Les plus belles feuilles tombent en automne. [ Cécile; Louna; ? ]

Zack changeait d'air par cette banale fin d'après-midi dominicale. Il devait être 16 heures au minimum et le soleil commençait déjà à colorer le ciel de notes orangées et faisait rougir les arbres. Après avoir murement réfléchi à ses diverses idées pour gagner en popularité et se faire une carapace solide pour l'avenir il décider entre autres de varier ses passe-temps. Après la torture d'Étienne, le graissage de patte de Sheitan, l'apprentissage des cours barbants de Sanzo, le batifolage discret avec quelques donzelles aux noms oubliés venait le temps du sport. Zack commençait à devenir un adulte beau, fort et imposant. Outre son charisme naturel de par son visage sans imperfection et ses bonnes manières, il voulait se muscler et entretenir son corps à défaut de pouvoir détruire celui des autres. Or le seul moyen était le sport, l'entrainement et l'abnégation. Zack se forçait désormais à courir au moins une fois par jour, le matin avant de prendre sa douche, le soir avant de se coucher ou en après-midi pendant les weekends ou les jours peu chargés. Ce dimanche avait commencé comme tous les autres :

Zack salua ses camarades de chambre puis sortit prendre l'air. Habillé d'un simple sweat-shirt à capuche bleu et d'un bas de jogging il dévala les escaliers à toute vitesse d'un pas pourtant léger. Arrivé une fois à l'extérieur il observa quelques instants la nature, comme un prière qu'il faisait chaque jour, il profitait d'être en vie. Après avoir fait un rapide tour il prit un copieux petit déjeuner. Croissants, confiture, chocolat, jus d'orange, pain aux raisins, tartines grillées et en récupéra une bonne moitié dans sa poche, entourée d'une serviette. Il passerait la journée dehors certainement. Il n'aimait pas se fondre dans la masse totalement, il voulait des amis mais se refusait d'être un adolescent stupide et puéril comme eux. Il retourna dans sa chambre où il vida son sac à dos pour y mettre ses quelques provisions ainsi qu'une bouteille d'eau. Une fois de nouveau dehors il repartit en direction de la porte d'entrée, il informa Sheitan avant son départ puis prit la sortie de l'institut. Certains élèves ébahis le regardaient avec des yeux grands comme des citrons. Il referma soigneusement et suivit bien les consignes de son professeur particulier de la vie. Une fois à la sortie il ne devait pas se montrer. Alors il stoppa son pas de course et prit un raccourci entre les arbres, il connaissait bien la forêt, bien qu'il y soit souvent allé il n'avait jamais trouvé l'institut. Le nombre de chemins à l'intérieur de cette jungle naturelle était impressionnant et il fallait bien s'orienter à chaque brin d'herbe sinon on pouvait tourner en rond pendant des heures sans s'en rendre compte. Zack avait quelque chose de bien particulier en tête, aller voir madame Brasset. C'était quelqu'un de lointain désormais mais il lui devait la vie. Alors il allait la voir en cette jolie matinée, lui rendre l'argent qu'elle lui avait donné, il y en avait pour plus de cinq cent euros et il ne pouvait pas se permettre de l'escroquer. Une fois en ville il passait incognito, la fille de la boulangère, très jolie petite femme le salua, il rendit son sourire et passa son chemin. Une fois devant la maison de sa grand-mère adoptive il s'arrêta, bouche grande ouverte. Tout avait changé. Le jardin était en ruines, les fleurs commençaient à faner, et l'allée n'était pas parfaitement nettoyée comme à son habitude. Il entra dans l'allée puis sonna à la porte.

"Bonjour, que voulez vous ?" Interrogea sèchement un homme d'une trentaine d'années.

"Euh... Bonjour je viens voir madame Brasset..." balbutia le pourtant charismatique Zack.

"Et qui êtes-vous ?" Le moustachu releva un sourcil.

"Bien, son petit-fils..."

"Son petit fils ? Tu te fous de moi ?! Je suis son unique fils !" Hurla le fils Brasset.

"Je... Je veux juste lui parler... s'il vous plait, elle vous expliquera ensuite", demanda calmement le gentil petit garçon.

"Elle ne m'expliquera rien du tout ! Elle est décédée avant-hier au soir. Alors fiches le camp !"

Pris de panique par les mots du vieux crétin, Zack s'enfuit avant que les larmes et l'envie de tuer le monde entier n'arrivent. Il se réfugia dans un parc qu'il ne connaissait pas et, à l'abri des regards, sanglota pendant une bonne heure. Une fois midi passé et le ventre alertant la faim, Zack décida de se restaurer, peu certes, mais il n'avait plus faim et le moment était mal choisi. Puis il réfléchi, il arrêta de pleurer d'un coup, passa sa manche contre ses yeux et prit la direction de l'école à contrecœur. Il ne devait pas être abattu par la mort, ni même par la perte de quelqu'un, il devait se moquer de cela, il devait être fort, il devait être intouchable, désormais il n'avait plus personne de cher en ce monde, il n'était plus qu'un salaud, seul, solitaire, calculateur et asocial. Il devait remédier à cela, au moins changer un temps soit peu sa manière de penser, vu qu'il avait tout perdu il pouvait tout recommencer, une fois de plus. Bien qu'il en eut envie, il n'allait pas passer sa vie à changer et se casser la figure, se relever et changer et encore une fois, boucler la boucle. Non il voulait être stoïque, garder le moral en chaque situation, la mort de madame Brasset, était certainement la chose la plus triste et la seule capable de l'atteindre, il y penserait souvent, aussi souvent qu'à elle et à lui, à ces parents dignes de matières fécales, à ces amis dans l'oubli, à celui qu'il torturait, à cet enfoiré qui avait fait de même. Zack ne devait pas être un tortionnaire, c'est ce qu'il pensait, c'est ce qu'il voulait, mais il ne s'amuserait pas à changer de pensée à chaque seconde, une bonne course à pieds lui rendrait la raison. Une fois arrivé à l'institution avec une figure à faire pâlir un mort, il se dirigea vers le stade sans demander son reste. Une fois sur la piste de course il posa son sac et son gilet au centre, laça à nouveau ses chaussures puis fit des tours sans arrêt pendant un demi-heure avant de boire et grignoter un peu. La peine partait au fur et à mesure que les tours s'enchainaient et le soleil commençait alors à se colorer en orange.

À croire que les dimanches ordinaires n'existent pas. Une femme faisait certainement un tour de surveillance ici, elle devait faire parti du comité de discipline, vu sa taille et son âge, une belle jeune femme d'une vingtaine d'années. Alors Zack après avoir récupéré et bu un peu d'eau la rejoignit au pas de course. Elle était de dos et Zack n'avait pas vu encore son visage. C'est pour cela qu'il l'interpella de cette manière :

"Excuses-moi ! T'es du comité ? Parce que j'ai plusieurs..."

Zack stoppa net voyant le visage du professeur de mathématiques et baissa la tête avant de reprendre :

"Excusez-moi mademoiselle, je vous ai probablement confondue, ne m'en voulez pas !"

Il releva la tête et vit un aimable sourire sur le visage du professeur. C'était donc elle, la présumée petite-amie du directeur, selon les rumeurs ils couchaient ensemble, et Étienne était au courant des rumeurs, le pauvre petit devait se faire le double de souci en ce moment. Zack reprit ses esprit et admira la jeune adulte parler avant d'imaginer si cela était bien vrai ou pas. Et puis zut quoi qu'elle puisse penser il fallait bien savoir.

"Excusez-moi, je... vous savez, ce que tout le monde raconte à propos de vous et du directeur... j'espère que vous êtes au courant et les rumeurs vont bon train, à vôtre place je ferais taire ces plaisantins."

À sa place il commencerait par décomposer le visage des concurrents au poste de membre du comité de discipline ensuite il décomposerait la visage d'un ou deux élèves prétentieux, puis de la fille qui ronfle dans la chambre voisine. Zack était impulsif, visiblement Cécile Launey était tout le contraire. Déjà elle avait le mérite de ne pas s'excuser à chaque début de phrase... Navrant petit Zack...

Le dimanche était soi-disant un jour de repos et bien à l'institution ce n'était vraiment pas le cas. Comme la jeune femme avait annoncé un contrôle de mathématiques dans les semaines à venir, quasiment tous ses élèves c'étaient précipités dans son bureau depuis la veille afin de lui demander des cours particuliers et des aides sur certains sujets. Ce n'était pas que cela déplaisait tant à la jeune professeur, d'avoir des élèves intéressés, c'était surtout qu'elle avait promis une sortie organisée à l'extérieur de l'établissement pour ceux qui atteindraient la moyenne. Évidemment, tout le monde y participerait, d'autant plus qu'elle avait besoin de sa botte secrète : une élève qui avait la capacité de bloquer les pouvoirs en se concentrant un minimum.
Bien sûr, quand elle avait parlé de son projet à son ami, Sanzo, le directeur de l'établissement, il lui avait répondu qu'elle était vraiment machiavélique. Elle lui avait répondu par un rire collant parfaitement à cet adjectif et était sorti du bureau avec un air des plus naturels. C'était plutôt pratique d'être ami avec le directeur pour ce genre de chose... En fait elle s'amusait toujours autant, mais maintenant elle avait même l'autorisation écrite avec un joli tampon dessus.

Elle imaginait la tête des élèves qui n'auraient pas réussi quand elle annoncerait que tout le monde participerait et ensuite la tête de ceux qui avaient réussi être déçus d'avoir tant travaillé pour rien. Mais elle connaissait les adolescents. Alors ceux qui auraient réussi et ceux qui auraient le plus travaillés auraient d'autres récompenses, mais tout de même... Ce qu'il ne fallait pas faire pour les motiver un peu !
Et c'était à la fois un plaisir et une souffrance de se trouver en face d'élèves désireux d'avoir un cours. D'abord parce que cela lui donnait l'impression d'être tout de même une assez bonne professeur et ensuite parce qu'elle avait tout de même envie de faire autre chose que des mathématiques pendant son temps libre... Elle avait quand même le sourire et des mots d'encouragement pour chacun, ce ne serait pas encore aujourd'hui que son image serait entachée, même si elle avait tendance à se comporter de façon plus informelle quand elle n'était pas dans sa classe.

Finalement après 16h et un bon mal de tête, elle prit rendez-vous avec ses autres élèves. Elle était prise dans la soirée, les élèves du comité et les professeurs devaient faire des tours de garde pour vérifier que tous les élèves rentrent bien à l'intérieur du bâtiment, ensuite on vérifiait les effectifs et tout le monde pouvait passer à table. C'était long de faire le tour du propriétaire, alors les mutants à propriétés spéciales étaient envoyés dans la forêt ou vers le lac et Cécile devait simplement faire un tour entre le parc et le terrain de sport. Une fois que tout le monde était rentré, chaque personne était prévenue.

La jeune femme fit une pause en montant à son dortoir pour se préparer à sortir, vérifiant son agenda pour être sûre de ne pas se tromper d'endroit. Elle passa dans la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur la figure afin de se rafraîchir un peu, puis acheva de se démaquiller. De toute façon c'était tellement léger que personne ne verrait la différence, à part peut-être son miroir.
Bientôt il fut l'heure pour elle de descendre, elle croisa ses collègues et fut informée qu'il n'y avait que quelques personnes manquantes et que ce serait donc rapidement fait, elle répondit avec un sourire, disant que c'était une bonne nouvelle car le temps se rafraichissait en ce moment.
Après avoir fermé son manteau elle poussa la porte et sortit du bâtiment pour rejoindre sa zone de surveillance.
Elle marcha d'un pas léger jusqu'à la partie du parc qu'elle devait couvrir puis finit par arriver vers le terrain de sport. Jusqu'ici, elle n'avait vu personne, jusqu'à ce qu'elle soit interpellé par un jeune homme, qui faisait apparemment méprise sur la personne.

Cécile se tourna pour faire face à son interlocuteur. Elle reconnut Zack Lacroix, Cécile arrivait facilement à se rappeler de ses élèves, mais il fallait dire qu'avec lui c'était facile : le jeune homme avait un charisme certain, de la blondeur de ses cheveux à ses yeux vif. Elle lui sourit pendant qu'il baissait la tête pour s'excuser.

« Ne t'en fais pas, je ne vais pas t'en vouloir parce que tu m'as rajeunie. »

La jeune femme consulta discrètement sa montre, ce n'était pas encore l'heure de rentrer, au final elle était sortie bien trop tôt, mais prendre l'air ne lui faisait pas de mal.
Le garçon reprit la parole en s'excusant, captivant l'attention de la professeur, c'était tout de même qui pose une telle question alors qu'il avait l'air gêné, on aurait dit qu'on l'avait payé pour le faire. Elle sourit encore une fois avant de répondre.

« Pour ce qui est des rumeurs, ce n'est pas que je sois au courant, mais j'avais bien compris qu'il se passait quelque chose quand on me regardait avec des loupes. Mais bon, aujourd'hui c'est ça, demain ce sera sur ma façon de m'habiller, jusqu'à ce qu'il ait un nouveau professeur qui avec un peu de chance sera trop grand, trop petit ou aura une pustule sur le nez. »

Elle montra son nez avec une grimace pour accentuer le ridicule de la situation, avant de reprendre.

« Le scoop du jour c'est que nous ne sommes que bons amis, nous avons fait nos études ensemble ici, même si ce n'a duré qu'une année pour moi. »

C'est vrai que Cécile ne faisait pas attention aux rumeurs tellement elle y était habituée, mais cela ne desservait probablement pas son ami...

« Merci de m'avoir mis au courant en tout cas, maintenant j'ai de la matière pour répondre à mes loupes préférées, il ne vaut mieux pas qu'ils fantasment trop ce genre de relations, si le directeur se trouve une Juliette on va dire qu'il se fait un harem. »

C'était aussi un coup dur pour ses nombreuses fans, Cécile comprenait maintenant pourquoi on lui lançait parfois des regards noirs depuis quelques jours. Elle sourit à cette idée avant de revenir sur Zack, et de remarquer enfin sa tenue.

« Ah ! Et il ne faudrait pas que j'oublie ma mission : il te reste un peu de temps pour ton sport mais après c'est direction l'internat, la nuit tombe plus rapidement en ce moment... »

Elle jeta quelques coups d'œil autour d'eux, mais il n'y avait personne d'autre. Finalement Cécile se trouvait avec plus de temps libre que prévu. Et ce n'était pas maintenant qu'elle allait s'en plaindre...

Le jeune canon en face de lui était en plus d'être jeune et de le rester, en plus d'être cultivé et aimable était le professeur le plus gentil de l'institution. Cécile avait un humour et des expression quelque peu vieillottes pour Zack, mais cela importait peu, cette femme était douce et il n'avait pas envie de la rigueur de Sheitan en cette soirée triste, il voulait le réconfort de quelqu'un bien qu'il ne connaisse cette personne que très peu. Il avait envie d'être pris dans les bras de quelqu'un, qu'importe qui, Sheitan serait la personne la plus appropriée, certainement son seul proche au monde, mais il devait relever la tête, oui, Zack devait être fort et continuer de sourire aux touches d'humour de Cécile. Le professeur de mathématiques était réellement un ange, elle était venue pour le couvre-feu et conseillait à Zack de se dépêcher pour le sport mais à la place il préférait faire autre chose :

"Si vous n'y voyez pas d'inconvénients mademoiselle, je préfèrerai être une loupe et rester près de vous ce soir..."

Il ne pouvait pas garder cette force, cette carapace à chaque instant, ce soir était mal choisi, il voulait pleurer, il ne le fit pas, c'était ridicule et Zack détestait paraitre pitoyable ou être plaint. Il voulait juste partager des idées, discuter, avancer avec les autres, ou en les utilisant. Il pensait à la première rencontre avec la défunte Brasset, Bénédicte, cet ange, si elle avait eu vingt ans, elle aurait été comme Cécile aujourd'hui... Zack ne savait rien de cette femme, ni de celle qui était en face de lui, mais pourtant elles auraient eu le Bon-Dieu sans confession. Cécile était devant lui depuis quelques secondes interminables où les pensées du jeune assassin perlaient sur son front en gouttelettes de sueur. Il prit au pas de course son sac à dos, et rejoignit le professeur qui, de ce fait, avait accepté la proposition du jeune élève. Cette femme était belle, peut-être même un peu trop pour un garçon comme Zack, il ne voulait pas être accablé de rumeurs à son sujet, mais au final, ce soir, n'était pas celui où Zack se prendrait la tête avec des inepties au sujet de sa réputation. Tout ce qui importait maintenant c'était d'oublier, de vivre, d'avoir des gens autour de lui et jusque là, il n'avait eu personne, Sheitan était superficiellement présent, bien qu'il était toujours d'un soutien proche du zéro, le simple fait de le voir pour Zack était un cadeau du ciel. Prenant dans son sac une serviette afin de s'éponger le front il traça la route accompagné du professeur. La mélancolie du soleil couchant, l'orange du ciel, les notes de rouges, le ciel assombri, les oiseaux endormis, les nuages allongés, Zack avait le spleen du dimanche soir. D'une part ce jour annonçait la fin d'une semaine, mais le début d'une autre, pareille, similaire, travail, relations humaines, sommeil et ainsi de suite jusqu'au samedi, où l'on ne fait rien, puis au dimanche où l'on regrette. Zack regrettait de ne pas avoir profité des derniers jours de Bénédicte, d'avoir réfléchi à aller la voir beaucoup plus tôt. Il regrettait, bien qu'elle commençait à ne plus être importante dans la vie du petit blond, de savoir qu'elle n'était plus là, son filet de sécurité, était déchirant.

Côte à côte avec le jeune professeur, il décida de se dévoiler un peu, quitte à ce qu'il le regrette un dimanche prochain :

"Vous savez professeur, j'avais quelqu'un à Brioude que je considérait comme ma grand-mère, aujourd'hui j'ai décidé d'aller la voir avec l'accord du sous-directeur... et j'ai appris qu'elle venait de décéder. C'est pour cela que je ne veux pas être seul ce soir."

Le petit garçon marqua un temps d'arrêt, Cécile devait avoir un visage surpris ou hors de la normale après que le jeune homme se soit confié comme cela, sans raisons. Mais il continua :

"Je ne veux pas que vous me plaignez, ni même que je vous inspire pitié. Je veux juste... ne plus être seul..."

Sentent que sa voix vrillait avec l'émotion et la prise de conscience de ce qu'il venait de dire, Zack fit une pause supplémentaire et avant que la jeune femme puisse répondre il changea totalement de sujet :

"Asseyons nous là ! Comme cela vous pourrez me raconter quand vous étiez élèves, le professeur Kichigai et vous."

Zack pointa du doigt un petit endroit tranquille, à l'abri des regards, l'endroit parfaitement romantique, bien qu'à ce moment ce n'était pas le but. À l'ombre des chênes et autres arbres aux feuilles orangées quand le soleil est au zénith, cachés du stade, en face du coucher de soleil, c'était l'endroit parfait pour discuter au calme. Zack posa contre un arbre sa serviette et sa veste afin que la gentille et douce Cécile puisse s'assoir, et s'assit à côté. Il regarda la jeune femme qui se tenait désormais debout devant lui, en contre-jour avec les rayons de l'étoile, elle était belle et fascinante, sa scolarité ici devait être la raison pour laquelle elle s'y prenait réellement bien avec ses élèves.

Prendre l'air lui faisait vraiment du bien, déjà cela la rendait de meilleure humeur et en plus son mal de tête commençait à partir. En plus, c'était toujours agréable de sortir ici, tout était parfaitement nettoyé, les arbres bien taillés, les allées balayées par le personnel d'entretien. Ces monstres avaient trouvés eux aussi un foyer et une fonction. On leur avait trouvé une place et une utilité.
Cécile aussi avait trouvé sa place, Zack avait réveillé en elle une grande question, mais elle savait que ce n'était pas ce qui comptait le plus.
Si Sanzo ne ressentait rien pour elle, c'était peut-être aussi bien finalement. Déjà ça ne créerait pas de grande histoire du directeur amoureux d'une de ses professeurs.
Elle n'avait pas à se faire de soucis pour cela, ce qui comptait pour le moment c'est qu'elle avait sa pierre à ajouter à l'édifice. Elle avait sa place ici, même si cela voulait dire des sacrifices pour elle...
Car Cécile était tout de même différente de tous ces pensionnaires, elle n'était pas en exil, elle n'était pas chassée, ni abandonnée. Elle avait choisi sa place car c'était là qu'elle devait être, elle ressentait le besoin d'être ici, parmi ces personnes qui étaient semblables à elle par leurs pouvoirs. La jeune femme pouvait partager son expérience pour aider des élèves, en donnant des cours de mathématiques, elle pouvait leur donner les moyens d'avoir une vie normale, en se plaignant des exercices impossibles et du fait que savoir résoudre une équation ne leur servirait à rien dans la vie.
Ainsi ils restaient humains et ne s'enfermaient pas dans une bulle où ils se sentiraient différents des autres personnes. Ce n'était pas un défi facile à relever, mais elle comptait bien faire son maximum pour les aider.
C'était sûrement le travail idéal pour elle qui ne craignait pas l'échec car ne l'avait jamais vraiment vécu, alors elle avançait avec passion et savait comment réussir, elle avait son propre crédo, son chemin à suivre.
Elle ne savait pas quand elle aurait à partir, ou si elle devait rester. Elle n'avait pas de plans : elle préférait vivre au jour le jour, tout en ayant protégé ses arrières. Elle avait un foyer, un endroit où on l'attendait.
Le garçon, qui avait décidé de rester avec elle pour discuter plutôt que de continuer son entraînement, n'en avait plus. Elle le savait seul, Sheitan l'avait rencontré alors qu'il cherchait à entrer à l'institution, il s'était permis de lui faire passer un test pour vérifier la véracité de ses propos, et l'avait amené. Cécile n'en savait pas beaucoup plus, même si c'était un peu plus que des bruits de couloirs, aucune annonce n'avait été faite, les professeurs en avaient parlé entre eux mais personne n'avait été interroger directement le sous-directeur... Ce n'est pas qu'il n'aurait pas répondu, mais le personnel était plutôt impressionné par cet homme parfait, même Cécile ne lui avait pas beaucoup parlé, s'il ne lui avait pas été présenté à la soirée de la fin de l'été, elle ne l'aurait probablement connu que par nom ou réputation.
D'ailleurs le garçon semblait de la même lignée du professeur. Toujours poli et agréable, il semblait pourtant accablé de quelque chose... Alors qu'elle observait encore les alentours, son élève prit la parole pour lui annoncer une nouvelle vraiment inattendue. La jeune professeur ne fit pas tout de suite attention au fait que Zack soit toujours lié avec le sous-directeur, mais elle le garda à l'esprit en écoutant la tristesse du garçon.
Cécile n'avait pas l'habitude d'être très réactive dans ces moments-là. On la disait gentille et compréhensive, mais elle se sentait toujours gênée, impuissante et incapable quand quelqu'un se confiait à elle. Comment bien agir ? Que dire ? Quels mots utiliser ? Jusqu'où aller ? Y avait-il une barrière à ne pas franchir ?
Toutes ses questions se mêlaient dans sa tête. S'il avait été un proche elle aurait au moins pu le prendre dans ses bras pour le réconforter, mais le jeune homme le prendrait sûrement mal.
Elle resta muette, elle n'aurait pas eu le temps de répondre de toute façon. Et malgré les interrogations qui fusaient dans son esprit et la peine qu'elle ressentait pour le garçon, son visage était resté neutre, comme s'il montrait toujours l'équilibre qui régnait en elle.

Zack voulait juste parler, il voulait juste une présence et en un sens il lui faisait penser à Sanzo. Cela avait été dur de savoir ce qu'il pensait, de le faire sourire, de l'entendre rire. Zack semblait disposer d'une carapace aussi impénétrable que celle qu'avait revêtu le loup à la mort de Sophie. Cécile savait qu'elle ne pourrait rien faire, ce serait à Zack de décider de se confier ou non.
Ils marchèrent jusqu'à arriver à l'endroit désigné par le garçon. La professeur n'oubliait pas son job de la soirée et jetait toujours des coups d'œil ici et là.
Zack se comporta comme un gentleman en lui préparant une place avec sa veste et sa serviette pour pas qu'elle ne se salisse. Elle sourit à l'attention mais ne comptait pas se laisser faire.
Elle déboutonna son manteau et le retira, il lui était impossible de souffrir du froid si elle utilisait son pouvoir, alors elle n'avait pas de soucis à se faire.

« Si je salis tes affaires et que je me fais prendre je risque d'en entendre parler un moment ! Merci, je vais mettre mon manteau. »

Parce qu'il était quand même vrai qu'il n'était pas question qu'elle salisse son tailleur, elle attendit que le jeune homme retire ses affaires pour poser son manteau et s'asseoir.
Elle resta quelques secondes, peut-être même une minute sans rien dire, puis finit par lâcher avec un sourire :

« Je n'avais pas l'habitude de m'asseoir ici, l'endroit est agréable. Nous avons vraiment de la chance. »

Puisqu'il lui avait demandé de lui raconter quelques détails de sa vie, c'était ce qu'elle allait faire, pour qu'il puisse d'une part penser à autre chose et ensuite se dévoiler lui-même, afin de pouvoir faire son deuil et d'être plus serein.
Elle lui parla de sa propre arrivée, de la bourde administrative qui l'avait finalement fait atterrir ici, dans une école de mutants, comment elle s'était alors rendue compte de ne pas être seule et le poids que cela lui avait enlevé. Elle lui parla de ses premiers cours avec des mutants, des désastres et des bonnes expériences. Elle n'oublia pas de lui parler de Sanzo, qui était déjà plus responsable qu'elle à l'époque, même si elle pensait que son esprit avait évolué, sans que son physique suive.

« Rien de pire pour une femme que de voir son meilleur ami ne pas vieillir alors qu'on se compte une ride de plus par an ! »

Elle lui expliqua aussi qu'il y avait des choses qu'elle ne pouvait pas dire malgré tout, car comme toutes les jeunes personnes, ils avaient été stupides. Elle s'étira un instant en admirant encore une fois la vue.

« Je crois qu'il y aurait une vraie saga à écrire sur cette institution... Les amateurs de science-fiction et autres phénomènes fantastiques seraient servis ! »

Toujours souriante, Cécile faisait de son mieux pour divertir son jeune élève. Une sorte de cours privé, où les mathématiques ne servent définitivement à rien...

Le professeur préféra mettre sa veste sur le sol plutôt que d'accepter l'aide du jeune élève. Zack était vexé mais s'en fichait, au moins elle était là. Le silence bruyant commençait à entre dans le paysage tendu, Zack pensait beaucoup à plein de choses, en passant par la mort, jusqu'à l'envie de tuer, le regret, la mélancolie, la haine, tout ça en moins de quelques secondes alors, quand la brunette à côté de lui brisa ce calme inquiétant tout reprit sa place, Zack n'avait qu'à se concentrer sur ces mots, imaginer ce qu'était l'école à l'époque où Sanzo était un semi-élève. Il imaginait tout cela, il imaginait les relations qu'ils avaient, comme un petit couple. Ces rumeurs n'étaient en rien fondées, ils s'amusaient juste un peu trop ensemble et les curieux ont toujours besoin de distractions. Mais elle continua de raconter son pensionnat comme si c'était à la fois amusant et triste, enfin un épisode marquant de sa vie. Dès lors, Zack commençait à réfléchir à ce qu'il raconterai à quelqu'un plus tard au sujet de son année de cours ici, le résultat... Rien. Il n'avait rien à dire, il n'avait pas de vie publique. C'était navrant, le jeune garçon regrettait alors et enviait la jeune fille qui, quelques semaines plus tard était arrivée à l'institut et accueillie par le sous-directeur qui ne l'était pas encore. Cette garce avait eu le privilège d'être inscrite ici. Visiblement une certaine Alice, Zack savait uniquement à quoi elle ressemblait dans les traits majeurs. Brune, fine et élancée, yeux bleus, ouïe surhumaine, grand-mère à Brioude. Cette garce entendra siffler ses tympans une quinzaine de fois bientôt. Zack avait envie de vengeance, avait envie d'être quelqu'un comme les autres, avoir des amis, des fréquentations normales. Puis vint l'information du siècle, Sanzo ne vieillissait pas. Mais ce n'est pas cela que retint Zack de la phrase du doux et gentil professeur. Cette femme était une jeune sans problème, une fille superficielle, elle se souciait de ses rides et même avec humour cette phrase était un rappel pour le petit blond. Sa mère, son beau-père, sa mère qu'il avait défiguré, sa mère qui l'avait renié, sa mère qui n'avait rien fait pour le retrouver. Un enfant dans la nature est recherché par la police, mais même dans ce beau pays de lois et de droits, il était passé au travers du filet de sécurité. Il était la faille dans le système et il stéréotypait désormais toutes les femmes au rang de puériles adeptes de cosmétiques. Cécile était sympathique mais désormais elle perdait l'estime de Zack qui se refermait encore plus sur lui même, ne répondant à la demoiselle que des onomatopées ou autres sons lui permettant de savoir qu'il l'écoutait.

Zack ne voyait pas l'intérêt pour la femme de se conduire comme un enfant et désormais il repensait à l'enseignement de Sheitan, il repensait à la différence entre eux, Zack et son professeur et les autres. Les autres ne savent pas, les autres sont le fléau de l'humanité, mutants comme normaux. Seuls quelques uns peuvent être à part. Ceux là ne pensent pas comme tout le monde, ils ne pensent pas aux futilités de la vie et gouvernent d'un gant de fer leur existence. Lacroix voulait porter ce gant, il voulait être le fer qui ferait plier la masse de roc, de racailles, de cailloux stupides et inutiles que sont les autres. Il était l'opposé de Sanzo, l'un faisait vieillir et l'autre affichait une peau de bébé. L'un était le bien l'autre le mal, un l'ignorance, l'autre le savoir. Zack était le bon, le futur prophète, il dégagerait de sa route les adversaires et les quelques adjuvants qu'il pourra garder seront triés sur le volet. Étienne était stupide d'être tombé amoureux de quelqu'un d'aussi niais que Sanzo. Quelque part, Zack était jaloux d'eux, ils avaient des amis, des amours, il était jaloux de l'affection qu'Étienne portait au directeur, mais d'une autre part il trouvait cela totalement puéril. Mais le petit orphelin de par le destin bouillonnait trop à l'intérieur pour savoir discerner bien et mal à ce moment là. Alors il se contenta de répondre avec délicatesse au professeur.

"Oui et le cadre est magnifique, je suis certain que s'il y avait une adaptation cinématographique de « nôtre » vie, personne ne trouverait une actrice assez belle pour jouer vôtre rôle."

Ce sourire, celui qui était tellement attendrissant du dehors, était en réalité un piège, dans la petite tête du blondinet une seule chose, hypocrisie. Alors avant de se faire démasquer ou même que Cécile prenne cela pour une approche minable d'adolescent il reprit :

"Monsieur le directeur serait drôlement en rogne si sa transformation n'était pas au poil."

Zack laissa filtrer un discret petit rire, histoire de détendre l'atmosphère et que le professeur ne commence pas le refrain « si tu veux je suis là, tu peux me parler, je ne suis là que pour t'aider » trop entendu dans toutes les écoles. Le soleil était bas dans le ciel et le rose et l'orangé peignaient le ciel en couches dégradées. Tout était parfait, même Zack s'émerveillait devant ce spectacle ravissant.

"Si je pouvais, j'aimerais être là bas, là où le soleil se couche. Là où personne ne me connait, et tout recommencer."

S'il fallait une chose pour arrêter les guerres, même les plus intenses et barbares, ce serait un magnifique coucher de soleil...

Être une professeur modèle n'était pas toujours une tâche facile pour Cécile. Elle avait tendance à s'emballer rapidement pour quelque chose d'une moindre importance, et cela malgré son sérieux apparent lorsqu'elle s'occupait de son travail. Elle était parfois très consciencieuse mais à d'autres moments se perdait dans des idioties et elle faisait des bourdes. Mais tout passait lorsqu'on avait un beau sourire et une bonne dose d'humour. Cécile n'était pas un stratège, elle ne donnait pas en réfléchissant à ce qu'elle pouvait recevoir, elle essayait simplement d'être la plus agréable possible pour être appréciée du plus grand monde et ainsi avoir une existence facile.
Elle ne se méfiait pas des gens et accordait facilement une certaine dose de confiance, elle avait foi en l'être humain et personne ne lui avait apporté assez de problèmes pour qu'elle puisse penser que tout le monde avait un mauvais fond. Pour résumer Cécile était de celles qui voyaient leur verre à moitié plein, qui n'avaient besoin que de voir un sourire pour se sentir bien, qui ne cherchaient pas l'amour et attendaient que le prince charmant viennent la sauver. Ou plutôt la rencontrer.
La jeune femme se sentait tout à fait à l'aise à côté du garçon. Il était vraiment agréable et très poli, même si sa façon de se comporter en gentleman lui faisait penser à une très vieille époque. On aurait dit qu'il aurait été prêt à poser sa veste dans une flaque pour qu'elle n'y trempe pas ses chaussures. C'était assez amusant à imaginer.
S'amuser était aussi la chose la plus importante de la vie de Cécile. Elle s'était toujours amusée, elle avait toujours trouvé le moyen de tourner des choses plus tristes ou embarrassantes en dérision. L'humour était sa défense et elle pouvait aussi s'en servir comme arme. Elle qui n'avait jamais été confrontée à un malheur essayait de s'y préparer du mieux qu'elle pouvait, même si elle ignorait totalement comme elle aurait réagi si elle avait eu une vie semblable à celle de Sanzo ou d'une autre personne de l'institution.
Parfois, elle ne savait pas dompter des situations. Elle s'était longuement inquiétée du sort de son ami, lorsque Sophie s'était suicidée, et il lui avait été impossible de faire quoique ce soit pour faire dissiper le mal qui le rongeait, mais là encore elle avait essayé d'être là pour lui, en plaisantant toujours... Mais au final, ses plaisanteries cachaient souvent quelque chose...
Elle avait comparé Sanzo à elle. Il ne vieillissait jamais, et cela la rendait aussi anxieuse. Ils avaient eu beau faire des recherches ensembles sur leurs propres pouvoirs, cela n'avait rien donné. Pourtant Sanzo était la seule personne qu'ils connaissaient à ne pas montrer de signe de vieillesse. Cécile avait peur que cela cache autre chose, elle lui avait toujours fait des blagues, faisant semblant de jalouser sa peau douce, mais elle se posait de nombreuses questions, imaginant qu'il ait une durée de vie plus limitée que les autres...
Mais elle n'avait pas envie de croire à sa propre théorie, elle préférait voir le côté positif des choses.
Après sa brève explication sur ce qu'était la vie à Dellane avant que Sanzo ne soit directeur, Zack lui répondit, semblant réceptif à ce qu'elle lui avait dit et surtout ne s'étant pas endormi au milieu de son monologue.
Elle sourit à sa réflexion, elle était tellement contente d'être revenue ici et même si son sourire accompagné d'un compliment plus que charmeur la surprit un peu de sa part, elle n'y fit pas attention, d'autant plus que le garçon poursuivit avec une blague.

« Excellent ! Il faut que je la garde en tête celle-ci, je lui la sortirai, tu pourrais presque recevoir des droits d'auteurs pour l'utilisation. »

La journée se finissait plutôt bien, il restait encore un peu de temps avant qu'ils n'aient à rentrer tous les deux. C'est vrai que le coucher de soleil qu'ils avaient en face d'eux valaient un des plus beaux moments cinématographique. Il n'y avait pas besoin de parler, puisque chacun pouvait apprécier la beauté de la nature. Seulement Zack avait un poids sur le cœur et Cécile le savait puisqu'il s'était confié à elle, il reprit la parole, il semblait mélancolique, la jeune femme l'observa quelques secondes avant de reposer son regard sur le spectacle qu'ils regardaient.

« Lorsque j'étais plus jeune, j'ai appris que j'avais été adopté. Je n'avais pas d'identité, mon nom et mon prénom, je l'ai eu de mes parents adoptifs, mais avant cela. Je n'existais pour personne. J'y ai beaucoup réfléchi et je pense que c'est une bonne chose que d'être connu. Même si l'on fait des erreurs, même si l'on souffre à cause des autres ou que l'on subit des brimades à cause de notre nom ou de nos origines. Tu penses peut-être que tu n'as plus personne. Mais quand quelqu'un nous connaît cela rend la vie plus facile. »

Cécile eut un léger sourire, rendant son visage plus doux et accessible.

« Mais c'est vrai que la liberté s'acquiert en vivant seul et en ne se préoccupant que de soi-même, même si je trouve cette vision des choses un peu triste. C'est quand même agréable de pouvoir partager des choses avec un ami non ? »

La jeune femme se rendait compte à quel point leurs vies étaient dissemblables, le pauvre garçon venait de perdre ce qui était sûrement un de ses derniers supports, alors qu'elle gagnait toujours plus d'amis. Elle avait une famille formidable et personne ne l'avait jamais brimé. Cécile était sûrement bien plus chanceuse que n'importe quel humain, ou mutant. C'était probablement pour cela qu'elle avait du mal à consoler quelqu'un ou à lui faire voir la vie meilleure. Peut-être que Zack la comprendrait et se sentirait en confiance avec elle parce qu'elle lui avait révélé une partie intime de sa vie... La jeune femme espérait simplement apaiser un peu ses souffrances et lui transmettre son goût de la vie...

Il était treize heures c’était un jour d’automne comme les autres, quand Louna reçu ses bagages que Julia lui avait fait parvenir depuis sa résidence de Basse-Normandie. Elle prit environ une heure pour ranger ses affaires dans son armoire, poser ses peluches sur son lit et son bureau. Elle fit de cette pièce sa nouvelle chambre. Louna lors de son précédent appel avait demandé à Julia de lui acheter une splendide chemise de nuit ainsi qu’une petite broche en forme de chaton et il y avait deux paquets cadeau dans une de ses valises. L’un était une petite boite à en juger par la forme du paquet et à sa rigidité, tandis que l’autre était moud et léger, se devait être la chemise de nuit. Loulou n’avait plus qu’une envie partir rejoindre Cécile pour lui offrir ses cadeaux en remerciement de tous ses efforts. Il ne resta qu’un léger détail à régler. Son armoire était pleine à craquer, ses cinq valises étaient maintenant vide et entreposées sous son lit, sa chambre ressemblait dorénavant à une chambre d’enfant, mais quels vêtements choisir... Une valise avait été entièrement consacrée aux peluches et Julia n’avait pas oublié le fameux Kitty qu’elle aimait tant. Elle resta plusieurs minutes allongée sur son lit en serrant sa peluche favorite tout en observant sa nouvelle demeure, quand elle se décida sur l’ensemble qu’elle portera aujourd’hui. Elle déposa les deux paquets dans un sac avant de mettre ses chaussures pour partir à sa recherche. Elle portait un jean noir, une chemise blanche dissimulée sous une légère veste bleue marine ainsi qu’un ruban bleu foncé. Elle sortit et referma la porte à clefs derrière elle.

Louna alla voir au secrétariat pour demander l’emploi du temps de la jeune professeur, mais il n’y avait malheureusement personne. Elle passa une heure entière à chercher Mademoiselle Launey dans l’établissement faisant toutes les salles une par une pour au final rentrer bredouille. La jeune fille pensa au toit celui-ci lui donnerait une vue d’ensemble sur l’extérieur, mais elle n’eut pas envie de retourner là-bas. La petite demoiselle prit alors son mal en patience et sortit dehors par l’entrée principale, l’entrée par laquelle elle était arrivée ici dénudée. La fillette commença à avoir mal aux jambes, monter et descendre des escaliers, marcher dans des couloirs qui n’en finissaient pas tous ceci était épuisant, mais le jeu en valait la chandelle. Une fois dehors vers seize heures, le froid fit une légère apparition, mais elle voulait absolument revoir son amie. Louna partit dans une direction prise au hasard pour finalement se retrouver fasse à une porte close. C’était la route qui menée au lac et celle-ci était fermée. La fillette continua sa recherche en prenant un petit chemin se trouvant sur sa droite, celui-ci pour son plus grand malheur devenait de plus en plus petit et rocailleux au fur et à mesure de son avancé. Elle pensa que jamais Cécile n’aurait prit ce chemin au vu de son état, mais Louna n’avait pas le courage de rebrousser chemin, elle continua donc sur cette route qui déboucha sur une forêt…

Ces chaussures étaient crasseuses, pleine de boue, ses jambes devenaient lourdes et la jeune fille commençait à désespérer. Il n’y avait plus réellement de chemin définit, il fallait dorénavant pour avancer enjamber des troncs d’arbre, des brindilles et même faire de grand détour pour ne pas massacrer la végétation. N’ayant pas un sens développé en ce qui concernée l’orientation, la jeune fille fut vite perdue dans cette forêt qui paraissait interminable… Louna avec son sac en main était fatiguée et las, mais que faire ? Où aller ? Elle ne le savait pas et cela commença à lui faire perdre patience.

-GRRRRR…. J’EN AI ASSEZ !!!!

Louna fut prise d’un sentiment de lassitude profond et elle en avait ras le bol. Elle voulait au moins sortir de cette forêt et tout de suite ! Loulou prit ses jambes à son coup et piqua une accélération digne des plus petites sprinteuses au monde pour au finale trébucher au bout d’environ deux cents mètres tout en se foulant la cheville gauche. La jeune fille tenta de se relever, mais sa cheville lui faisait mal, cependant elle vit une lueur à quelques que centaines de mètres au devant d’elle, l’espoir de sortir de ce lieu la fit réfléchir à un moment de s’enfuir. La fille examina de plus près les alentours quand elle vit un bout de bois en forme de bâton, il mesurait environ un mètre pour un diamètre de cinq centimètres, elle rampa pour l’atteindre et s’en saisit une fois celui-ci à porter de ses mains. Elle le souleva pour s’appuyer dessus. Avec beaucoup de difficultés et de souffrance elle réussit à se mettre debout en tenant fermement le bâton du côté gauche de son corps. Louna eu énormément de mal à avancer et elle devait encore se baisser pour ramasser son sac… La jeune fille réussit à s’abaisser assez pour pouvoir ramasser son sac, mais comment le porter, car ses deux mains étaient occupées. Une idée de génie lui vint alors à l’esprit elle mit les deux sangles de ce sac en plastique de la boutique dans sa bouche et elle les mordit pour pas qu’ils ne retombent. Une fois prête à repartir elle reprit son chemin droit devant en direction de cette lumière. Une demi-heure plus tard les cents mètres était parcourus, la jeune fille était épuisée, mais heureuse d’être sortie et elle le fit entendre.

-YAHOOO JE SUIS ENFIN SORTI DE CETTE FORET YATA !!!!!!!!!!!

La fillette leva ses deux bras en l’air pour exprimer sa joie et tomba tout naturellement sur son derrière la faisant pousser un cri de douleur à cause de sa cheville.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHH, ailleee.

Le sac tomba par la même occasion lors de ses premières paroles… Elle fut éblouie par le spectacle qu’elle vit ensuite, un magnifique couché de soleil qui lui réchauffa le cœur. Elle reprit conscience de sa situation et regarda autour d’elle, quand elle vit le visage ahuri de deux personnes Cécile et un jeune garçon ayant les cheveux blonds. La jeune fille était dans un état pitoyable, ses chaussures étaient toujours aussi boueuses et son jean s’était retrouvé dans le même état à cause de sa chute. Elle n’avait également plus la force de se traîner jusqu’à l’institut et en plus de cela elle ne connaissait pas la route qui menait jusqu’à celui-ci.

Ahhh euh Bonsoir, euh….Désolé de vous interrompre euh …. Je ne voulais pas vous déranger, je euh vous cherchez mademoiselle j’ai quelque chose pour vous dans ce sac. Bon et bien je crois que je vais pouvoir repartir maintenant que je vous ai remit ce que je vous dois, encore mille excuses pour cette interruption.

Louna voulu partir, car le sentiment de gêne qu’elle ressentit à leur vue fut fort. Loulou saisit le bâton et tenta de se relever, mais elle ne réussit pas, sa cheville lui faisait trop mal.

Excusez-moi, mais je crois que je ne peux pas repartir, j’ai dû me fouler la cheville il y a plusieurs minutes dans la forêt, mais ne faites pas attention à moi, je partirais d’ici quelques instants. N’oubliez pas de prendre le sac avec vous mademoiselle.

Zack ne savait quoi répondre, cette adulte, professeur de surcroit dévoilait sa vie intime sans bémol, elle seule devait être le gardien de ces secrets, ses amis les plus proches à la rigeur, mais pas un élève capable de lancer des rumeurs sur lui. Zack devait se détendre, penser à autre chose, il devait être simple et paraître aimable. Il l'était naturellement, mais depuis quelques temps il lui manquait quelque chose, pas sa grand-mère, non quelqu'un d'autre, une présence féminine. L'amour peut-être... Zack n'avait eu l'occasion que d'aborder ces sujets dans les cours de littérature et de lettres, jamais en vrai. Il ne voulait pas non plus expérimenter la chose, mais l'homme seul devient fou sans s'en rendre compte. Il voulait partir désormais, partir et mourir, recommencer une nouvelle vie, même si la réincarnation n'était pas sa croyance, il pensait qu'au moins mort il ne serait pas pire qu'en vie. Il ne rendrait personne malheureux, personne ne comptait sur lui, Sheitan avait simplement une mission à remplir, il ne voulait pas d'un fils ou d'un ami plus jeune, il ne considérait même pas Zack, il le comprenait et c'était tout, si seulement c'était le cas... Mais Zack pensait alors à Cécile, à sa vie, une vie pas si simple, pourtant elle gardait le sourire, menteuse. C'était une menteuse, une calomnieuse comme lui l'est depuis toujours. Il faisait le gentil et au fond seule la vengeance rongeait son corps, et elle était toujours gaie alors qu'en fait ses plaies ne devaient pas être cicatrisées.

C'est alors qu'avant de répondre par n'importe quelle syllabe possible, histoire de ne pas dire n'importe quoi ou de ne pas passer pour un ingrat, des cris se firent entendre depuis la forêt. L'endroit où étaient assis le petit duo était à la lisière, protégé par un mur de ronces et de végétation qui rebuterait un explorateur aguerri. Une jeune fille semblait hurler à la mort, sangloter puis arriva à la hauteur de leurs yeux, sortant des buissons comme dans un vieux gag rempli d'humour anglais. Elle s'écria qu'elle était enfin sortie, vu l'accoutrement de la jeune femme plein de terre elle devait s'être perdue et être sortie sans aviser personne de son départ. Elle devait également être nouvelle, Zack s'intéressait de près à tous les élèves histoire de comprendre leurs pouvoirs, de les éviter si gênants et de les combattre au cas-où. La mainmise sur ces quelques renseignements il était plus fort que tous les autres, de plus son pouvoir faisait de lui un « intouchable ». En effet, il n'est pas donné à tout le monde de donner la mort d'un simple toucher, lui avait cette faculté alors, les petits loubards de l'établissement l'esquivaient plus que le directeur lui-même. Revenons à cette jeune fille, pâle de peau, cheveux roses, exubérante mais d'emblée timide. Elle semblait connaître Cécile et lui apportait quelque chose. Elle avait l'air jeune, si jeune et fragile, son corps devait avoir la même logique que son image. Elle s'excusa pour le désagrément avant de tenter en vain de se lever en se justifiant. Cheville foulée, joli cadeau pour le professeur qui se ferait certainement du souci vu son étique. Zack prit alors la parole en réfléchissant, il devait tisser des liens ici, pas seulement de haines et de rancœurs, il devait aussi avoir des gens même lointains mais sympathiques car un jour tout est récompensé.

"Attends je vais t'aider !"

Il se leva au quart de tour avant que le professeur puisse réagir avant de rassurer la jeune fille.

"Ne t'en fais pas, nous avions fini de parler et nous allions rentrer, je vais te porter pour soulager ta douleur et nous irons à l'infirmerie ?"

Il se tourna pour avoir l'accord de Cécile, comme s'il voulait être corrigé par la jeune dame en cas d'erreur. Zack a toujours eu un certain respect envers les personnes plus âgées, les adultes et les considère toujours comme sages, pour la plupart. De toute façon à l'institut il devait obéir à ceux qui œuvraient pour lui. Et il leur gardait une grande considération. La jeune fille quand à elle semblait terriblement gênée, naturel. Déjà que Zack avait faillit mourir de rire quand elle était arrivée, il imagine qu'elle devait avoir honte, même si elle n'avait aucune raison, elle était dans le besoin et mademoiselle Launey et Zack pouvaient l'aider.

[ Désolé pour le retard et le court post ! Mais j'espère que ça se remettra dans les quelques jours de rattrapage de RP intensif ! ]

Paraître pour mieux être. Cécile se révélait peu à peu, essayant de rassurer Zack, peut-être pouvait-elle l'aider à faire son deuil et à avancer ? Peut-être, mais elle n'imaginait pas réussir pour autant. Simplement parce que malgré sa compassion et son intérêt pour les autres, elle n'arrivait pas toujours à comprendre ce qu'il se passait dans l'esprit des personnes qu'elle rencontrait. Sanzo, ses parents, Mathieu, Zack et bien d'autres. Elle essayait d'être bonne conseillère, de se montrer compréhensive, mais cela ne suffisait probablement pas. Cependant elle devait rester proche d'eux et essayer de faire de son mieux. Comme tout le monde le faisait.

Peut-être avait-elle été un peu loin en parlant aussi ouvertement à un adolescent qu'elle connaissait à peine. Mais l'ambiance aidait, ce coucher de soleil, ces bonnes odeurs et l'idée que tout allait plutôt bien en ce moment dans sa vie. Bon, évidemment elle n'avait toujours pas les réponses à ses questions, mais cela paraissait secondaire maintenant. Elle prendrait le temps de parler à Sanzo quand il le faudrait, elle avait le sentiment qu'il aurait aussi des choses à lui dire.
Elle sourit en y pensant, elle n'attendait rien, elle souhaitait juste vivre simplement.

Ce qu'elle espérait à ce moment-là, c'était uniquement que le garçon à ses côtés aille de l'avant. Il ne pourrait pas oublier celle qu'il considérait comme sa grand-mère, mais elle espérait qu'il pourrait vivre sans amertume. Sheitan pourrait sûrement l'aider. Elle devrait sûrement lui en parler, après tout c'était lui qui l'avait rencontré en premier si elle avait bien compris et lui qui lui avait posé les questions de base pour savoir comment il était arrivé à l'institution et savoir s'il était bel et bien un mutant. Du moins c'est ce qu'elle imaginait, puisque c'était souvent ainsi que les choses se passaient, même si elle n'avait pas eu besoin de faire passer un test à Louna, puisqu'elle s'était métamorphosée devant ses yeux.

Et en parlant du loup, qui n'était pas Sanzo, Cécile suivit le regard de Zack quand celui-ci se tourna vers la forêt. Une jeune fille venait d'en sortir et s'était mise à crier, avant de tomber en arrière. Cécile la regarda étonnée, puis sortit son portable pour écrire un message aux autres surveillants : « Louna Hawks et Zack Lacroix : avec moi. »

La jeune fille s'était excusée, en disant qu'elle la cherchait et qu'elle avait quelque chose pour elle... Elle se leva et retomba de suite, apparemment la pauvre petite ne tenait plus debout. À cette vision, Cécile commença à se lever, mais Zack fut bien plus rapide, se dirigeant rapidement vers Louna. Cela fit sourire la jeune professeur, le garçon se souciait des autres, c'était un bon point pour quelqu'un qui semblait avoir tant de problèmes.
Il proposa à la jeune fille de la porter et d'aller à l'infirmerie puis la regarda comme s'il cherchait son approbation du coin de l'œil.

« Je pense que c'est la meilleure solution, je vais venir avec vous, vous êtes les seuls à ne pas être encore rentrés. Ça va aller pour vous deux ? Je peux appeler quelqu'un s'il le faut. »

La jeune femme s'approcha plus près de Louna et s'agenouilla près d'elle.

« Tu as dû en faire du chemin pour me trouver... Je suis désolée, ça te va si Zack te porte ? L'infirmerie n'est pas loin, mais si tu as besoin, je peux demander au docteur Sheitan de venir immédiatement. »

Elle ne savait pas dans quel état était réellement la jeune fille, vu qu'elle semblait tout le temps minimiser sa douleur... Pourtant elle n'avait pas à être gênée, ni à se sentir mal en sa présence.... Après tout, elle l'avait déjà aidé et elle n'avait aucune intention de lui faire du mal, bien au contraire. Louna avait l'air si perturbée et pourtant si gentille, elle méritait tant... Et au minimum sa présence. Elle avaient à parler après tout ça, pour la rassurer et s'occuper d'elle, du moins jusqu'à ce que la petite se fasse de bons amis, à qui elle pourrait se confier.
Peut-être que c'était en train de se faire d'ailleurs... Zack et Louna ne semblaient pas si différents au premier regard...

» Un invité mystère. [ Louna , Nance ]