La contradiction ici, n'est pas si évidente qu'il n'y parait. Faisant preuve de mauvais esprit caractéristique, il serait tentant de se lancer tête baissée dans le débat. En effet, l'intérêt de l'élève ne saurait être émoustillé par le bouffon s'agitant au tableau, et encore moins par ses propos. Bouffon qui soit-dit en passant, malgré sa bardée de diplômes et ses multiples années d'étude, fait montre de la pédagogie et du charisme d'une huître, et encore ! Viendrait-il vêtu d'une perruque et d'une paire de faux seins, au moins son sens de l'humour ou son sens esthétique douteux arracheraient un sourire à l'assemblée, exploit qu'il n'a jusqu'à lors pas accompli malgré ses multiples tentatives, la plupart étant des connotations sexuelles lourdement appuyées.
Non le problème n'est pas de savoir si le sus-nommé certain cours peut ou non être intéressant ...
Il s'agit plutôt de savoir si l'on peut qualifier ce triste spectacle, cette exhibition pathétique et navrante, de cours. Il existe communément deux types de professeurs : ceux qui aiment leur matière, et ceux qui aiment l'enseigner. Mais nous, chanceux étudiants, avons hérité d'une perle rare, inclassifiée à ce jour. L'ancêtre commun ou le chaînon manquant si l'on veut. Le professeur qui n'aime ni sa matière, ni l'enseigner.
Des notions lancées aléatoirement, sans ordre ni but apparent, volent dans l'indifférence générale, et restent inexpliquées ou, à l'inverse, longuement expliquées, très longuement expliquées, TROP longuement expliquées, comme si les élèves étaient, au mieux, ceux d'une classe de CP, au pire, d'une débilité profonde et contagieuse.
Cette dernière observation, bien qu'inexacte, est compréhensible, au vu de l'état amorphe dans lequel l'ennui, ennemi malencontreusement incontournable, place les élèves. Mais cet état de zombification, de même que le chaos sonore qui règne dans la salle, sont entièrement conséquence de l'incompétence de l'arbitrairement et auto-proclamé "professeur".
Cette attitude endormie des élèves ne favorise guère la concentration et la compréhension de la substantifique moëlle du cours, qu'il faut déjà dégager du flot ininterrompu d'informations inutiles issues de la volubilité du "professeur", que d'autres moins bien intentionnés qualifieraient de diarhée verbale. Il reste cependant avéré qu'une fois lancé, le " vénérable professeur" semble peu disposé à cesser de dispenser sa "sagesse", et ce en dépit d'alonger de quelques minutes d'éternité l'insupportable torture des élèves au comble du désespoir.
Hors, qui dit manque de concentration et de compréhension, dit aussi apprentissage nul.
La définition communément admise d'un cours reste l'apprentissage de notions nouvelles, bien que l'acteur principal semble confondre cette définition avec celle d'une auto-biographie indigeste.
Ainsi, ne peut être qualifié de cours le supplice qui nous est infligé de nombreuses heures lors de ce rituel aux puissances démoniaques de l'ennui présidé par le gourou diplomé à la pédagogie atrophiée qui ne se rend même pas compte, absorbé par son monologue, du mépris qu'il suscite et du fait que personne ne lui accorde la moindre sorte d'attention.
