l'entrée principale.
Peut-être aurait-il déjà la chance de rencontrer Kiryu ? Non, il ne valait mieux pas y penser.

Le jeune homme avisa une fontaine à eau vers laquelle il se dirigea, il enfila des gants blancs, stériles et se saisit d'un gobelet pour se servir de l'eau fraîche. Cela lui permit de calmer son entrain, Sheitan se devait de rester calme et neutre, étudier puis agir, c'était la seule combinaison possible. Alors, bien décidé à trouver ses appartements et à se faire à cette nouvelle vie, bien que temporaire, le docteur/professeur fit directement connaissance avec un(e) de ses futurs élèves, lui tapotant l'épaule avec une assurance certaine.

"Bonjour, je suis le docteur Belial, auriez-vous une idée de l'emplacement de ma chambre, je vous prie ?"

Antoine s’ennuyait encore et toujours. Ce n’était pas vraiment étonnant puisque malgré sa sociabilité, il avait tendance à choisir des gens avec qui il était plutôt difficile de sympathiser en l’occurrence Sakiko. Malgré tout, il avait au moins quelqu’un avec qui parler, soit Étienne. Il aimait bien le télékinésiste, mais ne pouvait pas toujours trainer avec lui. Donc tout cela donnait un pauvre petit pou qui était vraiment ennuyé. Ce n’était pas comme s’il allait vraiment se présenter à tous ses cours pour se trouver des devoirs à faire. Puisque ses capacités académiques étaient presque nulles il n’avait vraiment pas envie de se faire rire de lui. Donc le jeune homme n’avait vraiment rien à faire. Ce n’était pas comme s’il allait vraiment commencer à aller énerver les gens. Il devait donc se trouver quelque chose à faire lui-même. Fronçant légèrement les sourcils, il décida qu’il était temps de sortir de sa chambre. Pour l’instant elle était plutôt vide, disons.

Bien sur avant de sortir, il était très important pour le super sauteur de s’habiller un peu plus convenablement. Il prit donc des gens qui étaient un peu troués ainsi qu’un t-shirt qui aurait pu être plus propre. C’était convenable puisqu’il ne comptait pas du tout aller en cours. Comme d’habitude, il prit une veste de basketball et la mit joyeusement. Pour compléter son habit, il mit une chaine avec des tags. Ce n’était vraiment pas très beau, mais ça allait avec son style. Bref il n’allait pas commencer à agir comme une fille et passer trop de temps devant son miroir donc il passant une main dans ses cheveux et sortit de la chambre, s’assurant bien sur de la refermer derrière lui. Il n’avait même pas regardé s’il y avait quelqu’un à l’intérieur, après tout même s’il y avait quelqu’un, cette personne dormait surement alors…

Une idée serait peut-être d’aller s’entrainer au basketball… Après tout c’était son passe-temps préféré, mais dans un sens ce n’était probablement pas la seule chose qu’il avait envie de faire. Décidant de ne pas prendre de chance, il entra à nouveau dans la pièce et prit son ballon avant de ressortir et de se diriger vers les autres endroits du lycée. Antoine décida de commencer par aller à l’entrée de l’institut peut-être qu’il aurait des nouveaux sympathiques. Évidemment, il doutait grandement de cette pensée. Il n’avait pas rencontré beaucoup de gens sympathiques depuis son arrivée, à part Étienne. Enfin bref, le jeune homme s’y dirigea très lentement en trainant les pieds devant l’inutilité de ce déplacement. Malgré sa lenteur, il arriva plus rapidement qu’il l’avait prévu. Saluant des gens qu’il avait déjà vus, il alla s’asseoir sur le bord d’un mur en soupirant. Il n’avait vraiment rien à faire. C’était dommage puisque l’institut était une belle place dans le fond…

Soudain une personne arriva. Physiquement, ce type était classe. Ce n’était certainement pas un simple étudiant et ce fut exactement ce qui motiva Antoine à aller le voir. Normalement, il détestait vraiment aller parler avec les profs, mais ce type serait une exception. S’avançant vers lui, le jeune homme fit mine de ne pas vouloir lui parler puisque ça faisait vraiment mauvais de parler avec un professeur durant des temps libres. Étonnamment ce fut le type lui-même qui vint lui parler. Il lui tapota tout d’abord l’épaule puis lui demanda s’il savait où se trouvait sa chambre. Malheureusement, il n’en avait aucune idée. Ne passant pas par plusieurs chemins, il lui répondit tout simplement :

- Aucune idée. -

Néanmoins, il était bien élever et devait se présenter à son tour. Il était assez surpris de savoir que ce type n’était pas un professeur, mais un docteur. Il fallait avouer que ça pourrait être assez utile… Enfin, il réfléchit également sur où pourrait se trouver cette chambre. Logiquement elle serait avec les chambres des professeurs. Plutôt fier de son idée, Antoine proposa joyeusement :

- Je suis Antoine Carter. Pour ta chambre, elle serait peut-être avec celle des autres profs. Je peux te montrer où c’est si tu veux. -

Changer de vie se révélait toujours quelque chose d'intéressant. Même si cela impliquait des pertes, des déceptions, la peur et bien d'autres réjouissances, cela apportait toujours plus. Bouger apportait toujours plus, Sheitan savait qu'il était seul dans sa mission, cela le stressait un peu, mais c'était à lui de faire ce travail, cette tâche lui incombait car il était la personne qui pouvait agir le mieux face à son demi-frère, cela faisait partie de sa vie tracée, de son destin. Le jeune homme devait trouver son frère, le reconnaître, lire en lui, trouver son point faible et l'exploiter pour parvenir à le ramener. Ce ne serait pas simple, Belial savait bien qu'il y risquait sa peau, on pouvait très bien le démasquer, il se doutait que la plupart des mutants, en particulier les professeurs, seraient des personnes très intelligentes, peut-être même certaines personnes seraient au courant pour l'exploitation de son père, après tout, peut-être que Kiryu avait vendu la mèche sur son, non, leur père... Sheitan aurait une occasion d'être en colère envers son cher frère si cela était le cas... Mais dans tous les cas, il avait un avantage certain, leurs noms étaient bien différents et on ne pouvait d'aucune manière imaginer un lien de parenté entre eux, ou peut-être en les identifiant physiquement, oui... Kiryu devait être au moins aussi beau que lui, si ce n'est plus, après tout sa mère avait été soigneusement choisie et son père était magnifique.
Fantasmant à nouveau sur son demi-frère, le professeur avait rapidement effectué le chemin qui le séparait de l'entrée du bâtiment. L'institut était immense et magnifique, cela lui donnait envie d'en explorer tous les recoins, le jeu serait sûrement un moment formidable à passer. Au départ le jeune homme n'avait qu'une idée en tête, trouver Kiryu, jouer avec, puis le ramener docilement à leur père, comme celui-ci lui avait demandé. Mais en avançant vers l'école, le jeune homme pensait qu'il ferait bon rester quelques temps en cet endroit. Il accomplirait évidemment sa mission, mais il semblait réellement intéressant de profiter de sa présence pour découvrir d'autres choses. Déjà, il lui fallait apprendre à se surpasser pour convaincre, à la fois en tant que médecin et en tant que professeur de français, cela lui avait paru être une vaste plaisanterie, mais maintenant et à mesure qu'il avançait vers l'institut, il songeait à toutes ces personnes, potentielles victimes de son scalpel, âmes à torturer. Un sourire étira ses lèvres, rapidement remplacé par une grimace songeuse. Sheitan allait devoir être plus que crédible, un excellent professeur, proche de ses élèves. Il avait un grand travail à faire...

Arrivant à l'intérieur du bâtiment, plus précisément dans le hall, Belial avisa quelques élèves présents. Le plus urgent était de trouver ses appartements, les lieux les plus importants et les plus communs et enfin de se mettre au courant. Il devrait connaître les personnes les plus influentes et tisser des liens avec elles jusqu'à atteindre Kiryu.
Il trouva un élève face à lui et n'hésita pas une seconde, son allure était belle, il était confiant, il n'avait absolument aucun problème, il régnait.
Le jeune homme se présenta brièvement, exprimant l'objet de sa requête de la même façon, le garçon qui se tenait devant lui n'était pas vraiment grand mais avait fière allure, il semblait être sportif et ambitieux, c'étaient de bons traits de caractère, même si sa naïveté transperçait de la même façon.
Sheitan écouta attentivement la réponse du garçon -un basketteur, à vrai dire- qui s'avéra bien décevante, le botaniste mima une désapprobation ainsi qu'un léger énervement en soupirant, mais le reste des paroles du garçon, se nommant Antoine, lui apportèrent entière satisfaction. Même si... Ce garçon le tutoyait, c'était désagréable, humiliant, ne voyait-il donc pas qu'il avait affaire à quelqu'un d'important ? Enfin, c'était une erreur qu'il finirait bien par payer, un jour ou l'autre...

"Eh bien je pense que c'est le cas oui, puisque je suis dans le même temps le nouveau professeur de français."

Il adressa un sourire au jeune homme avant de lui tendre la main.

"J'accepte ton aide avec joie, cela me fera visiter un peu de ce magnifique établissement par la même occasion."

Le docteur arbora un sourire, satisfait de cette rencontre utile, peut-être allait-il pouvoir apprendre quelques informations sur l'institut grâce à ce garçon.

Antoine était plus que content d’avoir rencontré un type comme le docteur. Il était imposant, mais surtout classe. Depuis qu’il était tout petit, il admirait les gens bizarres. Quoi que cette affirmation était en partie fausse. Il n’admirait pas les gens bizarres parce qu’ils étaient bizarres, plutôt parce qu’ils étaient classes. Étant légèrement naïf, il faisait confiance aux gens qui lui semblaient bien. C’était une bonne chose en général, mais le problème c’était qu’il avait un critère pas très élevé. Enfin, le jeune homme n’avait jamais vraiment eu de problème dans sa vie donc il n’avait pas à changer ses critères. Les gens d’Eitsu était peut-être bizarre et parfois violent, il savait très bien se défendre et n’avait pas eu besoin de le faire. Le super sauteur craignait parfois de se tromper en parlant aux gens, mais puisque son instinct ne l’avait pas encore trompé il se disait qu’il n’avait rien à craindre.

Écoutant attentivement ce que le type disait, il apprit son nom; Belial. Ce nom ne lui disait absolument rien, mais il fallait dire qu’il ne connaissait pas grand monde en dehors de ceux du lycée, enfin de l’institution… Ne voyant pas l’intérêt de montrer trop de respect à un docteur qu’il ne reverrait probablement plus jamais, Antoine décida tout simplement de le tutoyer. Depuis sa rencontre avec Sakiko, il jugeait les gens avant de décider s’il les tutoyait ou les vouvoyait. Il faisait cependant attention pour être sur de ne pas trop être familier avec ce type. Même s’il n’était pas un prof, il restait un employé de l’école. Du moins c’était logiquement ce qu’il venait faire ici non ? Le jeune homme ne voulait pas devenir ami ami avec un employé. Ce type ne semblait pas du tout du style amical alors il n’avait pas à s’en faire pour ce genre de truc.

Ce que le docteur Belial lui dit le surprit grandement. Quoi ? Il était un prof ! Merde. Grattant le fond de sa tête, le super sauteur ne savait pas trop quoi dire. Il venait de tutoyer un professeur… Oups, il y avait un problème là. Heureusement le docteur Belial ne semblait pas trop lui en vouloir. En entendant ce qu’il ajouta, Antoine fut surpris. Visiter l’école ? Ça changeait tout le plan qu’il s’était fait… Il n’était pas certain de comprendre ce que le type voulait lui demander. Tant qu’à lui, il n’avait pas vraiment de problème à faire visiter l’institut à quelqu’un, sauf que ça pouvait être ennuyant… Il ne trouvait pas le lycée particulièrement super alors il ne serait pas nécessairement un bon guide. Étienne aurait certainement meilleur que lui, mais Belial n’avait que lui sous la main alors il devrait s’en contenter. Il demanda, rectifiant sa politesse :

- Vous voulez que je vous montre tout simplement votre chambre ou que je vous fasse une visite ? –

Quoi que dans le fond, ça ne changeait pas grand-chose… Lui laissant un petit moment pour répondre, Antoine se dirigea après vers les chambres des professeurs. Il savait à peu près c’était où puisqu’il s’était perdu un moment donné. Maintenant, il était en pleine possession de ses moyens. Il savait très bien où il s’en allait. En très peu de temps, ils arrivèrent devant la chambre qui était surement celle du docteur. Le jeune homme ne savait pas quoi lui montrer alors il attendit tout simplement que le professeur de français dépose ses valises avant de lui demander joyeusement, mais tout en continuant de le vouvoyer :

- Vous voulez voir quel genre de pièce ? Je veux dire quelque chose comme la bibliothèque, plutôt comme la salle de détente, ou encore tout… -

Savoir s'imposer était quelque chose d'important dans la vie en société, s'exprimer, donner son avis, faire en sorte que la majorité pense comme soi, écouter les autres sans jamais s'enliser. C'était une vrai gymnastique du cerveau que la plupart des gens exercent inconsciemment. Sheitan, lui, était parfaitement conscient de sa malhonnêteté, d'ailleurs il aimait énormément se fondre dans la masse tout en restant l'élément déclencheur de bien des choses. C'était tout à fait passionnant d'observer l'être humain, de capter ses émotions, la douleur, la tristesse. Le jeune homme était comme un spectre qui se nourrissait des âmes en peine, reconstruire pour mieux détruire, tel était son crédo. Il plaçait en chaque être une nouvelle conscience, un nouveau geste, qui n'apporterait pas forcément la souffrance immédiate mais impliquerait obligatoirement un changement plus que désagréable dans la vie de la victime, jusqu'à ce qu'elle se laisse aller à la dépression, c'est alors que la destruction finale s'opérait, très facilement. Oui, décidément voir les gens souffrir stimulait le docteur. Cela pouvait par ailleurs paraître étrange, la première vocation d'un médecin étant de sauver, de soigner... Le fait était que le docteur Belial soignait réellement ses patients, après une visite à son cabinet, les personnes se sentaient beaucoup mieux physiquement et mentalement, jusqu'à ce que le poison psychologique agisse. C'était d'une facilité déconcertante de jouer sur les mots, de piquer là où il fallait, la plupart du temps les gens ont tendance à le faire sans le vouloir... Sheitan, lui, s'y employait habilement.

Le jeune homme n'avait pas encore décidé si Antoine, la personne qui se tenait à présent face à lui, serait transformée en victime à ses yeux ou si elle resterait neutre. Oui, il devait faire des choix, les proies étant la plupart du temps des personnes qui pouvaient le servir en étant dans un état des plus déplorables. Mais il avait besoin de quelqu'un pour l'informer un minimum, l'amener à sa chambre, peut-être même lui montrer les endroits "phares" de l'établissement. D'ailleurs cet adolescent semblait disposé à l'aider, malgré ce tutoiement tellement désagréable à son oreille, Sheitan s'efforçait d'avoir un air détaché, amical, sympathique. En fait il aurait pu faire le tout en deux fois, d'abord utiliser cet élève pour sa chambre et un autre pour une visite, mais puisqu'il était là et que le docteur pourrait s'accommoder facilement de lui, autant en profiter, simplement. Alors le professeur s'imposa délibérément, un sourire enthousiaste aux lèvres, rien ne pouvait lui être refusé.
Cependant, le garçon qu'il avait abordé ne semblait pas avoir compris sa demande indirecte.

"Eh bien, il me serait agréable de prendre mes marques avec l'aide d'un des élèves de cet établissement..."

Il soupirait presque, non point de lassitude, mais essayant de montrer une forme de soulagement d'avoir rencontré quelqu'un comme Antoine, un garçon paraissait plutôt serviable, prêt à l'aider.
Ainsi tous deux se dirigèrent vers les chambres, Sheitan se délectait des merveilles de l'institut, au regard, tout était vraiment parfait, tout se déroulait comme prévu.
Le corridor menant aux chambres du personnel et des professeurs n'était pas très loin de l'entrée, c'était bien, il pourra certainement aller et venir à sa guise dans l'établissement. Il se renseignerai de la position des dortoirs plus tard, mieux valait ne pas éveillé les soupçons avec des questions plutôt incongrues.
Une fois entré dans la pièce qui était maintenant en sa possession, le jeune homme en fit le tour, sa valise toujours en main. Puis, il finit par disposer celle-ci près du lit et retira son manteau pour l'accrocher derrière la porte. Il se saisit des clefs, posées sur la table et enfin, sortit, rejoignant Antoine sur le pas de la porte. Celui-ci lui adressa à nouveau la parole, le docteur les accueillit avec un sourire amical.

"Eh bien, je pensais à ce qui pourrait me servir en premier lieu, l'infirmerie, le bureau des professeurs si un tel lieu existe et bien évidemment les salles de classes."

Il adressa un clin d'oeil au garçon avant de descendre le corridor en sa compagnie. Une fois tous deux dans le couloir, il reprit la parole :

"Tu es ici depuis longtemps ?"

Antoine était bien décidé à ne pas montrer la surprise qu’il ressentait. Si ce type était bel et bien un professeur tout changeait. Être familier avec le docteur de l’institut pouvait passer comme presque normal aux yeux des gens, mais certainement pas si c’était un professeur. Soupirant légèrement, le jeune homme devait trouver au moyen de s’en sortir habilement. Au moins ce type semblait mieux que les autres professeurs. Enfin le super sauteur cherchait silencieusement une solution à son problème. Même s’il était un peu obligé de l’aider, il aurait nettement préféré le laisser à ses problèmes, tout simplement parce que c’était un professeur. La première étape de la visite était tout simplement la chambre des professeurs. Y allant au hasard, il déduit l’endroit. Dans le fond ce n’était pas très éloigner des dortoirs des élèves. Peut-être était-ce pour les surveiller… Quoi qu’il en soit, il devait se débarrasser de ce prof le plus rapidement possible, aussi classe soit-il.

Restant silencieux pendant la majeure partie du trajet, à vrai dire il ne dit pas un mot jusqu’à temps qu’ils arrivent à la chambre, Antoine réfléchissait à qu’est-ce qu’il devait lui faire visiter. S’il allait dans la logique, il voudrait surement voir l’infirmerie et les salles de classes. Peut-être le docteur Bélial aurait d’autres demandes. Cependant le jeune homme ne comprenait pas pourquoi il n’y avait eu personne pour l’accueillir. Il s’était plutôt attendu à un genre de party de bienvenue quelque chose comme ça, ou au moins un autre professeur pour l’accueillir. Ce n’était manifestement pas le cas quoi que ça ne changeait pas grand-chose dans sa vie, mis à part qu’il était maintenant guide touristique, mais ce n’était pas la première fois disons. Le super sauteur alla s’appuyer contre le mur en attendant que le docteur sorte de sa chambre.

Écoutant tout aussi silencieusement ce qu’il voulait, il eut un sourire en entendant les lieux. L’infirmerie et les salles de classes. Bon le docteur avait ajouté la salle des professeurs, qui devait surement exister, mais Antoine ne connaissait pas l’endroit où elle se trouvait. C’était un peu problématique, sauf qu’une excuse était simple à trouver pour ce lieu. Il n’était pas supposé il y aller alors à quoi ça lui servait d’en savoir l’emplacement. Enfin, l’infirmerie c’était plutôt simple, il y était déjà allé pour diverses raisons : entorse au poignet, grippe, etc. C’était presque inutile d’y aller sans docteur, mais maintenant ça allait changer n’est-ce pas. Le jeune homme fit signe au docteur de le suivre avec un sourire en coin. En entendant la question du professeur, il fit un joli calcul mental. Ça ne faisait pas vraiment longtemps, peut-être un mois ou deux pas plus. Il répondit donc sur un ton très neutre :

- Pas vraiment, ça fait peut-être un ou deux mois maximum… -

Puis ils arrivèrent devant l’infirmerie. Il ne savait pas ce que le docteur Bélial voulait faire, mais il lui laissa un peu de temps pour explorer les lieux. Grattant le derrière de sa tête, il s’assura de ne pas avoir de gens derrière lui. Être le guide d’un professeur ça faisait assez ringard disons. Une fois le docteur sortit, Antoine demanda :

- Pourquoi n’avez-vous pas demandé un plan de l’école ? Ça aurait été plus simple non ? -

Le super sauteur ne demandait pas cela pare que ça le dérangeait de faire le guide. C’était simplement parce que c’était vrai. Un étudiant n’était peut-être pas le plus qualifier. Prenant à nouveau la direction sans vérifier vraiment si le professeur le suivait, Antoine se retourna finalement et rectifia ce qu’il avait dit :

- Je veux dire… que ça aurait été plus simple pour vous non ? -

Son voyage avait été épuisant, c'est pourquoi, en détaillant la chambre et observant le lit, le jeune homme ressentit out le poids de son périple, jusqu'à son arrivée ici. Il se remémora comment il s'était renseigné sur l'institut, apprenant comment il passait inaperçu pour les habitants des villes aux alentours, et aussi quelques informations peu banales sur des jeunes, qui pourraient maintenant se trouver à l'intérieur de cette école. C'est pourquoi en plus du jeu pour trouver Kiryu, il voulait identifier certaines personnes. Le nom de "Antoine Carter" ne lui disait pas grand chose, alors il le noterait plus tard dans un carnet avec tout ce qu'il aura appris sur lui. Oui le docteur avait décidé de tenir un carnet pour garder en mémoire les personnes à surveiller et les choses qu'il savait sur eux, cela lui permettrait de faire un rapport des plus précis à son père, mais c'était une difficile entreprise, il ne savait pas s'il pouvait ou devait sciemment éluder certaines personnes, comme Antoine, ou bien noter les faits et gestes de chacun des habitants. Devrait-il utiliser d'un code personnel afin que ses notes paraissent des plus anodines si jamais quelqu'un mettait malencontreusement la main dessus ? Probablement, mais cela dépendrait du temps dont il disposait, et c'était sûrement lui son pire ennemi. Le jeune homme savait qu'à tout instant une crise pouvait survenir dans l'organisation de son père et il devait être prêt à agir le plus rapidement possible, même si son envie de s'amuser était parfois plus forte que son obéissance.
Enfin, le jeune docteur venait d'arriver et il n'était pas question pour lui de se décourager, après tout on ne lui avait pas réellement donné de directives précises, à part celle de ramener son frère et surtout, on ne lui avait pas interdit d'enquêter, de se trouver quelques victimes aussi. Quoiqu'il arrive, son père serait fier de lui, Sheitan s'en faisait le serment, l'inverse était tout bonnement impossible.

Et sa mission commençait ici, il devait apprivoiser ce garçon, pour lui c'était comme un rite de passage, un défi, si le professeur obtenait ce qu'il voulait de lui, alors c'était gagné.
Engageant la conversation plus par calcul que gentillesse ou politesse, Belial observa les alentours alors que le duo s'approchait de l'infirmerie, ou des salles de classe, il ne savait pas qu'elle était la première destination. Antoine lui apprit alors que cela ne faisait pas très longtemps qu'il vivait dans cet Institut. Cette information n'était ni décevante, ni engageante, à vrai dire beaucoup de choses peuvent se passer en peu de temps et le but premier du docteur était de trouver son chemin, alors présent depuis longtemps ou non, ce qui importait était sa mémoire et son sens de l'orientation.
Bientôt, ils arrivèrent devant l'infirmerie, à l'intérieur la pièce principale était tellement neutre qu'elle rendrait la Suisse jalouse, c'était une vraie infirmerie, typique. Murs blancs, lits blancs, sol blanc, plafond blanc, blouse... Blanche. Il y avait semble-t-il une petite pièce à usage privatif, qui lui était sûrement réservée. Il n'y fit point attention pour le moment et sortit. C'est alors que le garçon, avant si aimable, lui demanda pourquoi il n'avait pas pris un plan. Ce n'était pas son timbre de voix ni son attitude qui était agressive, mais uniquement le sens que l'on pouvait donner à cette phrase. Et d'ailleurs, le jeune sembla s'en rendre compte puisqu'il se corrigea presque immédiatement sur le sens réel de ses pensées.
Sheitan le rassura avec un agréable sourire, avant de lâcher d'une façon plus que détachée :

«Il m'est simplement mille fois plus agréable de prendre possession des lieux en compagnie d'un de mes futurs élèves. Néanmoins, je peux comprendre que ma présence te gêne, auquel cas je serai bien obligé de me munir d'un plan.»

De toute façon, pour le moment il n'avait pas grand chose à faire de ce garçon, il pouvait partir, pour le moment...

Naïf comme tout, Antoine ne voyait rien de louche quand il regardait le professeur et docteur Bélial. Ce type était tout simplement classe, ce qui était assez étrange si on tenait compte des positions qu’il occupait. Enfin, il était plutôt du genre confiant alors il n’allait tout de même pas commencer à douter des gens qu’il côtoyait. Et puis ça ferait changement d’avoir un professeur classe, quoi que le jeune homme jugeait probablement trop rapidement, il ne connaissait pas du tout les autres professeurs puisqu’il n’était pas vraiment… présent disons durant les cours. Il ne connaissait donc aucun des professeurs, sauf monsieur Bélial ici présent. Donc le super sauteur jugeait que c’était le meilleur. Et puis c’était seulement des pensées, ce n’était pas comme s’il y avait quelqu’un qui les comprenaient, du moins il espérait un peu. N’ayant pas vraiment envie de paraitre bizarre, il tut ses pensées et se dirigea vers l’infirmerie en silence.

Heureusement, cette première pièce n’était pas trop éloignée, proportionnellement parlant bien sur, de la chambre de monsieur Bélial. Ça ne fut pas très long et ils arrivèrent devant ce qui serait probablement le lieu de travail de l’interlocuteur d’Antoine. Puisque son interlocuteur était justement un professeur et un docteur, le jeune homme décida qu’il était plus intelligent de ne pas faire de détour comme il l’avait fait avec Sakiko. Il n’était pas du tout dans la même situation. Ce qu’il dit fut assez spontané, il n’avait pas vraiment réfléchi avant de prononcer ces mots. Heureusement il eut la brillante idée de se corriger et, même si ça n’avait probablement aucun rapport, le docteur ne lui en tint pas rigueur. En entendant ce que son interlocuteur et futur prof lui dit, le super sauteur esquissa un sourire. Ça lui faisait plaisir de savoir cela. Il répondit en souriant de plus belle :

- Non ça va j’avais simplement peur d’être trop énervant comme guide… -

Dans le fond, il ne trouvait pas la présence du docteur gênante. D’accord, ça faisait un peu bizarre de se promener avec un professeur, mais il réussirait bien à passer par-dessus n’est-ce pas ? Et puis, il semblait relativement sympathique ce type. S’assurant que son interlocuteur était derrière lui, Antoine se dirigea vers les salles de classe. Il n’y allait peut-être pas souvent, voir jamais, mais il savait très bien où elles étaient, c’était quand même pratique non ? Ne disant rien au sujet de son absence, il marcha tout simplement en silence. Ce n’était pas comme s’il avait grand-chose à dire à un professeur. Soudain, le jeune homme se sentit un peu obligé de préciser qu’il n’avait aucune idée d’où se trouvait la salle des professeurs, ce qu’il fit bien sur, sur le champ :

- Par contre, je n’ai aucune idée de où se trouve la salle des professeurs… -

Finalement, ça ne fut pas bien plus long avec que le guide et son interlocuteur arrivent devant le couloir qui menait aux différentes salles de classe. C’était un assez long couloir parsemé de portes, bref très banal comme endroit. Sans vraiment attendre que le docteur Bélial fasse le tour de toutes les classes, il demanda tout simplement :

- Est-ce qu’il y a un autre endroit que vous aimeriez visiter ? Je ne sais pas vraiment quoi, mais par exemple nos dortoirs au cas où quelque chose arrive ou encore la cantine… -

Puisqu’il n’avait pas vraiment pris le temps de demander une visite du lycée, le super sauteur ne savait pas vraiment ce qui ferait plaisir à son interlocuteur. Attendant un court instant, il se dirigea ensuite vers ce qu’il croyait être la classe de français…

Sheitan savait pertinemment qu'il avait les capacités pour réussir sa mission. Il était par ailleurs seulement le seul à pouvoir le faire. Il n'avait pas de pitié pour les humains, pas de considération. Les mutants avaient beau être des sur-humains, des personnes aux qualités exceptionnelles, le docteur ne ferait certainement pas d'exceptions pour eux. Ils étaient d'autant plus des ennemis pour lui et sa mission. Car jusqu'ici le professeur n'avait pas de projet en tête, il tenait simplement à répondre aux attentes de son père sans connaître son réel projet, aussi machiavélique soit-il. Peut-être voudrait-il soumettre les mutants en mobilisant leur ADN pour n'en fait que des armes sans âme. À vrai dire tout était possible avec son père et pourtant cela ne lui faisait pas peur, même, il ne ressentait rien par rapport à tout cela. Il serait félicité par son père, payé et pourrait faire ce qu'il voudrait, du moment qu'il restait disponible pour d'autres actions. C'était toujours le même cycle, les mêmes arrangements. Mais cette mission était différente, plus importante et changerait probablement bien des choses. Et c'était là une autre facette de cet homme, il ne craignait pas la souffrance ou la mort, cela le rendrait fou, hilare tout au plus, mais jamais cela ne le peinerait, car il s'était entraîné, dès son enfance à surprendre, à réagir toujours à contre sens. Il serait gagnant, toujours. Même s'il finissait par se faire avoir, il se devait de bien le prendre, comme un jeu qu'il aurait perdu, car il serait beau joueur, et sourirait à son bourreau, jusqu'à ce que la mort lui retire toute émotion.

Et cette mission n'avait jusqu'alors rien de désagréable. Sheitan avait été embauché pour un double emploi grassement payé, dans un cadre superbe, tranquille, avec des élèves et des patients passionnants, de part leur pouvoir et sûrement aussi leurs attitudes. Et il avait tellement à apprendre de ces gens qu'il resterait un moment dans cet institut avant de choisir, en plus de son frère, les mutants qui subiront les premières analyses. Peut-être même que Antoine pourrait en faire partie, et en voyant la naïveté de ce garçon, le jeune homme se demandait s'il n'était pas envisageable de réaliser quelques expériences sur place.
Alors rester calme, diplomate, amical.

« Cela m'arrangerait que tu sois l'élève le plus énervant de cette institution, cela me garantirait un travail bien reposant. »

Malgré ce qu'on pourrait croire, malgré ce que la société nous montre depuis quelques temps, il est bien plus facile de se montrer aimable, gentil, serviable et attachant que d'être la pire des personnes. Mais cela procure moins de divertissement, car une vie raisonnable est une vie trop calme, et pour avoir de l'action il faut savoir se montrer méprisant et méprisable.
En ce moment Sheitan chercher tout ce qui touchait le cycle du calme. Il serait peut-être peu intéressant et trop mou pour convenir à bien des personnes, et ce serait parfait. Sa posture naturelle ferait le reste et garantirait l'équilibre naturel pour qu'il soit apprécié par tous sans que l'on connaisse quoique ce soit sur lui, sa vie.

Sortant de l'infirmerie qui, par ailleurs, convenait parfaitement au jeune homme, l'élève révéla qu'il ne connaissait pas la localisation de la salle des professeurs. Il est vrai que cela devait être le cadet des soucis de ce garçon. Hop, sourire, voix douce, phrase qui tue.

« Alors un plan la trouvera pour moi, il n'y a pas de problème. »

Le professeur mémorisait le chemin vers les salles de classes. Ce n'était pas très compliqué à retenir au final, et lorsqu'ils arrivèrent à destination, le comble de la facilité se présenta puisqu'il s'agissait d'un long couloir fait de vitres teintées et de portes sur lesquelles étaient indiquées quelle utilisation devait-on faire de chacune des salles, lorsque celui-ci lui demanda s'il voulait poursuivre la visite. Le jeune homme fit mine de réfléchir alors qu'ils continuaient leur marche.

« Je ne voudrais pas que ma présence vous empêche de vaquer à vos occupations, mais si la cantine n'est pas loin j'aimerais que vous me la montriez. »

Il avisa la salle de français, qui était parallèle à celle de philosophie. Il la mémorisa avant de sourire au garçon pour lui montrer que s'il ne souhaitait pas l'accompagner il était libre.

S’il y avait une chose qu’Antoine ne comprenait pas du tout, c’était sans aucun doute les raisons que le docteur Bélial avait devenir enseigné à Eitsu. Disons que ce n’était certainement pas l’école de rêve puisqu’il y avait des mutants ou du point de vue au jeune homme des monstres… Néanmoins ce type était venu ici et ne semblait pas être troublé par le fait qu’il parlait surement à un de ces mutants. Peut-être n’était-il pas au courant ? Le super sauteur préférait ne pas penser à cette petite possibilité, après tout il ne voulait pas être celui qui lui apprendrait si monsieur Bélial ne savait pas dans quoi il venait de s’embarquer. Quoi que c’était un peu naïf et idiot de sa part de penser une telle chose, non seulement ça devait être la première chose que le directeur disait au possible prof, quoi qu’il y avait la brochure en plus donc… Mais il y avait une mince chance que le docteur Bélial soit un mutant lui-même ! Antoine décida finalement ses pensées. Que ce professeur soit mutant ou non, il n’était pas question de lui poser justement au cas où il ne le serait pas…

Finalement ce type n’était pas si mal pour un prof… Antoine avait une espèce de réticence envers le corps enseignant ainsi que les cours, mais peut-être qu’il se forcerait un peu pour son cours… Quoi que les chances qu’il le fasse étaient plutôt minces… Enfin, il verrait en temps et lieu. Et puis ce n’était pas comme s`il avait vraiment envie de se taper des leçons de français juste parce que celui qui enseignait la matière était pas mal ou classe… Soudainement en entendant monsieur Bélial, le jeune homme arqua un sourcil. Le plus énervant de l’école ? Surement pas… Il y avait des gens plus idiots que lui, il en était certain. Un peu mal à l’aise, sans aucune raison apparente, il répondit :

- Malheureusement je ne crois pas être l’élève le plus énervant.

Et non ! Malgré le fait qu’il arrivait à énerver les gens au plus haut point, il était plus qu’évident qu’il n’était pas le pire. Enfin ça dépendait simplement de ce qui énervait le professeur. Le super sauteur soupira légèrement en attendant que… la personne à qui il faisait visiter l’école ressorte de l’infirmerie. Ça ne fut pas bien long, mais il commençait à trouver bizarre de faire visiter l’école à un professeur, ce n’était tout simplement pas son genre disons. En entendant la phrase du docteur au sujet de la salle des professeurs, Antoine esquissa un faux sourire. Il était trop gentil ce professeur dans le fond… Ça devait être une nouvelle technique pour obliger les élèves d’assister au cours… Il ne répondit rien, n’en voyant pas l’utilité de toute façon. Et puis ce n’était pas comme s’il pouvait répondre quelque chose.

Puis vint le temps d’aller à la classe de français. Sans y être rentré une seule fois, le jeune homme savait où elle se trouvait, c’était bien comme ça disons… Le professeur dit alors quelque chose qui le surprit légèrement. Vaquer à ses occupations ? Comme s’il en avait. Il répondit toujours avec le même faux sourire :

- Vaquer à mes occupations ? Je n’en ai pas. Ce lycée est trop nul… Enfin pour la cantine suivez-moi.

Après quoi il se dirigea tout simplement vers la cantine. Il avait peut-être été trop franc avec monsieur Bélial, mais bon ça ne changerait rien à l’opinion qu’il avait de ce lycée. Il avait l’impression que c’était tout simplement un lieu pour contenir les mutants… Finalement ils arrivèrent bien rapidement à la cantine devant laquelle Antoine s’arrêta en attendant un quelconque commentaire de la part du docteur.

En apprenant son entrée dans cet internat, le docteur s'était longuement interrogé sur l'attitude qu'auraient les élèves, à son égard bien sûr. Et cela ne changeait jamais réellement, la plupart des personnes réagissaient en confiance avec lui, peu nombreux étaient ceux qui s'en méfiaient, et ils faisaient de la même façon partie de ceux qui disparaissaient le plus rapidement, par un bête accident. Les mutants avaient-ils des comportements différents des humains ? Des émotions, des sensations différentes ? Il se savait mutant, mais il n'était pas né ainsi, il l'était devenu, cela les rendaient forcément dissemblables.
Cependant il devait bien avouer que Antoine était, en apparence du moins -et elle pouvait bien s'avérer trompeuses-, un jeune homme semblable à bien d'autres qu'il aurait pu rencontrer, peut-être en un peu plus aimable et civilisé que la plupart des jeunes de son âge le seraient à l'époque actuelle, mais cela ne venait probablement de son pouvoir et ne lui donnait en aucun cas une raison d'être ici.

Tout se simplifiait alors si Sheitan n'avait pas plus d'efforts à faire qu'en temps normal, tout était au mieux pour lui. Évidemment, il gardait à l'esprit que ce ne serait certainement pas aussi simple de contrôler un professeur ou les autres personnes adultes qui étaient rattachés à ce pensionnat...
Mais il y parviendrait, rien ne pourrait lui être impossible, s'il partait avec l'idée qu'il ne pourrait obtenir un succès complet avec sa mission, alors il n'aurait pas poussé cette porte. Après tout il avait déjà accompli de belles choses avant d'arriver ici, il ne pouvait pas perdre.

Il appréciait réellement la visite, ce bâtiment était une belle œuvre, tout y était agréable, on voyait bien qu'il était loin d'être vétuste mais avait dans le même temps été construit avec des matériaux nobles et énormément d'application. Si les habitants des villes aux alentours pensaient qu'il s'agissait d'un centre de détention pour mineurs ou quelque chose dans ce style, mieux valait qu'ils ne mettent pas les pieds dans l'enceinte de cet établissement.
Enfin, le directeur de l'établissement avait sûrement pris des mesures de sécurité afin que cela n'arrive jamais. Et puis on ne pouvait pas dire que c'était son problème, une bonne dose de pagaille a plutôt l'effet de l'aider dans ses démarches, il est tellement aisé de monter les humains les uns contre les autres.
Mais ce n'était pas son idée du moment, chaque chose en son temps, mieux vaut profiter de ce que l'on a, vivre au présent tout en prévoyant l'avenir, ne pas être le surpris, c'était la première règle que le jeune homme se devait de respecter pour que sa mission soit une réussite.

Mais il ne devait pas oublié que ses fonctions étaient ici d'être un professeur et un docteur, ses questions et paroles en général ne devaient pas paraître trop étranges par rapport à celles d'un homme de son état. Et si la compagnie de ce jeune homme ne pouvait être considérée comme désagréable, il ne devait pas trop se comporter avec lui comme s'il s'y attachait, cela pourrait constituer une attaque. On ne se méfie jamais assez des gens qui nous entourent.

« Je pense que je vais m'apercevoir bien assez tôt que tu as malheureusement raison. »

Le professeur esquissa un sourire, il n'avait pas une once de sincérité mais savait l'imiter à la perfection. Il fit mine d'étouffer un bâillement pour cacher un tout autre sourire, un qu'on ne devait surtout pas apercevoir. Il avait maintenant sa place dans ce lycée. Aussi bien son infirmerie et sa salle de classe. Tout se passait à merveille pour le moment, il n'y avait pas à s'inquiéter d'une chose ou d'une autre. Sheitan Belial était arrivé pour de bon et les festivités pouvaient commencer. Ce ne serait pas un élève qui lui ferait peur, loin de là, les jeunes de cet établissements formeraient plutôt une grande partie de leur divertissement.

« Nul ? Les cours ne sont pas intéressants ? Tu n'as pas d'amis ici ? »

Il n'y avait plus de sourire sur le visage de Sheitan, mais une moue s'installait, prête à faire apparaître la compassion sur le visage du jeune homme.
La cantine n'était pas loin, finalement de l'intérieur l'établissement semblait un peu moins vaste que de l'extérieur. Décidément tout était bien fait ici.
Il ouvrit la porte principale et s'enquit rapidement des lieux avant de la refermer.

« Bien, merci pour cette visite Antoine, c'était sympathique de ta part. »

Qu'allait-il faire à présent ? Déballer ses affaires serait sûrement une bonne occupation pour la fin de cette journée. Il ressentait un peu de fatigue causée par son voyage.

Même s’il aimait bien le docteur Bélial, il lui semblait un peu bizarre. Antoine le trouvait sympa et tout, mais c’était justement ça le problème. De son point de vu les docteurs n’étaient pas sympa et encore moins jeunes. Quoi que l’âge exact de son interlocuteur fût inconnu alors il parlait sans savoir en profondeur ce qu’il avançait. Néanmoins, il était évident pour n’importe quel idiot, même pour lui dans le fond, que cet homme n’était pas bien vieux. L’enseignant devait être dans le jeune vingtaine, au maximum 25 ans. Donc s’il était jeune et sympathique, ça faisait de lui un docteur bizarre. Quoi que ça existe surement des docteurs sympathiques, c’était plutôt un prof sympa qui ne rentrait pas dans la tête du super sauteur. Il était donc mieux pour sa santé mentale de le considérer comme tout sauf un enseignant.

La visite était aussi agréable pour Antoine qui n’avait jamais pris le temps de regarder le lycée en tant que tel. Il était un lycéen presque normalement constitué alors il s’en fichait pas mal… Le seul hic c’était justement le fait que le docteur était aussi un professeur. Mais puisque personne, dans les étudiants, n’était au courant de son arrivée, le jeune homme n’avait pas l’air d’un nullard têteux ce qu’il n’était manifestement pas… Enfin en entendant ce que son interlocuteur lui répondit, le super sauteur soupira. Ce n’était pas parce qu’ils étaient des espèces de mutants bizarres qu’ils n’étaient plus des adolescents normaux et donc dérangeant et pas agréable… Donc ça amenait tout simplement à dire qu’il avait raison au sujet qu’il n’était pas le plus énervant. Antoine répondit joyeusement :

- Mais bien sur que j’ai raison.

Après tout il parlait en connaissance de cause. Enfin la suite de la conversation le déçut un peu. Bien sur que les cours ennuyeux c’était à ça que ça servait des cours. Il garda cette pensée pour lui-même après tout il parlait tout de même à un enseignant… À vrai dire, ce fut la deuxième partie qui le choqua vraiment. Pas d’amis ? C’était quoi cette idée complètement débile. Le jeune homme n’avait peut-être pas tant d’amis que ça, mais c’était des bons amis ! La qualité avant la quantité ! Généralement il prenait part pour l’inverse, mais disons que cette fois-ci ça l’avantageait de prendre le bord de la qualité… Pour bien paraitre, mais surtout pour se calmer intérieurement, Antoine répondit :

- C’est évident que j’ai des amis… Sauf que ce lycée est nul tout simplement.

On ne pouvait qu’admirer le grand talent du jeune homme pour expliquer les choses intelligemment. Quoi qu’il s’en fichait un peu dans le fond. Il n’avait pas de compte à rendre au sujet de son opinion sur le lycée. Et puis monsieur Bélial n’était pas le directeur, mais simplement un professeur alors il n’avait pas le droit de le juger sur une opinion de ce genre. Elle était peut-être dégradante pour le lycée, mais si c’était ce qu’il pensait, il avait bien le droit non ? Finalement après la cantine, la visite sembla terminée. C’était bien, mais Antoine n’avait plus rien à faire maintenant. Il demanda donc au professeur :

- Vous n’avez plus d’endroit que vous souhaiteriez visiter ?

Pas que ça le dérangeait vraiment, mais c’était une question comme une autre. Sauf que ça serait presque apprécié de la part du docteur de lui trouver une occupation autre que ne rien faire. La visite avait été utile jusqu’à maintenant mais… Enfin il irait probablement se pratiquer pour le basketball. Au cas où il ressortirait de cet endroit vivant un jour…

Sheitan se sentait bien en compagnie de ce jeune homme. Il n'avait pas tant envie de l'utiliser pour le moment, mais voulait s'arranger pour connaître tout ce dont il avait besoin pour débuter sa mission. Mais il ne devait pas se comporter de façon trop étrange pour ne pas qu'on le considère comme quelqu'un d'incorrect et que la rumeur se propage.
Non le docteur et professeur Sheitan Belial devait être connu comme étant une bonne personne, assez intelligent pour être docteur et professeur, assez responsable pour assumer ces deux statuts, assez jeune pour être le plus compréhensif envers les élèves.
Le jeune homme avait une grande force pour lire au travers des personnes. Il se trompait assez souvent, néanmoins sur les gens, mais savait se rattraper de la plus belle des manières. De cette façon, il avait la certitude de tout gérer, tout contrôler.
Personne n'est parfait, mais Sheitan approchait de la perfection, il n'avait pas de limite pour l'argent, pas de sentiments, la seule chose qui pouvait mettre à mal sa mission était son propre comportement, trop impulsif, trop brillant.

Quand vient à son esprit tourmenté des images de son magnifique frère imaginé, il ne peut s'empêcher d'avoir un sourire sadique. Quelles seraient les pires tortures pour le frère qui lui avait pourri la vie ? Qui avait pu s'octroyer le pouvoir qu'il aurait dû avoir dès le départ ?
Les sensations qu'ils ressentaient à ce moment étaient aussi fortes qu'une descente trop rapide ou d'un baiser inattendu. Son corps entier papillonnait à l'idée de voir le scalpel offert des mains de son père découper la chair si tendre du jeune homme. Sheitan était expert en la manière, il faisait de très belles choses, mais savait aussi très bien s'en occuper. Rendre des coupures invisibles après cicatrisation était une de ses spécialités, il s'appliquait. Il ne fallait tout de même pas qu'il puisse y avoir des témoins. Et puis ce n'était pas comme si il ne choisissait pas ses victimes...

D'ailleurs Antoine ne ferait probablement pas une bonne personne à torturer. Il semblait bien trop expansif pour cela, il serait capable d'aller répéter les sévices subies à d'autres personnes... Dommage, il avait l'air de connaître certaines choses de ce pensionnat mais Sheitan devrait obtenir ces informations d'une manière plus délicate.
Mais tout de même, pour calmer ses envies le docteur devrait se trouver rapidement quelqu'un qu'il puisse faire souffrir sans que cela ne créée de problèmes et si possible que cela lui procure des informations. La perle rare se trouvera sûrement dans ce pensionnat, mais le professeur n'a jamais été très patient.

En parlant de patience, le garçon qui l'accompagnait commençait à lui courir sur le haricot, avait-il besoin de rétorquer ainsi à ses remarques ? Toute une éducation à refaire, ou à faire d'ailleurs.

« Je ne voulais pas paraître désobligeant mais je me dois de connaître un peu mes élèves, même si cela peut paraître présomptueux. J'espère tout au moins que ton avis sur ce lycée changera. »

Avec un sourire semblant sincère et un clin d'oeil à l'appui, Sheitan essaya de se mettre Antoine dans la poche. Cela ne devrait pas être bien difficile après tout. Et comme le garçon lui demanda s'il voulait visiter un autre endroit, le docteur décida de mettre sa fatigue de côté et de proposer un autre choix de visite.

« Eh bien, j'aimerais assez visité le parc dont on m'a vanté la beauté et le complexe sportif, je suppose que je devrais m'y rendre assez souvent. Tu pratiques peut-être toi-même un sport ? »

Un détail crevait les yeux : la veste que portait le jeune mutant. Enfin l'habit ne fait pas le moine, mais le garçon avait l'air plutôt taillé, alors il y avait une bonne probabilité pour que le docteur fasse mouche. Il garda son sourire intact sur son visage, marchant en observant tout ce qui passait devant ses yeux.

Antoine n’était pas du genre lèche-bottes, mais il n’était pas un idiot non plus. Il savait très bien qu’être sympa avec un prof pouvait rapporter divers privilège. Et puis le docteur Bélial était sympathique lui aussi alors c’était probablement la meilleure personne pour… « Manipuler » bien que ce ne soit pas vraiment ce que le super sauteur comptait faire. Pour manipuler quelqu’un il valait mieux choisir une victime plus victime justement. Le docteur Bélial était beaucoup trop alerte et manifestement plus intelligent que le jeune homme, quoi que ce ne soit pas si dur que ça à battre… Enfin, si le professeur était trop difficile à manipuler, il fallait simplement changer de méthode. Du genre l’acheter d’une manière qui était plus digne d’un lèche-botte que d’un sportif comme Antoine. C’était une des raisons qui le motivaient à lui faire visiter l’école ça et le fait qu’il n’avait rien de plus intéressant à faire…

Raison idiote ou pas, la visite avait au moins le mérite d’être intéressante pour les deux partis. Il n’avait jamais prêté attention au lycée à cause de raison diverse, par exemple le fait qu’il n’avait pas de passe temps autre que jouer au basket, voir Étienne et ne rien faire, donc il n’avait jamais remarqué à quel point l’endroit avait son charme. Ça avait beau être nul, ennuyeux et grand pour rien, ce lycée était assez bien au point de vue architectural… Bon vous vous direz surement que c’était normal pour un jeune de 16 ans presque 17 de ne pas s’intéresser au côté architectural de son lycée, mais Antoine était un bizarre dans l’âme et pas que parce qu’il était un mutant è.é !

Ce que lui dit le professeur au sujet du lycée ne le surprit même pas. Il s’était imaginé entendre un truc du genre. Son avis ne changerait probablement pas, mais il n’avait pas envie d’être encore plus bête avec monsieur Bélial. Antoine décida donc de se forcer un peu et de réfléchir à une réponse un peu plus constructive et intelligente. Il dit donc sur un ton qui se voulait sympathique :

- Je l’espère aussi…

À vrai dire ce n’était pas du tout le cas, il voulait plutôt partir de ce lycée. Cependant pas question de le dire à qui que ce soit, même pas au type ou à la fille le ou la plus génial/e du lycée. Bref il écouta alors ce que le professeur lui proposait. La cours ou le domaine sportif. Normalement Antoine aurait voté pour les sports, mais il risquait de trop parler et ainsi d’énerver le docteur Bélial. Valait mieux aller à la cours, mais évidemment son interlocuteur voulait le faire parler alors il lui demanda s’il pratiquait un sport. Le jeune homme tenta donc de faire la plus courte réponse possible :

- Eh bien je pratique le basketball… À vrai dire je pratiquais… mon arrivée dans ce lycée à stopper ma pratique.

Le pire c’est que c’était la vérité pure et simple. Il marmonna un petit « Suivez-moi » avant de se diriger vers le parc qui était supposément beau. Antoine n’y avait jamais vraiment prêté attention puisque la seule chose qu’il y faisait c’était du basket justement… Le silence commençait à devenir lourd et c’est pour cela qu’il demanda au docteur Bélial :

- Vous pratiquez un sport vous ?

Puisque le sport était le seul intérêt d’Antoine, il préférait faire tourner la conversation autour de ça. Une dizaine de minutes plus tard, les deux hommes arrivèrent au parc. Ce n’était pas très loin surtout que le jeune homme était habitué d’y aller rapidement le matin ou quelque chose du genre…

Ce garçon semblait être assez basique pour avoir des amis et une vie stable dans l'institut. Il fallait comprendre que pour Sheitan l'intérêt de côtoyer des élèves était qu'il les mettrait en confiance jusqu'à se permettre quelques questions indiscrètes. Mais il allait devoir user de tact, il n'était pas tant habitué aux adolescents, aux enfants, il avait beaucoup de succès pour manipuler des adultes, quels qu'ils soient, car il savait toujours trouver ce dont ils avaient besoin et ce qu'il pouvait leur apporter. Les adolescents étaient souvent différents, ils n'attendaient pas souvent de l'aide venant d'un adulte, plus une compagnie, et si jamais ils se révélaient être plus manipulateurs, plus adultes, alors Sheitan saurait sévir. Il n'était pas de ceux qui se laisseraient avoir par des gamins. Il n'était pas question que cela arrive.
La problème était qu'il ne savait pas comment des mutants réagiraient face à lui, a priori il n'y avait pas de raisons pour que leurs ressentis soient différents, mais il se méfiait des instincts, en particulier de ceux qui comme lui, étaient métamorphes. Il s'était rendu compte que son pouvoir influait sur son mental, à moins que ce soit l'inverse, alors il se doutait que les mutants possédant une métamorphose animale auraient des capacités particulières et pourraient peut-être s'apercevoir que Belial n'était pas réellement un homme aussi bon qu'on pourrait le croire. D'ailleurs il devrait sûrement se méfier également des psychistes, d'après la brochure, il y en aurait qui seraient capable de contrôler les esprits ou même de lire dans les pensées et hélas, il ne savait pas à quel point.
Il devrait rapidement se procurer la liste des élèves et les informations sur eux et leurs pouvoirs. Il savait que de telles classifications existaient car il en avait déjà reçu une bonne partie, rassemblant les élèves et professeurs les plus à risques.

Il fallait une certaine organisation pour que son plan soit un succès, mais il était sûrement bon de se relâcher aussi. Alors les questions qu'il posa à Antoine ne furent pas toutes d'un grand intérêt. À vrai dire, au delà de sa mission, il voulait lui même comprendre. Qu'est-ce qui faisait qu'il était mutant ? Qu'est-ce qui changeait en eux et quel était leur point commun ? À quel point sa vie aurait-elle été différente s'il n'avait pas eu ce pouvoir de changer ce qu'il touche en plante ? Et pourquoi ce pouvoir ? Tant de questions demeurées sans réponses... Tant de choses que son père ne lui avait jamais expliqué, alors qu'il en connaissait certainement les détails... Peut-être pas tout, mais assez pour apaiser un peu l'esprit de Sheitan...

Le jeune homme se concentra à nouveau sur Antoine pour lui demandait s'il voulait bien l'emmener dehors. Autant faire le tour du propriétaire rapidement. Ensuite il irait se reposer. D'ailleurs malgré sa fatigue il était toujours aussi perspicace. Se jetant mentalement des fleurs, le docteur se mit à sourire lorsque l'adolescent lui répondit qu'il pratiquait le basket-ball mais qu'il avait arrêté depuis son arrivée à l'institut.

« Je vois... »

Le professeur répondait distraitement, tout en observant les alentours. Le parc était en effet très bien entretenu. Une fontaine servait de passage pour suivre plusieurs chemins. La pelouse était bien coupée, les buissons et les arbres bien taillés. Il y avait une vraie équipe ici, de vraies fourmis. Sheitan se demanda distraitement comment le directeur faisait pour recruter du personnel aussi compétent, puis se mit à songer qu'il devait profiter des pouvoirs de personnes adultes sans emploi... Pas si bête que ça, même un peu manipulateur... Intéressant...
Soudain la voix du gamin qui l'accompagnait se fit entendre, il l'avait presque oublié celui-là... Belial aimait bien le silence et la nature, alors pour la première fois depuis leur rencontre, Antoine Carter devenait agaçant.

« Je n'ai jamais eu vraiment le temps de pratiquer un ou plusieurs sports sérieusement... Mais je me débrouille pas mal, certes, sûrement pas aussi bien que toi... »

Il ajouta un clin d'oeil à cette déclaration et c'est alors qu'il aperçut plus loin le complexe sportif qu'il avait évoqué précédemment. De leur place on pouvait voir le terrain de basket, qui recevait souvent les pieds du gamin.

« Ça te dit une petite partie ? Promis je te laisse tranquille après. »

Le professeur sourit franchement et étouffa un petit rire concernant sa dernière phrase. La rumeur devait circuler qu'un nouveau professeur venait d'arriver et qu'il était des plus sympathiques, mais il craignait d'en faire un peu trop sur ce coup-là. Alors il reprit une attitude normale en attendant la réponse du gamin.

Même si c’était un professeur, monsieur Bélial n’était pas trop pire. Un peu trop gentil sur les bords, mais ce n’était certainement pas Antoine qui allait s’en plaindre. Sauf que bien sur, il garderait cette pensée pour lui, pas question de se faire ridiculiser parce qu’il trouvait que cet enseignant était un type bien. Dans le fond il devait simplement agir d’un sens. Trouver un moyen de se mettre dans les bonnes grâces de ce type pour ensuite en profiter. Le problème c’était simplement que pour le super sauteur mettre un tel plan sur pied était pratiquement impossible. Il n’était pas particulièrement rebelle, mais il ne se présentait pas souvent à ses cours qu’il jugeait inutile puisqu’il était coincé dans ce stupide institut pendant on ne sait combien de temps. Même si dans le fond, il ne comprenait pas pourquoi il se trouvait ici. Le jeune homme n’avait pas un pouvoir dangereux, ni même évident. Il aurait probablement put apprendre à le contrôler lui-même. Alors pourquoi avait-il accepté de suivre ce type qui avait tout de quelqu’un de louche ? Il ne se rappelait même plus de ce qu’il pensait pendant ce moment là. Disons qu’après avoir fait une fugue, ses pensées n’étaient surement pas les plus claires…

Oubliant complètement l’enseignant, Antoine résista à l’envie de frapper dans le mur le plus proche. C’était frustrant de penser qu’il était un peu comme un cobaye. Tout le monde ici était des mutants, du moins à sa connaissance. Cette information était claire, même pour lui, mais ce qui le dérangeait c’était les raisons qui avaient poussé le directeur à fondé cet institut… Une petite discussion avec la personne qui occupait présentement le poste serait utile, mais le super sauteur ne s’était jamais vraiment intéressé à la vie scolaire et donc par conséquent il n’avait aucune idée de comment rencontrer le chef de l’école sans avoir à se faire envoyer par un prof.

Ses idées furent interrompues par la voix du Docteur Bélial qui répondit à sa question au sujet du sport. Il n’avait jamais vraiment eu le temps d’en faire ? Eh bien si on tenait compte du fait que ce type est un docteur donc qu’il a fait des années d’études, c’était probablement normal. Or pour Antoine ne pas faire de sport est quelque chose d’impensable. Il avait peut-être stoppé la pratique, mais disons qu’il faisait quelques parties avec les autres jeunes de l’institut. Le compliment ne l’affecta pas particulièrement, mais il répondit tout même, pour être poli plus que d’autre chose :

- Disons que je crois encore une fois que je ne suis pas un bon exemple. J’ai suivi un entrainement depuis que je suis tout petit…

Et pour une fois ce n’était pas de la frime. Il disait ça sérieusement. Ça faisait un bon moment qu’il ne s’était pas pratiqué, mais disons qu’il restait quand même un type qui s’était entrainé pendant un bon moment de sa vie. Ce qui impliquait généralement qu’il devait être doué. Le jeune homme regarda avec une tronche qui expliquait clairement sa surprise. Une partie… avec un prof !? La proposition était intéressante, mais il eut un peu peur de se faire traiter de tricheur. Ne contrôlant pas encore très bien son pouvoir, il n’était pas encore capable de retenir ses sauts et disons que c’était facile de l’emporter contre quelqu’un qui n’avait pas ce pouvoir… Réfléchissant pendant une seconde, il s’exclama ensuite, gonflé à bloc :

- Bien sur ! Mais je ne me retiendrai pas parce que vous êtes un prof !

Toujours aussi enthousiaste, il se dirigea vers le complexe sportif en s’assurant bien sur d’attendre son adversaire. Une fois dans le complexe, il retira sa veste ainsi que sa chaine pour déposer le tout sur un banc plus loin. Il s’empara du ballon et le lança au docteur en lui expliquant :

- Je vous laisse commencer, sinon ce n’est pas juste…

Le professeur se sentait à l'aise à présent, il n'était plus soucieux de son apparence ou de ses actes, du moins plus pour le moment. Sheitan savait ou du moins sentait que Antoine ne le considérait pas pour un danger. Alors pour sa première journée dans l'institution, c'était plutôt pas mal, le tout était que ce gosse soit assez bavard pour diffuser le fait qu'un nouveau professeur était présent et qu'il était plutôt « cool ». Il aurait ainsi du travail en moins, enfin, façon de parler puisqu'il devait tout de même préparer sa mission et ce ne serait pas une mince affaire, même si entrer ici s'était trouvé être une chose aisée, le jeune homme sentait bien que cela ne durerait pas. Il ne savait pas à quel point l'affectation des pouvoirs transformait le cerveau humain, peut-être le rendait plus intelligent, peut-être que cela les rendait plus forts ou encore que cela aiguisait leurs sens. Le jeune homme devait être plus méfiant que jamais, il devait rapidement connaître les élèves qui constituait à la fois un danger pour lui mais aussi de bons « candidats » pour Delilah. Pour le moment Antoine lui servirait probablement à entrer plus facilement en contact avec les autres membres de cette institution et si l'élève lui paraissait un peu simplet, il avait tout de même un certain respect pour lui. Parce qu'il avait sûrement dû laisser sa famille derrière lui, même ses amis, pour rejoindre une institution qui, certes incroyablement accueillante, devait être pour lui une prison dorée.
Enfin, sa si courte estime s'arrêtait là, il n'allait pas non plus vouer un culte sans borne à un demi-portion qui semblait croire en lui, docteur pourtant si malfaisant.

Mais bon, il ne pouvait pas lui en vouloir, il appartenait à l'espèce humaine, même en tant que mutant, alors il avait peu de chances d'être accepté par le docteur. Celui-ci faisait pourtant attention à chacune des paroles prononcées par son futur élève, il devait emmagasiner beaucoup d'informations, même les plus futiles pourraient lui être utiles. Il apprit donc que le garçon pratiquait le basket depuis sa plus tendre enfance... Peut-être que son pouvoir était lié à cela, bien.
Sheitan profita du calme du parc pour se ressourcer un peu. Puis, motivé par l'idée de se dégourdir un peu, il proposa une partie au gamin. Après tout s'il gagnait celui-ci aurait de l'estime pour lui et s'il perdait avec le sourire, son élève le considérerait sûrement plus facilement comme un allié. Il n'avait donc rien à perdre.

Antoine semblait d'ailleurs plein d'entrain, comme si l'idée de pratiquer ce sport à nouveau lui avait redonné de l'énergie. La victoire n'était pas assurée.
Le professeur sourit aux remarques du jeune et, entrant dans le complexe sportif, attrapa le ballon avant de regarder autour de lui pour se faire aux lieux.
Il y avait une grande salle, qui pouvait servir à de nombreux sports si on considérait les filets présents, le marquage au sol ou encore les armoires semblant contenir bien des choses. Donc dans le même temps, le nombre de blessés devait être grand, cela faisait ses affaires mais augmentait aussi la proportion de temps pris sur son emploi du temps... Enfin, là n'était pas le soucis, il était habitué à la pression, au travail acharné, il n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil, la vie était bien trop courte pour que l'on perde son temps à dormir.

« Bien. »

Le professeur n'était en rien dérangé par le fait de commencer, bien au contraire, il pourrait ainsi faire ses preuves. Il dribbla quelques instants histoires de tester le ballon, puis avança toujours avec le même geste rythmique. Passant prêt du gamin, une bataille endiablée commença. C'était vrai, Sheitan n'avait jamais eu beaucoup de temps pour faire du sport en équipe, mais il avait longuement observé leurs agissements, les meilleurs techniques... Il eut un sourire et, profitant de sa hauteur, jeta le ballon vers le panier, s'il rentrait ce serait trois points pour lui, vu la distance... Mais c'était loin d'être gagné.

[Pardon de répondre si tard, je sais pas pourquoi j'ai été bloqué pour répondre... Jusqu'à ce matin... xD Donc voilà. =3]

Jouer contre un professeur représentait un quelconque défi pour Antoine. Bon d’accord il prenait pratiquement tout pour un défi, mais là c’était vraiment important. Il n’était pas question de se faire battre par un vieux crouton ! Monsieur Bélial était probablement jeune, ou du moins pas trop vieux, ce qui éliminait l’idée de se faire battre par un vieux crouton. Et puis il était pratiquement impossible pour le super sauteur de perdre. Simplement à cause de son super saut justement. Bien que ce n’était pas volontaire, il sautait plus haut que la moyenne et de beaucoup en plus. Cependant il se devait de ne pas trop l’utiliser parce que c’était ce qu’y avait fait que personne ne voulait jouer avec lui maintenant. Cependant ce n’était pas souvent volontaire. Le jeune homme arrivait parfois à se contrôler, mais c’était plutôt rare et disons que dans un esprit de compétition comme il avait maintenant, ça serait plutôt difficile.

En voyant, mais surtout en sentant le professeur près de lui, la machine se mit en marche. Il s’était tout simplement attendu à ce que le professeur ne soit pas trop mauvais, mais ce type dribblait bien. Le docteur Bélial ne faisait pas de faute et en plus il protégeait bien la balle. Fronçant légèrement, Antoine commença à courir pour rattraper le possesseur de la balle. Ça ne fut pas trop compliqué puisqu’étant très en forme il était capable de courir très vite. Il fallait simplement lui arracher la balle avant qu’il tire au panier…

Au moment même où le super sauteur formulait cette pensée le docteur Bélial s’enligna pour tirer. Si le ballon rentrait ça allait lui faire trois points ! Toujours les sourcils froncés, il s’élança un peu plus et sauta pour taper la balle et ce avant qu’elle ne redescende. Parce que même si ce n’était qu’un match « amical », le jeune homme se devait simplement de respecter les règles de son sport fétiche. Toute cette motivation lui fit faire « perdre le contrôle » sur son pouvoir, ce qui en soit n’était pas dramatique, mais qui faisait tout de même carrément tricher le super sauteur. En quelques instants il se retrouva à la hauteur de la balle et ce sans le moindre effort. Antoine attrapa la balle et atterrit sur le sol sans aucun problème. Commençant à dribbler, il se dirigea vers l’autre panier en saluant d’un sourire le docteur Bélial. Probablement que le professeur lui mettrait des bâtons dans les roues, mais rentrer le ballon ne serait jamais impossible pour quelqu’un comme le super sauteur.

S’élançant de toute ces forces vers le panier, opta plutôt pour un panier moins risqué. Tant pis pour le trois points l’important C’était qu’elle rentre. Même si son pouvoir l’avantageait vraiment au niveau de la défensive, ça ne changeait pratiquement rien lors d’un simple lancer sans besoin de hauteur. Et puis, le jeune homme préférait se servir de ces talents. Le seul problème c’était la taille de monsieur Bélial. Étant nettement plus grand que lui il pourrait surement arrêter une balle si elle passait devant lui. Ne sachant pas trop où le docteur se trouvait, Antoine en profita pour le lancer vers le panier. Espérant légèrement que ça entre sans problème. Il chercha ensuite le professeur du regard. Après tout c’était plutôt idiot de sa part de perdre son adversaire de vue ainsi…

Le fait de commencer était sûrement une chance pour Sheitan de marquer des points. La confiance qu'avait Antoine n'était pas anodine, ce gamin devait être bon en basket ball, et le docteur ne tarderait pas à en faire les frais. Alors il devait faire de son mieux pour le moment, réussir à garder le ballon jusqu'à ce que le panier soit accessible. Normalement, il devrait pouvoir conserver le ballon un moment.
Même sans avoir de capacités sportives particulières pour la course ou le jeu, le professeur était un excellent tacticien. Il voyait souvent comment il devait agir, où aller, où se placer, comment dribbler. C'est pourquoi, en profitant de sa taille et surtout de son envergure par rapport au garçon, Sheitan arriva sans problème au panier. Il voulut tenter le tout pour le tout, étant idéalement placé pour un magnifique panier à trois points. Le ballon s'éleva dans les airs, aidé par l'impulsion que le professeur lui avait donné. Sourire aux lèvres, il admira la courbe que suivait la sphère rouge dans les airs. C'est alors que, sans crier gare, un garçon surgit juste à côté de ce ballon. Comment cela pouvait être possible ? Antoine avait sauté au moins à deux mètres, voire trois, puisqu'il pouvait saisir le ballon avec aisance.
Sa phase d'observation venait de commencer. Sheitan regarda attentivement la retombée du garçon, c'était comme s'il avait fait cela toute sa vie. Ainsi son pouvoir était d'effectuer des sauts à cette hauteur ? Non, il devait pouvoir sauter bien plus haut... Mais comment son corps pouvait supporter tout cela ? La vitesse qu'il devait prendre en retombant devait le rendre trop lourd pour que ses membres inférieurs puissent le supporter... Réduisait-il sa vitesse en utilisant le vent ? Et se projetait-il de cette même façon ? En ce cas ce serait un élémentaliste... Pourtant... Le jeune homme n'avait rien senti, pas même une petite brise... Alors cela devait être autre chose... Peut-être faisait-il parti de ceux que l'on qualifiait de contrôleurs de l'espace temps ? Pourtant Antoine n'avait pas vraiment le profil pour un tel pouvoir... Peut-être ne s'en rendait-il pas compte, comme si cela était naturel en lui... Après tout pour Sheitan transformer un objet en plante n'avait plus rien de difficile, il était à un tout autre niveau à présent...
Le docteur était content d'avoir vu cet Antoine en action, maitrisant parfaitement son pouvoir... Et son orgueil en prenait un coup, il allait probablement se faire battre par un gamin. Mais ce n'était qu'un jeu... Alors l'adulte allait jouer.

Surpris par le fait qu'il ait utilisé son pouvoir, le jeune homme avait un peu tardé à courir après le garçon, quand il repris ses esprits et qu'il vit que Antoine était tout proche du panier qu'il était censé garder. Il courut donc en cette direction, le super sauteur tira puis regarda en sa direction. Tout en continuant sa course, Sheitan saisit les clefs de sa chambre se trouvant dans sa poche et les serra dans son poing avant de les lancer vers le panier. La plante arriva à hauteur du panier et se posa dessus, le fermant. Le ballon arriva et rebondit contre la plante, pour se retrouver entre les mains du jeune métamorphe. Les clefs tombèrent dans le panier et Sheitan s'avança pour les ramasser. Il lança un sourire et un clin d'œil au garçon.

« La partie s'annonce terrible. »

Le jeune mutant qu'était le professeur Belial était très intéressé par cette nouvelle idée. Un jeu, comme un combat de mutants... Le plus rapide et technique serait certain de gagner. Ce qui laissait à Antoine encore de nombreuses chances... Il sourit à nouveau et commença à dribbler pour partir vers le panier adverse, pour essayer de marquer ses premiers points.

Sans son pouvoir, Antoine n’aurait même pas été en mesure de s’opposer à monsieur Bélial. Le docteur était plus grand, plus fort et sans aucun doute plus impressionnant. Normalement ça ne changeait rien à un match de basket, mais il faut garder en tête que le super sauteur n’est qu’un adolescent à la limite du presque adulte. Néanmoins son âge ne changeait pratiquement rien au fait qu’un rien ne l’impressionnait. Donc le professeur aurait eu toutes les chances de gagner simplement en affichant une certaine attitude. Heureusement, ou malheureusement tout dépendant du point de vue, le jeune homme n’était pas qu’un fanatique du basketball. Et non, il possédait un don particulièrement intéressant d’un point de vue technique ou extérieur, mais simplement génial du point de vue de son possesseur. Pouvoir sauteur particulièrement haut et retomber sans la moindre blessure, c’était tout simplement génial et ce pour quiconque. En plus c’était tout de même impressionnant comme don. Bon pas autant que l’invisibilité ou encore la télékinésie, mais c’était tout de même pas mal.

Un sourire adressé, au passage, au docteur Bélial confirma qu’Antoine s’amusait bien. Il était dans son élément et il n’y avait aucun doute là-dessus. Surtout que le professeur semblait surpris par son pouvoir… Bien sur le jeune homme était bien loin de se rendre compte de ce qu’il réussissait à faire. Pour lui c’était simplement un saut comme un autre et surtout il n’avait aucune idée de comment il faisait pour réaliser ce genre de truc. À vrai dire, le super sauteur n’y avait jamais vraiment réfléchit. Disons qu’il s’en fichait pas mal. Sauf que bien sur, il devrait surement le faire durant son séjour à Dellane. Pour le moment il n’avait pas eu à le faire, mais…

Prenant ainsi le contrôle du ballon, le jeune homme se dirigea vers le panier et tirer. Normalement quelqu’un d’intelligent aurait plutôt pensé à sauteur et tout simplement déposer le ballon dans le panier, ce qui ferait un « donk ». Sauf que lui préférait le défi donc faire un simple tir serait plus intéressant. Et puis monsieur Bélial n’avait pratiquement aucune chance d’atteindre le ballon avant qu’il entre dans le panier. Sauf…

S’il se servait de son pouvoir. Antoine le regarda transformer on ne sait trop quoi en plante. C’était fantastique comme pouvoir ! Du moins c’était impressionnant. Pas très pratique, mais impressionnant. Il resta bouche-bée jusqu’à temps que le professeur aille rechercher ce qu’il avait transformé. Soit ses clés, ça correspondait donc à la théorie du super sauteur. C’était donc vraiment un métamorphe ! Suivant son adversaire du coin de l’œil, il lui laissa une petite avance. D’accord monsieur Bélial avait triché en se servant de son pouvoir, mais le jeune homme n’en faisait-il pas autant avec le sien ? Pour Antoine c’était simplement naturel de le faire alors, non, ce n’était pas de la triche. Mais normalement, il n’aurait pas le droit de s’en servir et ça il le savait bien. Enfin bon, ce n’était pas vraiment un problème. Il dit au professeur :

- C’est devenu un combat de mutant faut croire.

Le terme « combat » n’était probablement pas bien choisi, mais dans un sens c’était bel et bien ce qui se passait. C’était un combat entre pouvoir en fait, mais c’était du pareil au même pour Antoine qui s’en fichait pas mal. Gagner était important pour lui, mais devait-il prendre le risque de froisser le docteur Bélial pour gagner ? Et puis ce n’était pas très important de vaincre, il ne se vanterait jamais de l’avoir fait de toute façon…

À la surprise de Sheitan, ce simple match de basket, d'un intérêt moyen car consistant pour lui en une simple distraction, prit soudainement une toute autre importance. Observer ce jeune garçon agir donna une impression de défit au métamorphe. Défi qu'il ne laisserait pas passer, il avait sa fierté après tout, et quoi de mieux que d'étudier un pouvoir en action pour le comprendre, trouver sa nature. Apparemment, Antoine avait le pouvoir de sauter haut, mais Sheitan ignorait si cela se limitait vraiment à cela. Il pouvait être un élémentaliste, d'après ce qu'il avait lu dans la brochure. Il pourrait maitrisait l'air, ce qui lui permettrait sûrement de voler, ou d'être projeté dans les airs par son pouvoir, mais cela demandait sûrement une immense maitrise et à dire vrai, Antoine ne semblait pas être le genre de garçon travailleur qui utiliserait beaucoup d'énergie pour ce genre de choses. Mais il fallait se méfier des apparences, alors il considéra cette hypothèse autant que les deux autres, car il pouvait tout aussi bien être un métamorphe ou encore un contrôleur de l'espace temps. Pour ce qui était de la catégorie des psychistes, elle était à oublier pour ce qui concernait cet élève. Dans tous les cas, chaque pouvoir était passionnant, et par ailleurs Antoine avait déjà réussi à trouver une utilité au sien. Il n'était peut-être pas si simplet qu'il semblait parfois être.

Le jeune docteur n'allait cependant pas se laisser faire, car si sa taille l'aidait face au garçon, cet avantage disparaissait immédiatement avec le pouvoir que le sauteur détenait. Il lui fallait donc ruser, il ne pouvait pas perdre contre quelqu'un qui utilisait son don délibérément, alors la solution semblait être d'utiliser son propre pouvoir à son tour.
Avisant l'action du garçon, le docteur n'eut pas beaucoup de temps pour réfléchir à ce qu'il allait faire, mais cela lui suffit pour débloquer la situation pour lui. Son pouvoir agit en refermant le panier, ainsi le ballon ne put entrer. En quelque sorte, dans son esprit, ce qu'il venait de faire agissait comme une réponse au défi lancé de façon imaginaire par le garçon. Alors il avait le sourire, un sourire satisfait, qui représentait le plaisir qu'il avait alors à jouer ainsi contre lui, contre cet élève dont le pouvoir s'avérait être certainement un des plus pratiques pour gagner un match de basketball, ajoutez à cela que Antoine était un habitué de ce sport et avait sûrement subi de nombreux entraînements et le résultat était donc que le jeune professeur, fraîchement arrivé à l'institution, allait perdre cette partie.
Cependant il n'avait aucun envie de se laisser faire, il devait au moins essayer de ne pas trop encaisser de paniers. Perdre n'était pas un problème en soit, Sheitan se fichait éperdument de cette partie, car quoi qu'il arriverait, il savait qu'il serait gagnant, sur la vie.

Réussissant le blocage et récupérant ses clés en s'accroupissant juste devant, le professeur put entendre distinctement la déclaration de son jeune « ami ». Il se releva avec un sourire aux lèvres et alla récupérer le ballon avant de s'approcher d'Antoine pour lui répondre le plus sereinement possible :

« C'est un excellent entraînement, que de se retrouver confronté à ce genre de situation. Il va te falloir ruser, utiliser ton pouvoir pour quelque chose, en réfléchissant à pourquoi il pourrait te servir. Tu dois pouvoir gagner de la rapidité, échapper à mes plantes pour marquer. Mais attention, j'ai d'excellents réflexes. Et il faut que tu fasses bien attention à ne pas utiliser toute ton énergie, cela pourrait être dangereux. »

Les règles étaient établies, le jeu n'avait pas pris de l'importance, il était juste devenu un peu plus passionnant. Sheitan voulait que Antoine se serve de son pouvoir pour gagner, il savait que le garçon aurait l'avantage s'il s'appliquait et qu'il ne pourrait rien faire contre cela. Le professeur ne pourrait pas être toujours plus rapide que le ballon, mais il comptait bien faire en sorte de repousser certaines attaques pour rendre la victoire plus difficile.

Il donna le ballon à Antoine, avec un nouveau sourire, amical. C'était à lui de reprendre, le jeune homme ferait en sorte de la contrer, mais il était bien possible que cette fois, le garçon soit le plus rapide.

Antoine n’avait jamais, au grand jamais confronté un pouvoir qui était une véritable opposition au sien. D’accord celui d’Étienne représentait quand même un défi, mais là c’était un tout autre truc. Le télékinésiste avait tenté de ne pas utiliser son pouvoir, tandis que là monsieur Bélial le faisait en pleine possession de ses moyens. Ce n’était pas juste, mais en même temps c’était quand même très normal. Le super sauteur avait un pouvoir qui se rattachait facilement au basket et même s’il ne voulait pas l’utiliser, il ne le faisait pas toujours volontairement… Donc probablement que le docteur était un peu obligé de se servir de son pouvoir. La maitrise dont l’ainé faisait preuve était très surprenante et ça méritait l’admiration d’Antoine.

Néanmoins, le jeune homme n’était pas tout à fait l’idiot qu’il laissait paraitre. Bien sur, il n’accordait pas beaucoup d’importance à ses résultats scolaires, mais au moins il s’appliquait dans sa maitrise de son pouvoir. Enfin pas tant que ça, mais lorsqu’il s’entrainait au basketball il s’arrangeait pour améliorer la maitrise de son pouvoir. Il était donc devenu potable dans le domaine. Ça ne rivalisait certes pas avec la maitrise donc le professeur faisait preuve, mais Antoine avait un avantage considérable pour le match en tant que tel. Il était un joueur de basket au départ, il connaissait les règles, les techniques et toutes les autres choses qui pouvaient lui être utiles. Tout ça jumelé avec son pouvoir, ça donnait quelque chose de pas trop pire. Du moins suffisant pour ce genre de situation. Malgré son avantage apparent, Antoine n’était pas certain de gagner ce match. Son pouvoir ne le fatiguait pas, du moins pas beaucoup, mais avec trop d’utilisation en peu de temps, il risquait de se fatiguer inutilement. Pas besoin d’être un génie pour le savoir. Néanmoins, il décida de mettre le plus de chance de son côté en se disant que tirer de plus proche laisserait moins de temps au professeur pour réagir donc il perdrait moins d’énergie.

D’ailleurs Monsieur Bélial mit le jeu sur un tout autre niveau. Un combat de mutant plaisait déjà au super sauteur, mais c’était clairement une provocation là ! Cependant Antoine était loin d’être un intellectuel donc se faire dire qu’il allait devoir ruser… Ça n’aidait pas particulièrement sa motivation. Sauf que vu qu’il y avait un défi de taille, il avait simplement envie de le relever ! Stupidité d’enfant de cinq ans, mais disons que s’il n’avait pas été comme ça, il serait parti bien avant de se rendre là. Soupirant légèrement en prenant le ballon, le super sauteur le fit tourner dans ses mains en cherchant la meilleure tactique. Il alla finalement avec celle qu’il avait établi auparavant.

S’élançant finalement tout en dribblant avec le ballon, Antoine courut le plus rapidement possible en direction du panier adverse. Il n’avait pas besoin de beaucoup de temps pour atteindre le panier, mais il fallait calculer son coup avant de tirer ! Pourquoi il devait faire des mathématiques en jouant au basket en ? Haussant mentalement les épaules, le super sauteur s’arrêta près du panier et lança. Il rata presque sa cible, mais le ballon commença à rouler sur l’anneau du panier…

C'était enthousiasmant d'imaginer ce que serait leur bataille. Il aurait été amusant qu'ils puissent avoir un arbitre pour prévenir tout litige, même si au final, Sheitan serait probablement assez raisonnable pour ne pas commettre de fautes en jouant contre un élève. De la même façon il serait sûrement assez distrait par les performances du gamin pour ne pas trop agir avec son pouvoir, sinon sa victoire était assurée. Car même si cela lui demandait de l'énergie, le jeune homme maîtrisait son pouvoir presque à la perfection, enfin, malheureusement il lui faisait dépenser bien trop d'énergie.
Le docteur avait un problème d'endurance dont il ne s'était que trop peu occupé, étant trop pris dans son apprentissage de la médecine ou même simplement dans sa vie, car il avait toujours de nombreuses choses à gérer, quoiqu'il arrive. Et ce faible handicap ne l'avait jamais gêné, cependant il serait temps qu'il y remédie, car il semblerait que cela devienne un élément capital, car si ce match était amical, peut-être que d'autres événements le seront moins.

C'est pourquoi malgré son sourire et l'adrénaline qui montait en lui comme la joie que provoquait ce duel, le jeune professeur restait bien concentré, chacun de ses mouvements impliquait une dépense d'énergie non négligeable. Il devait profiter de sa taille pour avoir un nouvel avantage sur le garçon, bien que celui-ci disparaisse rapidement, vu le pouvoir du gamin...
Un autre désavantage était que le garçon était aussi rapide qu'une puce, ainsi quand il se mit à dribbler il passa le jeune homme sans que celui-ci ne puisse faire quoique ce soit. De plus il n'avait pas beaucoup de matière à transformer, il n'avait que son trousseau de clefs sur lui. Et ce n'était pas l'objet le plus maniable au monde, malheureusement pour lui.

Il rattrapa le garçon quand celui-ci sembla hésiter devant le panier, mais n'eut pas le temps de l'empêcher de tirer. La tension était palpable car Antoine ne réussit pas à faire entrer simplement le ballon. Celui-ci se mit à tourner inexorablement autour du panier, jusqu'à finalement tomber au milieu des filets.
Sheitan, beau joueur, applaudit le garçon qui sembla pousser comme un soupir de soulagement. Mais la partie était loin d'être terminée, heureusement car le docteur pourrait se rattraper et malheureusement car la fatigue accumulée par le voyage commençait à se faire sentir et les courbatures commençaient à gagner son corps.

Quand il prit le ballon entre ses mains, il savait qu'il devait jouer d'astuces pour gagner contre le gamin. Alors il s'élança en direction du panier et jeta le ballon en l'air en même temps que ses clefs afin qu'il puisse à la fois se débarrasser de Antoine et dans le même temps contrôler la direction du ballon. Ainsi ce dernier se retrouva dans ses mains quelques mètres plus loin et le jeune homme se trouva seul devant le panier, dribblant pour arriver plus près.
Seulement Antoine ne déméritait pas, et sa vitesse surprit Sheitan qui fut obligé de tirer bien trop vite. Visant le panier et tirant avec force, le ballon rebondit dans le cadre et fut alors pris par le garçon sous le regard dépité du docteur.

« Bien joué ! »

Il se dépêcha d'aller ramasser ses clefs, mais il était bien trop tard pour qu'il intercepte le ballon du gamin qui, plein de fougue, était déjà devant son panier, prêt à tirer.

» Croissant de Lune et Soleil de Plomb [ Antoine Carter & Sheitan Belial ? ]
» .:Maps [un beau topic d'arrivée pv Antoine xD]:.