Opération First Contact [ les demoiselles de la chambre 1 qui souhaiteront se joindre à moi ]

Engendrant un rêve merveilleux ou sa sœur et elle s'étaient enfin retrouvés, un bruit assourdissant vin l'ôter de ce doux moment. Une sonnerie de portable s'élevait dans la pièce qui ne paraissait plus aussi paisible qu'elle n'en avait l'air. Pourtant, Aoi ne voulais pas se réveiller. Elle voulait retourner auprès de sa sœur, la serrer dans ses bras, pouvoir enfin goutter à ses lèvres et pouvoir enfin goutter à l'anatomie de celle-ci. C'est dans cet état d'esprit qu'Aoi ne voulait pas ouvrir les yeux. S'efforçant de faire comme tous les pensionnaires normaux, elle restât stoïque et attendit Morphée.

Le problème était que quand le moment fatidique du moment où Morphée se décidait enfin à lui rendre visite, un bruit sourd vint lui faire faire demi-tour. Qui était assez stupide pour passer l'aspirateur dès le matin ? Certes quand elle avait investi la chambre la veille elle n'avait pas vue une chambre mais, de là faire le ménage le matin ... La personne devait être réellement maniaque songeât Aoi. Pourtant, elle ne voulait toujours pas ouvrir les yeux. Son désire de retourner auprès de sa sœur était si grand qu'elle consentit à ne pas littéralement exploser de rage envers la personne qui faisait le ménage. Chose qui se résuma correcte de sa part, car elle n'était plus toute seule dorénavant, mais il y avait quatre personnes dans sa chambre et si elle avait tapé sa crise, cela lui serait surement retombé dessus.

Végétant pendant toute la matinée, elle ne pouvait s'empêcher de pester contre la personne qui osait faire autant de boucan. Pourtant, elle ne fit rien, comme si elle avait compris qu'il fallait jouer la carte de la discrétion et non rentrer dans le tas. Le temps paraissait incroyablement long, le bruit de l’aspirateur au début très énervant fut devenu une douce berceuse au cours du temps. Une aubaine pour celle qui voulait à tout prix se rendormir. Attendant sur place, les yeux fermés, le sommeil en attente, elle n’entendait que la douce berceuse qui ne déchantait pas.

Vint le moment de la libération. Il n'y avait enfin plus de bruit. Cette personne avait-elle terminé son ménage matinal ? Étant donné l'état de la chambre cela était peu probable, mais il ne coûtait rien d'espérer. Espérer ? C'était la troisième fois qu'Aoi ressentait de l'espoir. Pourquoi ressentir cela alors qu'elle savait pertinemment que ça ne servait à rien. Une simple illusion qui se concrétisait souvent par un mirage. Non, espérer ne servait à rien. Il était stupide de ressentir ce sentiment. Il n'y avait rien d'illogique, rien qui ne pouvait être planifié, calculé, anticipé. Le hasard ne fais pas parti de ce monde, tout est inéluctable et cela, Aoi l'avait compris depuis longtemps. Ce n'était pas par hasard qu'elle avait rencontré les deux garçons la veille, ils devraient donc avoir une utilité à son plan.

Entendant le bruit de la douche, Aoi se mit à croire que la guerre anti-poussière était terminé. Elle avait été coriace, mais apparemment la personne avait réussi à en venir à bout. Ouvrant enfin les yeux, Aoi s'aperçut qu'il ne faisait pas encore jour. A la distance où elle était, elle ne pouvait pas distinguer si le store était ouvert ou fermé. Un bâillement vint lui faire craquer la mâchoire, elle était encore plus fatiguée que la veille. Cet institut était réellement épuisant. Le pire est que les cours n’avaient pas encore commencé. Entendant l’arrêt du son de l’eau provenant de la salle de bain, Aoi se retourna et essaya de se reposer. Le bruit de la porte retentit. Le scélérat avait quitté les lieux après le génocide auditif qu'il avait occasionné. Décidément, Aoi regrettait de plus en plus d'avoir utilisé son dernier acte de naissance pour cet institut.

Quelque lueur dorée vint l’ôter de son état de végétation. Il faisait donc jour et beau qui plus est. Prenant son courage à deux mains elle ouvrit les yeux pour la deuxième fois de la journée et se mit en position assise sur son lit. Son regard était encore flou dû au manque de sommeil et à la lueur étincelante qui entrait par la petite fenêtre. S'enroulant dans sa couette, elle restât dans cette position pendant quelques minutes. Signe d'un réveil difficile. Pouvant enfin voir clairement, elle vit une belle rose rouge sur sa table de nuit. La fleur préférée de sa sœur. Des larmes vinrent aux yeux d'Aoi qui se réfugiait dans une nostalgie sans limites. Pourtant, quelque chose clochait. Le garçon de la veille ne dormait pas, il lisait. La nostalgie prenait fin, Aoi était dans un institut pour monstre et la vision d'un de ses camarades la rappela à l'ordre.

Prenant son courage à deux mains, elle lui adressa un sourire tout en lui glissant un « bonjour » endormi. La main dans ses cheveux, elle avait fait tomber la couette laissant entrevoir son pyjama blanc jusqu'au nombril.

Le pyjama en question : [ je n'ai pas trouvé mieux dsl :s ]


Elle adorait celui-ci, car il était réellement confortable, mais il moulait un peu trop la généreuse poitrine de Aoi à son gout. Pourtant, elle ne bougeât pas. Ce n'était pas grave. Ils allaient devoir se supporter pendant une année donc autant qu'il soit choqué par le peu qu'il pourra voir. Surtout que le pyjama ne laissant percevoir qu’une somptueuse poitrine et non la dévoilait. Sortant doucement de son lit pour ne pas réveiller les autres elle s’approcha du garçon.

« Tu lis quoi ? » lui demanda-t-elle avec une voix toujours endormi.

Attendant sa réponse, elle se tournât et s'agenouilla pour récupérer la mallette qu'elle avait glissée sous son lit. Elle était comme neuve. Aoi s'était acharné à la nettoyer la veille pour ne pas avoir à le faire au réveil. Se souvenant soudainement qu'une personne avait fait le ménage ce matin, elle espérait qu'il n'avait pas vu les quelques bouts de terre qui devaient rester sur l'éponge.

Se lever était la chose la plus difficile à faire de la mâtinée. C'est le moment où l'on passe de l'inconscience total de ce qui nous entoure à la dure réalité qu'est la vie. Le seul moment où nous ne savons plus qui nous sommes, le seul moment où il n'y a plus aucun problème, le seul moment où nous sommes libres. Ce moment si exquis prend fin si rapidement que nous nous en apercevons pas. Les ténèbres font place à une lumière : la lumière du savoir. Rien de plus terrible que cette lumière. En un éclair on se souvient de qui nous sommes, où nous nous trouvons. Le retour à notre insignifiante existence.

Quand Aoi sorti de son lit, elle parla d'une voix encore très endormie à son colocataire. Il était vrai que Aoi n'avait jamais eu de garçons si proches d'elle. Ayant vécue en symbiose avec sa sœur, elle avait littéralement rayé les garçons de sa vie. Pourtant, cela lui faisait un choc de voir un demi-homme dans sa chambre. Faisait l'air de rien elle regardait l'air hébété ce corps qui ne bougeait pas. Était-ce un cauchemar ? Le garçon était-il devenu cadavre ? Un mauvais présage vis-à-vis de sa sœur ? Elle n'en savait rien. Pourtant, elle restait plantée là, comme si tout allait s'arrêter et pouvoir enfin se réveiller.

Quand elle vit la tête du jeune homme se tourner vers elle, elle comprit qu'elle ne dormait pas. Était-elle rentrée dans son rêve sans l'apercevoir ? Une philosophie orientale stipule que tous les rêves sont reliés entre eux. Était-il possible qu'elle fut par erreur apparu dans le sien ?

" Ce rêve vient de devenir encore meilleur ... "

Cette révélation lui prouva qu'elle était bien dans la réalité. Les hommes sont donc tous pareils ? Aoi regarda le jeune homme surprise et déçue à la fois. Il ne l'avait même pas regardé. Enfin, il ne regardait visiblement que sa poitrine... Souriant à l’idée de lui faire croire que le rêve du jeune homme était érotique, elle plaisantât en imaginant la tête qu’il ferait si elle commençait à retirer le haut de son pyjama. Mais quand cette idée commençait à être prise au sérieux, elle s’aperçut que le jeune homme tournait la tête. Reprenant son calme, elle fit comme si elle n’avait rien entendu. Il serait donc facilement manipulable si elle lui faisait croire qu’elle avait un intérêt direct pour l’asticot qu’il devait avoir entre son entre-jambe.

" Bonjour Mademoiselle Uki. Avez-vous bien dormi ?

Pourquoi m’était-il autant de politesse dans ce qu’il disait ? Puis surtout pourquoi l’avait-il vouvoyé ? Souriant doucement elle murmura.

« Pouvez-vous me tutoyer s'il-vous-plait ? Je n'aime pas que l'on me vouvoie, cela me donne l'impression d'avoir 24 ans. »

Elle n'avait pas choisi 24 ans par hasard. De toute façon, le hasard n'existe pas. La raison était qu'elle avait bel et bien 24 ans. Ayant une apparence de jeune fille de 16 ans, il était certainement plus simple pour elle de mètre en œuvre le plan  en œuvre. Rentrant dans l'élaboration de sa stratégie, les paroles du jeune homme la ramenât au moment présent.

Je lis un roman de science-fiction un peu philosophique…

Le jeune homme avait l'air cultivé, mais avait la fâcheuse manie de ne pas la regarder dans les yeux, mais plus bas. Comment pouvait-elle se contenir devant ce retour à l'état primitif de l'espèce humaine ? Prenant sur elle, elle analysa ce qu’il avait dit. Rien ne devait être laissé au hasard, tout devais être calculé minutieusement de façons à ce qu’elle gagne la partie. Entendant que le roman parlait de science-fiction, elle se remémora les films parlant du même thème. Des films comme : Matrix, Jurassic Park ou encore Alien vinrent à son esprit.

C'est l'histoire d'un savant qui découvre le moyen de remonter dans le temps et qui se retrouve confronté à un choix difficile, en même temps qu'il s'interroge sur l'éthique de sa découverte et sur les conséquences qu'elle pourrait avoir.
Mais cela ne doit pas vous passionner ... je connais peu de filles qui apprécient la science-fiction, sans vouloir faire de généralités."

L'idée de retourner dans le passé était très aguichante. Avoir enfin la possibilité de revoir sa sœur et anticiper un avenir pour elles par la suite. Changer l'avenir. Le destin n'existe pas, car l'être humain et l'être le plus imprévisible qui existe. Faisant toujours des choix quelquefois peu raisonnables, on ne peut anticiper avec certitude ce que l'autre fera ; et Aoi avait envie d'être une de ces personnes. Égoïste pour ne pas partager sa découverte et pouvoir profiter de son bonheur comme elle le voudrait pour l'éternité. Telle était son souhait. Voyant que le jeune homme la fixait, elle lui fit un sourire moqueur tout en répondant :

« Personnellement je n'aime pas spécialement lire mais, j'aime plutôt regarder des films. Je ne suis pas une cinéphile, mais cela me détend et cela ne vous intéresse surement pas. Quand vous parlez de science-fiction, vous faites référence à des œuvres comme Alien, Silent Hill ou encore Matrix ? »

Elle ne savait pas si Silent Hill faisait partie de la science fiction et elle s'en fichait. Elle voulait entamer une conversation pour pouvoir jauger son adversaire plus en profondeur. Ne pas laisser de place à la variable X. Voyant que le jeune homme devait réfléchir sur la deuxième proposition qu'elle avait faite, elle se tourna pour atteindre la mallette qu'elle avait rangée sous son lit.

Ayant enfin attrapé la mallette, elle se redressa doucement, faisant profiter le garçon de la vue qu'il devait avoir le plus longtemps possible. Puis elle voulu couper court à la conversation et repartir sur le toit pour faire une autre partie contre un adversaire fictif. Pourtant, elle savait qu'il n'était pas le moment de partir, mais elle en avait envie. Elle voulait jouer.

" Pardonnez-moi cette indiscrétion, mais vous semblez très attachée à ce jeu d'échec ... Accepteriez-vous de me raconter son histoire ? "

Elle fut surprise par la réaction qu’il avait eue. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité vis-à-vis de sa sœur comme quoi c’était elle qui avait appris à Aoi comment jouer. Non il ne devait pas avoir connaissance de l’existence d’une sœur. De plus, elle ne pouvait pas raconter qu'elle l'avait acheté depuis un moment, car elle l'avait acquis quand elle était en compagnie du directeur. Il l'avait coincé. Quand dans une partie d'échec, les pions ne veulent plus bouger, il faut bouger le roi pour montrer l'exemple. S'asseyant sur le rebord de son lit elle lui sourit en lui disant :

« Ce jeu ne représente pas grand-chose à mes yeux. Ce sont les échecs eux-mêmes qui ont une importance pour moi. C'est le seul héritage que j'ai de ma famille. »

Faisant la comédie à la fin de la phrase comme pour paraître quelque peu émue, Aoi reprit la parole avec une voix un peu plus sensuelle.

« Tu parlais de retour dans le temps dans ton livre. Que ferais-tu à sa place ? Je veux dire, si tu avais l’occasion de retourner dans le passé sans te poser la question éthique. »

Le pion était avancé, la réponse sera décisive. Le 1er tour venait de se terminer.

" Heu Alien et Matrix oui c'est sûr ... Silent Hill je ne sais pas vraiment. Je dirais que dans le genre horreur, Resident Evil est plus près de la science-fiction que Silent Hill. Mais je dois admettre que je ne connais pas très bien l'univers de Silent Hill. "

Comme elle le pensait, il était en train de réfléchir à la deuxième proposition. Ceci expliquait l'air abruti qu'il montrait pendant qu'il réfléchissait. Certes, Silent Hill n'était pas la vitrine du film de science-fiction, mais de là dire que Resident Evil était plus dans ce genre-là que Silent Hill était poussé. Comment pouvait-on comparer Resident Evil et Silent Hill. Les deux meilleurs survival horror par définition, mais dans des styles réellement différents. L'un parlait d'un virus qui transforme tout le monde en zombie et l'autre d'une ville abandonnée contenant un univers parallèle remplis d'énigme et de monstre difformes. Si elle aurait eu la possibilité, elle lui aurait crié que resident evil était un gros navet que ça soit dans les jeux vidéo aussi bien que dans les films, elle le ferait, mais le jeune homme avait déjà repris la parole comme pour justifier son choix.

" En même temps ça dépend aussi de comment tu considères la science-fiction. A la base, la science-fiction constituait, dans son noyau dur, de romans philosophiques où l'on changeait certains paramètres de la vie réelle pour voir le monde qu'on obtiendrait. Par exemple dans Matrix, que ce passerait-il si le monde dans lequel on vit était une réalité virtuelle ?
Après, pour le cinéma ça a trop souvent été transformé en synonyme de gros film hollywoodien avec des explosions de partout et un scénario inexistant ... "

Avait-il appris le dictionnaire ? Elle ne savait pas, mais pour qu'il ressorte une définition si exacte signifiait qu'il devait soit s'ennuyer énormément pendant ses moments libres soit qu'il voulait cacher un niveau intellectuel commun pour paraître plus vieux. D'ailleurs, il était vrai qu'elle ne connaissait toujours pas son âge. A vu d'œil elle lui donnait 18 - 19 ans à tout casser. Mais la question n'était pas là, il fallait qu'elle rebondisse sur ce qu'il avait dit. Elle ne pouvait pas laisser quelqu'un traîner dans la boue, le film mythique des deux sœurs. Le premier film qu’elles ont été voir au cinéma, la première fois qu’elles se donnaient la main, la première fois qu’elles se sentaient bien.

« Comme tu dis dans ta définition, la science-fiction était basé sur la réalité où l'on changeait quelques paramètres de la vie réelle pour voir le monde que l'on obtiendrait. Cela c'est juste la première forme de la science-fiction : émettre des hypothèses quelconques pour imaginer le monde futur. Mais tu oublies que dans la science-fiction il y a une autre forme : Il n'y a pas qu'imaginer le monde futur, mais aussi les planètes éloignées comme dans star wars ou des univers parallèles comme dans Silent Hill. As-tu déjà joué aux jeux ?»

Voyant la tête de Kiryu elle avait dû le choquer. Il était vrai qu'elle s'était un peu laissé aller sur son démenti, mais ce qui dût plus le choquer c'était le moment où elle parla des jeux vidéo. Une fille qui joue aux jeux vidéo était rare. S'il était adepte de ceux-ci, cela ferait un autre point commun entre eux deux et il sera plus simple encore de le manipuler. Comme toujours, tout était calculé de façon à jauger le jeune homme, le connaître un maximum en un minimum de temps tout en restant mystérieuse pour lui. Certes, on ne devait pas recevoir des informations sans en recevoir, mais les réponses de la belle demoiselle étaient toujours réfléchies.

« Ce jeu ne représente pas grand-chose à mes yeux. Ce sont les échecs eux-mêmes qui ont une importance pour moi. C'est le seul héritage que j'ai de ma famille. »

Avait-elle répondu à la question du jeune homme quand elle était partie récupérer sa mallette sous son lit. Elle avait choisi sa stratégie. Son plan de secours était déjà fait et son plan d’attaque avançait à merveille. Il ne fallait pas se précipiter pourtant, car nous ne sommes jamais à l'abri d'un faux pas. Mettant la comédie en œuvre, elle observa le personnage du bord de son lit. Bien qu'elle ne pouvait pas jouer trop longtemps par peur d'une venu de l'autre personnage, elle ne put s'empêcher de repérer la mimique qu'il avait de caresser sa chevalière. Il était donc nerveux. Elle était encore plus récompensée que prévu. Il y avait donc quelque chose qui s’était passé avec sa famille. Rien de précis, mais elle avait réussi à le toucher. Il était temps de donner le coup de grâce pour être concerter dans son hypothèse. Prenant une voie sensuelle pour le mettre en confiance elle prononça :

« Tu parlais de retour dans le temps dans ton livre. Que ferais-tu à sa place ? Je veux dire, si tu avais l’occasion de retourner dans le passé sans te poser la question éthique. »

La réponse tardait à arriver. Avait-il vécu une horrible expérience, perdu ses parents, perdu un être cher ? Elle ne savait pas, mais le long silence qu'il faisait paraître était révélateur. Pourtant, il fallait qu'elle reste calme. Elle avait touché un point sensible et il ne fallait pas quelle creuse trop profondément tout de suite, car il pourrait mettre des barrières entre lui et elle et cela serait une perte de temps pour le plan Alpha.

" Je ne changerai rien du tout. Je suis plutôt satisfait de mon sort ici. Si je changeais quelque chose dans mon passé, peut-être que tout serait bien pire pour moi.

Et toi alors ? Qu'est ce que tu changerais si tu pouvais remonter dans le temps ?"

Il était au bord du gouffre apparemment. Il avait pris un joli sourire pour appuyer sa déclaration, mais le regard ne trompe jamais. Aoi n'était pas une professionnelle dans tout ce qui était interrogatoire, mais elle avait vu assez de films pour apprendre que lorsque que l'on détourne les yeux pour répondre cela signifie généralement un bon mensonge. Faisant mine de rien elle lui répondit avec un air innocent :

« Je n’y ai jamais réellement pensé je dois te l’avouer. »

C'était la réponse parfaite. Il ne pouvait rien douter, rien imaginer, il était coincé. Le 1er tour était un franc succès. Pourtant, il ne fallait pas rester dans ce terrain trop longtemps pour éviter que cela se retourne contre elle. Lui faisait un sourire timide, elle lui demanda avec une voix fine.

« Je voulais savoir. Je sais que cela peut paraître indiscret. Mais quel âge as-tu ? »

" Je vais bientôt avoir 20 ans. "

Alors, comme ça celui qu'elle traitait de demi-portion avait presque 20 ans ! La remarque n'était pas désagréable à entendre. Certes il avait l'air d'un pervers fini, mais il était attirant, intelligent et donc par définition intéressant. Aoi ne pouvait s'imaginer avec une autre personne que sa sœur et cela n'avait pas changé, pourtant, elle avait le pressentiment qu'il était différent des autres tas de bout qui faisait la fierté de la race humaine. Devait-elle continué à lui mentir ou tout simplement tout lui avouer ? Le problème était qu'elle ne le connaissait pas encore assez pour savoir s'il était digne de confiance ou pas. Et le secret d'Aoi était la chose de plus précieux pour elle.

Regardant le jeune homme en face d'elle, elle ne put s'empêcher de sentir que le jeune homme avait quelque chose de particulier. Il ne fallait pas prendre une décision trop active et cela elle le savait, mais plus la discussion continuait et plus elle commençait à l'apprécier. Cela devais se faire sentir, car l'atmosphère devint moins tendu voir même amicale. Voyant que Kiryu la regardait dans le plus profond de ses yeux, Aoi se mit à rougir. Non par gêne, mais plutôt par gratitude envers celui qui avait l'air de la considérer comme autre chose qu'un sexe sur patte.

" Je sais que ça va paraître fort peu galant, mais tant pis. Nous ne sommes pas encore arrivés à la période où les femmes se font du souci pour leur âge donc je me lance ...
Et toi quel âge as-tu ? "

Il est vrai que la question est peu polie dans le cadre d'une discussion entre homme et femme et Aoi ne considérait plus le personnage comme un petit garçon, mais comme un adulte ce qui changeait totalement sa vision des choses. La jeune femme ne comprit pas la réflexion de Kiryu sur le coup. Il y avait-il une période qui rendait les femmes soucieuses de leurs âges ? Aoi aimerait tellement vieillir, pouvoir être heureuse et subir l'effet du temps comme tout organisme qui se respecte. Regardant Kiryu avec un sourire chaleureux, elle réfléchissait à sa réponse. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité tout de suite, mais elle en avait réellement envie. Il fallait rester logique dans ses agissements et ne pas commettre d’erreur. Tout en gardant son sourire chaleureux, elle lui répondit d’une voix douce.

« J'ai 16 ans. Ne t'inquiète pas pour ce qui est de la galanterie. Je t'ai posé cette question, il paraissait donc normale que tu me la rétorque. »

Elle n'utilisait plus le langage des adolescents et cela avait dû se faire sentir. Pourtant, il fallait qu'elle soit sur de lui pour tout lui avouer. Il n'y avait qu'une solution : fouiller dans le passé de celui-ci pour ce faire une idée sérieuse. Kiryu ne bougeait plus et cela mettait Aoi mal à l'aise. Elle se mit à chercher sa mallette pour pouvoir se changer les idées, mais quand celle-ci était présente, elle ne voulait plus réellement partir. Ouvrant la bouche pour réengager la conversation, elle se fit couper par le jeune homme qui avait dû émerger de ses rêveries.

" Alors j'imagine que tu joues régulièrement ... un petit défi ça te dit ? "

Une partie avec une autre personne ? Il savait donc joué aux échecs ? Il commençait à devenir très intéressant ce jeune homme… Écartant les bras en arrière pour s’étirer, le pyjama moulait dorénavant totalement le bonnet 90B de la demoiselle. Voyant que celui-ci regardait, elle prit un peu plus de temps avant de se remettre droite. Le regardant avec un sourire charmeur elle lui demanda d'une voix aguichante :

« Tu es sûr que tu veux jouer aux échecs ou tu veux faire autre chose? »

« J'ai 16 ans. Ne t'inquiète pas pour ce qui est de la galanterie. Je t'ai posé cette question, il paraissait donc normale que tu me la rétorque. »

De quoi doucher les ardeurs du jeune homme. C'était une gamine par rapport à lui. Même si elle n'en avait pas l'air... Elle s'étirait lascivement sur son lit, tendant son pyjama moulant sur sa poitrine. Vraiment pas l'air ...
Cependant les faits étaient là. Même si cela ne collait pas vraiment. Kiryu aurait mis sa main à couper qu'elle était plus âgée qu'elle le laissait entendre. Même cette pause sexy était soigneusement étudiée, ce n'était pas quelque chose qu'une morveuse pouvait trouver comme ça.

« Tu es sûr que tu veux jouer aux échecs ou tu veux faire autre chose? »

Kiryu faillit s'étouffer en avalant sa salive. Comment résister à ça ?!! Il se focalisa sur son âge, se le repassant sans cesse dans la tête. 16 ans, 16 ans ...

" Contentons nous d'une partie d'échecs pour le moment ... "

Il la vit se renfrogner, probablement vexée, et se releva en gesticulant alors qu'il tentait de s'expliquer.

" Non pas que d'autres activités ne soient pas envisageables ! Seulement on se connait à peine et les échecs sont un bon moyen de se jauger, en plus on peut continuer à discuter en jouant. "

Il se rassit, essayant de décrypter dans son regard si elle était toujours fâchée.

" Mais on peut aussi continuer à discuter tout simplement... j'ai une réunion dans pas longtemps donc ça risque de faire court pour une partie. "

[Désolé c'est court ... et désolé pour l'attente]

" Contentons nous d'une partie d'échecs pour le moment ... "

La phrase eu l'effet d'un boulet de canon. Quelque chose ne tournait pas rond. Pourquoi avait-il refusé ses avances ? Même si elle voulait par la suite lui proposer de faire un tour dans l'institut pour discuter, elle s'aperçut que quelque chose avait calmé les ardeurs du garçon. Réfléchissant silencieusement, elle était déçue. Elle avait échoué au moment le plus simple de son plan. Comme quoi, les humains sont vraiment des créatures mystérieuses. Ils disposent d'une capacité qui ne sert à rien certes, mais ils l'ont : c'est l'autodétermination. Cette faculté n'était d'aucune utilité dans les plans d'Aoi, car cela pouvait reproduire ce qui venait de se passer : un refus. Regardant Kiryu toujours avec une tête de chien battu, elle le fixait du regard quand il continua dans sa foulée.

" Non pas que d'autres activités ne soient pas envisageables ! Seulement on se connait à peine et les échecs sont un bon moyen de se jauger, en plus on peut continuer à discuter en jouant. "

Il était donc arrivé aux niveaux de la justification. Cela intéressait grandement Aoi, car elle voulait savoir où elle avait commit une erreur. Apparemment il semblait préconiser le fait qu’ils ne se connaissaient pas assez. Depuis quand un garçon refuse des avances de filles sous prétexte qu’il ne les connait pas assez ? Non il devait y avoir quelque chose d’autre. Il y avait cinq possibilités :

La première était simple : Il devait être trop timide et bien qu'il devait avoir des idées déplacées, il ne les assumait pas.
La deuxième était la plus stupide : Il faisait un blocage sur son âge et faisait partit des gens qui ne font pas la distinction entre être avec quelqu'un pour le plaisir d'être avec la personne, mais qui le sont plus pour se croire un semblant virile le soir arrivé...
La troisième était plus intéressante : Il était quelqu’un de sensé et ne voulait pas commencer quelque chose avec une fille qui lui plait sans la connaître un minimum.
La quatrième était possible : Il devait faire attention à ce qu'il disait, car il avait un post qui ne lui permettait pas d'engager une relation avec elle.
Ou la dernière qui se résumait à une chose : elle ne lui plaisait pas.
La cinquième fut éradiquée rapidement, prenant compte de sa réponse elle n’était pas possible. Il restait donc plus que quatre solutions à son problème. Il fallait qu’Aoi sache où elle avait gaffé et laissé un tour sans gagner du terrain. Il devait voir qu’elle ne répondait pas et s’était rassit pour surement continuer de se justifier.

" Mais on peut aussi continuer à discuter tout simplement... j'ai une réunion dans pas longtemps donc ça risque de faire court pour une partie. "

La première solution fut éradiquée. Il venait de lui démontrer que la raison du refus n'était pas dû à une timidité poussée, mais à une contrainte. Il ne restait plus que trois possibilités encore valident. Le regardant avec un regard emplit de malice et de mystère, elle lui fit un sourire des plus aguicheur avant de lui rétorquer :

« C'est dommage que tu as une réunion dans pas longtemps. Nous aurions pût faire plus connaissance après la partie d'échec qui sait...»

Le petit jeu commençait à l'amuser réellement et continuant dans sa lancé, elle enchaîna :

« Tu as une réunion de quoi ? Tu ne peux pas annuler pour rester avec moi ? »

Elle amplifiait ses paroles avec des postures qui pouvaient mouler sa poitrine ou tout simplement lui faire présager qu'elle lui offrait une petite invitation à s'asseoir à côté d'elle......

« Enfin bref. Apparemment tu n’as pas le temps de faire une partie d’échec, alors que dirais-tu de faire en sorte que l’on se connaisse mieux ? »

Pour la dernière réplique, elle avait rajouté un petit clin d’œil. Elle était en train de l’aguicher et elle aimait ça. Elle voulait sa revanche. Elle le voulait.

" Je dois faire le recrutement de nouveaux membres pour le comité de Discipline. Je ne peux pas repousser, je ne m'en sors plus tout seul, j'ai besoin d'un coup de main. Sinon, je préfèrerais bien évidemment rester avec toi que devoir me taper des entretiens pendant toute la journée. "

Il faisait donc parti du comité de discipline. Kiryu commençait à devenir de plus en plus intéressant. Pourtant, il n'avait pas l'air de morde à l'hameçon que lui tendait Aoi et cela commençait à la rendre nerveuse. Elle n'était pas dans son élément, car les seules fois où elle prenait cette attitude, c'était pour berner l'un de ces porcs que l'on trouve partout dans les rues. Lui avait l'air indifférent à ses avances, comme-ci quelque chose le bloquais. Elle ne pouvait pas continuer indéfiniment dans sa foulée, car plus elle irait loin, plus elle aurait à assumer ses actes. De plus il faisait partit du comité de discipline donc il fallait mettre des gants velours.

Quand elle vit Kiryu se lever pour s'asseoir à côté d'elle, la jeune fille commença à avoir peur. Son rythme cardiaque augmentait considérablement et commençait à produire tellement de chocs dans la poitrine de la jeune fille que le lit se mit à trembler à la cadence des battements du cœur de la jeune fille. Quand elle vit qu'il commençait à se rapprocher, elle se pétrifia. Allait-elle récolter les fruits des graines qu'elle avait semées ? Elle ne le savait pas. Cependant, ce n'était pas le moment de devenir une vraie femme. Surtout avec une autre personne que sa sœur. Prenant son courage a deux mains, elle continua son petit jeu en lui servant sa dernière réplique, assaisonné d'un clin d'œil. La réponse ne se fit pas attendre :

" Oui c'est une bonne idée ... alors d'où viens-tu comme ça ? Tu as de la famille ? Quel est ton pouvoir ? "

La première partie de la phrase lui fit froid dans le dos. Elle ne cachait plus sa gène et faisait des yeux ronds comme-ci elle était surprise. Elle était tétanisée. Les images du centre commerciales tournaient dans sa tête, le choc revint sur le devant de la scène comme une star que l'on appelle pour faire un come-back. Son visage inspirait la terreur et laissait entrevoir un profond traumatisme causé par quelque chose de similaire. Essayant de reprendre son calme, elle se focalisa sur la dernière partie de la phrase. Il ne lui demandait pas de choses salaces, mais simplement des informations sur sa vie privée. Prenant une grande respiration, elle s'efforça de réfléchir à comment rattraper la chose. Il paraissait évident qu'elle ne pouvait pas lui mentir à nouveau et donc prit la deuxième solution. Elle se rapprocha doucement du jeune homme jusqu'à frôler ça joue. Continuant dans sa lancé, elle arriva à l'oreille de celui-ci et lui murmura doucement.

« Je ne parle pas aux pervers stupide qui ne pense qu'à cela. Tu as l'air différent alors je veux bien entamer une réelle conversation. »

Se retirant doucement, elle le regardât avec des yeux sans émotions. Elle ne jouait plus et il avait dû le comprendre. Parlant d’une voie plus sèche et froide, elle lui répondit :

« Je sais que je suis nouvelle dans l’institut, mais si je peux te servir à quelque chose dans ton comité de discipline je suis preneuse. En fait, j’ai l’impression que je vais rapidement m’ennuyer ici et cela pourrait m’occuper. »

Fini les mensonges, fini les sous-entendu, elle était elle. Aoi, la vraie, celle que peu de personnes connaissait. Elle ne s'était pas préparée à dire la vérité à quelqu'un, mais elle l'avait choisi. Il faisait partit du conseil de discipline et donc pourrait l'aider. S'il ne voulait pas, elle se débrouillerait par ses propres moyens. Elle ne voulait pas le mettre en première ligne et donc se servirait de lui pour la couvrir en cas de problème. Le regardant dans les yeux, elle continua sa réplique.

« Je veux bien te dire la vérité sur moi, mais à une condition : que cela soit à double sens. »

" Ravi de voir que je n'ai pas été catalogué parmi les porcs sans éducation. C'est un véritable soulagement. "

Kiryu semblait vouloir détendre l'atmosphère. Aoi ne pensait pas qu'elle l'avait choqué à ce point avec sa réplique, mais compte tenu de la réponse du jeune homme, c'était un fait. Elle voulait s'excuser, mais elle n'en trouva pas la force. Quand elle ouvrit la bouche pour lui demander pardon, aucun son n'était sorti. Une sorte de revanche de son corps contre celui qui avait surement provoqué le génocide auditif du matin. Elle qui voulait rester mystérieuse et n'impliquer aucunes personnes dans son périple avait finalement craqué pour le petit brun qui lui faisait face. Il inspirait la confiance et n'avait pas l'air stupide. Certes, il devait être pervers sur les bords, mais quelque chose disait à la jeune fille que le garçon ne la toucherait pas. Le visage d'Aoi n'en déridait pas moins. Toujours aussi froide dans son expression que dans ses répliques, elle avait eu peur et l’expression de celle-ci n'était pas prête de partir. Cela devait vraiment être atroce à regarder, car le jeune homme continua de proliférer des âneries.

" Je serais ravi de te compter parmi les membres du Comité, si tu passes l'entretien et que tes capacités sont retenues ^^. Ce dont je ne doute guère ... mais pas de favoritisme. "

La ponctuation à la fin de la phrase fit sourire la jeune femme qui perdait en rigidité. Il ne la considérait pas comme une idiote et cela était rare. On dit que le génie et la folie ne sont séparées que par un point de vue, alors l'intelligence et la stupidité devaient l'être aussi. Aoi regardait le jeune homme dans les yeux et lui souriait. Il était gentil de sa part de vouloir remonter le morale à la demoiselle et celle-ci lui faisait savoir. Plus important encore, il lui avait dit qu'elle avait des chances de devenir membre du comité de discipline. Occasion inespéré pour se couvrir en toute circonstance, reporté la faute sur les autres et donc sortir indemne de situation périlleuse. Commençant à imaginer quelques excuses pour se tirer d'affaire, elle fut retirée de ses pensées quand Kiryu eu reprit la parole:

" Je n'ai pas l'impression d'avoir manqué de franchise avec toi depuis le début de notre discussion ... Certes je n'ai peut-être pas tout dit, mais je ne t'ai pas menti.
Mais si cela peut te rassurer, tu as ma parole de gentleman que je te dirai la vérité sur tout ce que tu voudras savoir. Ou presque. Je tiens à garder une marge de manœuvre tu comprends. Et certes choses qui ont été oubliées doivent le rester.
Je t'écoute. "

Après avoir dit cela, il avait changé de position comme-ci celle qui avait ne lui convenait plus. Quelques remords sur ce qu'il avait dit ? Aoi ne voulait pas lui faire repasser un test, mais elle ne pouvait pas non plus tout lui dévoiler. Il fallait donc qu'elle trouve une astuce pour que les deux disent la vérité à certaines questions. Il était clair qu'il continuait à défendre sons point de vue sur le fait qu'il n'avait pas menti. Pourtant, Aoi était persuadé qu'il lui cachait quelque chose et s'il voulait qu'elle ait confiance en lui, il fallait tout d'abord qu'il ait confiance en elle. Se mettant en position fœtus sur le lit, elle lui faisait dorénavant directement face. Prenant un air lassé, elle lui répondit gentiment :

« Je n'ai rien contre ta parole de gentleman, mais à part une promesse, pour moi, rien a de valeur. »

Elle l’accusait donc ouvertement de continuer à lui mentir. Il ne fallait pas qu’elle ait ne serait-ce qu’un soupçon qu’il puisse la trahir, sinon cela risquerais de tourné au drame.Elle voulait lui faire comprendre que maintenant, ce n'était plus un jeu et qu'il fallait donc être sérieux. Loin de là l'idée de le menacer, mais plutôt celle de voir jusqu'où il était capable d'aller et que s'il lui avait menti, il aurait à faire à elle. Aoi n'avait pas peur de mourir, elle s'y était préparée tellement de fois que maintenant elle s'en fichait totalement. Se battre contre Kiryu était une cause perdue, mais elle ne lui laisserait jamais divulguer ses secrets à d'autres personnes.

Se levant doucement, elle passa devant le garçon tout en se dirigeant vers la porte. Celle-ci avait encore la clef au milieu de sa serrure et la jeune femme en profita pour la tourner. Verrouillé. Maintenant ils étaient seuls. Revenant doucement à sa place de départ, elle lui déclara.

« Avant toutes choses, j'aimerais que l'on fixe des règles. Nous poserons une question chacun notre tour et la personne concernée devra dire absolument toute la vérité. Que cela soit déplacé, malsain, embarrassant voir blessant, nous aurons obligation de dévoiler la vérité. »

En prononçant le mot « blessant » elle avait baissé le ton de sa voix inconsciemment. Marquant une courte pause et ne laissant pas à son interlocuteur le temps de lui couper la parole, elle continua:

« Le jeu se déroulera sur deux questions. Comme tu l’as dit, il y a certaine chose que l’on veut garder pour nous et donc le nombre de question est restreint. »

Le regardant avec conviction, elle tendit son bras doucement en direction du jeune homme, puis lui tendit son petit doigt.

« Maintenant, à toi de savoir si tu es prêt à prendre des risques pour me connaître réellement ou non. Ceci sera notre promesse. Notre promesse de ne pas nous mentir pendant cet instant ainsi que celui de ne rien répéter par la suite. Une sorte de pacte. Si tu accepte, tu posera la première question. »

Le ton de la voix était grave et pesant. Cela se voyait qu'Aoi n'avait jamais fait cela, car elle tremblait tout en gardant le bras en apesanteur. Sur le visage de celle-ci, on pouvait lire un sens aigu de la maîtrise de son esprit ainsi que la volonté de le faire sérieusement. C'était la première fois qu'elle s'apprêtait à dévoiler des choses de son passé à quelqu'un, il fallait donc qu'elle soit sûre de ce qu'elle faisait.

" Autant choisir ses question avec grand soin alors. "

Aoi le regarda avec intérêt. Il avait compris l’importance de ce qui allait se dérouler. Le « jeu » qu’elle lui proposait était une mort subite pour quelqu’un qui ne voulait pas parler de son passé. Il dévoilerait les noirceurs de l’âme de la personne comme les bons côtés et bien que l’issu de la partie n’était pas écrite, il fallait que les deux personnes aient une confiance aveugle envers l’autre personne, au risque de regretter d’y avoir joué par la suite. Comme l'avait dit Kiryu, le choix des questions et donc de la tournure de celle-ci était primordiale. Il fallait poser des requêtes précises tout en étant un minimum évasif pour avoir une réponse globale. Bien que les questions précises soient considérées comme impoli dans un monde plus élevé de la société, ils allaient enfreindre les règles pour se confier, se dévoiler. Le poids d'un problème était moins lourd quand il était partagé. Maintenant, Aoi commençais à stresser. S'il ne pouvait pas porter le poids du sien? S'il dévoilerait tout ? Non, les règles étaient simples et clairs. Rien ne devait sortir de la pièce.

Regardant le jeune homme qui avait l'air de réfléchir à une question adéquate pour rentrer en matière, Aoi ne bougeait pas. Il n'avait toujours pas accepté d'y participer, mais il avait l'air d'être intéressé. Aoi ne comprenait pas très bien pourquoi le jeune homme était près à se dévoiler devant une sorte de parfaite inconnue qui ne donnait aucun intérêt direct. La jeune femme ne bougeait pas et songeait à son passé. Son passé n'était pas très douloureux pour quelqu'un qui poserait des questions trop peu direct. Il ne comprendrait surement pas le désespoir de la demoiselle et se mettrait surement à rire quand elle commencerait à parler d'elle. Elle qui avait horreur de parler de sa vie antérieure, elle qui n'avait fait confiance à personne de toute sa vie était prête à livrer ses secrets les plus profonds. Soudain le garçon se remit à parler et capta donc par la même occasion toute l'attention de la jeune femme.

" Très bien, tu as ma parole. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en Enfer et toutes ces bêtises. Je cracherais bien par terre pour te prouver ma résolution, mais ça serait d'une incorrection et d'une inélégance rares. "

Il avait donc accepté et avait accepté d’une façon très spéciale. Il prenait cela comme un jeu et avait osé lui faire une petite blague à la fin pour surement la mettre en confiance. Pourtant, Aoi ne s’était pas détendu, bien au contraire. Le regardant avec des yeux persans, elle lui répondit d’une voix douce qui ne cachait pourtant pas l’enjeu qu’il y avait derrière ce jeu.

« Je ne crois pas en tout ce qui est : « jurer etc... » Seul une promesse à un poids pour moi. »

Elle espérait ne pas s'être mal expliquée, mais elle fallait qu'elle lui fasse comprendre qu'une promesse était la seule façon pour qu'ils puissent continuer .

Voyant que le garçon réfléchissait, Aoi se mit à craindre toutes questions faisant part à son passé. Elle commençait à trembler, à se mordre les lèvres. Elle ne pouvait plus regarder le jeune homme en face d'elle et donc regarda les draps avec insistance. Toutes les questions qu'il pouvait poser vis-à-vis d'elle tournaient dans sa tête telle un trou noir aspirant toute logique et réparti. Elle était à sa victime comme lui serait la sienne. Cela faisait monter le sentiment de ne pas être quelqu'un de très important. Elle n'était rien, ne valait rien. Elle n'existait que pour sa sœur et rien d'autre. Pourtant, quelqu'un avait de l'intérêt pour elle. Que se passait-il ? se demandait Aoi tout en continuant à regarder les draps. Relevant la tête, le garçon se mit à parler.

" Les principes de la galanteries voudraient que ce soit toi qui commence. Mais comme la première question posée montrera à l'autre où l'on veut en venir et comment on réfléchit, je suppose qu'il est normal que je commence. La partie la plus pénible est donc pour moi. Bien que tu n'avais pas l'air de t'ennuyer à discuter avec moi, j'ai gagné ta totale attention au moment où j'ai mentionné être du Comité de Discipline. Bien que je ne doute pas que tu m'apprécies aussi pour moi, le fait que je sois le Chef du Comité de Discipline me rend plus attrayant à tes yeux. Voilà donc ma question :

Qu'est ce que le Comité de Discipline pourrait bien t'apporter ?! "

Moment de soulagement pour la jeune femme qui avait vraiment pensé qu'il allait l'interroger sur sons passée. Pourtant, il avait posé une question qui demandait une réponse précise, mais évasive. Le genre de question qu'Aoi redoutait. Elle ne pouvait pas lui dévoiler tout simplement :

« Pour pouvoir réaliser la seule chose qui ma fait venir dans cet institut. » ce sont ses pensées ...

Cela était de l'anti-jeu. Non, il fallait qu'elle lui explique le contexte, certes brièvement, mais il fallait qu'il puisse comprendre.
Le regardant avec un air affaibli, elle se leva doucement pour se rapprocher de sa table de chevet. Se baissant doucement, elle ouvrit le seul tiroir qu'il y avait et en sorti une rose bleue synthétique. Fermant le tiroir, elle serra la rose bleue sur sa poitrine tout en commençant à pleurer. Kiryu devait bien s'esclaffer en regardant cette scène pensa Aoi, mais cette rose était plus qu'un simple objet offert par sa sœur. Se retournant de nouveau vers Kiryu, elle sécha ses larmes et vint reprendre sa place. Le regardant avec des yeux brillant causés par les larmes elle lui dit d'une voix tremblante.

« N'oublie pas que rien ne doit sortir de cette pièce »

Continuant à regarder le jeune homme, elle prit la mallette de son jeu d'échec qui était toujours sous son lit. L'ouvrant, elle retira le cache plastifié qui tenait les pièces. Une cavité se dévoilait alors ainsi qu'un bref bout de papier plié. Le prenant elle le déplia sous les yeux de Kiryu lui dévoilant une photo d'elle-même .

Spoiler:

Voyant que le jeune homme n’avait pas l’air de tout comprendre et qu’il devait surement attendre une réponse et non que l’on lui montre une photo de sois, elle reprit la rose qu’elle avait posé à côté d’elle. Le regardant elle lui dit d’une voix éteinte.

« Sais-tu ce que c’est ? Ceci est une rose à secret. Dedans, nous pouvons y mettre un document et faire en sorte qu’il soit donc introuvable pour les autres. »

Ne regardant que la rose qui était devant elle, une larme coula instinctivement sur son visage. Aoi se disait qu'elle devait vraiment être faible pour faire ce qu'elle allait faire, pourtant, elle ne prit pas sa remarque en compte et commença à dévisser le bout de la tige de la rose bleue. Une fois celle-ci complètement dévissé, un autre bout de papier sortit doucement de celle-ci. Prenant le papier avec appréhension, elle regarda Kiryu pour lui montrer que ce qu'elle allait faire était une des choses les plus difficiles qu'elle pouvait faire. Dépliant le papier sous les yeux du garçon, elle lui dévoila la photo d'une autre jeune femme et ponctua son geste d'une nouvelle réplique.

Spoiler:

« Je te présente ma sœur. Akai. Ces photos ont été prises lorsque nous avions 16 ans. Depuis nous sommes séparés. »

Regardant toujours le jeune homme, elle continua sons dialogue suite à une longue pose.

« Je cherche ma sœur depuis quelques temps et j'ai l'espoir qu'elle soit passé dans l'institut. Ou est le rapport avec ta question me diras-tu ? En faite, si je suis intéressé par le comité de discipline c'est surtout pour avoir assez de pouvoir et ainsi effectué mes recherche sans avoir a impliqué quiconque autour de moi. C'est mon problème et non celui des autres. »

Le regardant avec tristesse, elle ne pouvait pas regarder la photo de sa sœur sans qu'une larme s'écoule de son visage. S'essuyant énergiquement les yeux, elle le regarda et lui rétorqua.

« Je pense que c'est à mon tour. Tout à l'heure tu m'as dit que tu n'avais rien à changer dans ton passé. Pourtant, je suis persuadé que ce n'est pas vrai. Nous avons tous des mauvais souvenirs, des choses que l'on regrette .

Que c'est-il passé dans ton passé pour que tu en sois arrivé-là ? »

Aoi attendait une réponse sincère et équivalente à ce qu'elle venait de dévoiler. Tout se jouait maintenant.
Regardant de nouveau les deux photos, Aoi les mirent côte à côte pour reformer la photo de base. La regardant avec souffrance, elle releva la tête et lui avoua d'une voix tremblante.

« J'attends ta réponse. »

Spoiler:

Aoi resta bouche bée. Ne sachant pas quoi dire, elle ne pouvait que réfléchir sur ce que venait de lui dévoiler Kiryu. Il était donc un noble, comme l'autre et il avait tué quelqu'un comme l'autre. Pour la dernière conjecture, elle n'en était pas certaine. Il lui avait dit que le majordome s'était sacrifié. Que voulait-il dire par là ? S'il avait réellement tué quelqu'un, il serait donc un clone de l'autre ? Non, il n'était pas sans émotions, il avait du mal à parler de son passé et cela avait l'air de le faire souffrir. Il n'était certainement pas comme l'autre.

Aoi regardait le jeune homme avec appréhension. Elle ne savait pas qui il était ni de quoi il était capable. Au niveau des pouvoirs de celui-ci, elle avait eu le droit à une démonstration l’or de la première soirée de l’institut, mais lui, était-il comme l’autre ? Aimait-il tuer ? Aimait-il l’odeur du sang ? La chasse aux humains ? Trop de choses faisaient revenir à la surface un visage angélique couvert de sang, ses yeux d’un bleu éclatant la regardant tandis que le corps de la pauvre victime tombait à terre. Cette vision d’horreur lui fit froid dans le dos et la fit trembler. Regardant de nouveau le jeune homme dans les yeux, elle se frotta les bras comme s’il faisait froid. Elle essayait simplement de retrouver son calme et le faisait maladroitement.

" Je te propose de poser la prochaine question à ma place. Ça serait plus équitable tu ne penses pas ?!
Je t'écoute. "

Occasion inespéré pour la jeune femme qui s’était rempli la tête de doute en tout genre. Elle regarda le jeune homme avec une dose d’appréhension avant de s’exprimer :

« As-tu déjà commit l’acte irréparable ? »

Voyant que sa question pouvait avoir plusieurs sens possible pour un pervers, elle voulu lui dire qu’elle ne parlait pas de sexe et de sa première fois et se rattrapa donc le plus rapidement possible.

« Je veux dire, as-tu déjà tué quelqu’un ? »